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Biographie

Agnostic Front

Roger Miret : chant
Vinnie Stigma : guitare
Joseph James : guitare
Mike Gallo : basse
Steve Gallo : batterie


Bien que Vinnie Stigma ait fondé Agnostic Front à New York en 1982, la rencontre avec Roger Miret constitue le véritable point de départ d'une longue carrière parsemée de hauts et de bas et d'incessants changements de musiciens. Après la sortie du mini album United Blood en 1983, Rob Kabula (basse) et Dave Jones (batterie) rejoignent le groupe pour l'enregistrement de Victim in Pain un an plus tard. Véritable missile de 15 minutes, cet album est considéré comme un classique du punk hardcore. A cette époque Agnostic Front partage l'affiche avec Minor Threat, SS-Decontrol, et les groupes californiens Dead Kennedys et Black Flag.

Pour l'enregistrement du second album, Agnostic Front recrute un autre guitariste, Alex Kinon et remplace Dave Jones par Louie Beatto. Mais l'ambiance n'est pas au beau fixe. Personne ne semble être concerné par l'avenir du groupe, et seul Vinnie Stigma maintient le navire à flot. Cause for Alarm paraît au prix de nombreux efforts en 1986. Avec cet album, Agnostic Front prend une direction beaucoup plus métal s'affirmant comme l'un des fers de lance du crossover avec D.R.I. et, dans la foulée, enchaîne une tournée avec Slayer et Anthrax. Liberty and Justice for... est enregistré en 1987 avec un line up entièrement recomposé. Louie Beatto rejoint Carnivore et Peter Steele. Alex Kinon se volatilise dans la nature. Pour les remplacer, Stigma et Miret recrutent le guitariste Steve Martin, Will Shepler à la batterie et le bassiste Alan Peters. En 1989, Agnostic Front décide d'immortaliser sa performance scénique sur l'album Live at the CBGB'S avec Craig Setari ex-bassiste de Straight Ahead et Youth of Today.

Les années suivantes le groupe est contraint de faire un break, dû en partie à l'incarcération de Roger Miret. A sa sortie, ce dernier éprouve le besoin de faire partager son expérience. Agnostic Front sort l'album One Voice en 1992 mais le tandem Stigma/Miret jette l'éponge peu après une tournée d'adieu conclue par l'enregistrement d'un album live, Last Warning. Stigma, Shepler et Matt Henderson, qui a participé à l'enregistrement de One Voice, rejoignent Madball et Craig Setari est recruté par Sick Of It All.

Toutefois, Stigma et Miret ne peuvent se résoudre à vivre longtemps éloignés d'Agnostic Front. Le bînome s'entoure du batteur Jim Colletti et du bassiste Rob Kabula, compagnons de route des débuts d'Agnostic Front, pour raviver la flamme. Le retour du groupe s'effectue par le biais du label Epitaph sur lequel sort l'album Something Gonna Give en 1998. Agnostic Front renoue avec le punk hardcore de ses débuts et retrouve une seconde jeunesse. En 1999, Agnostic Front enregistre l'album Riot Riot Upstarts et, en 2001, Dead Yuppies avec le bassiste Mike Gallo. Un split live intitulé Working Class Heroes sort en 2002 avec les hollandais de Discipline.
Il faut attendre 2004 et leur renvoi par Epitaph pour que les new yorkais renouent avec le studio. Après la signature d'un deal avec Nuclear Blast, Agnostic Front enregistre Another Voice avec James Jasta, suivi en 2007 de Warriors

13 / 20
3 commentaires (11.67/20).
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The American Dream Died ( 2015 )

Trente ans d’âge et plus vigoureuse que jamais ! La scène Hardcore New-Yorkaise est hyperactive : après Madball et Sick of It All l'année dernière et avant H2O dans les semaines à venir, Agnostic Front a sorti au printemps dernier son 11ème album : The American Dream Died.

En écho à Sound the Alarm, ouverture du récent The Last Act of Defiance de Sick of It All, l’intro, toutes sirènes hurlantes, sonne donc le glas du rêve américain "It's called the American Dream cause you have to be asleep to believe it". L'enchaînement de clips audio qui suit donne le ton et est résumé par cet amer constat : "It's all about money, they don't care about people". Ultra-capitalisme, manipulations gouvernementales, violences policières, absence de justice sociale, gentrification… Les thèmes abordés tout au long des 16 titres de l’album dressent un portrait peu glorieux de nos sociétés actuelles. Agnostic Front y oppose la nostalgie d'une époque dorée : le New-York des années 80, celui du fameux CBGB. Le syndrome du "c'était mieux avant" aurait-il fini par atteindre ces vétérans ? (Roger Miret est né en 64, Vinnie Stigma en 55, je vous laisse faire le calcul…) Possible mais attention, autant vous prévenir, il n'est pas ici question de jolies images sépia et de touchants souvenirs d'une vie paisible. Non, c'est bien le New-York sale, dangereux, aux rues remplies de gangs et de prostituées, mais plein de vie, auquel Old New-York et son intro tirée de Taxi Driver rend un vibrant hommage.
 
Si au niveau des textes cette nouvelle production s'inscrit en plein dans les thèmes et codes du Hardcore, qu'en est-il au niveau musical ? Si l'on écarte les quelques morceaux sur lesquels le combo semble peu inspiré (le raté A Wise Man), The American Dream Died repose sur la subtile association entre brûlots ultra-percutants, mythiques Sing Alongs et purs moments de Crossover Thrash (Test of Time). Et le moins que l'on puisse dire, c’est que cela tabasse sévère : Police Violence, Enough is Enough, No War Fuck You… au total 6 titres, soit près du tiers de l’album, sont d'une durée inférieure à 1:11. Il y avait bien longtemps que le Lower East Side Crew ne nous avait pas assailli avec autant de morceaux rapides qui prennent à la gorge bien avant que l'on ait le temps de réagir. Victim in Pain, avec ses 11 titres en 15 minutes ne manquera pas d'être cité mais la référence s'arrête au format. Musicalement, le son produit ici n’a plus rien à avoir avec les décharges d’adrénaline, ultra-violentes et beaucoup plus orientées Punk de l’époque.
Mais au final, The American Dream Died est sublimé par trois hymnes qui forgent son identité et lui donnent toute sa puissance : We Walk the Line, déclaration d'amour à la communauté Hardcore et à son lifestyle (qui voit la participation de Freddy Madball, Lou Koller et Toby Morse), Old New-York et Just like Yesterday clôture l'album d’une phrase qui, à elle seule, résume l’état d’esprit du groupe : "30 years later we're still going strong".
 
Se pose alors l'éternel casse-tête : comment juger la 11ème production d'un des fers de lance d'une scène qui ne cherche pas à se renouveler ? Comment définir ce qu'est un bon disque de Hardcore? Sans prétendre à la vérité absolue, sur le fond citons l'engagement et la sincérité et sur la forme la diversité. A ce petit jeu-là, les gars d'Agnostic Front font carton plein. Alors certes, l'absence de réelle surprise tempère notre enthousiasme mais attendions-nous autre chose que des nouvelles munitions pour embraser le pit et faire chanter les hordes transpirantes de coreux ?

A écouter : Intro, Fuck the Police, We Walk the Line, Old New-York et Just like Yesterday
14 / 20
12 commentaires (14.13/20).
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Another Voice ( 2004 )

Il existe des groupes hardcore plus agressifs, plus originaux, plus inspirés que ne l'est Agnostic Front, mais je n'en vois pas qui soient autant dévoué à la Cause. Vingt ans de labeur, les années de vache maigre, les séparations, les reformations, bref, les épreuves semblent glisser sur le tandem Stigma / Miret sans pour autant affecter leur détermination. Bien entendu on pourra toujours arguer qu'un nouvel album d'Agnostic Front n'est qu'un album de plus, mais rares à l'heure actuelle sont les groupes pouvant se vanter d'une telle longévité.

En 2001, Agnostic Front nous laissait avec Dead Yuppies, brûlot punk hardcore pur et dur, dont on se rend compte aujourd'hui qu'il clotûrait une période commencée avec Something Gonna Give, pendant laquelle Stigma et Miret souhaitaient retrouver l'énergie basique et brutale des débuts. En revenant à une formule à cinq, le groupe change à nouveau son fusil d'épaule et reprend une orientation beaucoup plus métal, aidé en celà par Matt Henderson (ex-Madball, Agnostic Front) et surtout par la production monstre de James Jasta (Hatebreed).        

Aussi, on ne sera pas surpris si une impression de lourdeur se dégage de l'album dès la première écoute. Agnostic Front construit toujours ses chansons sur une base punk hardcore classique mais l'apport de la seconde guitare confère aux morceaux un caractère de puissance auquel les dernières productions ne nous avaient pas préparé. De "Still Here" à "Another Voice", les new yorkais nous assènent 14 titres au rythme éffréné qui sont autant de pains dans le museau. Ceux qui pensaient qu'ils n'étaient capables que de ressasser le même punk suranné peuvent aller se rhabiller. Agnostic Front prouve qu'il sait évoluer lorsqu'il s'en donne les moyens, notamment en piochant parmi le meilleur du hardcore actuel. Ainsi les morceaux "Another Voice" ou "Peace", pour lesquels Roger Miret est respectivement secondé par Scott Vogel (Terror) et James Jasta, constituent des monuments de metalcore qui ne sont pas sans rappeler Hatebreed ou Madball. On reconnaîtra plus aisément la patte punk d'Agnostic Front sur l'excellent "Dedication" et le classique mais efficace "So Pure to Me", même si on se rend compte que le groupe fignole davantage ses morceaux, précisément par l'ajout de petites touches mélodiques sur "Hardcore (The Definition)" et "Still Here". 

Ce n'est pas un hasard si le morceau éponyme débute par la même intro que "New Jack", présent sur l'album One Voice. Cet album faisant suite à l'incarcération de Miret et constituant un énorme coup de gueule à la face de la société américaine, il semblait primordial d'y associer Another Voice, démontrant qu'Agnostic Front restait fidèle à ses idéaux et que sa colère était toujours intacte.

 

Télécharger : "All is Not Forgotten", "So Pure to Me", "Peace"

A écouter : "Peace", "So Pure to Me", "Dedication"
16 / 20
5 commentaires (16.3/20).
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Victim in Pain ( 1984 )

Lorsque sort Victim in Pain en 1983, Vinnie Stigma et Roger Miret sont loin de se douter qu'ils sont en train de jeter les bases d'une troisième scène hardcore sur le territoire américain après celle de Californie (Black Flag, Dead Kennedys) et celle de Washington (Minor Threat, Government Issue, Bad Brains). Or, il est indéniable qu'avec cet album, Agnostic Front ouvrait une brèche dans laquelle allaient s'engouffrer, entre autres, les Cro-Mags, Crumbsuckers, ou Murphy's Law, groupes qui allaient contribuer à l'explosion du New York Hardcore Style dans les Eighties.

En 15 minutes, Agnostic Front nous assène un punk hardcore sale et radical, tranchant avec le hardcore middle class de certains groupes de Washington. Ici on comprend bien que la priorité n'est pas l'ascétisme straight edge, mais le rejet de la société capitaliste américaine et de toutes ses composantes, telles que la Justice ("Blind Justice") ou le Gouvernement ("Remind Them"). Agnostic Front attache également de l'importance à dénoncer les dérives fascistes du mouvement skinhead, dont il se réclame ("Fascist Attitude", "Power") et appelle à l'unité sans conditions de la scène hardcore dans "United & Strong".

Sur le plan strictement musical, Agnostic Front fait dans l'urgence. Pour être efficace les coups portés doivent être courts mais puissants. En ce qui concerne la longueur, le pari est réussi, quasiment aucun morceau ne dépassant la minute. Le groupe ne s'embarasse pas de fioritures et ne nous laisse que peu de temps pour reprendre notre souffle. Les accords peu nombreux ("Power") et la basse saturée de Rob Kabula, ne lâchant pas d'une semelle la guitare de Stigma, confèrent à l'ensemble une intensité dont le paroxysme est atteint sur les morceaux ultra rapides tels que "Hidding Inside", "Fascist Attitude" ou "Society Suckers". La tension ne retombe même pas sur les nombreux breaks ("Blind Justice", "Victim in pain") et refrains hurlés, parfois en choeur ("United & Strong"), véritables marques de fabrique de la scène New Yorkaise.

Victim in Pain est l'album indispensable d'un groupe mythique, à l'origine de nombreuses vocations hardcore (Sick of it All, 25 Ta Life, Biohazard...). Doté d'une longévité impressionnante (plus de 20 ans d'existence), Agnostic Front est l'un des derniers représentants du NYHC Old School dans un style où, en général, les groupes ne font pas de vieux os.

A écouter : Blind Justice, Hidding Inside, Fascist Attitude