The Ivory Miracle n'est que le premier ep des nantais d'A Prison Called Earth qui fait suite à la démo / album de 2010 et qui, malgré sa courte durée, parvient à captiver grâce à un savoir faire déjà impressionnant.
Six titres forment cet ep, d'une durée d'un petit quart d'heure. Les morceaux se suivent et constituent en fait un seul et même développement évoluant dans un style Rock / Metal Progressif assez similaire à la scène néo prog polonaise très vivace ces derniers temps avec Riverside, Lunatic Soul, Votum ou même Tides From Nebula. A Prison Called Earth réuni là tous les ingrédients pour en faire une belle carte de visite et nous transporter loin, dans la stratosphère pour admirer notre belle planète.
The Ivory Miracle s'ouvre sur un fond ambient à la douce quiétude et dont on en tarde par à découvrir la luxuriance en suivant les bruits de pas de votre guide qui vient là conter son histoire. A Prison Called Earth voit large, s'envole rapidement dans les airs et explore les grands espaces. En témoigne Vertical Ballet où se conjugue spoken words, guitares aériennes, percussions pesantes et soli de claviers futuristes. Le solo est parfaitement dosé pour faire prendre encore plus de hauteur au morceau, dont se distingue la très belle voix claire de Florent. Infinite Cloisters est d'une beauté remarquable, toute en simplicité, unie par les arpèges acoustiques, phrasé reposant et un bref solo de clavier à la sonorité presque 8bits alors que le luminescent The White Inheritance est auréolé d'une ambiance presque magique. Sur un final en grand huit, Of Grandeur And Splendor et Unflexible prennent plusieurs directions, se complexifient, proposent des phases plus groovy, montant en intensité et aboutissant sur des plans ou s'affrontent sans retenues guitare et claviers pour un duel épique.
Techniquement au point et muni d'une production qui rend honneur à la grandeur de leurs compositions, A Prison Called Earth est un groupe qui sait se donner les moyens pour aboutir à une musique audacieuse, mais qui ne tombe jamais dans les travers d'un Metal Progressif pompeux et kitsch. Tout semble ici très travaillé, mais ne prend jamais le pas sur les émotions qu'ils souhaitent transmettre. Si la durée de l'ep est très courte, où l'on aurait souhaité que le groupe développe d'avantage ses ambiances, remis dans son contexte, une ambitieuse pièce de 15min qui se tient parfaitement d'une bout à l'autre, la remarque est à pendre entre guillemet. On notera également la diction anglaise du batteur / chanteur qui peut sembler un peu pataude et fractionnée sur les spoken words alors qu'elle aurait gagnée à être plus fluide, comme la musique. Rien qui ne rebute l'écoute, cependant.
The Ivory Miracle est donc à découvrir pour tous les amoureux de Progressif, ceux qui préfèrent quand les groupes savent se montrer (relativement) pondérés, ne tombent pas dans la surenchère technique et arrivent à créer un univers abouti et personnel. On leur demande juste qu'ils confirment tous ces bons points par la suite.