Biographie

Alaskam

Alaskam est un jeune beatmaker Nantais qui commence à faire ses armes dès l'âge de 17 ans, se passionnant pour la MAO. Influencé entre autres par Ez3kiel et Aphex Twin, Francis de son véritable prénom va expérimenter quelque temps avant de sortir son premier album, Horizons, en 2010. Il met alors le doigt dans l'engrenage et enchaîne les sorties en autoproduction : Indélébile en 2012, Introspection en 2013 et Chute Libre en 2014. Trois albums qui lui permettront d'accumuler aussi les concerts au niveau régional et de faire une pause discographique jusqu'en 2017 et la production de deux long formats durant la même année, traduisant une évolution vers les sonorités post-rock bien que la dominante restera électronique et trip-hop : Impact et Eveil. Une évolution qui se concrétisera l'année d'après avec le septième album, Compromissions. En 2019 Alaskam s'associe avec la pianiste et chanteuse Célia pour un projet nommé Plan B, dont l'EP Barbelés sortira en cours d'année. Le Nantais ne chôme pas puisqu'il sort son huitième disque, Cycles, début 2020, dans une veine totalement électronique.

Chroniques

Cycles Compromissions
15.5 / 20
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Cycles ( 2020 )

En 2018 le beatmaker nantais faisait le lien équilibré entre électronique et environnements post-rock avec Compromissions. L’année d’après il alliait ses compétences de paysagiste musical avec celles de la chanteuse et pianiste Célia Guillot, pour un projet sobrement nommé Plan B avec le EP Barbelés. Jamais rassasié Alaskam reprend désormais ses repères en solo par l’intermédiaire de son huitième disque, Cycles, où l’electronica réinvestit entièrement le Cosmos.

Le premier contact avec cet album sera visuel, via un artwork félin, élégant et irradiant, réalisé par Timothée Mathelin (aka shift.). Le second se fera à travers une introduction éponyme, d’abord faussement douce, rapidement grignotée par une basse lourde et minimaliste évoquant presque le Daft Punk circa 97’. La suite s’accrochera sur cette tendance inspirée, quasi littéraire, à marier finesse aérienne et profondeur rythmique, cinématographique, une constante chez le Nantais. Seulement ici on découvre des intentions plus synthwave, étalées sur l’ensemble des dix titres de Cycles. L’univers ici dépeint reste éthéré, en suspension, mais captive toujours dans sa construction, son agencement de sons encore un peu plus élaboré. Les détails dansent sur nos oreilles, sous notre nez, s’accordent pour faire jaillir une forme de prose synthétique. De telle manière que chaque morceau est indissociable du précédent ou du suivant. Tout ceci nous raconte une histoire, celle d’une tranche de vie, à l’aide de mots simples et forts : Effervescence, Chaos, Cosmos, Diffusion, Union, etc, pour lesquels la musique d’Alaskam apporte sa propre et pertinente définition, sans s’éparpiller, ajustant le fond à la sobriété de la forme.

Ainsi l’Aventure, après l’unification orchestrée par le spectre de Vangelis, n’en devient que plus grisante, parsemée d’embûches rythmiques aisément surmontées, qui nous installe ensuite dans l’Hypnose atmosphérique, dont les basses nous maintiennent encore les pieds au sol, pour mieux relâcher la pression lors de l’Ascension finale. Les corps errent alors, se déplacent en tournoyant de plus en plus vite dans cet océan infini en gravité zéro, impulsés par les mouvements de l’espace connu et inconnu.

Délestée des éléments post-rock précédemment enregistrés, la musique d’Alaskam n’en reste pas moins contemplative et envoûtante. Elle se matérialise cette fois par ces touches de synthwave enveloppantes et une abstraction de tous les instants, embarquant celle ou celui qui écoute dans un voyage intemporel, serein et délicat. Cycles est une poésie électronique qui s’appréhende les yeux clos afin d’optimiser les sensations qu’elle renferme. Encore un bel ouvrage du Nantais, qui devrait – dans un monde idéal – inspirer quelques faiseuses ou faiseurs d’images qui bougent.

Bandcamp est (toujours) ton ami.

A écouter : les yeux fermés.

Compromissions ( 2018 )

Mais d’où que c’est donc que ça sort Alaskam ? Et bien sous ce pseudonyme se cache un jeune Nantais frais et dynamique prénommé Francis, exposant ses œuvres DIY depuis 2010 dans l’indifférence quasi-générale, pourtant dotées d’une richesse instrumentale, à base d’electronica, d’abstractions hip-hop et trip-hop, puisant dans la musique filmique et dans le rock d’après. Compromissions est déjà la septième itération de l’univers d’Alaskam et apparaît comme la concrétisation de ses expériences passées, soit un bel objet qui fait le bilan, chaque instant, de la dizaine d’années écoulée, et constitue d’une certaine manière le chaînon manquant entre electronica et post-rock.

Après un Eveil dominé par le synthétique néanmoins ouvert à l’imaginaire par sa dimension cinématographique inspirée, Compromissions vient accentuer cet aspect en usant de guitares plus saturées qu’à l’accoutumée. Ainsi Lutte évoque quelques mouvements (sociaux) de Mogwaï, Explosions In The Sky ou encore 65daysofstatic, ouvre le champ d’une composition structurellement complexifiée mais toujours aussi fluide. L’aspect rythmique est déconstruit en permanence sans jamais perdre le fil conducteur des intentions contemplatives, baignées au sein d’une ambiance proche des phases détendues de feu Genghis Tron, « compromis » nécessairement idéal entre guinche fiévreuse et sérénité mélancolique.

Compromissions illustre justement à merveille cet équilibre, là où le court mais puissant Second Souffle penche davantage vers le grinçant, pour laisser place à la tension sous-jacente Plus Loin, animé de cordes synthétiques, de pianos harmonisés, de frappes amples et sèches. S’ensuivent enfin des Projections et Extractions déroulant des tableaux éthérés, parcourus de glitchs (ou résidus) électroniques subtils, d’une batterie programmée centrale, bousculant l’apesanteur vaporeuse ambiante par ses décalages salvateurs et son groove inhérent, ou de notes de piano offrant une impression faussement bancale à l’ensemble, qui se révèle en fait d’une justesse évidente.

En neuf ans Alaskam a su faire évoluer son écriture, agrandissant son spectre, afin de préciser un alliage musical qui dépasse les carcans instrumentaux. De fait Compromissions parvient à créer le consensus émancipatoire entre une base électronique sûre et un environnement post-rock qui élève nos consciences au-delà des nuages. Du « fait maison » de longue haleine qui devrait plus largement toucher les sensibilités à l’avenir. C’est bien le minimum que l’on puisse souhaiter à Francis.

A écouter : entre les lignes.
Alaskam

Style : Electronica / Trip-Hop / Post-Rock / Hip-Hop
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Origine : France
Site Officiel : alaskam.fr
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