"100% Anadivine" semble une façon éclairée de résumer l'esprit de Zoo. Après un EP délectable, 2004 marque le retour de ces jeunes new-yorkais. Objectif: marquer la scène emo-punk d'une empreinte aux multiples sillons.
Première constatation: le combo aurait-il prit en compte nos remarques concernant leur précédente production ? A en croire, nos oreilles, la suppression de piano, mégaphone et autres effets atmosphériques validerait cette hypothèse; dès lors, Anadivine n'ont qu'une pleine demi-heure pour nous montrer l'étendue de leur talent. Celui-ci réside en cette capacité à se renouveler par l'utilisation, cette fois-ci, plus nuancée, des substances intrinsèques au quatuor, délicatement parsemées dans ce parc naturel.
Indie, pop, punk ou métal, Sean et ses acolytes s'en donnent à coeur joie.
Ainsi des morceaux tels que « Adding Insult to Industry » et « Dangerous Mixed With » sont d'une efficacité effroyable tant ils exhalent une énergie corrosive: batterie indomptable, choeurs solidaires, et une basse vraiment tenace sont les ingrédients d'une qualité indéniable. Mike se voit ainsi promu au poste de chef d'orchestre. Les interludes laissent la part belle à sa dame, qui se plaît à susciter des airs pour le moins inquiétants.
Gorge empoignée par des mains frigorifiées, respiration saccadée, l'oxygène vous fait défaut. « This Accident Worked too Well » vous assène un punk cadencé par des percussions dignes de Mars Volta. Ses riffs métalliques vous brutalisent inlassablement, la douleur en devient irréelle. Ultime souffle: You’re Not Going Anywhere Tonight or for The Rest of Your Life..
Voile laiteux, lumières volumétriques, un fort contraste nous aveugle (I Want Her Blind Again, in My Life Again). À l'inverse de l‘EP, la structure des morceaux présents sur Zoo se veut plus harmonieuse. « Dangerous Mixed With » et sa dualité schizophrénique se révèle perturbante: une boucle, des paroles différentes mais une cadence identique, vit-on deux fois la même expérience ?
Le doute est omniprésent, et surtout propre au disque. Les rythmiques pop (The Timid Gentlemen) sont astucieusement distillées et renforcent cette ambiguïté. Anadivine nous berce dans une incertitude homogénéisée. Le mixage réalisé sur « Capitol Arrangement » et « Love, Lust, and Fake Integrity » les marient de façon complémentaire, l'une vital à la survie de l'autre. Effets de cymbales ponctuels (Yes Sir, Mr Machine), claquements de main (Love, Lust…), ces substances intelligemment disséminées dévoilent une authentique alchimie.
Néanmoins, quelques nuages pointent à l’horizon. La reprise d’ « Alcohol and Oxygen » n'apporte pas grand chose de plus à Zoo: les arrangements sont moins travaillés, Claudio Sanchez n’opère plus, ajoutez à cela un chant plus propret, dépourvu de tout explosion salutaire. Le tout tranche quelque peu avec le caractère macabre des textes. Ces aspects demeurent malgré tout secondaires au vue de la valeur de cette production.
Emily: un nom familier certes, un être céleste peut être, une voix sûrement. Accompagnant Anadivine sur « Duet From the Dead », cette dernière laisse présager du meilleur quant à l'avenir des gars de Kingston. En peu de temps, le quatuor risque de se poser comme une référence en la matière. De plus, ce n'est pas tous les jours qu'un ange frappe à votre porte, n'ayez pas de regrets, laissez la entrer.
A écouter : Dangerous Mixed With, Love Lust and Fake Integrity, This Accident Worked too Well, Duet From the Dead