Apostle Of Solitude poursuit sa progression somme toute logique : après une démo, un ep et voici donc un premier album, Sincerest Misery, sur lequel le groupe perpétue, comme beaucoup avant lui et espérons-le, encore pas mal après, la tradition du Doom Metal au sens noble du terme. Non pas que le genre eût été adoubé par des monarques, mais plutôt par des princes de comptoir au fin fond du Maryland. Chacun son histoire, hein.
Donc oui, voilà un groupe de Doom Metal qui répète consciencieusement ses gammes : tempo lent, riffs pachydermiques, le mot "suicide" dans la tracklist (A Slow Suicide, forcément), voix claire qui, pour les fanatiques de la comparaison douteuse, évoque Simon Matravers (Solstice, sur Lamentations), bref tout y est. Il y a même une reprise de Black Sabbath, à savoir Electric Funeral version Doom Metal, sauf que manque de bol, c’en était déjà avant. Du coup, rien d’original ici, comme chez 90% des groupes du genre, mais comme chez ces mêmes groupes, vous avez beau avoir déjà tout entendu, ça marche quand même.
Oui parce qu'il y a ce qu’il faut de rythmiques plombées (A Slow Suicide, Last Tears, Warbird, Sincerest Misery (1,000 Days)), de groove délicieux (The Messenger, Confess), de mélodie savamment dosée (l’instrumentale The Dark Tower), de soli fidèles aux codes du genre (A Slow Suicide), de discrets éléments psychédéliques (This Dustbowl Earth) pour faire de cette galette un bon disque de Doom Metal qui ne plagie ni ne révolutionne quoi que ce soit. Quant aux trois morceaux bonus, en fait issus de l'ep Embraced By The Black, ils permettent de témoigner, sinon des progrès, du moins de l’intégrité du groupe qui ne veut que déclamer encore et encore sa flamme pour les choses lentes.
Et malgré ce manque d’originalité, l’album est vraiment très plaisant à écouter. C’est toujours sympa de voir un groupe se faire plaisir comme ça et d’être capable de tirer son épingle du jeu en évoluant dans un style aux carcans aussi inflexible. Bien sûr, certains diront que ce disque est inutile, mais la musique étant affaire de passion, avoir affaire à de vrais passionnés est toujours rafraîchissant.
Au final, pour un premier album, Apostle Of Solitude frappe fort avec ce Sincerest Misery, délivrant du pur Doom Metal qui devrait faire plaisir à tous les fans du genre, voire pourquoi pas permettre aux plus sceptiques de s’imprégner du style en douceur. On peut également le compter comme l'un des disques du genre de l’année qui n'est malheureusement pas des plus faramineuses.