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Biographie

Anna Sage

Né à Paris en 2012, Anna Sage pratique un hardcore chaotique et viscéral proche des éternels Converge, Botch ou Norma Jean. Deux ans après ses débuts le quartet sort The Fourth Wall, premier EP qui lui permettra de tourner aux cotés de 68 (ex-The Chariot), Direwolves, Death Engine, Tesa ou encore Plèvre. En 2017 le groupe bouleverse son line-up, fait évoluer sa musique via l'écriture de nouveaux titres qui se retrouveront sur un deuxième EP, Downward Motion, qui débarque en fin d'année 2018. Un disque tout de même enregistré par Francis Caste (Kickback, Cowards, Comity) et abrité simultanément par Dingleberry Records, En Veux Tu ? En V'là, Itawak et Vox Project. On patientera gentiment jusqu'en 2022, après une certaine pandémie, pour voir débarquer le premier album sans titre d'Anna Sage, une nouvelle fois avec Francis Caste à la production, conjointement hébergé ici par Klonosphere, Season of Mist, Dingleberry, Itawak, Urgence Disk, Vox Project et Zegema Beach (oui, tout ça).

Anna Sage ( 2022 )

Jadis, en 2018, un discret quatuor parisien nous gratifiait d’un deuxième format court surprise, Downward Motion, associant la foudre du Hardcore déstructuré aux tripailles Screamo, et à la corrosion Noise. Anna Sage impressionnait déjà par la qualité de compositions équilibrées, à la fois complexes et relativement immédiates, malgré une production un brin faiblarde.

Évènements exceptionnels obligent, le premier album sans titre a mis plus de temps que prévu à pointer le bout de son cran d’arrêt, et c’est en ce mois d’avril 22 que celui-ci éclate enfin au grand jour dans nos conduits obstrués. Francis Caste toujours aux manettes pour un rendu cette fois à la hauteur, et même plus. Tout apparaît plus épais, plus méchant, en particulier les guitares, qui semblent se décomposer et se recomposer en permanence, telles des organismes qui se rétractent après avoir implosé. L’écoute est globalement plus exigeante, il faudra y revenir autant de fois que nécessaire afin de se synchroniser avec ce maelstrom subtil, à priori sauvage mais blindé de mélodies sournoises (Loveless et son groove désaxé de la mort). Bien que les noms de Botch, TDEP, KEN Mode ou Birds In Row persistent à résonner dans notre esprit, Anna Sage bifurque au carrefour de ces influences en y ajoutant une couche de Post Metal, ce qui leur permet d’étaler les ambiances, comme sur Lost In Frame, pierre angulaire de l’album, écartelée entre errance au milieu du labyrinthe de nos (in)consciences et Screamo brûlant, achevée dans la dépression acoustique. Dans la même veine Walls Of Hate nous submerge d’opulence riffique et d’écorchures multiples, rappelant le meilleur de Breach, ou bien le terminal ...The Serpents (précédé de la transition Silence…) expose tout le dossier en un monolithe à l’architecture accidentée mais pertinente, pour mourir au milieu d’un essaim de bruits parasites étrangement rassurants.

De leur coté Sinner Ablaze, V, The Deadly Mess Of A Dying Head ou Double Bind constituent autant de corrections formidablement achalandées, les hurlements transpercent nos petits cœurs sans vergogne, malaxent nos capteurs émotionnels et se clarifient ponctuellement sans pour autant se débarrasser de la rage nauséeuse qui s’agglutine au bord des lèvres. Tandis que la section rythmique ne faiblit jamais, entre frappes sèches, véloces, massives, et basse ronde, puissante, qui tente de flotter au-dessus de la mélasse. Le tableau ici dépeint n’est pas des plus simples à appréhender, il finira néanmoins par happer celle ou celui qui observe avec insistance. Les reliefs apparaîtront, anguleux, imprévisibles, creusant des plaies ouvertes et des vallées obscures, en nous et loin de nous.

Ce premier long confirme sans grande surprise les qualités réceptionnées avec Downard Motion, ajoutant une dimension plus lourde et lancinante à une recette déjà bien chargée, en respectant toutefois un équilibre qui rend le tout formidablement digeste. Anna Sage explore des surfaces moins « accessibles » mais enrichies en métaux rares, à la frontière du vivant et du chaos.

Librement disponible sur Bandcamp.

A écouter : et à kiffer sur la durée.
15.5 / 20
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Downward Motion ( 2018 )

Empruntant son nom à Anna Sage, alias Anna Cumpănaș, prostituée roumaine d’origine austro-hongroise, tenancière d’un bordel à Chicago et Gary aux USA, et connue pour avoir aidé le FBI dans l’arrestation de John Dillinger, le quartet parisien donne dans le hardcore nouvelle école « à la Converge ». Mais le spectre de leur créativité ne se limite pas à une repompe du gang de Salem, qui s’élargit autant pour titiller la fibre noise d’un KEN mode que pour chatouiller les intonations emo d’un Birds In Row ou l’épaisseur furibarde d’un Nails. C’est ce qui ressort en tout cas de ce deuxième EP, là où le premier s’accoquinait davantage avec The Dillinger Escape Plan ou Botch.

Downward Motion, dont on peut d’emblée souligner la qualité et le soin qu’il affiche malgré sa courte durée, s’impose comme un amuse-gueule foutrement efficace en attendant un album véritable. Rares sont les formations faisant preuve d’autant d’assurance dès leurs débuts, The Fourth Wall étant déjà loin d’être dégueulasse, Downward Motion complète idéalement le merdier. Brutale, ultra sensible, torturée, constamment en proie à la démence, l’écriture d’Anna Sage est sauvage, dissonante, mélancolique, portée par une forme d’énergie du désespoir, parfois à couper le souffle. Effectivement Goddess impressionne par son chant scandé, doublé ou carnassier, sa souplesse rythmique et ses guitares aussi plombées que subtiles, When Prophecy Fails réduit nos certitudes en poussière via une basse éloquente qui mène la danse, le concassé Missing One alterne destruction de cervicales et précipice émotionnel, tandis que Rope achève de briser nos rêves sous les assauts unifiés d’une violence débridée, nécessairement libératrice.

Seulement deux petits EP pour Anna Sage et pourtant à l’écoute on pourrait penser que le groupe est sur la place depuis des lustres, témoignant d’une écriture organique, très soignée et d’une brillante sincérité. Les parisiens ne s’éparpillent pas et sont absolument sûrs de leur sujet, en tout cas ils ont tout ce qu’il faut en magasin pour nous gratifier d’un long format consistant, et c’est tout le mal qu’on leur souhaite.

A écouter : sagement.
Anna Sage

Style : Hardcore / Noise / Screamo
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Origine : France
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