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Biographie

Annihilator

Annihilator qui est l'un des groupes de Thrash-Metal les plus prolifiques, commence son histoire en 1984 au Canada grâce à Jeff Waters, qui demeure aujourd'hui le seul membre permanent depuis sa création. Découvrant le Thrash-Metal avec Metallica, Slayer, Exodus et Venom, Jeff sort trois première démo entre 1985 et 1988. Après des galères financières et un manque de temps lors des sessions d'enregistrement ce n'est que fin 1989 que sort le premier disque d'Annihilator, Alice In Hell, qui devient vite une référence dans le domaine du Thrash technique se vendant beaucoup mieux que l'espérait Roadrunner. La même année le groupe réalise sa première tournée en première partie d'Onslaught et de Testament. En février 1990, Annihilator entre aux Vancouver Studios pour produire Never, Neverland qui  reste dans la continuité d’Alice In Hell, mais est plus mélodique et dispose de tempi plus variés. Le succès une nouvelle fois au rendez-vous, le combo effectue une tournée en tête d’affiche avec Pantera notamment.

1993 marque une rupture dans la carrière de Jeff Waters. Set The World On Fire enregistré aux Fiasco Bros Studios, abandonne le Thrash-Metal pour le Heavy-Metal, vise un public bien plus large que par le passé et si de nouveaux fans sont conquis, d’autres renieront cet album.
Jeff Waters entre à nouveau en studio pour enregistrer King Of The Kill en 1994 aux Watersound Studios qu'il vient de construire avec l’argent hérité d’une tante. L'opus est dans la continuité de Set The World On Fire, mais la popularité d’Annihilator est en baisse, et les ventes sont décevantes. 1996 rebelote, Refresh The Demon est très similaire au précédent et même Remains qui sort l'année suivante se veut plus expérimental, mais ne convainc toujours pas. Jeff décide alors de marquer une pause de deux ans.

1999 est l'année de la résurrection pour Annihilator avec Criteria For A Black Widow qui marque un retour aux sources que beaucoup apprécient, poursuivit par Carnival Diablos ainsi que Walking The Fury en 2001 et 2002 qui confirment de la bonne santé du combo. En 2004 parait le dixième album d'Annihilator, All For You, qui affirme un côté théâtral dans leur musique plus exacerbé que précédemment, suivit de près par Schizo Deluxe en 2005 qui reste musicalement très proche du précédent. Ten Years In Hell est le premier dvd qui retrace l’histoire du groupe en 2006.
Sur Metal, Annihilator parvient à faire collaborer pas moins de onze invités dont notamment Angela Gossow et Micheal Amott d'Arch Enemy, Jeff Loomis (Nevermore), Alexi Laiho (Children Of Bodom), Jesper Strømblad (In Flames) ou Corey Beaulieu (Trivium). Après un second dvd en 2009, Live At Masters Of Rock qui sort également en version audio, Annihilator revient avec un disque éponyme en 2010.

12 / 20
1 commentaire (18/20).
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Ballistic, Sadistic ( 2020 )

Dix-septième album pour Annihilator, enfin pour Jeff Waters, puisque l'on peut presque considérer le projet comme un one man band. Sur ce Ballistic, Sadistic, Jeff y est épaulé de Fabio Alessandrini à la batterie et le musicien, peu avare d’en faire des caisses, annonce cette nouvelle fournée comme l’album le plus colérique d'Annihilator, un retour aux sources des trois premiers albums et le meilleur qu’il ai composé depuis Schizo Deluxe. Rien que ça.

On peut au moins accorder cela à Jeff, Ballistic, Sadistic est sans doute l’album le plus violent et le plus agressif d’Annihilator. Pas une seule power ballad à l’horizon, le musicien a décidé de revenir à un Speed / Thrash toute en efficacité et sans demi-mesure. Tête dans le guidon, tête dans le mur et pied sur l’accélérateur, ce nouvel album est bourré d’intensité et est un déferlement de puissance. Meilleur exemple pour illustrer ça, le titre I Am Warfare qui vient chatouiller les aisselles d’un Thrash / Death bien énervé, même si son sample de rafales de mitraillettes est d’un kitsch et que les saccades rappellent un peu trop (en plus des tirs d’artillerie) Set The World On Fire de l’album du même nom. Out With The Garbage qui suit est également un super représentant de toute la hargne qui anime Annihilator en 2020 : c’est rapide, technique et ça donne envie de lever le poing en hurlant le refrain : « Out with the old, In with the new, Out with the garbage, I'll win without you » comme sur un morceau de Insanity Alert ou de Havok. Prenons aussi The Attitude qui a un gros côté Punk hyper appréciable. Ca va a mille à l’heure, ça groove et t’as le détartrage gratuit avec.

De la à dire que Ballistic, Sadistic est le meilleur album qu’Annihilator ai composé depuis Schizo Deluxe, vraiment, non. D'une part, Feast de 2013, était bien plus inspiré en terme de mélodies, de constructions de titres et d’homogénéité sur tout l’album. Ici, on a à faire à un parpaing qui fait du bien, avec des titres comme Dressed Up For Evil ou One Wrong Move qui font bien le taff en terme d’efficacité, bien que ça manque un peu de refrains mémorables et qu’on aimerait scander. Mais le problème majeur de Ballistic, Sadistic, c’est qu’on a vraiment l’impression que Jeff Waters repompe ses anciennes productions. Par exemple Psycho Ward, aussi agréable soit-elle, est une version surboostée de Stonewall sur Never, Neverland, s’en est flagrant. De même pour Lip Service qui est littéralement pour le coup, un copier / coller de Knight Jumps Queen de l’opus Set The World On Fire. Là aussi c’est avec une prod costaude de 2020, mais on a quand même grave le sentiment de se faire entuber. Tout comme I Am Warfare dont on parlait plus tôt qui rappelle le titre éponyme du même album. Donc trois titres qui sont des plagiats éhontés de ce que le musicien a composé avant et encore, on ne vous parle pas de certains arpèges ou certains riffs qui empruntent ici ou là à cet album de 1993. 

C’est con, parce qu’en soit, Ballistic, Sadistic est un bon disque. On apprécie le côté vener et rentre dedans de celui-ci. Il ne fait pas dans la demi-mesure, c’est Rock’n roll à souhait et clairement, c’est ce qu’on attend d’un bon album de Thrash Metal. Sauf qu’il manque sur certains titres des choses ici ou là, pour en faire des pistes ultra accrocheuses. Et puis décidément, ces aspects plagiats, on peut difficilement le passer sous silence. A moins que vous ne connaissiez pas du tout Annihilator et dans ce cas là, vous serez sans doute plus indulgents. Nous, on est plus mitigés et on reste un peu sur notre faim.

15 / 20
1 commentaire (13/20).
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Triple Threat ( 2017 )

Avec Annihilator, c’est un peu comme si Jeff Waters avait toujours eu le cul entre deux chaises, ne sachant pas s’il devait ou non chanter dans son groupe. Cette instabilité derrière le micro a certainement empêché le groupe de connaître un plus grand succès, l’identité vocale d’une groupe étant des plus importantes. Après avoir cru un temps que le groupe avait enfin trouvé sa voix en la personne de Dave Padden, le départ de celui-ci fin 2014 obligea Jeff Waters de reprendre la double casquette de guitariste/chanteur. Ce coffret est un nouveau témoignage de cette inconsistance : Jeff est en effet accompagné au micro sur le set acoustique, mais il assure par contre tout seul le chant sur la prestation au Bang Your Head Festival !!!.

Ce Triple Threat (terme qui désigne un artiste qui excelle sur trois tableaux : acteur, chanteur et danseur) se compose d’un disque acoustique, enregistré dans le propre studio de Jeff Waters, en condition live (c'est important de le souligner), d’un disque live capté au Bang Your Head Festival !!! 2016, et d’un DVD ou Blu-Ray regroupant l’intégralité en vidéo de ces deux shows ainsi que de très nombreux bonus. Disons-le d’emblée, ce qui vaut le détour dans ce coffret, c’est bien le Unplugged - The Watersound Studios Sessions et ces bonus. Ce live comporte dix versions réarrangées  spécialement et nécessairement, à part deux exceptions (Bad Child et Stonewall qui groovent bien) et demi (Snake In The Grass qui envoie bien aussi), le groupe a pioché allègrement parmi ses power ballads (Sounds Good To Me, Holding On, Phoenix Rising…). Jeff est accompagné dessus par quatre musiciens : Aaron Homma à la guitare et Rich Hink à la basse, qui font partie officiellement du line-up d’Annihilator, épaulé par Pat Robillard pour une troisième guitare et Marc LeFrance aux percus et au chant. Jeff chante sur Bad Child et sur Phoenix Rising et se contente d’assurer les choeurs sur le reste, laissant le champ libre à Marc, qui reste par contre très discret aux percussions. Ce qui fait vraiment la différence ici, ce sont ces trois guitaristes qui se complètent parfaitement, pour preuve l’instrumental Crystal Ann de toute beauté. Le son est cristallin et on sent un énorme travail de production (et aussi de répétition, même si on peut entendre 2 ou 3 légers couacs sur toute la longueur), certains solos sont joués telles des copies conformes des versions “électriques” et sonnent diablement bien, d’autres ont été revus, réécrits, adaptés. Alors oui, on pourrait reprocher au groupe de capitaliser sur son côté moins Metal, d’offrir une performance un poil cucul la praline (on peut dire que certaines paroles sont légèrement mièvres) en essayant de faire pleurer dans les chaumières, mais le talent des musiciens tire l’ensemble vers le haut et offre des passages renversants (Phoenix Rising, Fantastic Things, In The Blood).

Les commentaires de Jeff en bonus de ces versions acoustiques sont la partie la plus intéressante du coffret pour tout fan du groupe : il y explique le choix des morceaux joués (à noter que judicieusement, les setlists des deux lives ne présentent aucune chanson en commun) et dévoile plein d’anecdotes (il reconnaît le côté commercial de l’album Set The World On Fire, ou encore raconte que la chanson Sounds Good To Me parle de ses problèmes d’alcool résolus depuis…). À côté de ça, on a droit à une sorte de making of, avec des extraits de répétitions dans le salon de Jeff, des interviews de chaque musicien expliquant son arrivée dans le groupe ou dans le projet, des témoignages de fans (dont Jean-François Dagenais de Kataklysm) et des réponses aux questions envoyées préalablement par des fans anonymes à Jeff. On reviendra rapidement sur le Live At Bang Your Head !!! Festival, où l’on assiste à un concert très propre des Canadiens, offrant un panel varié de leur discographie allant de leur début jusqu’au dernier album en date, Suicide Society, avec le titre Creepin’ Again. On sera par contre un poil déçu des captations vidéo de ces deux lives : l’éclairage sur les deux n’étant pas optimal, l’image présente un piqué faible et un grain important. Le live acoustique apparaît forcément légèrement statique mais tire son épingle du jeu puisque montrant en gros plan le travail et la virtuosité de Jeff sur les solos.

Ce coffret se présente ainsi comme un incontournable pour quiconque serait fan d’Annihilator. Cependant, à la différence d’un Best Of plus classique, ce Triple Threat n’est peut-être le meilleur moyen pour découvrir ce groupe incontournable de la scène Thrash. Sauf que vous voilà avertis ! Aussi, maintenant que vous savez à quoi vous attendre, vous ne serez plus surpris par cette ambivalence entre douceur et férocité.

A écouter : et à regarder aussi (bah oui, il y a un DVD dedans !)
17 / 20
9 commentaires (17.28/20).
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Alice In Hell ( 1989 )

Au crépuscule des années 80, Metallica et Slayer sont déjà bien installés sur la scène Thrash. L'un vient de sortir ...And Justice For All et l'autre South Of Heaven. C'est sans compter sur la présence de plus en plus remarquée d'Exodus, Anthrax et Megadeth. L'âge d'or du Thrash touche presque à sa fin, mais un petit dernier se presse pour sortir Alice In Hell, un album qui fera date dans le genre, se vendant également très bien.

En matière d'extrémisme musical à l'époque, beaucoup de choses ont déjà été écrites, surtout avec l'arrivée de Death, Napalm Death et Morbid Angel. Annihilator ne prend donc pas la peine de jouer plus vite ou plus violemment que ses congénères, mais propose une excellente synthèse entre la période Iron Maiden et celle de Metallica, en somme, le meilleur du Heavy / Thrash. Comme un chaînon manquant entre deux styles, son leader et seul membre permanent de la formation, se plait à aligner compositions très agressives et avalanche de riffs heavy. Le début de l'album à d'ailleurs de quoi surprendre avec cet instrumental aux influences ibériques où l'on croirait avoir inséré un disque de Paco De Lucia dans la platine (Crystal Ann). En référence à l'oeuvre de Lewis Carroll, Alice In Hell tisse un univers sonore à la fois féérique et cauchemardesque. Il ne faut qu'un seul morceau à Annihilator pour affirmer cette dualité avec le culte Alison Hell aux riffs de tueur, aux ponts acoustiques étranges et aux rythmiques endiablées. Avouez qu'un groupe de Thrash arrive à instaurer pareilles ambiances, n'est pas monnaie courante dans un style où le but est plutôt de faire secouer des têtes aussi rapidement que la bière descend dans l'estomac. Le reste de l'album est du même tonneau. Annihilator excelle également dans les mid-tempo (W.T.Y.D.) où il paraît difficile de résister aux frappes groovy et nombreux breaks de Ray Hartmann, ponctué régulièrement par des « aahhh » ultra-aïgus de Jeff Waters qu'on croirait hurlés par un succube de l'enfer. Ce dernier a fait appel à Randy Rampage pour les couplets hargneux qui risquent de vous hanter pendant longtemps comme (« welcome to your death ») et Human Insecticide.

Il faut également parler de la virtuosité des deux guitaristes. Je ne parle pas uniquement de la technique, même si celle-ci est indéniable et encore tout à fait impressionnante vingt ans après, mais surtout de l'alignement de riffs qui se suivent, s'articulent, s'emboîtent logiquement et cimentent des compositions implacables. Et puis ces soli crénom de nom! Rarement ils ont été aussi jouissif dans un album de Thrash, carrément hystérique (Schizos (Are Never Alone) Part I&II), avec une mention particulière pour celui de Wicked Mystic qui semble inspiré d'une musique de jeux-vidéo. Après de tels morceaux, Alice In Hell s'essouffle quelque peu sur la longueur avec Ligeia ou Human Insecticide qui marque plus légèrement les esprits que l'excellence d'un Burns Like A Buzzsaw Blade par exemple. La production quant à elle apporte une touche froide aux morceaux donnant plus d'ampleur aux guitares incisives (ainsi qu'une basse qui s'entend) et aux atmosphères sinistres. Elle peut paraître un peu datée comme beaucoup de disques de l'époque, mais possède un charme indéniable, surtout envers les grosses productions quasi inévitables aujourd'hui.

Alice In Hell est un album culte pour ceux qui s'intéressent au Thrash pour des compositions qui frôlent la perfection , pour ces cascades de riffs tous excellents et qui permettent de marquer durablement l'auditeur. Assez accessible puisque très mélodique, il demeure encore aujourd'hui une très bonne porte d'entrée pour se mettre au Thrash.

A écouter : Alison Hell, W.T.Y.D, Word Salad