Anna Sage
Hardcore / Noise / Screamo

Anna Sage
01. The Holy Mice
02. Sinner Ablaze
03. The Deadly Mess Of A Dying Head
04. Loveless
05. V
06. Hostile Cage
07. Lost In A Frame
08. Double Bind
09. Walls Of Hate
10. Silence...
11. ...The Serpents
Chronique
Jadis, en 2018, un discret quatuor parisien nous gratifiait d’un deuxième format court surprise, Downward Motion, associant la foudre du Hardcore déstructuré aux tripailles Screamo, et à la corrosion Noise. Anna Sage impressionnait déjà par la qualité de compositions équilibrées, à la fois complexes et relativement immédiates, malgré une production un brin faiblarde.
Évènements exceptionnels obligent, le premier album sans titre a mis plus de temps que prévu à pointer le bout de son cran d’arrêt, et c’est en ce mois d’avril 22 que celui-ci éclate enfin au grand jour dans nos conduits obstrués. Francis Caste toujours aux manettes pour un rendu cette fois à la hauteur, et même plus. Tout apparaît plus épais, plus méchant, en particulier les guitares, qui semblent se décomposer et se recomposer en permanence, telles des organismes qui se rétractent après avoir implosé. L’écoute est globalement plus exigeante, il faudra y revenir autant de fois que nécessaire afin de se synchroniser avec ce maelstrom subtil, à priori sauvage mais blindé de mélodies sournoises (Loveless et son groove désaxé de la mort). Bien que les noms de Botch, TDEP, KEN Mode ou Birds In Row persistent à résonner dans notre esprit, Anna Sage bifurque au carrefour de ces influences en y ajoutant une couche de Post Metal, ce qui leur permet d’étaler les ambiances, comme sur Lost In Frame, pierre angulaire de l’album, écartelée entre errance au milieu du labyrinthe de nos (in)consciences et Screamo brûlant, achevée dans la dépression acoustique. Dans la même veine Walls Of Hate nous submerge d’opulence riffique et d’écorchures multiples, rappelant le meilleur de Breach, ou bien le terminal ...The Serpents (précédé de la transition Silence…) expose tout le dossier en un monolithe à l’architecture accidentée mais pertinente, pour mourir au milieu d’un essaim de bruits parasites étrangement rassurants.
De leur coté Sinner Ablaze, V, The Deadly Mess Of A Dying Head ou Double Bind constituent autant de corrections formidablement achalandées, les hurlements transpercent nos petits cœurs sans vergogne, malaxent nos capteurs émotionnels et se clarifient ponctuellement sans pour autant se débarrasser de la rage nauséeuse qui s’agglutine au bord des lèvres. Tandis que la section rythmique ne faiblit jamais, entre frappes sèches, véloces, massives, et basse ronde, puissante, qui tente de flotter au-dessus de la mélasse. Le tableau ici dépeint n’est pas des plus simples à appréhender, il finira néanmoins par happer celle ou celui qui observe avec insistance. Les reliefs apparaîtront, anguleux, imprévisibles, creusant des plaies ouvertes et des vallées obscures, en nous et loin de nous.
Ce premier long confirme sans grande surprise les qualités réceptionnées avec Downard Motion, ajoutant une dimension plus lourde et lancinante à une recette déjà bien chargée, en respectant toutefois un équilibre qui rend le tout formidablement digeste. Anna Sage explore des surfaces moins « accessibles » mais enrichies en métaux rares, à la frontière du vivant et du chaos.
Librement disponible sur Bandcamp.