Aara

Black Metal Atmosphérique

Suisse

Eiger

2024
Type : Album (LP)
Tracklist
01. Die Das Wilde Wetter Fängt
02. Senkrechte Welten
03. Felsensang
04. Todesbiwak
05. Der Wahnsinn Dort Im Abgrund
06. Zurück Zur Roten Fluh
07. Grausig Ist Der Blick
08. Alptraum

Chronique

par wohosheni

Le souffle du vent par bourrasque, quelques notes lentes qui se posent et les échos gelés de guitares qui se lèvent. Commence l’ascension funeste de la face Nord de l’Eiger, sommet des Alpes bernoises avec son grand mur meurtrier où « seule la corde raccroche encore au monde » («Nur das Seil hält noch an der Welt », Todesbiwak).


Les cymbales métalliques sont autant de cliquetis : c’est la neige mélangée au vent qui fouette le visage et s’y colle, c’est l’enfer. On imagine les sons du métal sur métal des mousquetons qui s’entrechoquent, ballotés par le vent, et le rythme des crampons et des piolets qui s’enfoncent dans la glace et la roche. On les entendra d’ailleurs distinctement à mesure que les protagonistes s’avancent dans le « monde vertical » de Senkrechte Wellen, « Metall gegen Felsen », métal contre rocher.


Le black metal de Aara évoque à merveille les duretés alpines, les riffs pointus comme de la glace, les aspérités froides auxquelles on s’accroche tant bien que mal. Cela va vite, très vite avec une batterie qui déblatère ses blasts aussi vite que les rafales de vent qui fouettent les crêtes. Les aigus métalliques à la ride et au charley sont d’ailleurs généreusement mis en avant dans la production.


On sait dès le départ que cela ne se terminera pas bien : juillet 1936, tentative par Toni Kurz, Andreas Hinterstoisser, Edi Rainer et Willy Angerer dont pas un ne rentrera vivant. Mais Aara nous tient jusqu’au bout, et nous tient bien. Du haut de ses cinquante-cinq minutes, Eiger enchaîne certes des morceaux extrêmes mais a aussi le sens des mélodies simples et répétées qui tracent un chemin dans l’enfer des blasts et des riffs saturés : la « mélodie de l’Eiger » avec son ostinato de quatre notes obsédantes de tempête qui hurle sur Felsensang ou le thème mélodique tout aussi minimaliste mais efficace de Todesbiwak.


Des pas dans la neige, des bruits de matériel, des cris des quatre alpinistes pris dans l’ascension renforcent la dimension narrative de Eiger. Et il y a ça et là quelques temps calmes à la guitare acoustique pour venir apporter un peu de répit qui, bien que de courte durée, permettent de reprendre son souffle dans ce chaos.


De l’appel de l’« ombre sombre » jusqu’aux pensées du dernier alpiniste à mourir, Eiger

rappelle que la montagne ne pardonne pas, impitoyable. Un refrain funeste que ne reniera pas le black metal : « Die Natur hat uns in der Hand », la nature nous tient dans ses mains.



17

A écouter : avant que les glaciers ne fondent

Les critiques des lecteurs

Moyenne 17
Avis 1