Anna a encore mûrie, le son et la puissance que sa musique dégage sont tout juste incroyable. Album de l'année 2018.
Anna Von Hausswolff
Art Pop / Ambient / Néo Classique

Dead Magic
01. The Truth, The Glow, The Fall
02. The Mysterious Vanishing Of Electra
03. Ugly And Vengeful
04. The Marble Eye
05. Källans återuppståndelse
Chronique
L’emprise de la fausse note ne semble pas en mesure d’atteindre l’organiste suédoise Anna Von Hausswolff. Celle que nous avions laissé en 2015 avec l’excellent The Miraculous revient trois ans plus tard, après une tournée éreintante - notamment en première partie de Swans - et avec la volonté d’ajouter à sa discographie une nouvelle œuvre majeure.
Pour les fans de la première heure, ce quatrième album semblera tout à fait familier. En effet, tous les éléments qui ont charpenté le son si caractéristique d’Anna Von Hausswolff sont bien présents. Ce Drone vrombissant, ces nappes envoûtantes d’orgue, cette atmosphère lynchéenne, cette voix possédée, cette volonté de creuser son sillon contre la tendance. Tout est bien là, à sa place. Enfin... pas tout à fait.
Dead Magic déploie les ailes d’Anna, celles qui auparavant l’empêchaient d’atteindre les cimes entraperçus, lui ouvrent aujourd’hui la liberté de ton attendue. Après avoir souffert d’une longue panne d’inspiration, ce n’est que face à sa propre peur du vide qu’Anna est parvenue à extérioriser l’essence de son art. Cette énergie vitale transpire dans la composition. Les morceaux, au nombre de cinq, s’étirent jusqu’à plus de seize minutes pour finalement aboutir à une longue messe rituelle. Si The Miraculous respectait dans l’ensemble un format plus commercial, Dead Magic fait voler en éclats codes et conventions pour mieux délivrer son ambition. L’orgue, enregistré en quelques jours dans une église, constitue la matière première à partir de laquelle l’alchimie a été conçue. Randall Dunn, tête pensante de Sunn O))), chapeaute l’ensemble.
De sa longue tournée avec Swans, Anna Von Hausswolff n’en a pas retenu que la fatigue. Ugly And Vengeful, pièce maitresse de l’album en témoigne allègrement. Une lente montée en puissance où guitares, orgue et percussions virevoltent avant un final dévastateur où la batterie est martelée à n’en plus finir. La maîtrise du chant est aussi à souligner, là où sa grandiloquence parfois criarde sur les précédents opus pouvait en crisper certains. Quelque part entre Kate Bush, Jarboe, Dimanda Galas voire Fever Ray, Anna n’a jamais aussi bien chanté. Sur le morceau d’ouverture, The Truth, The Glow, The Fall, sa voix se fait tantôt douce et aérienne, tantôt dans la complainte, sans jamais forcer le trait. À l’opposé, les moments de silence sont prépondérants. Mais la voix sait aussi s’effacer pour laisser place à de longs instrumentaux où chaque détail est travaillé. La production de Randall Dunn, ample et précise, laisse entendre nombre de craquements, grésillements, bourdonnements et autres ronronnements engouffrés dans les nappes constantes de clavier et d’orgue. The Mysterious Vanishing Of Electra, premier « single » est effectivement un magnifique porte-étendard des éléments précités, notamment par la performance vocale exceptionnelle qui le compose et le mélange de styles appliqué. De la Darkwave au Néoclassique en passant par l’Ambient, l’Art Pop, le Drone, le Metal, Anna Von Hausswolff fait fi des genres et saisit avec ardeur et d’une ferme poigne son auditeur au cœur d’une ballade nocturne où ombre et lumière s’entrelacent à n’en plus finir. On regrettera néanmoins les deux derniers morceaux qui, s’ils sont loin d’être mauvais, auraient sans doute mérité de mieux s’incorporer dans l’ensemble. Notamment Kallans Ateruppstandelse, dont l’arrêt final brutal laisse quelques regrets.
Mélodieux, épique, aventureux, orchestral, tribal, sombre, Dead Magic est un périple lugubre qui mérite toute votre attention à travers de nombreuses écoutes pour mieux s’imprégner de son univers si singulier. Indéniablement le meilleur album d’Anna Von Hausswolff jusqu’à présent, en attendant la suite.
A écouter : 1
Les critiques des lecteurs
Anna a encore mûrie, le son et la puissance que sa musique dégage sont tout juste incroyable. Album de l'année 2018.
Superbe disque, Anna Von Hausswolff s'en sort encore une fois admirablement.
Une très bonne claque avec des ambiances immersives et très bien travaillées. A écouter définitivement :)