Apocalyptica est sans nul doute une formation capable du meilleur, le quatuor finlandais a su se tailler une place à part dans le monde du metal, à la croisée des chemins entre le symphonique et l’instrumental. Leurs compositions virtuoses au violoncelle donnent une puissance improbable à leur musique, entre riffing d’exception et soli grandioses. La renommée grandissante du groupe leur a permis d’enchaîner les lives dans de grands festivals dans le monde entier. C’est donc plein de curiosité que l’on pose nos oreilles sur ce Shadowmaker, 5 ans après 7th Symphony.
Dès 7th Symphony, Apocalyptica avait cherché à se diversifier en recrutant des artistes reconnus, comme Joe Duplantier (Gojira) ou encore Dave Lombardo (Slayer), cependant, les conditions du live et les obligations de chacun ont conduit le groupe à recruter un chanteur unique pour l’intégralité de l’album. Choix compréhensible … mais risqué, il faut en effet que la voix puisse coller parfaitement à l’ambivalence et aux contrastes proposés par le groupe tout en apportant quelque chose de neuf. Dans ce contexte, c’est Franky Perez qui a été sélectionné. Avec seulement 3 albums en solo et quelques lives avec Slash, il rejoint d’entrée de jeu une formation qui a fait ses preuves en studio et sur scène, récoltant au passage le besoin de se faire reconnaître auprès du grand public tout autant que de ses compères. Si les goûts et les couleurs ne se discutent pas, il est pourtant clair que quelque chose ne tourne pas rond dans cet album. Loin de la puissance sauvage et de l’intensité de son prédécesseur, le quintet nous présente ici un album aux compositions simplistes, à des années lumières de ce qui a contribué à leur renommée : la capacité de faire voyager l’auditeur de ballades calmes et mélancoliques en tempête furieuse ; ici, une monotonie assommante rythme les morceaux.
Le problème est que l’on ne retrouve pas ce qui fait l’âme d’Apocalyptica. En dehors de quelques exceptions (Reign Of Fear, Sea Song et Till Death Do Us Part) les violoncelles d’habitude virevoltants semblent s'être enfermés dans un style dont ils ne sont pas dignes et deviennent vite répétitifs et lassants. La voix de Franky Perez, loin d’améliorer les choses, semble avoir débarqué la veille dans le groupe tant elle est loin de ce que l’on peut attendre d’un membre permanent d’Apocalyptica. Si l’argument du « c’est trop commercial » est stupide car le but d’un groupe qui vit de sa musique est de vendre, il est difficile de ne pas considérer qu’ils ont exagéré : à force de faire des concerts grandioses, ils ont acquis une notoriété et n’ont pas voulu malmener leur large public. Il en résulte un album sans véritable choix artistique, sans âme, très FM, écoutable par le plus grand nombre sauf pour les fans qui savent réellement ce que ces gars-là ont dans le ventre.
Rarement un album n’aura si bien porté son nom : Shadowmaker fait de l’ombre dans la discographie d’Apocalyptica. Il s’agit d’un album moyen qui fait pâle figure à côté d’un 7th Symphony ou d’un Reflexions. La volonté de plaire au plus grand nombre ainsi que l’arrivée de Franky Perez sont des choix discutables sur lesquels on peut espérer qu’ils prennent du recul. Et c’est bien parce qu’on les aime qu’on dit ça.
A écouter : Reign Of Fear, Sea Song, Till eath Do Us Part