Suite à une tournée bien remplie annonçant la suite de leur spectacle, les clowns de An Albatross étaient clairement attendus au tournant. D'une part parce qu'il faut bien avouer que leur screamo-boule à facettes fut sans aucun doute une des meilleures choses arrivées récemment au genre, mais aussi parce que rebondir suite à un tel engouement n'est pas chose aisée.
Sur le papier, An Albatross a mis les bouchées doubles, voir triples, puisque Blessphemy dure 27 minutes, soit plus de 3 fois We Are The Lazer Viking. Sur le principe, l'oiseau n'a pas changé de cap et vomie plus que jamais sa mixture explosive de "powerscreamopopdisconoiseleronica" à l'énergie hardcore. On est donc toujours en présence de morceaux très courts (à peine plus d'une minute en moyenne), épileptiques et sans pitié pour nos gueules. Au delà de cette marque de fabrique clairement établie, An Albatross parvient à enchaîner les nouvelles, et surtout bonnes, idées sur la totalité de ce nouveau méfait. Malgré un décalage omniprésent et un don certain pour surprendre à chaque mesure de manière spontanée, on a presque envie de dire que la musique des américains est désormais maîtrisée par ces derniers. Cette impression est sans aucun doute le fruit de l'étonnante constance de l'ensemble. Si sur les précédents efforts, les gaziers semblaient combler le vides entre les étincelles, la performance est ici devenue un véritable feu d'artifice ininterrompu. An Albatross affirme un caractère mais aussi un style qui va bien au delà d'une simple dérivation éphémère du screamo ou du grind. Le clavier toujours très cheap, les quelques cuivres bien intégrés ("The Illumination Of The Nation") et les samples technoïdes ("I Will Swim Into The Lazer Eye") associés aux partitions traditionnelles ne donnent jamais dans la surenchère pour faire mouche. Le dosage est au poil.
Si l'effet de surprise était un bel atout pour les premiers efforts de An Albatross, c'est bien la maîtrise et la personnalité qui permettent ici aux américains de tirer leur épingle du jeu. Bessphemy prouve aux mêmes titres que le Hell songs de Daughters! que le hardcore barré sous amphétamine a encore des choses à inventer. A noter que comme à leur habitude, An Albatross met le paquet sur le contenu multimédia (vidéos / photos) pour ceux n'ayant pas eu la chance d'apprécier leurs pitreries en direct.
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