Apes Did Ensemble
Indie Rock / Math Pop

Self-Titled
Chronique
L’effet Apes Did Ensemble s’incarne dans les sourcils. Tu aurais voulu pouvoir lire tranquillement les Œuvres Complètes de Saint-Just avec un peu de musique en fond, mais rien à faire, Apes Did Ensemble commence, ton sourcil se lève instantanément et ton attention est happée. Impossible de le nier, ton visage t'a trahi. Autant prévenir.
"(Everybody Loves) Magritte" – référence qu’on ne peut qu’applaudir des deux mains – débute ainsi avec une volonté manifeste de culbuter le silence. Intro indie/mathy, noïses cartoonesque à la Algernon Cadwallader, jams a-linéaires, stop and go déstructurés. Woo, mais c’est que faut s’accrocher à la rambarde. Et là, la voix part dans les aigües de façon inattendue tandis qu’un clavier grésille en contrebas. Costauds les salauds dans le genre, "je te prends par surprise". Et ce n'est pas fini. Rappelant à nos esgourdes tantôt This Town Needs Guns, tantôt Marvins Revolt ou Mimas, l’essaim d’instruments des Apes Did Ensemble bourdonne sans cesse et dans tous les sens. Et "Furthur", le second morceau, ne dépareille en rien. Vincent agite d’emblée un phrasé-parlé détonnant. Les deux sourcils sont à présent relevés. Ces mecs sont français. Really ? Mais attend, t’as encore rien entendu. Les effets sonores zonent un peu partout, les guitares papillonnent, puis la parole disparait au profit d’un "padin-padadin-padallaladin" fredonné et génial ; les rythmiques sont exécutées par des "souffles", les clap-clap remplacent les toms – là, tu te dis "ah oé quand même" - et une putain de trompette en or vient jouer les soleils et fait basculer le morceau dans un grand finish avec chœurs et tout et tout. Moment énorme. Entre l’exaltation et la fulgurance créatrice.
"You’re Yellow I’m Green" enchaine sur de l’instrumentale pure avec montées de toutes parts et mélodies Indie Us-tape-au -sol, "Cheer Up Fatty Boy, To Hell With The Fuku" démontre le bon touché du groupe pour les compositions mathy avant que "We Don’t Play Football" rende un dernier hommage à l’emo 90’s way (American Football en tête) par ses arpèges emo et sa trompette chère aux Kinsella Brothers. Avait-on déjà vu/entendu ça dans l’hexagone (Seila Chiara mise à part) ? Parce que oé y a quelques défauts, une voix qui peut ne pas plaire et une paire de passages qui sont moins réussis, m’enfin, merde, ça déborde de créativité, de propositions et d’ingéniosité.
En écoute sur myspace.