Acid King
Stoner / Doom / Psyché

Beyond Vision
01. One Light Second Away
02. Mind's Eye
03. 90 Seconds
04. Electro Magnetic
05. Destination Psych
06. Beyond Vision
07. Color Trails
Chronique
L’arrivée d’un nouvel album d'Acid King est à chaque fois un petit évènement pour les adorateur.ice.s de musiques fuzz et épaisses. Beyond Vision est, seulement, leur cinquième album et célèbre par ailleurs leurs trente ans de carrière cette année. Acid King prend son temps, se fait rare, pas comme ces groupes qui sortent un album tous les deux ans. Ce n’est vraiment pas le style de la maison, mais ils sont également attendus au tournant, même si l’engouement pour le groupe n’est plus exactement le même que celui dans les années 2000 / 2010.
A vrai dire, Beyond Vision, déçoit sur plusieurs plans et se révèle assez moyen dans l’ensemble et le premier gros souci vient de la composition trop peu inspirée. Le premier titre, One Light Second Away, ressemble à une longue intro de six minutes qui ne décolle pas, avec un riff central qu’on croirait issu d’un jam de fin soirée à moitié ivre, ou joué par un.e débutant.e en guitare, tellement c’est bateau et fade. Heureusement Mind’s Eye qui suit est une piste chouette, plus intéressante, avec un riff bien grassouillet qui fait plaisir à entendre, avec ce grain chaleureux, sableux même et nourri de la voix de Lori S. qui se fait enfin entendre, brumeuse, lointaine, mais qui donne toute la saveur d'Acid King. Tout comme Beyond Vision, Doom et enfumé à souhait, psychédélique dans sa moindre particule en plutôt accrocheur et trippant comme un album de Mammatus. La conclusion de Color Trails est également très sympathique à la fois lourde, planante, soulignée de synthés qui apportent un petit quelque chose en plus et surtout d’un duo guitare / basse tout en simplicité, mais en efficacité qui pourra rappeler certaines choses de chez Monolord.
Seulement voilà, pour trois titres plutôt bons, sans atteindre des sommets, le reste des compositions demeure anecdotique et même assez ennuyeux. L’influence Space Rock qui se faisait pressentir sur Middle Of Nowhere, Center Of Everywhere de 2015 est davantage mis en exergue, relayant le sacro saint riff au second plan, tout comme la voix de Lori S. qui s’efface beaucoup trop. Alors certes, Acid King tente une nouvelle approche sonore, mais malheureusement ils ne sont ni Earth, ni Om, ni Elder qui réussissent à nous emporter avec bonheur dans leurs différents mouvements et approches de la musique psychédélique. Le synthé est bien plus mis en avant et offre divers effets tout au long des sept pistes de ce Beyond Vision avec souvent de longues intros pour des titres comme 90 Seconds et Electro Magnetic (qu'on résumera comme du Om en moins bien avec seulement un riff au milieu de ces huit minutes) ou le complètement inutile Destination Psych. L’album souffre donc d’un énorme creux en son cœur, mais aussi avec cette sensation de n’avoir jamais vraiment décollé ou nous embarquer dans son ensemble, même si, comme on le disait plus tôt, deux / trois morceaux se révèlent sympathiques.
A la base, Beyond Vision ne devait être qu’une seule et même piste. On se demande alors pourquoi ce découpage en sept morceaux. Peut-être est-ce un choix du label. Le fait est, que même en pris de bout en bout, le disque se révèle trop faible sur tous ces aspects. Il ne contient pas assez de riffs Stoner marquants, pas assez de passages Doom évocateurs et se montre peu convainquant dans ces ambiances Space Rock / Drone qui font retomber le reste. On ne pourra pas reprocher à Acid King d’avoir voulu tenter autre chose, mais là ils sont trop sages et trop peu inspirés pour franchement convaincre. Dommage.