Après deux démos, Aes Dana sort enfin son premier album. Mélange idéal entre la musique celtique et le Pagan Black, la musique du groupe ,composé de trois hommes et trois femmes, est plutôt originale. Mais là où certains se sont cassés les dents, Aes Dana réussit son pari de fusionner la puissance et la violence du Black avec la magie et la mélodie des instruments celtiques, tout en n’omettant pas cette profondeur musicale si propre au Pagan Metal et qui nous rappelle la bravoure de nos ancêtres.
Dès les premières notes de l’album (une intro à la flûte), on se trouve plongé dans l’univers d’Aes Dana, revenu des millénaires en arrière, dans une forêt peuplée d’elfes et autres créatures toutes droit sorties de Tolkien. Les parties celtiques y sont pour beaucoup dans cette atmosphère, tandis que les guitares ultra-saturées envoient des riffs furieux, réveillant le guerrier qui se cache en chacun de nous.
Au niveau de chant, le vocaliste Vidar alterne entre Black et Death, dans des textes déclamés (ou plutôt hurlés) avec une ardeur peu commune. Ce domaine présente toutefois une marge de progression, à suivre sur les albums qui suivront. Les textes sont en majorité en français, chose plutôt positive pour un groupe de Metal Extrême. Là encore, Aes Dana évite le piège de textes naïfs, en nous contant des légendes qui vont comme un gant à la musique du groupe, bien que cela reste un exploit de comprendre le texte sans l’avoir sous les yeux.
La section rythmique est magistrale, alternant entre rapidité sur les passages Blacks et lourdeur et puissance sur les passages plus Folks. La production, met en valeur tous les instruments, avec une clarté limpide, qui ne renie pas (loin de là) le côté brut et extrême de l’album. Là où des groupes abusent des synthés dans leur musique, Aes Dana a le mérite de nous proposer des instruments traditionnels, qui ne sont pas là pour faire de la figuration.
Le principal défaut de l’album reste sa linéarité. En gros, on alterne entre passages de Black sauvage (le titre de l’album est décidemment bien choisi) et du Folk, avec quelques interludes de flûte. Bien que le tempo ait tendance à s’adoucir vers la fin de l’album (tout est relatif) pour devenir plus nostalgique, on se retrouve toujours avec le même schéma répétitif. On aurait aimé voir un peu plus de variations de rythme.
Comme défaut mineur, on peut aussi remarquer un chant et des flûtes parfois trop présentes, ou encore un artwork trop sobre et pauvre, mais ne nous mentons pas. Quand le disque est terminé, on n’a qu’une envie : l’écouter à nouveau pour s’emplir de cette atmosphère venue des forêts et landes bretonnes.
Au final, Aes Dana nous offre un album d’une qualité rare, intense, ensorcelant, nous emmenant dans un long voyage vers le passé. La musique est originale, apportant de la fraîcheur dans le Black, avec un talent et une maîtrise parfaite.
A écouter : La chasse sauvage, Anwynn, Cinq jours maudits, Les chants de Brennos