Acid King
Stoner / Doom / Psyché

Middle Of Nowhere, Center Of Everywhere
01. Intro
02. Silent Pictures
03. Coming Down From Outer Space
04. Laser Headlights
05. Red River
06. Infinite Skies
07. Center Of Everywhere
08. Outro
Chronique
Le Stoner / Doom d’Acid King ne s’est jamais prétendu révolutionnaire. Au sein d’un courant devenu aujourd’hui plus embouteillé que l’A13 un vendredi soir, les Californiens continuent cependant à sortir la tête du lot et pas seulement car ils sont menés par une voix féminine.
Les dix années écoulées depuis la sortie de III n’ont pas changé l’état d’esprit du groupe, elles lui ont juste laissé le temps de se construire patiemment une fusée, un tant soit peu sale et rouillée je vous l’accorde, pour se libérer une fois pour toutes de la pesanteur terrestre. Acid King nous emmène avec cet album dans une odyssée cosmique parmi les galaxies d’un univers peuplé de divinités maudites, tels les Grands Anciens de Lovecraft, bannis mais attendant leur heure pour revenir nous asservir. Les riffs se font plus aériens et la rythmique, toujours implacable, ne se contente plus de ramper mais aspire elle aussi à la conquête de nouveaux horizons, malgré le risque d’y croiser des forces incontrôlables. Le résultat final s’avère plutôt réussi, en dépit de quelques longueurs et d’un ou deux morceaux sans grand intérêt (l’enchaînement Laser Headlights / Red River, où l’auto-caricature prend le pas sur la sincérité). L’une des qualités de cet album est de parvenir à maintenir sur la longueur, y compris lors de passages plus anecdotiques, un groove présent dès l’Intro instrumentale, annonciatrice d’un trip plus cosmique que jamais.
Cette influence Space Rock est parfaitement illustrée par le très réussi Silent Pictures, au cours duquel on succombe assez facilement à une transe encouragée par le chant hypnotique de Lori S. et l’efficacité d’un riff entêtant. Coming Down From Outer Space, morceau plus court et mélodique, plus "Rock", emprunte une voie sur laquelle le groupe se montre vraiment très à l’aise et que l’on aimerait voir approfondie. La lourdeur d’un Infinite Skies très martial, si elle peut évoquer la fin d’un voyage où l’on se serait trop approché du soleil, ne symbolise en fait qu’une libération, celle d’avoir enfin accès à un espace sans limites et sans lois ("Feel the heat rise as we enter the burn / Thru the infinite skies / Burst of yellow"). De l’infiniment grand à l’infiniment petit, Center of Everywhere s’interroge sur notre place dans l’univers ("Standing here / Looking out / Far away from the clouds / All alone In the crowd"), avant de nous laisser seuls face à nos doutes ("They may say nothing to be found / In the center of everywhere").
Evidemment, au-delà des qualités et des défauts d’un disque, l’état d’esprit de l’auditeur est une composante essentielle dans l’expérience que propose ce style musical. Les clichés psychédéliques et psychotropiques qui y sont associés, s’ils ont un fond de vérité, peuvent faire oublier que l’écoute d’un album de ce genre est un processus bilatéral, une implication de celui qui donne et de celui qui reçoit. Etre partout et nulle part, c’est le défi que s’est lancé Acid King avec Middle Of Nowhere, Center Of Everywhere. Vu la difficulté de la tâche, je me contenterai de savourer les instants où le groupe y parvient et de faire l’effort de remplir les passages plus faibles de mes propres voyages mentaux.