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Biographie

AFI

Davey Havok: Chant
Jade Puget: Guitare
Hunter: Basse
Adam Carson: Batterie

L'histoire de A Fire Inside, plus communément appelé AFI, débute dans les années '90, plus précisément en '91, à Ukiah, Californie. Comme beaucoup d'autres formations, c'est avant tout la rencontre de quatre jeunes lycéens. Après quelques mois, Vick, premier bassiste en poste, se voit remplacer par Geoff Kresge. Le quatuor sort alors un EP, Behind The Times, et décide malheureusement de se séparer pour un temps, à cause de leurs études. Ainsi Kresge rejoint le New Jersey et prend place au sein de Blanks 77. Puis lors de vacances scolaires, le groupe se reforme le temps d'un concert. Accueil on ne peut plus positif qui incite les membres du groupe à se consacrer à plein temps à AFI. Ces derniers signent alors avec Nitro Records (The Vandals, Guttermouth)qui sortira Very Proud Of Ya en '96, puis deux autres albums en '97 dont Shut Your Mouth And Open Your Eyes, et la réédtion de Answer That And Stay Fashionable, paru à l'origine sur Wingnut Records. Kresge quittera ensuite la formation, et se verra remplacer à son tour par Hunter. Puis Stopholese rejoindra Redemption 87, Jade Puget prendra sa place à la gratte. Le nouveau line-up enregistrera un EP, A Fire Inside, En 1998, puis l'album Black Sails In The Sunset en '99. The Art Of Drowning suivra en 2000. Enfin, 2003 voit l'édition de Sing The Sorrow, produit par Butch Vig (Garbage, Nirvana, Sonic Youth), qui paraîtra chez Dreamworks Records.

13 / 20
19 commentaires (12.63/20).
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December Underground ( 2006 )

Decemberunderground, pour les présentations d’usage, c’est 3 ans d’attente pour un groupe dont la médiatisation n’a cessé de croître depuis ses débuts, 3 ans d’interrogations voraces sur sa future forme : retour aux sources attendu par toute une partie de ses fans, continuité de l’audacieux Sing The Sorrow ou nouvelle évolution? Et le voilà enfin. Verdict? Une stupeur quasi unanime pour un album sujet à polémique…

Inutile de se voiler la face, la première écoute de Decemberunderground est déconcertante, mais pas dans son sens positif. L’essentiel de ce qu’on connaissait du groupe a disparu. Aucune trace d’une batterie punk, seulement trois ou quatre titres avec la présence d’un chant hardcore, absence complète des chœurs 'afiens'. A la place? Un ensemble de chansons mid tempo ou éminemment lentes, au son limite pop radio façon dernier Green Day ("Miss Murder") voire étonnamment rock ("The Missing Frame" et ses quelques passages proches de Placebo). Seule "Affliction" , "Kiss and Control" et dans une moindre mesure "Kill Caustic", sauront rappeler par intermèdes les intonations de Sing The Sorrow.

Cette déception au premier abord est telle que l’album risque chez certains de ne faire qu’un unique tour dans la platine. Ce serait là certainement une attitude trop catégorique voire une négligence, car si on refuse de s’obstiner à chercher à tout  prix l'AFI des débuts et si on accepte le compromis d’une musique plus 'grand public', Decemberunderground peut plaire. N’étant aucunement dépourvu de dynamisme, nimbé d’un gros travail de production, la tonalité globale accroche au fil des écoutes, les refrains se succèdent et les mélodies rentrent facilement en tête. Il apparaît par ailleurs que le combo d’Ukiah, après 15 ans d’existence, semble aujourd’hui rechercher davantage les ambiances que les déflagrations sonores: violons, orgues, chant feutré ("The Interview"), arpèges à effets, utilisation fréquente de l'électro ("Love Like Winter") sont allègrement utilisés, pour un résultat concluant quand l’entrain s’en mêle: "The Killing Lights".

Le bilan est sans équivoque. AFI, depuis sa signature chez Universal, a fait le choix d’une production à la capacité d’écoute très élargie (et le résultat fonctionne aux vues des ventes). Par conséquent, l’album nécessitera certainement une double acceptation pour être apprécié ou même simplement écouté: ne plus chercher l’AFI d’antan, et accepter la tournure plus 'easy listening' choisie par le quatuor. Quoiqu’il en soit, on peut dire dès aujourd'hui qu'AFI, par cet album, s’est attribué les ferveurs de tout un public (passages télévisés fréquents en Amérique sur des chaînes de grandes audiences) en s’attirant les foudres d’autres, et le groupe à n’en pas douter, suscitera désormais de longues controverses.

Quelques titres en écoute sur http://www.myspace.com/afi.

A écouter : "Affliction", "The Killings Lips", "Kiss and Control"
17.5 / 20
8 commentaires (18.25/20).
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Sing The Sorrow ( 2003 )

En l’espace de deux albums, Black Sails in the Sunset et The Art of Drowning, AFI est passé du statut de «groupe à surveiller» à celui de groupe punk à succès. Flairant le bon coup, DreamWorks s’est empressé de faire signer le groupe sur son label à la grande stupeur du milieu punk. Vécu comme une véritable trahison par les fans de la première heure, ce cinquième album fut accueilli à sa sortie en 2003 sur fond de scepticisme ambiant.
Pourtant, dès ses premières diffusions Sing the Sorrow s’affirma comme une œuvre à part.

Bénéficiant de l’apport de deux producteurs légendaires, Jerry Finn (Rancid, Green Day) et Butch Vig (Nirvana, Smashing Pumpkins), l’album sonne comme une agrégation de talents au service d’un projet commun. Alors que AFI semblait dans ses premières années manquer de variations, ou éprouver des difficultés à rendre parfaitement compte de ses aspirations, il trouve ici l’expression parfaite de son style fait de mélancolie et de rage. Pas une chanson n’apparaît de trop, comme si chacune avait besoin des autres pour trouver sa pleine mesure.

Une nouvelle fois, le groupe fait le choix d’une ouverture sombre servie par une lourde batterie. La cloche sonne sa lente agonie pendant que les guitares brumeuses introduisent un tumulte de voix. Le titre de l’album en filigrane dans chacune des compositions, AFI prend ici le temps d’aller au fond de sa douleur, de nourrir sa création de sa tristesse. Des respirations haletantes du début de "Bleed Black" au piano orageux de "Silver and Cold", l’orchestration livre une partition torturée et ténébreuse. L’énergie par rapport aux précédents opus semblent canalisée, comme pour être mieux orientée. Les douze titres regorgent de mélodies soignées, d’arrangements dissimulés, de solos fugitifs. Les structures simplistes ont été abandonné au profit de structures évolutives au sein même de chaque morceau. Une multitude de rythmes se succèdent, s’entrecoupent. La batterie omniprésente dans les parties punks, s’efface à d’autres moments pour laisser les guitares s’exprimer pleinement. D’une unité instrumentale déconcertante, on passe soudainement. à une superposition subtile et progressive ("Bleed Black").
"Death of Seasons" à ce titre, fait figure de chef d’œuvre de variabilité. D’une calme suite d’accords introductive, jaillit un punk brutal, qui s’efface ensuite devant une plage hardcore au chant très proche de Leftover Crack ; ce qui entraîne un durcissement de rythme au point de devenir l’espace de quelques secondes un passage hardcore électronique (innovation insensée semblable au "Wormes of Senses" de Refused) pour finir sur un hurlement lointain, déchirant et étouffé par la complainte d’un violon.

Si l’œuvre fait ainsi preuve d’une exceptionnelle diversité, elle n’en perd pas pour autant son homogénéité. Les feuilles de tristesse décimées dans les douze pistes n’alternent en rien la fulgurance qui est la marque de fabrique du groupe. "Dancing Trough Sunday", "Paper Planes" distille un punk/hardcore féroce. La fureur originelle continue de répandre son feu. Une nouvelle fois, Davey Havock, au sommet de son art, s’en fait son messager. Explorant des nouveaux horizons vocaux , laissant aller son inspiration, il s’affirme aussi bien par sa maîtrise de sa voix claire que par son chant screamo. En premier plan, ou dans les profondeurs du morceau, il déconstruit les phrases, s’envole sur un râle de douleur, ou sur un cri aiguë, et semble chanter chaque chanson comme si c’était la dernière.
Les chœurs mythiques du groupe ne sont néanmoins pas en reste. Utilisés avec d’avantage de parcimonie, ils donnent à chaque apparition une intense résonance à la composition ("Girl’s Not Grey", "But Home is Nowhere"). Ils forment une nouvelle fois le cœur des parties chantées, amènent un élan de fougue et propulsent les refrains. C’est ainsi qu’ils acheminent vers un épilogue en deux temps. "The Leaving Song" d’abord, qui à l’instar de "Morningstar" offre à Havock 2min44 de solitude lyrique, puis "But Home is Nowhere" où les notes cristallines d’une piano viennent clore en apothéose ce cinquième chapitre.

Au final, Sing The Sorrow donne réellement l’impression d’une œuvre harmonieuse, parfaitement achevée ou rien n’aurait été laissé au hasard (paroles, artwork, site caché accessible par le cd). AFI semble pour ce fait avoir bénéficié d’un gros travail de la part de son duo de producteurs, spécialistes en grand succès commerciaux. Et cet album ne fit pas exception, atteignant des sommets dans les classements des charts américains et canadiens, ce qui lui valu la désapprobation d’une partie des amateurs de punk/hardcore. Le côté légèrement popisant de certains passages ("Silver and Cold" et son commencement à la guitare très smashing pumpkien…)ou le léger recul des parties hardcore par rapport aux albums précédents fut reproché par certains. Reste néanmoins, l’évidence d’une œuvre profonde, riche, réalisée avec passion et talent qui lui vaut à n’en pas douter le titre d’album d’anthologie.

Ecouter sur PureVolume: "The Leaving Song Pt II"; "Girl's Not Grey"; "Silver and Cold"

A écouter : En boucle mais plus particuli�rement Bleed Black; Death of Seasons; Girl�s Not Grey
14.5 / 20
1 commentaire (20/20).
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The Art Of Drowning ( 2000 )

Enregistré au Fantasy Studio sous la houlette de Chuck Johnson (Nick Cave, Korn), The Art of Drowning marque la troisième production de la formation renouvelée, un an seulement après la parution du remarqué Black Sails in the Sunset. L’album se veut un subtile mélange d’agressions furieuses et de funeste mélancolie, nourri par l’omniprésence de la mort et de la résurrection.

Le cimetière en  couverture augure de cet esthétisme sombre qui sied tant au groupe, dans la lignée des Misfits qu’ils citent comme influence. C’est donc logiquement que l’album s’ouvre sur la lente introduction d’une guitare esseulée qui vacille entre des bruits étranges, semblable à un chemin qui mène droit à la deuxième composition, là où tout commence réellement.
"The Losts Souls" s’engouffre dans le murmure d’un vent de transition, fait un court instant parader les instruments les uns après l’autre, puis s’embrase dès les premiers mots de Davey Havok. AFI donne d’entrée sa pleine mesure. Batterie ultra-rapide, guitares brutes, chœurs qui se répondent. A peine le temps de souffler que la basse de "The Nephilim" fait le pont vers une nouvelle démonstration féroce. "Sacrifice Theory", "Of Greetings and Goodbyes", "Smile"... les pistes s’enchaînent avec une fougue qui semble n’avoir de limite.
Cela dit, cette furie peut parfois sonner quelque peu répétitive étant donné que beaucoup de morceaux ont une structure identique.... Une première suite d’accord, la rythmique qui explose, le chant éreinté, bouillonnant, un refrain qui revient soutenu par les chœurs, une reprise des premières paroles…

Si derrière cette logique l’album peut sembler un peu trop punk « basic », le quatuor au delà de ça parvient à imposer une identité propre, reconnaissable entre toute. Et cela il doit majoritairement à sa partie chantée. La voix d’Havok d’abord ; aiguë, criarde, souvent au bord de l’étranglement, puis cet entremêlement fait de chœurs, de superpositions et de cris qui se répondent. Les œuvres précédentes résonnaient déjà de cette manière de faire particulière, mais The Art of Drowning, pousse le procédé plus loin encore, en tire toute son intensité. Par ce chant collectif, AFI s’affirme comme un groupe de scène, désireux de faire participer son public dans l’exécution de ses mélodies. Fidèle à sa réputation et à son nom, le combo livre une production puisée au fin fond de ses entrailles. C’est d’ailleurs cette authenticité, ce feu intérieur qui permet au groupe d’ouvrir des nouveaux champs d’exploration par rapport à ses précédents opus. Ainsi, si certaines compositions paraissent jouées à la limite de la rupture, d’autres laissent place à des ralentissements ("A Story at Three"). La voix se fait alors feutrée, caverneuse ("Ever and A Day"), le rythme flirte avec un rock plus lent, destiné à laisser le temps aux paroles de se graver dans l’instant. "Morningstar" parachève ces dérivées de mélancolie au travers d’une ballade où seul un violon et une guitare se frôlent, sur un fond de poésie nocturne.

The Art of Drowning peut pécher par son sentiment de passages un peu trop répétitifs, ou par sa structure musicale ou vocale trop identique (ce qui peut s’expliquer par le temps restreint passé entre les deux albums de 1999 et 2000). Pourtant, le groupe ici est parvenu à poursuivre son propre héritage à la croisée du punk et de l’émocore, sans décevoir son public. Mieux encore, par l’avancée qu’il a exploré vers des rythmes plus complexes, The Art of Drowning a magistralement contribué à l’avènement de Sing the Sorrow.

A écouter : The Lost Souls; Sacrifice Theory; Morningstar