Inspiré par l’œuvre posthume de J.K. Toole, Neon Bible aura bénéficié de moyens non-négligeables, faisant de lui le digne successeur de l’incontournable Funeral. Emménagement dans une église près de Montréal principalement, pour une ligne sonore qui démarque ces deux oeuvres avec finesse. Deux autoproductions par ailleurs qui évitent ainsi le lissage ô combien agaçant et récurrent de ces groupes souvent affublés de l’étiquette : The Next Big Thing.
Neon Bible conserve donc ces valeurs d’honnêteté, de partage, de richesse établies par Funeral, les exposant avec un peu plus de retenue, à l'instar de l’interprétation de Win Butler, avec un peu plus de simplicité, de nuance, mais toujours autant de virtuosité, et ce goût caractéristique pour les eighties. Et comme si le line-up ne se suffisait pas à lui-même pour concrétiser tout cela, le groupe a, dans un premier temps, décidé de faire appel à Markus Dravs (Bjork, Joseph Arthur,…) et Scott Colburn (Animal Collective,…) pour l’enregistrement, ainsi qu’à Martin Wenk et Jacob Valenzuela, trompettistes de Calexico, Hadjii Bakara (Wolf Parade), Owen Pallett (Final Fantasy) et Pietro Amato (Bell Orchestre) pour l'instrumentation. Dans un second temps, les Canadiens font l’acquisition d’un Orgue de Barbarie, d’un steel-drum et autres pédales à effet, sans oublier une petite escapade à Budapest pour la captation d’un orchestre et de chœurs militaires, avant de mettre le tout en musique. Le résultat, même si quelque peu décevant de prime abord, fourmillent d’arrangements audacieux et voilés, à l’image de "Black Mirror", et de ses petits camarades bien sûr. Des mélodies qui font la part belle aux rythmiques progressives ("My Body is a Cage"), jouant moins sur les contres-pieds, et c'est là le seul bémol. Seule la paire "Black Wave"/ "Bad Vibrations" propose une réelle rupture, comme ce fût le cas à l'époque avec le jouissif "Crow of Love".
Nos lecteurs punks, non-convertis à l’œuvre de la bande à Butler, devront donc davantage se tourner vers des titres tels "Keep the Car Running", "The Well & The Lighthouse" et surtout "No Cars Go" (EP 7 titres – 2005), pour appréhender au mieux Neon Bible. Quant aux autres, comme le dit l’adage : « Inutile de prêcher un convaincu».
Cet album possède de vraies perles.