Ce qui est vraiment dommage avec Arafel c'est que malgré treize années à exercer un Black / Folk de qualité et deux très bons albums pour le genre, les israéliens n'ont jamais eut un accueil à la hauteur de leur talent. Gageons qu'avec la sortie de leur troisième album, For Battle Once Fought et leur tournée sur le Pagan Fest, le groupe gagnera en reconnaissance et se fera un nom entre les Finntroll et Equilibrium bien connus depuis plusieurs années.
Il convient avant toute chose de préciser qu'Arafel est surtout un groupe de Black-Metal, du genre extrême et pas de ceux qui font du Folk-Metal pouet-pouet qui a tendance à tirer le genre vers le bas depuis qu'un paquet de groupes se sont engouffrés dans l'engouement pour le style depuis les années 2000. Pour être clair, on n'est pas chez Korpiklaani ici. Arafel c'est une charge de cavaliers façon chevauchée des valkyries sous des riffings puissants, guerriers et dévastateurs. Batailles rangées, vacarme des fers qui se croisent, boucliers qui s'entrechoquent et premiers corps qui tombent laminés par les combattants sont légion ici comme le prouve l'intro Sword's Hymn. Les israéliens n'auront aucune pitié pour vos oreilles. Bien sûr l'aspect épique est fortement présent aussi, mais pas de manière un peu kitsch sous des orchestrations symphoniques ou des claviers trop courants comme chez Equilibrium. La composante traditionnelle est pourtant présente, mais se fait assez discrète, en tout cas pas du tout outrancière ou grandiloquente comme c'est souvent le cas dans le Folk-Metal. On notera pas exemple de superbe violons en trame de fond sur The Siege, sur le mémorable 1380 - The Confrontation ou les cithares de Death Of Archaic World l'a où les ambiances slaves se ressentent le mieux et qui en fait le meilleur titre du disque.
Si For Battles One Fought est assez extrême dans le rendu (je n'ai pas dit brutal), il se dégage aussi des compositions finement ciselées. En effet, derrière ses déferlantes de violences et ces affrontements sanglants, qui au passage se sont légèrement atténués (toute proportion gardée) depuis la tuerie Through The Flame Of The Ages, Arafel sait aussi créer d'excellentes mélodies augmentant encore l'impact des morceaux. Chaque piste possède son motif qui le rend jouissif que se soit par les violons ou les claviers (Kurgan) ou dans les guitares (The Last Breath Of Fire). C'est là la grande force d'Arafel, garder une vigueur et une hargne propre au Black-Metal pour y insuffler plusieurs passages accrocheurs notamment dans les choeurs qu'on imagine hurlés par des hordes de guerriers armés jusqu'aux dents (Wolf's Hunt), mais surtout dans les mélodies extrêmement efficaces. On sent que c'est un album qui a demandé un bon moment de gestation, qui a été soigneusement pensé, conçu et retravaillé et par largué à la va-vite pour entretenir la flamme de la popularité comme peuvent le faire Eluveitie ou d'autres avec leurs sorties quasi-annuelle qui manquent cruellement d'ampleur.
Ni pompeux, prétentieux ou festif gnan-gnan, For Battles Once Fought est encore une grande réussite de la part des israéliens d'Arafel parce qu'ils ont compris comment faire un bon disque de Black / Folk en évitant les pièges dans lesquels beaucoup de groupes s'engouffrent les yeux fermés. Ils se distinguent avec humilité de toute cette masse de groupes trop traditionnels (dans les deux sens du terme) qui pullule la mode Pagan / Viking / Folk etc.
A écouter : Death Of Archaic World, Wolf's Hunt