Biographie

Anna Calvi

Agée de 28 ans, d'origine italienne par son père et anglaise par sa mère, Anna Calvi a commencé par la guitare à l'âge de six ans, avant de passer au violon deux ans plus tard. C'est en 2011 qu'est sorti son premier album sobrement intitulé Anna Calvi.

Cette jolie jeune femme, fan de Debussy et Ravel, mais aussi de la CallasDavid Bowie ou encore Jeff Buckley, y fait preuve d'un talent certain pour créer des ambiances originales. Sur scène, son look vestimentaire inspiré du flamenco, ainsi que son maquillage et ses cheveux tirés en chignon, sans oublier sa guitare, contribuent à lui donner une image glamour. Son deuxième album, One Breath, sort en 2013. La belle blonde part à travers le monde défendre cet opus très beau et inspiré. 

17 / 20
1 commentaire (16.5/20).
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Hunter ( 2018 )

Avec ses deux premiers albums, Anna Calvi avait su toucher le public par sa musique empreinte de rock et d'envolées vocales spectaculaires. laissant sur scène l'image d'une guitariste maquillée sobrement et vêtue à la mode flamenco. 2018 marquait son retour au premier plan avec un troisième opus intitulé Hunter

La Calvi avait teasé un album très explicite avec les deux premiers extraits et leurs clips, Hunter et Don't Beat The Girl Out Of My Boy. La pochette, la montrant les cheveux en bataille et les yeux fermés, comme en pleine extase érotique, ne fait que confirmer cette impression. Hunter s'avère donc une célébration de l'amour physique, qui laisse la chanteuse jouer des codes de la féminité et de la masculinité, notamment dans les rapports intimes ou par l’ambiguïté jetée sur l'identité de genre, thématiques servies par des textes toujours évocateurs, sans jamais tomber dans la vulgarité. Avec As A Man par exemple, Anna Calvi voudrait se faire homme, pour mieux saisir l'être convoité et ne faire qu'un avec lui. L'habillage musical se fait pop, bien plus que sur les autres albums de la chanteuse, mais sa guitare reste un élément indispensable, tout comme sa capacité à tenir la note la plus haute, faisant de ce premier morceau une note d'intention pour tout l'album. 

Ainsi, Hunter vibre de pulsations sexuelles, la respiration de la chanteuse servant même de rythmique, tandis que le jeu de guitare dessine des motifs incisifs comme une caresse rock, Anna Calvi nous faisant partager un moment suspendu où les corps s'enlacent, même si rien ne dure. Don't Beat The Girl Out Of My Boy se révèle encore plus joueuse, avec un jeu de batterie percutant et des chœurs tissant une petite mélodie qui reste en tête. Indies or Paradise conserve ce même souffle intime et sensuel, traversé de soubresauts rock. Avec Hunter, l'auditeur ne peut que succomber au charme ensorcelant de mélodies composées avec soin, pour mieux appuyer des paroles aussi troublantes que l'harmonie trouvée entre le chant envoûtant d'Anna Calvi et sa maîtrise d'un jeu de guitare subtil dans ses variations. 

D'autres morceaux contribuent au plaisir de l'écoute, notamment Alpha, où la louve Anna Calvi nous entraîne sur son terrain pour mieux nous croquer avec gourmandise, le temps d'un morceau groovy et sexy. Chain nous fait quant à elle partager l'étreinte entre deux femmes, avec un refrain catchy et une orchestration très classique rock. Hunter ne souffre par ailleurs d'aucun véritable moment faible, Wish se révélant notamment aérienne et éthérée. Quelques pistes sont plus attendues dans leur construction, par exemple Swimming Pool ou bien Away, très belles cependant. Eden n'aurait pas non plus fait tâche sur un des premiers albums d'Anna Calvi, mais dans le haut du panier, pour conclure ce voyage avec notre guide. 

Anna Calvi délivre une magnifique ode à l'amour physique avec Hunter. Ce troisième album plus personnel que jamais atteint ainsi des sommets, tant par le chant et le jeu de guitare très expressifs de la jeune femme, que par ses textes ciselés avec une grande sensibilité. Hunter s'avère dès lors comme une réussite à tous points de vue. 

A écouter : Hunter, As a Man, Chain, Alpha
16 / 20
3 commentaires (14.83/20).
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One Breath ( 2013 )

Au printemps 2013 Anna Calvi faisait son retour avec One Breath, son deuxième album. Si son premier opus avait été un succès critique, que pouvait-on attendre de ce nouvel essai? 

L'entame nous plonge en terrain familier avec Suddenly et Eliza, deux morceaux où l'interprétation de Anna Calvi fait merveille, rappelant une fois encore le regretté Jeff Buckley. Les textes sont intimes, le jeu de guitare toujours aussi précis, le chant aussi délicat qu'emphatique quand il le faut, en somme tout ce qu'on aime est bien présent. Mais la Calvi surprend aussi avec l'entêtante Piece by Piece, jolie ritournelle oscillant entre minimalisme pop, arrangements classiques et éraflures rock. Un tube en puissance. La palette musicale d'Anna Calvi est plus large sur ce disque, c'est une certitude et ce n'est pas Cry qui contredira ce fait. Là encore la chanteuse nous embarque avec lyrisme sur une trame abrasive. Sing To Me renchérit avec notamment une merveilleuse mélodie proche des travaux de Ennio Morricone qui donne du souffle à ce morceau.

La puissance du classique apparaît alors comme un ressort récurrent sur ce nouvel opus. Le morceau One Breath débute ainsi tout en douceur avant de se voir compléter dans son dernier tiers d'arrangements classiques particulièrement majestueux. Joli, mais à la limlite du collage. Ailleurs, Anna Calvi se fait plus rock, avec le vigoureux Tristan et surtout le jeu de guitare saturée de Love of My Life. Un morceau presque incongru proche d'une des idoles de la demoiselle, Jimi Hendrix, et qui montre une nouvelle facette de la chanteuse.

On retrouve ailleurs une forme plus riche avec Carry Me Over, une composition où les guitares dessinent des motifs musicaux surlignés par des percussions légères et enveloppés par des violons vindicatifs. En résumé une longue tirade franchement réussie constituant un des sommets du disque. Le final demeure lui aussi de qualité avec Bleed Into Me et sa forme habitée de guitares spectrales et de chœurs puissants, la Calvi nous achevant avec The Bridge, sorte de mélopée hantée un peu trop courte. 

D'une manière générale, on constate que One Breath prend le contre-pied du premier album d'Anna Calvi avec des choix stylistiques assez radicaux. Il semble à l'évidence que l'artiste a voulu jouer des contrastes entre envolées classiques et élans rock.  Le disque est donc intéressant et assez emballant dans l'ensemble, mais perd un peu de la désarmante simplicité du premier opus.

A écouter : Suddenly, Piece by Piece, Carry Me Over
17 / 20
2 commentaires (15/20).
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Anna Calvi ( 2011 )

Avec son premier album, Anna Calvi sort immédiatement du lot grâce à ses compositions habitées et inspirées. Le trio formé avec ses comparses, le batteur Daniel Maiden-Wood et la multi-instrumentiste Mally Arpaz, n'exclue ainsi ni la recherche d'atmosphères ni la richesse musicale. Admiratrice de la Callas et d'Edith Piaf, du songwriting de Roy Orbison, mais aussi de Jimi Hendrix, la jeune femme promène une voix exceptionnelle sur des mélodies intenses. 

L'instrumental qui ouvre cet album offre un bon aperçu du talent d'Anna Calvi, mais c'est lorsque sa voix se fait entendre que la magie opère. Joliment troussé, Desire sort du lot tant l'interprétation et l'orchestration s'harmonisent parfaitement. Clairement comme Anna Calvi le dit elle-même, sa voix et sa guitare ne font qu'un. Un morceau comme The Devil en est un merveilleux exemple, proposant une orchestration épurée magnifiant les échappées vocales de la Calvi. On pense évidemment à Jeff Buckley tant le lyrisme est de mise. On appréciera aussi le son pop de First We Kiss, ou bien encore I'll Be Your Man avec son petit côté Chris Isaak. 

De toute façon toutes les compositions rivalisent de beauté, et ce n'est pas Love Won't Be Leaving qui gâchera l'ensemble. Particulièrement travaillé, cet album propose ainsi un univers cohérent et d'une étonnante profondeur. L'écoute répété offre un plaisir intense, tant ce disque regorge d'une passion essentielle à l'épanouissement de l'artiste. Les chansons sont déclamatoires tandis que la production simplissime de Rob Ellis les met magnifiquement en valeur. 

Immanquablement on pense à une lignée de chanteuses qui va de Patti Smith à PJ Harvey en passant par Shannon Wright, pour le côté incisif du jeu de guitare qui la fait se sentir "forte et sûre" d'elle. Anna Calvi réussit ainsi magnifiquement son baptême du feu avec un premier album abouti. Adoubée par Brian Eno et Nick Cave, l'avenir s'annonce radieux notamment sur scène où elle excelle.



A écouter : Desire, The Devil, Love Won't Be Leaving