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Biographie

Antropofago

C'est en 2009 que naît Antropofago sous l'impulsion du guitariste Gordon Huillery (ex-RepudiateSurgery). Rapidement une démo quatre titres éponyme voit le jour en 2010, avec Melmoth The Wanderer (ex-Cryptic Reborn) au chant. Le clip du morceau Ravenous, est tourné quelques mois plus tard. Avec les premiers concerts, et un lineup se stabilisant peu à peu, le groupe gagne en maturité. Antropofago enchaîne alors les concerts, et s'attèle à la réalisation de Beyond Phobia, son premier album. Le label brésilien Miceli Records les contacte alors pour distribuer leur musique. Lorsque Beyond Phobia déferle sur la toile au début de l'année 2011, c'est 12 titres d'une rare brutalité qui frappent les internautes. Les Français remontent sur scène, partageant ainsi l'affiche avec des groupes internationaux et français tels que Broken HopeInternal SufferingHate, Vesania, UlcerateSvart Crown, Livarkahil, Mercyless, Belphegor, Fleshdoll. Le 1er Novembre 2012, Antropofago annonce sa signature avec le label Kaotoxin Records, et sort le même jour un EP Between Fear And Madness disponible uniquement en digital. Après un changement de guitariste, le groupe termine la réalisation de son second album, Æra Dementiæ, qui sort en août 2015, et attaque une série de concerts par le prestigieux festival Metaldays, en Slovénie.

A Propensity for Violence​.​.​. Cruelty Enslavement ( 2021 )

Après plus de 10 ans d'existence, Antropofago sort son troisième album, A Propensity for Violence... Cruelty Enslavement. Evidemment qu'avec un titre pareil c'est du Brutal Death, et évidemment c'est débile à souhait. Remettons les choses dans le contexte : en 2018, les montpelliérains donnent suite à Aera Dementiae avec A Propensity for Violence, un EP de 5 titres avec Trivette (ex-Kronos) au chant. Ce nouvel opus constitue donc plus une extension de cet EP plutôt qu'un album à part entière, puisque la moitié des titres de Cruelty Enslavement se trouvait déjà sur A Propensity for Violence. Ce qui explique le fait que la cover de Machine Head se retrouve vers la moitié de l'album : un mystère est déjà élucidé.

On se retrouve donc avec un joli pavé de presque 45 minutes, ce qui tape au-dessus de la moyenne pour un disque de Brutal Death. Pas de panique cependant, Cruelty Enslavement se veut plutôt digeste. Antropofago alterne entre mid tempos au groove sale et blasts intenses où les cordes tricotent méchamment ; le groupe confirme son envie de retourner à quelque chose d'un peu plus bas du front, là où Aera Dementiae tentait quelques excursions presque proggy, sans avoir l'air trop à l'aise. Gordon et sa troupe se baladent en terrain connu : 270 BPM, du sweep, du tapping et ça déroule. 

Oscillant entre Brutal Death classique et plus technique (certains plans flirtent clairement avec Origin), Cruelty Enslavement est un bel exercice de style où les cordistes donnent tout ce qu'ils ont. Si les guitaristes sont déjà impressionnants, Alexis à la basse remporte à mon sens la médaille d'or en délivrant une prestation qui tutoie le haut du panier du genre. Je pense notamment aux parties basse de Colin Marston dans Crator, où l'instrument quitte très régulièrement les sentiers battus pour vivre sa vie. De son côté, Trivette s'en sort avec les honneurs en proposant un growl solide, efficace mais très conventionnel. Les deux derniers morceaux de l'album, enregistrés avec Eris au chant (ce disque est décidément un sacré patchwork) proposent des choses différentes. Si l'esprit est le même, Eris tape quelques vocalises typées Deathcore qui s'insèrent plutôt bien dans Horror Prevails et Misanthropic Whispers.

Petit point sur la production de ce A Propensity for Violence... Cruelty Enslavement : le groupe a fait un sacré bond en avant depuis l'EP quasi-homonyme.  Chaque instrument trouve naturellement sa place, et on se délecte particulièrement de cette basse bien claquante et ronflante à la fois, audible à souhait mais jamais envahissante. Une approche plutôt old-school a été choisie, avec un son costaud sans être sur-gonflé comme c'est le cas de bien trop de sorties Brutal Death. C'est un parti pris : les passages les plus slam-esques ou les mid tempos (le milieu de The Eyewitness, Horror Prevails) sonnent un peu creux, mais dès que ça tabasse (c'est-à-dire 90% du temps), on profite d'un mix naturel qui ne fait pas de concours de bite. Et ça sonne.

Propensity for Violence... Cruelty Enslavement est une œuvre très sympathique, qui respire l'authenticité : bien que la batterie soit programmée, on a le sentiment que les guitares n'ont pas été éditées à foison, ce qui encore une fois s'inscrit dans cette démarche un peu vieille école. Malgré tout ça, Antropofago ne marque pas les esprits plus que ça, la faute à des compositions peut-être trop classiques bien qu'inspirées. On retient son souffle lors de certaines accélérations, mais la tension retombe trop vite alors qu'on aurait préféré plus de violence, encore. Par exemple, The Protagonist réussit à tenir sur le fil durant toute sa première moitié avant un break assez malvenu, qui enchaîne pourtant avec une moshpart réussie très Dying Fetus dans l'esprit. Mais c'est facile de chouiner quand on n'a pas à jouer ces riffs à 290 BPM, je le reconnais.

Penchez-vous sur ce A Propensity For Violence... Cruelty Enslavement si vous êtes amateur du genre, et oubliez l'EP qui ne semble être en réalité qu'un brouillon pour l'album. Truffé de riffs ultra-accrocheurs joués à la vitesse de l'éclair, il vaut bien la peine qu'on lui donne trois quarts d'heure malgré ses quelques défauts. 

A écouter : The Protagonist, Horror Prevails
15.5 / 20
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Æra Dementiæ ( 2015 )

Allier technique et brutalité, voici le défi que s’est fixé Antropofago pour son second full-lenght Æra dementiæ. Après un premier effort, Beyond Phobia en 2011 qui avait laissé entrevoir de belles choses, les Français sont de retour avec la détermination de prouver de quoi ils sont capables. Loin de moi l’idée de vous spoiler, mais attention, ça déboite méchamment. 

Si les légendes ont la dent dure, les clichés l’ont tout autant. À l’évocation des termes « technique » et « brutal » en matière de Death Metal c’est très souvent que l’on imagine un album aux sonorités complexes et indigestes. La faute à un dosage qui doit être millimétré sous peine de tout faire échouer. Dans sa globalité Æra dementiæ reprend les codes du genre avec des riffs rapides, alambiqués, de furieux blasts de batterie et des vocaux sorties tout droit d’outre tombe. Du classique de chez classique dont Antropofago s’émancipe en allant droit à l’essentiel, mais également grâce à un gros travail sur les atmosphères. Les titres sont directs, la brutalité est maîtrisée, Body Cell ou Helter Skelter l’expriment parfaitement, les changements de rythmes bien que nombreux ne désarçonnent pas, tout s’imbrique parfaitement, et c’est de l’homogénéité qui en ressort. Paranoid Visions est également une belle claque, avec une basse très présente et des vocaux passant du guttural profond, à des cris de folies très malsains. La grande surprise vient sans conteste du titre éponyme, Æra dementiæ et son intro faite d’arpèges très mélodiques accompagnés par un somptueux lead de basse, qui embraille sur une composition plus mid-tempo entrecoupée de grosses accélérations. 

Comme dit plus haut les atmosphères et ambiances sont très soignées, ici point de gore à outrance avec des lyrics prônant l’éviscération. C’est dans un milieu très glauque que nous sommes emmenés, puisque les Français ont choisi pour thèmes les maladies mentales et autres troubles psychiatriques. Si musicalement c’est très bien retranscrit, c’est surtout dans les parties vocales de Melmoth que ces thèmes prennent de l’ampleur, sa voix est assez terrifiante et tourmentée. 

Sans révolutionner le style, Antropofago réussit le pari d’allier technique et brutalité sans rendre son album ennuyeux et dénué de sens. Il convient de saluer cette œuvre inspirée, qui devrait leur permettre d’acquérir plus de notoriété dans le milieu. 

A écouter : C’est vivement conseillé