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Biographie

Altar Of Plagues

Altar Of Plagues nous vient d'Irlande, situé plus précisément à Cork. Sous un line-up changeant continuellement de forme, le groupe sort une première démo, First Plague en 2006, puis enchaine avec deux EPs en 2007 et 2008 nommés respectivement Through The Cracks Of The Earth et Sol, gagnant en réputation au fur et à mesure des disques et des concerts.

White Tomb leur premier album sort en avril 2009 chez Profound Lore Records, confluent de plusieurs styles musicaux comme le Black Metal, le Sludge voir le Post-Rock. S'ensuit une année chargée pour le groupe avec le départ du guitariste Jeremiah Spillane, la signature chez Candlelight Record et la sortie de l'EP Tides en 2010 et de l'album Mammal en 2011. Puis un nouveau changement de line-up survient avec le remplacement du batteur S. MacAnri par Johnny King pour la composition de leur album Teethed Glory And Injury, radicalement différent de leur discographie passée et sorti en avril 2013. Hélas, deux mois plus tard ils annoncent leur séparation. Selon le chanteur James Kelly, il était simplement temps de passer à autre chose, mais il continue de travailler au sein de son projet WIFE.

17 / 20
7 commentaires (15.21/20).
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Teethed Glory And Injury ( 2013 )

Après deux albums bluffants de maîtrise, les Irlandais nous reviennent cette année avec Teethed Glory And Injury. Pourtant, au premier regard, on se demande s'il s'agit bien d'Altar Of Plagues. S'en est fini des compositions d'une douzaine de minutes aux longues plages d'un black metal aérien teinté de sludge et de post rock. Ici on se retrouve devant une galette de 50 minutes fractionnées en 9 morceaux, et ce n'est pas la seule chose qui déstabilise.

Le constat frappe dès Mills. Cette introduction est le parfait exemple qui prouve que le groupe n'en avait pas fini d'évoluer depuis Mammal, déjà plus rythmé et expérimental que son prédécesseur. L'arrangement sonne industriel et étonnant, la basse se fait vibrante sur un fond synthétique et la tension monte jusqu'à l'explosion de God Alone. Puis au moment où l'on essaie d'oublier ce que l'on sait de leur discographie pour écouter ce nouveau venu, le tempo se met à diminuer et nous remémore la touche atmosphérique si présente chez eux (Twelve Was Ruin). Elle n'est pas mise de côté mais est davantage utilisée comme un ingrédient parsemé çà et là contrairement à White Tomb dans lequel elle faisait surtout office de ligne directrice. Le chef d'orchestre James Kelly (chanteur, guitariste, compositeur, producteur, ingénieur son et directeur artistique, rien que ça!) nous guide à travers les coups de masses d'un batteur qui se démène (A Body Shrouded qui n'est pas sans rappeler Swans) et la lourdeur des cordes du bassiste (Scald Scar Of Water). On passe ainsi de morceaux aux instrumentations aérées et à la voix religieuse (A Remedy And A Fever) digne d'un récent Blut Aus Nord, à d'autres morceaux aux blast beats énervés et à la voix malsaine (Burnt Year) rendant hommage à un black metal brut sans tomber pour autant dans les clichés que l'on connaît tous. Cet équilibre parfait nous mène jusqu'à un Reflection Pulse Remains à couper le souffle pour venir clôturer le dernier effort de cette formation.
Comme sa pochette, cet album semble, au premier abord, difficile d'accès mais la froideur de la première écoute laissera vite place, pour l'auditeur aguerri, à un voyage intense à travers les méandres du groupe. Tout en y décelant une volonté de dépasser les frontières qu'ils avaient eux-même posées à leurs débuts. Une évolution que d'autres auraient faite progressivement au fil des années est ici balancée d'un bloc. C'est là que la vision d'une femme cherchant à explorer les possibilités du corps humain et à en exploser les limites prend tout son sens...

Avec Teethed Glory And Injury, Altar Of Plagues ont eu l'intelligence de s'extirper de cette scène post black metal/atmosphérique pour prendre tout le monde par surprise et frapper un ultime grand coup dans les tympans. Malheureusement, ils décidèrent avant l'enregistrement de cet album, de se séparer une fois la courte tournée qui suivit sa sortie terminée, mais quelle brillante façon de terminer l'histoire d'un groupe!

"Our journey. Our terms. Our choices."

A écouter : A Body Shrouded, A Remedy And A Fever, Reflection Pulse Remains
17 / 20
4 commentaires (17.63/20).
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Mammal ( 2011 )

Deuxième office pour Altar Of Plagues qui revient faire gronder ses foudres au dessus de nos têtes avec ce Mammal qui succède à l'excellent White Tomb sorti deux ans plus tôt, où le Post Black Metal des irlandais n'a pas perdu de sa superbe et de son intensité.

La désolation en ligne de mire, les profondeurs des ténèbres comme la source d'une attirance inéluctable, Altar Of Plagues accentue encore les traits qui faisaient la caractéristique de White Tomb. Si quelques rares faisceaux de lumière étaient encore présent dans l'œuvre des irlandais par le passé, ici, tout se voit recouvert d'un terrible voile occultant, à l'image de la pochette, paré d'un noir pénétrant et d'atmosphères telluriques et primaires symbolisant au mieux le concept de l'album traitant de la mort. Mammal est comme l'aboutissement de recherches ou devrait-on dire de destruction des barrières d'un Black Metal stagnant qui ne les satisfait décidément plus, quitte à laisser les éternels réfractaires à toute avancée une nouvelle fois sur la touche. Il est donc impressionnant de constater que le groupe affirme son essence lugubre toujours plus extrême en s'éloignant des éventuelles comparaison à Wolves In The Throne Room, Cobalt ou Amen Ra, par une approche unique et leur propre discours d'un Black Metal résolument à part. Désormais, ils incarnent l'esprit Altar Of Plagues, proposent une œuvre affirmée, moderne, ambitieuse et originale donc l'écho se perd dans l'obscurité la plus impénétrable.

Neptune Is Dead en ouverture titanesque, où les flots grondent, tourbillonnent tout autour de nous. Altar Of Plagues met en abîmes "Le voyageur contemplant une mer de nuages" de Friedrich. Nous sommes ce voyageur lutant difficilement face aux cataclysmes de mère nature qui s'abat sur la petitesse de notre destinée. Les accalmies sont trompeuses, un calme avant la tempête qui reprend de plus belle - il convient d'insister sur ce terme - en milieu de titre ou sa fureur n'a d'égale que la grandeur de ses cordes et de ses rythmiques apocalyptiques. Feather And Bone n'en est pas moins assourdissant de violence, multipliant avec ambiguïté le son d'Altar Of Plagues qui prend un malin plaisir à plaquer des arpèges Post-Rock d'une froideur implacable sur un fond de blast guerrier ou la destruction se veut totale dès 3:28. Telle une âme esseulée, When The Sun Drowns In The Ocean est en rupture des autres travaux d'Altar Of Plagues, avec une longue plage d'ambient rituelle minimaliste, mais néanmoins hypnotique grâce à cette voix de jeune fille fantomatique et dérangeante qui semble réciter une prière venu d'un autre âge. Une litanie mortuaire qu'elle ressasse en conclusion, des années plus tard, à la fin de son existence. Une mort qui arrive à point nommée par l’enchaînement du brumeux All Life Converges To Some Center, à la gravité et à l'intensité sans précédente étayée par des hurlements maladif où tout semble englouti dans un désespoir abyssal.

Que dire une fois l'écoute de Mammal passée? Qu'il faudra reconnaître une fois de plus le talent des irlandais à créer une œuvre toujours différente des schémas établis, mais également si complexe et prenante qu'il semble difficile d'y rester insensible. L'œuvre d'un (grand) groupe à part, assurément.

17 / 20
4 commentaires (16.5/20).
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White Tomb ( 2009 )

On assiste depuis peu à une évolution du Black-Metal qui semble tendre vers des sphères Post-Hardcore comme on a pu l'entrevoir avec, par exemple, Gin de Cobalt en 2009, ou chez les premières productions de Wolves In The Throne Room qui faisaient du Black-Metal animé d'une énergie Punk-Hardcore, à moins que ce ne soit l'inverse. Altar Of Plagues vient en quelque sort se joindre à ce microcosme de groupes pas tout à fait comme les autres avec la sortie de White Tomb.

Qu'est ce qui fait donc la singularité d'Altar Of Plagues? Le premier élément de réponse, c'est qu'on y trouve autant d'Amen Ra que de Black Atmosphérique dans les compositions. Certes, les deux univers sont tous les deux très sombres et plombés mais il y a autre chose dans la recherche et dans la démarche du son avec cette volonté de confronter, de marier les deux genres comme pour décupler la puissance et l'intensité des murs sonores. Ensuite Altar Of Plagues pose une base atmosphérique de qualité dans sa musique, de quoi alimenter les contrastes entre la chute dans des gouffres profonds et les envolées vers des étendues dévastées. On retrouve également des atmosphères froides, sulfureuses et carbonisées par la glorification de la fin d'un monde. Le groupe ne se montre jamais redondant dans sa musique et ne tombe pas dans les nappes à outrance ou des vocaux désespérés (désespérants?) incessants, Altar Of Plagues mène son affaire avec brio en la rendant vivante autant qu'alourdie et opaque. Par les contrastes d'une musique dense bien qu'aérée, Altar Of Plagues sculpte ses formes, les modèle et les décharne par des arrangements recherchés. Les enchainements entre les différents climats se succèdent comme un tout extrêmement cohérent sur quatre longues pistes qui s'écoutent d'un seul trait.

White Tomb c'est également la parfaite synthèse de trois ans de changement de line-up, mais aussi de recherche dans l'union des genres. Sol était plus abrasif et impétueux, peut-être plus typé Black-Metal, alors que White Tomb se veut mieux réfléchi, mieux nourri, et semble concrétiser avec brio les idées amenées sur les premiers EPs du groupe. Disposé en concept album sur la mort de la Terre, et séparé en deux parties de deux titres chacune, la première, Earth, alterne entre passages agités et bouillonnant où l'on sent monter la chaleur étouffante de l'écorce terrestre en fusion et de brèves éclaircies lumineuses qui ne masquent pas longtemps la fureur de mère nature. La seconde partie, Through The Collapse, parait plus tellurique et frontale où toute la noirceur d'Altar Of Plagues est livrée de manière brute, celle qui marque le chaos et la fin du voyage tourmenté.

Pour conclure, Altar Of Plagues a trouvé sa voie avec White Tomb par un Black-Metal qui n'en est pas vraiment, très personnel. Par une œuvre imposante, majestueuse et sublime, les irlandais se situent peut-être même au fondement d'un style qui ne mérite qu'à être développé par la suite. C'est avec ce genre de disque talentueux qu'on se dit que les Irlandais peuvent aller très, très loin.

A écouter : en entier
Altar Of Plagues

Style : Black Metal Atmosphérique
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Origine : Irlande
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