Altari
Black metal

Kröflueldar
1. Kröflueldar
2. Djáknahrollur
3. Leðurblökufjandinn
4. Sýrulúður
5. Hin eina sanna
6. Vítisvilltur
7. Grafarþögn
Chronique
Tant a déjà été écrit sur la scène Black Metal islandaise qu’il est devenu inutile d’épiloguer sur le sujet, sauf peut-être pour rappeler son extraordinaire propension à produire du chaos féroce et sauvage. Des incontournables Misþyrming et Naðra en passant par Zhrine ou encore Auðn, les exemples récents sont légion.
Nouveau venu, Altari a choisi de se distinguer de ses illustres compatriotes en proposant une approche distincte. Dès les premiers instants le ton, ou plutôt le tempo, est donné. A l’instar des formidables Księżyc milczy luty de Furia et Dreams of Quiet Places de Mord’A’Stigmata c’est en effet tout en sobriété et en délicatesse que s’ouvre Kröflueldar. Si l’album a été nommé et inspiré par une série d’éruptions volcaniques qui eurent lieu en 1975, n’allez pas imaginer un chaos sonore semblable à une éruption explosive. Non, s’il y a paréidolie, c’est bien avec les éruptions effusives dont les coulées de lave emportent tout dans de gracieux mouvements destructeurs. Tout au long du disque, les guitares claires, la section rythmique souvent jazzy et le chant quelque peu distant contribuent à créer une ambiance à mi-chemin entre Psyché et Doom.
L’éclectisme de Kröflueldar n’est pas flamboyant. En première approche très uniforme, il mérite un certain nombre d’écoutes pour dévoiler toutes ses subtilités. Djáknahrollur, titre le plus catchy, revêt, sur les passages où la batterie se fait la plus dynamique et les riffs les plus nerveux, un caractère dansant là où, à l’opposée, Vítisvilltur se fait mystique, à la limite du liturgique et où Grafarþögn développe une ambiance indolente et nostalgique. Situé au cœur de l’album, Hin eina sanna est un des morceaux qui retient l’attention. Celui-ci passe en effet d’une entame toute en tension à une seconde partie offrant une large respiration, comme si l’espace s’ouvrait en un mouvement libératoire mettant en exergue la qualité de la production. Chaque partie (basse / guitare / batterie / chant) se fait ainsi clairement entendre, contribuant à la richesse sonore sans pour autant écraser le reste par sa prédominance.
S’il y avait un reproche à formuler à Altari c’est peut-être celui de n’être pas allé aussi loin qu’on l’aurait aimé dans l’élaboration d’une ambiance globale alors que leur style s’y prête parfaitement. Chaque morceau développe un univers et, comme on l’a dit, il y a une forme d’unité sonore mais, pour autant, on a clairement l’impression d’entendre une collection de sept titres juxtaposés. Alors qu’on est porté par ses magnifiques riffs, Grafarþögn s’achève ainsi relativement abruptement, nous laissant en plan, surpris que cela soit déjà terminé et que cela se finisse de cette façon. La raison derrière tout ça se trouve peut-être dans la genèse de Kröflueldar, celui-ci ayant mis neuf années à voir le jour !
Malgré ce petit bémol, Kröflueldar est une des sensations de l’année en matière de Black « atypique » que l’on ne peut que vous conseiller d’aller écouter. Altari se faisant très discret, impossible de dire s’il se produira en live, ce qui serait pourtant une excellente nouvelle.
Kröflueldar s'écoute sur bandcamp.