Après des débuts légèrement poussifs, les dangereuses circonvolutions du « all-star band » Crust Hardcore/Metal se sont libérées avec le ténébreux Nothing Violates This Nature, brillamment produit. On constate quatre ans plus loin et sans surprise que les excellents Koller, Baker, Wentworth et Woods excellent toujours dans le remodelage de faciès façon puzzle. Cette fois investi de la cause animale (pour coller à son patronyme ?) All Pigs Must Die rase tout à l’échelle planétaire, pour le bien de nos oreilles et de nos consciences.
Les présentations ne sont pas encore faites qu’APMD distribue déjà des coups de boule à tout le monde, vomissant son dégoût de l’élevage intensif et des abattoirs, morceau éponyme en porte-étendard. Accès de sauvagerie, ralentissements tribaux gargantuesques, pénétrations bruitistes craquelées, écrasement riffique démentiel, ce Hostage Animal est doté d’un épiderme endurci, probablement à force de maltraitance ou de torture permanente. Prenons quelques secondes pour méditer au sujet de la violence perpétrée par nous autres entités dites « supérieures », avant d’intégrer les coups de fouet massifs et répétés de Slave Morality suivi du monstrueux End Without End, deux pièces caverneuses aux guitares vaseuses et maladives, laissant fuiter des élans progressifs, comme sur la trop courte conclusion épique du spectral Heathen Reign, pour un album qui méritait un dénouement Sludge plus étendu.
Cela dit aucune sensation de manque n’intervient, les compositions filent droit, s’octroient des relatives et dépressives douceurs ponctuelles avant de replonger dans la crasse de la réalité (Blood Wet Teeth, Moral Purge), prenant un instant des allures de Trap Them, en mieux. La Cruauté Incarnée organise alors la confrontation entre mélancolie et bestialité, tandis que The Whip propose une alternative Thrash que l’on doit impérativement considérer, au même titre que la souffrance animale.
Parfois les « super groupes » ont besoin d’un ou deux albums pour s’accorder, c’est le cas d’All Pigs Must Die qui nous livre en Hostage Animal une espèce en voie de brutalisation. Le spécimen n’est pas si rare ni d’une originalité affolante malgré certains éléments déviants, il n’en demeure pas moins un modèle d’équilibre et de production (raisonnée).
A écouter : consciemment.