Torche fait des petits. On vous parlait il y a peu des nantais de Watertank, mais ici on retraverse l'Atlantique, côte est des Etats-Unis précisément, pour se rapprocher de l'épicentre avec les ASG, étonnamment à peine plus connus sur notre territoire que les nantais et pourtant, Blood Drive est déjà leur cinquième album, le premier à sortir sur le prestigieux label Relapse Records.
Le parcours d'ASG est assez particulier, puisque leurs précédents disques sont sortis chez Volcom, dont la marque (décliné en label) est certainement plus connus par les skateux pour ses fringues que pour ses groupes de Stoner alors que Harmonicraft de Torche est sorti chez eux l'année dernière par exemple. Toujours est-il qu'ASG est finalement plus apprécié par les amateurs de planche à roulette, et assez peu connu du public en chemises à carreaux et barbes drues. Blood Drive disions nous, un savant mélange de Stoner et de Pop pour grossir les traits et surtout des mecs qui ont autant envie de gros riffs bucherons, de lignes de basses épaisses (pas allégées en matières grasses, sacrilège!), de fûts clinquants, mais aussi de chant mélodique. Pour résumer un peu simplement la chose, disons qu'ASG c'est un peu Karma To Burn vs. The Beatles : tu prends le groove de l'un avec les mélodies soignées de l'autre. On pourra aussi dire qu'ASG n'est pas si éloigné musicalement de ce que fait Mastodon dernièrement et bien sûr de leur inspiration principale, et affirmée, Torche.
Comme le créneau est loin d'être embourbé, ASG a raison de s'aventurer dans cet environnement où pas mal de choses restent encore à dire, plutôt que de tomber dans un Stoner routi(ni)er vu mille fois. Le plus important dans cette affaire c'est qu'ils s'en tirent haut la main, devançant leurs précédents travaux par un aboutissement dans la création et l'écriture étroitement liées et parfaitement réussies. On prendra pour exemple les riffs trapus d'Avalanche ou de Blood Drive et les leads de guitares qui marient à l'excellence tonus mélodique quasi épique et phases viriles. ASG en garde sous la pédale et de dévoile pas tout tout de suite avec le Stoner / Doom / Psyché Day's Work et même sur les titres plus doux (Good Enough To Eat) le groupe fait des merveilles, sait envoûter son auditoire avec des acoustique captivantes, se projette dans la stratosphère avec le très Space Rock Earthwalk. Mention toute particulière au talentueux Jason Shi, qui alterne chant mélodique et cris de forcenés avec la même aisance et la même émotion. D'une manière générale, on ne trouve pas un seul titre à jeter dans cet opus, ni même un instant de faiblesse car ces douze titres, c'est du bonheur à l'état pur. A croire que Relapse à le nez pour dénicher les perles Stoner (Baroness, Red Fang...).
Avec cette troisième galette, ASG compte bien enfoncer le clou et se faire d'avantage connaître d'un public qui l'a trop longtemps poliment ignoré. Mais quand on voit la qualité de ce Blood Drive (et du très bel artwork réalisé par Malleus) on aurait franchement tord de faire l'impasse dessus, encore plus si l'on aime les groupes dont ils s'inspirent.