Animal Collective auraient-ils tué 2009? Merriweather Post Pavilion n'est, depuis quelques mois, qu'une rumeur désincarnée que déjà, chaque signe (lives de mauvaise qualité sur YouTube, DVD, artwork...) ou note perdue contribue à faire vivre la chose. A toutes ces annonces éparpillées, c'est le webzine américain Pitchfork (webzine ès bons-goûts-branchouillards) qui répond le premier en décochant la première salve. Le nouvel opus du collectif animal se voit bardé d'un 9.6 / 10 qui annihile déjà tous les espoirs placés dans l'année qui débute. Animal Collective, et après?
Rien ne pourra être dit ici qui n'aura été entendu ailleurs, mots collectés dans des espaces publics vite échauffés. Cette chronique ne visera rien d'autre, donc, qu'à être un patchwork d'impressions assimilées puis régurgitées comme ce Merriweather Post Pavilion n'a pour d'autre but que de détruire la pop et de la réinventer. Imposture? Certes. Mais, incontestablement, le quatuor de Baltimore livre ici son travail le plus abouti dont les premières lignes avaient déjà été tracées sur l'album et l'EP qui l'ont précédé, Strawberry Jam (2007) et Water Curses (2008). Jamais, Animal Collective n'aura aussi bien équilibré ses compositions entre murs psychédéliques et envolées pop (les clap clap de "My Girls"), entre classicisme instrumental et loufoquerie technoïde (l'ouverture "In the Flowers").
De "In the Flowers" à "Brothersport", master piece finale et en un peu moins d'une heure, le groupe redéfinit la pop, bourré d'influs qu'il est, sur fond de samples décalés, de murs colorés de synthétiseurs, de beats technoïdes, d'instruments traditionnels (didgeridoo sur "Lion in a Coma"). Le psychédélisme sonore de Sun Tongs (2004) ou Feels (2005) laisse désormais plus de place aux mélodies qui s'échappent en filigrane, chaque morceau contenant son instant de bravoure, chaque effet venant disputer à son aîné sa capacité à faire danser.
Car, MPP est catchy malgré son aspect étourdissant. Car, derrière chaque première impression, se cache cet instrument, cet air qui nous avait échappé à première ouïe. Ecoutez ce timide piano, cet air lancinant de xylophone derrière les méandres électroniques. Voyez ce collage sonore insensé. "My Girls" devient intemporelle. "Bluish", ballade pop par excellence, illumine. Un peu comme si, à rallumer la lumière, se présentait un paysage chaque fois différent sous nos yeux. L'album, à l'image de l'hypnotique pochette, semble en mouvement perpétuel, se renouvelant de lui-même, révélant chaque fois une orchestration différente. Inépuisable source de fraîcheur.
Que la hype se fatigue (et vite!) et Merriweather Post Pavilion restera comme une pierre marquante. Pour le groupe et pour le reste. A l'abri dans son monde, Animal Collective fait voleter ses notes, riches et colorées, avec insouciance. 2009 commence fort. Très fort.
Merriweather Post Pavilion est sorti le 20 janvier 2009 chez Domino Records.
A écouter : pour tuer l'ann�e.