Archgoat
Black Metal / Death Metal

The Apocalyptic Triumphator
Chronique
Toute la magie d'un groupe comme Archgoat c'est d'être primaire et bas du front au possible tout en jouant la carte du sérieux à 666%. Présent depuis un bon bout de temps maintenant parmi les cadors du genre, le trio t'a peut-être échappé. Rien de grave, The Apocalyptic Triumphator est l'occasion toute trouvée pour goûter à la subtilité, que dis-je, au raffinement de nos finlandais du jour.
Oui finlandais, oui, de quoi donner une
petite idée de la bête. Indice : on penche plutôt vers un Satanic Warmaster qu'un Sonata Arctica. Archgoat est finlandais dans la
radicalité de son Black/Death, satanique jusqu'au bout des griffes.
Plus produit et moins cradingue que The Light Devouring Darkness,
cette dernière offrande en date parue chez Debemur Morti est
calibrée pour te rouler dessus vue la lourdeur de l'ensemble. Un
savant mélange de groove à toute épreuve collé sur des riffs
Black Metal et une batterie qui ne se prive pas de savater façon
Death Metal (Light Of Phosphorous). A l'arrivée, on obtient douze
titres pas très malins mais salement méchants, toujours efficaces
et jamais prise de tête.
Ecoute Grand Luciferian Theofany par
exemple, qu'est ce qu'il peut y avoir de plus débile qu'un mid-tempo
lourdaud où le refrain se résume à « Hail Satan ! Hail
Lucifer ! Hail Satan ! » ? Même Manowar n'avait pas osé la
faire, et pourtant ça marche. On lève le poing, on hoche la tête,
que demande le peuple ? De toute façon Archgoat blasphème comme il
respire, pire qu'un ado de 12 ans et demi qui vient de découvrir
Marilyn Manson. Morceau choisi (extrait de Phallic Desecrator Of
Sacred Gates) :
Crushing the Petals of Sacredness,
Pounded into Oblivion again and again,
Each strike of My Phallic Hammer,
Sinks the Heavenliness to Lust.
Du lourd donc.
Saluons au passage
l'enchaînement magistral de Intro (Right Hand Path)/Congregation Of
Circumcized : un cantique des plus angéliques auquel s'ajoutent des
cris de chèvre égorgée avant une pluie de coups de massues
dévastatrice. Archgoat maîtrise également bien son rythme
d'ensemble en distillant quand il le faut des breaks efficaces comme
sur le morceau éponyme. On évite le « tout-à-fond-tout-le-temps »
pour mieux apprécier la sauvagerie quand elle vient nous prendre à
la gorge.
On pourrait réduire cet opus à un
brulôt bête et méchant mais n'oublions pas que ces messieurs ont
des références qui ne se privent pas de refaire surface si l'on
tend l'oreille. Eh oui, car au dessus d'Archgoat flottent les
spectres de Beherit, de Darkthrone, ou de Celtic Frost pour les
breaks et les passages pesants (Light Of Phosphorous). Plus que de
simples fans, nos gaillards ont été des contemporains des deux
premiers et portent encore les stigmates du Black Metal seconde
vague.
On ne va pas se mentir, au bout d'un
certain temps ça tourne un peu en rond, on ne l'écouterait
peut-être pas cinq fois de suite, bon. Mais The Apocalyptic
Triumphator, bien qu'un peu plus lisse que ses prédécesseurs,
remplit tout à fait son rôle de défouloir des Enfers et constitue
une suite honorable à la discographie du groupe. Hail Satan. Hail
Lucifer. Hail Archgoat.