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Biographie

Alcest

Alcest est à la base un groupe de Black Metal originaire d’Avignon , fondé en 2000 par Neige (Amesoeurs, Peste Noire), Famine et Argoth (Peste Noire) lié à la parution de leur première démo, Tristesse Hivernale. Leur style va progressivement évoluer en Black Metal Atmosphérique avec la sortie de Le Secret en 2005 et en Shoegaze, Dream Pop en 2007 avec le remarqué et souvent critiqué, Souvenirs D'Un Autre Monde. 2007 sera aussi l’occasion de rééditer la démo Tristesse Hivernale lors d’un split avec Angmar.

En 2010, Alcest revient avec un disque plus sombre intitulé Écailles De Lune. En 2012, parait leur troisième album, Les Voyages de l'âme, et leur premier clip sur le titre Autre TempsShelter, le 4ème opus est publié en janvier 2014, plus orienté Dream Pop celui-ci est une légère déception mais permet tout de même à Alcest de partir dans une grosse tournée qui les mènera notamment jusqu'au Etats-Unis. Le 27 juillet 2016, le groupe annonce sur leur page Facebook que la sortie de leur nouvelle oeuvre est prévue le 30 septembre. L'album se nomme Kodama, contient 6 titres, la pochette réalisée par Førtifem. Kodama est très différent de Shelter, il renoue en partie avec les influences des débuts. Cet album connaît un succès retentissant et amène le groupe sur de longues tournées éreintantes, qui vont en partie inspirer Neige pour la création de son album suivant : Spiritual Instinct. Maintenant signés chez Nuclear Blast, Alcest gagne encore en popularité et collabore avec Perturbator pour un concert lors de la soirée Major Arcana orchestrée par Førtifem, qui sont également les créateurs des illustrations de la pochette de l'album. Cette collaboration avec James Kent aboutira à un remix du titre Sapphire.

Photo du groupe par Andy Julia. 

16 / 20
24 commentaires (15.85/20).
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Kodama ( 2016 )

En 2014 sortait Shelter, un album qui malgré de bons titres comme Délivrance ou Voix Sereines, n’avait pas fait l’unanimité chez les fans, puisque jugé trop aérien et Dream Pop. La magie du Blackgaze d’Alcest avait un peu perdue de sa superbe et le voyage proposé moins féérique qu’à l’accoutumée. Deux ans plus tard, les Français reviennent avec Kodama, un opus que beaucoup espèrent comme un retour aux sources.

Il ne faut pas longtemps pour s’apercevoir que Kodama est différent de Shelter. Si effectivement on retrouve les éléments qui ont fait le succès d’Alcest avec des passages Black Metal mêlés à des ambiances Shoegaze, Kodoma n’a rien d’un retour en arrière. Bien au contraire, la musique de Neige et Winterhalter s’est encore enrichie et diversifiée, avec notamment de nombreuses ambiances qui se superposent pour créer un ensemble qui n’est jamais complexe à écouter. Oiseaux de Proie, sous ses airs agressifs cache énormément de subtilités comme des leads ou des arpèges et ce même pendant les brusques changements de rythmes. L’une des forces d’Alcest réside dans ce pouvoir de créer des musiques riches mais jamais indigestes, chaque note a sa place et forme un ensemble homogène. Si Untouched, lui, rappellera peut-être légèrement Shelter par son côté aérien et mystique, la seconde piste, Eclosion, offre une dimension sublime à Kodama. Les accords de guitares vous secouent, ils vous pénètrent telle une lumière qui apporte la révélation. C’est un doux mélange de sons clairs et saturés qui explosent, de vocaux intimes et de hurlements désespérés, d’accélérations et de ralentissements. C’est tout bonnement l’ascenseur émotionnel pendant près de 9 minutes. L’enchainement avec Je Suis d’Ailleurs est absolument formidable, il se fait avec un naturel déconcertant, un peu comme une porte qui se ferme pour en ouvrir une nouvelle. L’impression est étonnante, c’est un peu se sentir au même endroit mais où tout est différents. Ces deux titres constituent le socle dur d’un album qui (malheureusement) ne contient que 6 titres. On aurait aimé que Kodama dure plus longtemps, que ces atmosphères teintées de culture japonaise (très présentent sur le titre éponyme) jouent les prolongations, qu’elles nous parlent un peu plus. Cependant n’oublions jamais que la qualité prime toujours sur la quantité, et cette nouvelle œuvre n’en manque pas. De culture japonaise il en est évidemment question sur l’artwork, celui-ci reflète bien l’album, le choix des couleurs et vraiment en accord avec les nombreuses ambiances développées.

Le compromis n’est jamais bon pour un artiste, le retour en arrière, encore moins. Alcest n’aura fait ni l’un, ni l’autre avec Kodama, ils auront su trouver une nouvelle voie, composer un album différent, qui s’écoute d’une traite sans jamais décrocher. L’exploration continue donc pour le duo français qui est plus que jamais inspiré. On s’installe, on monte le volume et on voyage.

A écouter : Tout
13 / 20
17 commentaires (14.12/20).
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Shelter ( 2014 )

Cher lecteur, je me dois de te raconter ma rencontre avec ce nouveau disque d’AlcestShelter
Pour faire simple,  les trois premières fois que j’ai écouté le disque, je l’ai trouvé horrible. J’ai toujours pensé que la musique d’Alcest trouvait sa force dans cette alternance entre passages black metal et envolées shoegaze/post-rock. C’est parce qu’ils étaient suivis d’un violent coup de butoir que les passages aériens de Les Voyages de l’AmeEcailles de Lune et Souvenirs d’Un Autre Monde étaient si beaux. Et vice et versa. 
Mais sur Shelter, Neige, la tête pensante d’Alcest, a décidé d’en finir avec l’aspect black metal de sa musique. En soi, je n’ai absolument aucun problème avec le fait qu’un groupe change de style et arrête de jouer du metal. Chaque groupe, chaque musicien a le droit (le devoir !!) d’évoluer pour ne pas stagner. Sauf que, dans le cas présent, en retirant la dimension black metal, j’avais vraiment l’impression qu’Alcest avait appauvri le son si caractéristique qu’il avait réussi à développer.  Le résultat me paraissait terriblement plat, sans relief, dénué d’intérêt. Je n’avais même pas l’envie d’en écrire une chronique assassine. J’ai donc mis le disque de côté et suis passé à autre chose, me disant tout simplement qu’Alcest n’était plus pour moi. Fin du premier acte. 
Puis, deux mois après environ, totalement par hasard, je décide de revenir au disque. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais rien. Mais j’y suis revenu. Plusieurs fois même… Le premier titre qui m’a happé est Délivrance. A travers 10 minutes absolument féérique, le groupe nous embarque dans un voyage mélodique épique. Neige a toujours clamé que cette chanson était ce qu’il avait produit de plus beau : il a raison. Puis j’ai succombé à Voix Sereines, titre qui monte crescendo et qui accouche des guitares les plus saturées du disque. L’Eveil Des Muses est également un titre très convaincant avec sa rythmique hypnotique. Et Away, qui voit la présence de Neil Halstead de Slowdive, une des idoles de Neige et grande influence du groupe sur ce disque, amène un duel vocal intéressant. Je plonge littéralement dans ces morceaux... et je pense donc être totalement conquis. Fin du deuxième acte. 
Le troisième acte m’amène donc logiquement a écouté cette fois le disque dans sa globalité. Et là, un nouveau problème resurgit, probablement celui qui m’avait rebuté aux premiers abords. Autant les titres les plus épiques, les plus post-rock sont extrêmement réussis, autant les titres pop (voire dream pop) au format plus court me laissent totalement de marbre, et ce à tous les niveaux: musique, chant, paroles. J’ai vraiment l’impression qu’Alcest a besoin de temps pour construire ses morceaux. Lorsque ceux-ci sont simplifiés et raccourcis, ils ne décollent pas. C’est par exemple le cas du premier single de l’album, Opale, qui est simplement gentillet. 
Le quatrième acte est l’occasion de faire un bilan. S’il n’avait contenu que des titres de la trempe de Délivrance ou Voix Sereines, je lui aurais donné 17 sans problème. S’il n’avait contenu que des titres comme Opale, je lui aurais donné 10. Au final, l’auditeur a le cul entre deux chaises. Et la moyenne des deux notes à laquelle on aboutit inévitablement donne l’impression d’un disque mitigé. 

A écouter : Délivrance, Voix Sereines
17 / 20
16 commentaires (17.56/20).
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Écailles De Lune ( 2010 )

Le monde court, trop vite. L'économie, la technologie, les humains. Et le plus triste, c'est quand la musique entre dans une logique de productivité excessive. La musique et ses tendances, ses formations Kleenex, ses productions lissées. S'adapter, courir, consommer...
Il est donc bon, le plus souvent que l'on peut, de se chercher un havre qui nous correspond, du temps volé pour s'évaporer et se dévouer entièrement à des instants de bonheur pur. La musique offre justement cette possibilité, et Écailles De Lune plus que n'importe laquelle.

Prenez confiance en cette ondine bleue, confortable, à la posture protectrice... Il ne reste plus qu'à vous laisser bercer par les doux courants émanant des rêves de Neige, veritable aspiration destinée à des contrées arcadiennes des plus pures, des plus saisissantes.

Car le cerveau d'Alcest possède le don de créer l'évasion, un savoir faire dont le cercle d'action se situe au croisement du post-rock, du shoegaze et du black metal, dit-on...
Mais oui, Alcest a été du black metal, ou du moins plus proche de la source qu'il ne l'est aujourd'hui, et son essence originelle teinte immanquablement les eaux les plus profondes de cet Écailles De Lune. Dans des grondements boulversés et criards, dans une saturation des guitares emprunte de nostalgie, puis à deux reprises avec des accelerations types sur la première moitié du propos.

Mais Alcest n'est pas vengeur ou fougueux, et les tempêtes ne sont que belles, magnifiques et souvent courtes... Alcest c'est la contemplation d'un “ailleurs" dans lequel, sur les points culminants, l'on arrive à s'immerger pleinement et à faire corps avec cette strate naturelle et immaculée. De nombreux arpèges en clean enrichis par une reverbe céleste imposent ces décors.
Et c'est dès les premiers pincements de cordes que votre coeur est saisi pour le bout de la nuit. Car il est impensable qu'après s'être délecté de cette perle votre organisme n'en redemande pas juste après.

Le chant est un agréable fil argenté, tantôt suave, tantôt fluet. Touche “mieuvreuse" que certains auront du mal à concevoir. Un chant d'elfe au timbre caressant, alignant des mélodies fraîches et aériennes, intimes et grandioses.

Alcest a le mérite de se complaire dans ce paysage à la fois hommage et création fantasque, il baigne dedans de manière sincère, sans en faire trop. Hypnotisant. Et quand explose Solar Song c'est l'âme et le corps qui se retrouvent propulser dans un espace où la mer, calme, se marie au ciel, avec ses nuages et sa lumière douce. Qui n'a jamais rêvé de voler pour de vrai ?

Écailles De Lune est une oeuvre poétique, on ne peut plus imagée, belle, raffinée et parfaitement harmonieuse dans son rendu final, de la musique au packaging commercial en passant par le contenu étymologique.
Laissez-vous flotter sur le ciel et adonnez-vous à ce monde aquatile dépeint tel une idylle, bleue et brillante !

A écouter : en boucle, dans votre lit, dans la nature, pour s'évader...
16 / 20
16 commentaires (15.16/20).
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Souvenirs D'Un Autre Monde ( 2007 )

Comme un rayon de soleil crevant l'abcès d'une nuit sombre, les mélodies du dernier album d'Alcest se déploient autour de nous et lentement nous auréolent de leur lumière. Un appel au voyage pour l'imagination qui s'envole pour s'arrêter finalement sur un paysage d'une Nature qui renaît, sur la beauté pure et réelle, enchanteresse comme la lumière source de réconfort, celle qui chasse les ombres et les tourments, celle qui réchauffe et berce.

C'est la contemplation naïve qui s'use les yeux à chercher ardemment la magie partout, la nostalgie d'une enfance admirative et de ses rêves de brillance et d'éclat. Mais derrière cette musique ce n'est non pas un enfant encore accrochés à ses espoirs déments d'infinité et de bonheur perpétuel, mais un jeune adulte, qui si il a lui aussi perdus ses illusions, demeure un éternel nostalgique accroché à sa rêverie, celle qui le préserve un tant soit peu de la dureté du monde extérieure et l'inspire dans son art.

Appelons les choses tel qu'elles sont, Souvenirs d'un Autre Monde est de l'art. C'est indéniable, tant l'inspiration y semble infinie, tant tout semble couler de source et comme tout converge comme un seul rayon de lumière brut vers les mêmes horizons de plénitude. Pas de débordements, pas de fausses notes, le voyage se déroule sans le moindre accrochage et le rêve ne se voit jamais troublé. Cette homogénéité dans la splendeur des arrangements, dans la douceur de la voix, dans les harmonies de guitares électriques ou même sèche, dans cette batterie aérienne et délicate est d'autant plus impressionnante qu'elle se trouve dans un premier album, et ce qui n'aurait pu être qu'un coup d'essai est assurément un chef-d'oeuvre, tant Neige maîtrise son sujet. Au revoir donc le black acide de Peste Noire, qui après s'être mêlé au cold-rock à l'occasion de l'EP d'Amesoeurs, s'est ici tout à fait évanoui.

En effet le grand écart entre ces deux genres qu'on aurait cru antithétiques est accompli, et malgré la prétention du geste, tout semble si simples, si harmonieux... la distorsion rêche hérité de My Bloody Valentine recouvre des arpèges de guitare acoustique au son cristallin, tandis qu'une voix claire qui s'interdit tout le long de ces 41 minutes des envolés violentes rappelle le timbre apaisant de Jón Þór Birgisson de Sigur Ròs. Après des accès de violence, Neige nous apparait ici rêveur, et ses compositions rehaussées par un lyrisme et une sensibilité qu'il semble avoir longtemps nourri en secret. Printemps Emeraude, première titre reste un des plus beaux témoignages de ce tournant stylistique, ou encore l'introduction de Sur L'Autre Rive Je T'Attendrai, où l'on retrouve d'ailleurs Audrey d'Amesoeurs. Un voyage de sommets de plénitudes à des abîmes de dépression, Les Iris contrastant au milieu du disque par son spleen contagieux. Mais non, même ici l'espoir regagne du terrain et ne laisse pas l'ambiance se perdre en désespoir. Une lutte peut-être vaine pour l'apanage de l'espoir sur les terrains les plus désolés, comme un regain d'optimisme nécessaire pour continuer la quête. Celle qui sera peut-être menée par la recherche des réminiscences de Black Metal, qu'on s'évertuera à dénicher dans le riffing de certains passages, qui semblent parfois hantés du spectre de Mortifera notamment sur Les Iris.

Mais après tout, pouvait-il en être autrement venant de Neige, qui semble depuis longtemps aspiré à cet épuration entière de la haine intrinsèque de cette mouvance ? Des interludes très mélodiques de Mortifera au tournant post-punk annoncé pour Amesoeurs, l'aboutissement ne pouvait être autre que ce Souvenirs d'un autre Monde, tout en douceur. Parfois même trop, Tir Nan Og, par ailleurs la plage la plus post-rock, sonnant trop mièvre. On pourra aussi reprocher à la Shoegaze d'Alcest sa redondance, amenuisant lentement mais sûrement l'intérêt d'une œuvre qu'on écoutera beaucoup d'abord, avant de la laisser prendre la poussière sur le coin d'une étagère sans regret le temps venus. Malgré cela, on ne pouvait espérer signe plus prometteur quand à l'avenir du projet, qui on l'espère saura combler les attentes de ses fans sur ses prochaines sorties.

Souvenirs d'un autre Monde et sa nostalgie contagieuse constitue bien un nouveau départ enthousiasmant. Car Le Secret, précédent EP aux prétentions atmosphériques et déjà novatrice est bel et bien dépassé. Ne citons même pas Tristesse Hivernale, première demo au son lointain, Black Metal viscéral et grésillant, dont les apparats noirs et blancs n'ont plus la place dans le nouvel havre de paix aux couleurs vives qu'est cet "Autre Monde", qu'on aurait aimé visiter plus longtemps...

A écouter : Oui!