Alice In Chains

Grunge

États-Unis

Black Gives Way to Blue

2009
Tracklist
1 - All secrets known 2 - Check my brain 3 - Last of my kind 4 - Your décision 5 - A looking in view 6 - When the sun rose again 7 - Acid bubble 8 - Lesson learned 9 - Take her out 10 - Private hell 11 - Black gives way to blue

Chronique

par lelag

Quand on parle de grunge, il y a deux écoles : les puristes qui pensent que ce mouvement américain (car c'était bien un mouvement contestataire à l'origine) est mort et enterré avec sa figure emblématique en avril 1994, et les autres, qui continuent à considérer des groupes comme Pearl Jam, Alice In Chains et Soundgarden pour ne citer que les plus connus, comme les dignes représentants "post mort de Kurt Cobain" de ce genre musical qui connut son apogée dans les années 90. Appelons cela grunge, rock alternatif, tout ce que vous voulez, rares sont les albums et les groupes pouvant se targuer de suivre, au moins musicalement, ce qu'il se faisait de mieux en la matière dans les années 90. La raison est simple : tous ces groupes (ou presque) ont cessé leurs activités, été évincés du devant de la scène ou oubliés du public : entre le split de Soundgarden en 1997, la mort de Layne Staley en 2002, le manque d'inspiration de Mudhonney fin 90's ou encore les Screaming trees qui se sont séparés en 2000, il s'en faut de peu pour que les gens de la première école n'aient raison. Seul Pearl Jam a réussi avec brio à passer le cap des années 2000. Dix ans plus tard, alors qu'on ne les attendait plus, Soudgarden, Alice in Chains et Hole(lol ?) reviennent sur le devant de la scène. Le retour du grunge ? On ressort nos chemises à carreaux et nos coupes crasseuses ? Sans aller jusque là, attardons nous sur Black gives way to Blue, dernier album en date d'Alice in Chains depuis la mort de leur chanteur exceptionnel Layne Staley.

Non franchement, jamais je n'aurais cru qu'ils reviendraient, avec la mort (par overdose d'héroïne) du chanteur, une page semblait avoir été tournée, nous perdions là une figure emblématique de la musique rock alternative des années 90 et une voix magnifique, ainsi qu'un des meilleurs groupes de son temps. Et on les comprend, revenir sans Layne, voilà une décision certainement difficile à prendre, comment peut on décemment remplacer un chanteur aussi brillant... Hé bien voilà une question qu'il ne faudra désormais plus se poser. Je vous rassure ils n'ont pas trouvé un sosie ou réussi à synthétiser sa voix, ils ont simplement fait du Alice in Chains, sans se prendre la tête, sans fioritures, à l'ancienne j'ai presque envie de dire. Oui, Alice in Chains sans Staley n'est plus tout à fait Alice in Chains, oui c'est bel et bien un come back, et non ils n'ont pas vendu leur âme au démon marketing. Black gives way to blue est un vrai album d'Alice in Chains, tout y est : ambiance malsaine, atmosphère pesante, ballades acoustiques sirupeuses, riffs puissants et mélodies aériennes, on retrouve dès les premières notes les caractéristiques sonores de la formation de Seattle, un son puissant, glauque et étouffant, qui déjà à l'époque leur a permis d'être rangés dans la catégorie "grunge mais pas tout à fait" : grunge parce que c'était la mode, mais surtout heavy metal / hard rock parce que leur son était bien loin des cacophonies plaintives (mais jouissantes) d'un groupe comme Nirvana. Cette note

heavy faisait toute la différence, et on la sent bien dès les premières secondes de All secrets known, le premier titre de l'album.Et quelle introduction, Cantrell (le guitariste) qui signe ici toutes les compositions fait passer le message à merveille :
Hope,
A new beginning
Time,
Time to start living -
like just before we died.
There's no going back to the place -
We've started from.
C'est bien résumé, on recommence, on ne regarde pas en arrière et on avance. Après une courte introduction planante, Cantrell se décide à montrer que la partie chant de l'album bénéficiera d'un soin tout particulier : mélodie soignée, chant hypnotique, et surtout, on ne s'en aperçoit pas tout de suite, mais une deuxième voix pointe le bout de son nez sur le refrain, pour former un duo parfaitement maitrisé. Il faudra désormais compter sur William Duvall, nouveau chanteur / guitariste venu s'intégrer à la formation, qui même s'il ne remplacera jamais Layne Staley au chant, s'en sort plus que bien, mention spéciale à cette espèce de symbiose entre Duvall/Cantrell vraiment magnifique. Check my brain, deuxième morceau et single de l'album est un morceau dans la plus pure tradition : riffs heavy, refrain entêtant, et rythme syncopé, un hit en puissance. L'album fait la part belle aux morceaux musclés, qui même s'ils ne sont pas aussi "heavy" que pouvaient l'être Them bones ou We die young en leurs temps, sont tout de même très appréciables, l'album ne tournera donc pas musicalement uniquement autour du pathos, et ça fait plaisir. Last of my kind est dans cet esprit là, et prouve que Duvall a bien le talent requis pour intégrer un tel groupe. Your decision, quatrième chanson et première ballade de l'album est vraiment très réussie, dans la même lignée qu'un Nutshell son refrain est vraiment touchant, "no one plans to take the path that brings you lower and here you stay before us all and say it's over " une petite pépite de mélancolie avant le déferlement d'énergie qui approche. A looking in view est une des meilleures chansons de l'album, atmosphère oppressante, riffs dévastateurs et voix s'entrechoquant à l'unisson, donnant l'impression d'être au coeur du cyclone sonore que constitue cette chanson riche et puissante. On ne s'attardera pas sur When the sun rose again, une ballade sans grand intérêt. Le plus intéressant est à venir : Acide Bubble. Il y a toujours eu sur les albums d'Alice des chansons atypiques (Love Hate Love, Dirt, I stay away), des chansons qu'on n'oublie pas, jamais vraiment des hits, jamais vraiment mises en avant, juste des chansons excellentes. Acid Bubble fait partie de ces chansons. Intro aguicheuse toute en lourdeur, complaintes vocales, et refrain magnifique. Rien d'exceptionnel jusque là me direz vous. Puis au bout de quelques minutes, Cantrell en chef d'orchestre inspiré emmène le groupe vers une sorte de bridge à la guitare et nous pond là un passage heavy inatendu, avant de reprendre cette déprimante chanson à la noirceur délectable où le groupe se montre plus incisif que jamais. Bravo !
Take her out et Private Hell, avant dernière chanson de l'album, même si elles ne sont pas des chansons exceptionnelles, témoignent du talent musical qu'a développé le groupe pendant toutes ces années, les solos de guitare y sont d'une précision et d'une beauté saisissantes. Enfin, Black gives way to Blue vient clôturer ces 55 minutes de pur bonheur, en laissant une petite note d'espoir au beau milieu de cet océan de noirceur et de sonorités cinglantes.

Un petit point sur le thème abordé, évidemment vu ce qui leur est arrivé, les circonstances tragiques du décès de Layne Staley, la mort est omniprésente tout au long de l'album, et le moins que l'on puisse dire c'est que sur le plan émotionnel, tout est là pour vous faire vibrer : que ce soit les paroles vraiment touchantes, ou la musique qui oscille entre ambiance malsaine et mélancolie étouffante, c'est une réussite émotionnelle incontestable, et tous les fans de la première heure s'en rendront compte...

Alice in Chains est de retour, c'était inattendu, mais une chose est sûre, c'est un come back des plus réussis, il fallait des couilles pour sortir un album après la mort de Staley, et incontestablement le pari est réussi. Peu importe l'étiquette, grunge, rock, rock alternatif, heavy, il faudra désormais compter sur eux. Un des meilleurs albums du genre depuis plus d'une décennie !

16

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16.84
Avis 16
Moi-Même March 9, 2020 08:11
Très bon retour.
16 / 20
letatar March 7, 2016 22:46
Alice In Chains est bel et bien vivant et l'annonce de la plus belle des façons avec le chef-d'œuvre introductif "All secrets known". Mais très vite quelque chose me chagrine: la production est souvent bien trop lisse au niveau des voix ! On y perd en émotion et certains passages en deviennent fades et trop formatés, comme sur les refrains de "Check my brain" et "Take her out". Si on ajoute à cela 2 morceaux franchement moyens ("Your decision" et "Black gives way to blue") et le fait que trop peu de place est accordée à William DuVall, les points négatifs sont réels. Mais quel bonheur d'entendre que le groupe est toujours capable de sortir des morceaux lourds, sombres et plutôt longs comme "A looking in view" ou "Acid bubble". Quel bonheur d'entendre les riffs et les soli de Jerry Cantrell. Quel bonheur d'entendre un "Last of my kind" où William DuVall exprime toutes ses qualités, apportant un sacré punch à certains passages.

Alors oui il manque un peu du charme des années 90, mais Alice In Chains fait un beau retour à saluer.
15 / 20
nola29 March 11, 2013 18:13
alors la je le dis: mea culpa! alice in chains nous ressort 1 album en 2009: mouais mouais! ça sent le bon coup marketing tout ça!! kel interet sinon ce faire un max de tune!! tant kon y est, autant reformer nirvana avec 1 petit chanteur amateur de fender!! sauf que........... cobain était le seul cerveau de nirvana contrairement a AIC ou il en y avait non pas 1 mais 2!! et oui! n'en déplaise a certains, il n' y avait pas que notre regretté Layne!! et ça se ressent sur cet album!! car 9 morceaux sur 11 sont composés intégralement par mister cantrell!! a certains détracteurs, j'aimerais bien savoir quel morceau de "BGWTB" ne pourrait pas figurer sur DIRT! ( musicalement parlant)! c'est presque la suite logique de ce dernier!! quant a William Duvall, que peut on lui reprocher? ah oui pardon: " il ne remplacera jamais Layne", " sa voix n'égale pas celle de Layne" ..... un peu dur kan meme!! on parle pas du chanteur de linkin park ( ou autre merde de ce genre....)! après .... les gouts et les couleurs.... en tout cas .... longue a cet AIC et vivement le prochain!!!!!!!!!!!
19 / 20
prodige November 21, 2012 08:03
Le sosie de Lenny Kravitz qui est censé remplacer Layne au chant se débrouille pas mal, mais on a le sentiment qu'il va pas rester trop longtemps vu la grande responsabilité.



Pour l'album si on le voit comme étant un hommage a Layne, je dirai que c'est bien réussi, et Jerry a fait un très bon boulot, son défunt ami serait fier de lui, a suivre.
16 / 20
Sugarbread August 10, 2012 15:19
Instrumentalement parlant cet album vaut largement les précédents pas besoin d'en dire plus c'est inspiré, frais, efficace. Bien que William DuVall est probablement le meilleur chanteur qu'AIC pouvait trouver après le décès de Layne, la voix du monsieur n'égale à aucun moment celle de son prédécesseur, les timbres sont vraiment proches mais la profondeur et le grain lui font cruellement défaut. Le rendu global de l'album est plus que convaincant quoi qu'il en soit.
15 / 20
h1n666 November 29, 2011 09:57
Mon premier album d'alice in chains...à l'époque (dans les 90's) je faisais une overdose (désolé) de grunge et j'étais passé à côté ! Bref une magnifique surprise, un album très homogène mais pas ennuyeux.
16 / 20
romu_star November 18, 2011 11:00
Très bon album, comme tous les autres disques d'Alice In Chains. William Duval assure bien compte tenue de la tache difficile de succéder à Layne Staley.

Mention spécial :

- Looking in view (19/20)

- Private Hell (19,5/20) un titre du point de vue de l'ambiance et du double chant continu qui aurait pu apparaitre sur Dirt

- Black gives way to blue (19/20) pour ce qu'elle représente, un hommage à l'ami disparu



Vivement la suite !
18 / 20
Chuck'N'Roll February 11, 2011 10:45
excellent album, le nouveau chanteur a la même tonalité dans son chant que Layne Staley, du coup, on n'est pas dépaysé!

concernant la musique, c'est du grand Alice in Chains, et je me demande si ce n'est pas leur meilleur skeud. C'est lourd, puissant, entraînant, en plus de quelques ballades chères au groupe venant agrémenter le tout, c'est tout simplement magnifique!!! A écouter d'urgence! Alice In Chains is back et en forme, pour notre plus grand plaisir
18 / 20
Wish_you January 5, 2011 18:06
Énorme retour!!! L'âme de Layne Staley couve tout cela!!
16 / 20
Abracadabra January 5, 2011 14:29
Plus d'un après sa sortie, je découvre qu'AIC a extrudé un nouvel album. Huh? AIC? Ouai, c'est cela... Ca sent le réchauffé à la sauce marketée tout ça.... J'en lis quelques critiques, souvent excellentes... Hmmm... Je suis sceptique. Faut dire qu'AIC m'a tellement marqué à l'époque que, depuis la disparition tragique de Layne, je m'étais résigné, la mort dans l'âme, à ne plus écouter que leurs œuvres passées sans plus d'autre espoir.

Enfin, je lance l'écoute de cette galette improbable. Et...

'Tain, j'en ai les larmes aux yeux, b'ordel!!! Le génie musical d'AIC en train renaître de ses cendres, là, dans mon casque, 14 ans après! Quel son, quelle ambiance, noire, lourde, profonde mais toujours avec cet espèce d'instinct de survie, de lutte vitale qui transparaît dès que les compositions lui en laisse l'occasion. J'ai du mal à y croire tellement cette émotion unique que seul AIC parvient à créer est à nouveau présente! Alors, oui, Layne n'est plus là, il manque son grain de voix unique, sa présence, c'est sûr, mais honnêtement, ce "DuVall" fait bien mieux qu'un ersatz de seconde zone. Il n'y a aucun mauvais morceau, et certains sont tout bonnement sublimes. On sent que les gars d'AIC en avaient lourd sur la patate et qu'il ont, enfin, réussi à transcender leur tristesse par cet hommage posthume à leur pote disparu à jamais.

AIC est de retour des limbes et est à nouveau parmi nous. Qui aurait oser croire ça possible? Ouaahh, que ça fait du bien!!!
18 / 20
Bandalf-le-Gland December 20, 2010 10:02
Un bon 16 pour un bon album. Certes pas le meilleur du groupe mais pas très éloigné quand même. On sent bien la maturité qu'ont prise Cantrell & Co. Idéal pour prouver à votre femme que vous n'écoutez pas que groupes de brutes épaisses! ^^
16 / 20
Ricardinio78 July 27, 2010 14:23
Très bon retour. Inespéré effectivement mais qui rapelle qu'Alice In Chains est toujours Alice In Chains et malgré la disparition de Layne celui-ci est toujours quelque part omniprésent dans les titres de ce très bon album...

Je suis donc heureux de redécouvrir ce groupe musicalement costeau.
16 / 20
ALEX57380 January 10, 2010 12:07
Un retour inespéré tant cet album nous explose à la face dès le premier morceau.

Sombre, mélancolique(comme les autres efforts bien sûr) mais pourtant différent.

L'impression que cet album me donne est qu'il s'agit à la fois d'un hommage à la scène grunge des années 90 mais aussi à Layne.

Tout ce qui a fait la recette d'Alice In Chains y est, ou presque: morceaux bien lourds(mais cette fois lents), solos superbement exécutés par Jerry qui n'a rien perdu de son talent, balade-peut être fm-qui montre que AIC sait toujours pondre de gros tubes...

Sans oublier la chanson éponyme qui-malheuresement trop courte-me met la larme à l'oeil et Acid Bubble, véritable condensé de mélancolie qui alterne balade et gros son.

Plus haut, j'ai dit qu'on retrouvait "presque" le AIC d'antan car oui, on ressent qu'il manque une voix, LA voix, ce n'est pas le seul défaut.

On ne retrouve pas les expérimentations de l'éponyme et ces sons parfois à la limite du glam-rock de Facelift mais peut-être seront-ils présents dans leurs futures productions.

Bref, après avoir connu des hauts et des bas pendant tout une décennie, il est temps qu'Alice In Chains revienne nous rappeler qu'ils sont bien un des maîtres du grunge.
16 / 20
chris17 December 30, 2009 18:34
Enorme retour du groupe, avec un album peut être plus simple, mais aussi éfficace. L'album paraît être une suite du précédent (l'éponyme) de part son ambiance, mais est en fait beaucoup plus méliodique, mais également rythmé. Alice in chains nous montre un visage différent tout en gardant des sonorités proches des anciens albums ("last of my kind" qui aurai pu être dans "alice in chains" et/ou "Dirt"). A noter qu'apres autant d'années de silence, il ne faut pas s'attendre à retrouver exactement la même recette, mais prendre e compte le contexte. Pour ce retour, le pari est réussi, et notera la présence d'exellente ballades ("your decision"; "when the sun rose again" assez original car dépaysante), et de très bon refrains et passages ("All secrets"; évidement "Check my brain"; "Last of my kind" et la heavy "Looking in view"). Acide bubble déroute de part son passage de quasi ballade à rythme martellant.
17 / 20