Déstabilisant. Immersif. Oui! 100% pour le flamand, ça amplifie la force émotionnelle du chant. Les différentes ambiances, les sons, la voix de Caro Tanghe. Encore une fois, ce nouvel album me transporte, loin, calmement, me ramène puissamment à ce que je suis et sors la douleur de mes entrailles.
Amenra
Post Hardcore

De Doorn
01. Ogentroost
02. De Dood In Bloei
03. De Evenmens
04. Het Gloren
05. Voor Immer
Chronique
En première approche, De Doorn semble poursuivre le chemin initié par Mass VI : un peu plus de chant clair et de passages apaisés tandis qu’en parallèle le sentiment d’oppression et douleur affleurante se fait moins ressentir, sans que pour autant les fondamentaux du « style Amenra » ne soient abandonnés. Het Gloren le prouve à lui seul. Tout y est : les cris stridents de Colin H van Eeckhout, les riffs massifs et les lourds martellements de la batterie. Sur le papier, tous les ingrédients sont donc réunis pour faire de ce septième album une nouvelle réussite venant compléter un parcours sans faute.
Mais… parce que cette fois-ci il y a bien un « mais » dont je n’arrive pas à me départir, une pointe de scepticisme, faisant barrière à l’adhésion totale, persiste au fil des écoutes. Le relatif manque de rythme, dû à la longueur des introductions et autres transitions atmosphériques, crée au début un léger sentiment de n’avoir pas grand-chose de consistant à écouter. Mais on finit par s’y habituer. L’atténuation de la dimension cathartique, élément central des productions d’Amenra est en revanche déjà plus marquante. Sans vouloir paraître sadique, on se met parfois à regretter que le groupe soit allé moins loin dans l’expression de la douleur. Cette orientation se traduit directement au niveau du chant qui est traité différemment de la façon dont il l’était auparavant, ce qui vient changer la donne. Le chant clair a désormais une place beaucoup plus importante. Plus seulement confiné aux parties calmes (De Evenmens), il vient également parfois changer drastiquement l’équilibre entre parties calmes et énervées, en particulier sur Voor Immer. Mais pour dire franchement les choses, c’est le chant clair de Caro Tanghe d’Oathbreaker qui constitue l’élément le plus perturbateur. Venant diminuer par sa luminosité non appropriée l’intensité du chant de Colin H van Eeckhout il donne l’impression d’écouter la version édulcorée d’Amenra.
On en vient justement au point clé : De Doorn n’est pas un album habituel d’Amenra. Qu’il ne s’appelle pas Mass VII n’est pas anecdotique. Chaque Mass a été écrit à la suite d’une période pendant laquelle au moins l’un des membres du groupe avait vécu une expérience traumatisante comme la perte d’un proche. Ce septième LP a en fait été écrit en 2018, en vue d’une commémoration de la fin de la première guerre mondiale. En collaboration avec l’artiste indonésien Toni Kanwa Adikusumah fut créée une sculpture en bois au sein de laquelle le public fut invité à déposer des notes décrivant une perte avant que l’ensemble ne soit mis à feu. S’en suivit ensuite en 2019, pour la célébration de leurs 20 ans, les « Fire Ritual », réalisés en collaboration avec Lingua Ignota et le sculpteur Johan Tahon. A Menen, un bûcher fut allumé, découvrant petit à petit la statue d’un homme sans bras ni tête, accroché sur la potence inversée symbole du groupe.
« What you lose in the fire you find in the ashes »
De Doorn n’a donc jamais été conçu pour être un album mais l’est devenu de fait, parce que les morceaux étaient là. Qu’il ait d’abord été pensé comme un support sonore à une performance artistique, un « rite » explique beaucoup de choses comme l’abondance de passages atmosphériques ou le chant en flamand. Cependant, regarder la captation du « Fire ritual » de Menen (qui sont en ligne depuis 2 ans…) permet de réaliser la puissance intrinsèque des morceaux de De Doorn et de se rendre compte que l’album souffre avant tout d’une production trop propre, trop lisse (au passage on se demande également pourquoi Lingua Ignota est passée à la trappe). Espérons que la version live sorte un jour.
Un ton en dessous des précédents Amenra, De Doorn n’est pas pour autant un mauvais album, en témoigne la note plus qu’honorable qui lui est donnée. Depuis Mass VI, on sent une formation en pleine réflexion sur son évolution, cherchant au travers de diverses expérimentations (mise en scène de rites, tenue de concerts acoustiques, intégration du chant clair, du français, écriture d’un disque en flamand) à ne pas rester dans sa zone de confort. Ecrit dans un but spécifique, photo du groupe à un moment donné, ce nouvel LP n’apporte aucune certitude quant à la direction artistique qui sera prise. Reste que si le détachement vis-à-vis du concept de catharsis se confirme, une période d’ajustement sera nécessaire tant l’acceptation de la douleur comme étape du dépassement de soi est au cœur de ce que martèlent Amenra depuis plus de 20 ans. Soyez cependant rassurés, le chemin menant à un apaisement total est encore très long !
Les critiques des lecteurs
Déstabilisant. Immersif. Oui! 100% pour le flamand, ça amplifie la force émotionnelle du chant. Les différentes ambiances, les sons, la voix de Caro Tanghe. Encore une fois, ce nouvel album me transporte, loin, calmement, me ramène puissamment à ce que je suis et sors la douleur de mes entrailles.
Bonjour, je mets un J'AIME à Cutie Sweetie parce que son commentaire représente mon avis sur cet album..... KooL