Salué en tant que groupe jouant le plus fort en concert, porté par un premier opus qualifié de coup d'éclat, A Place to Bury Strangers était attendu au tournant : Le trio Américain allait-il pouvoir évoluer suffisamment pour ne pas décevoir ? Les musiciens auront-ils eu assez d'inspiration pour ne pas livrer un second opus trop semblable au premier, tout en restant assez proche pour ne pas désenchanter les adeptes ? Difficile de statuer au final tant les attentes varient et la musique s'apprécie différemment. Pourtant, derrière son artwork intrigant, Exploding Head va se révéler aussi explosif et séducteur, si ce n'est plus.
Dès les premières écoutes, ce nouvel album apparait comme plus lourd que A Place to Bury Strangers : le raz de marée craché par les enceintes ne laisse aucune issue et piège l'auditeur dans un vrombissement de notes et de mots. Les bases Post-Punk (Joy Division) sont toujours présentes, flirtant avec énormément de Shoegaze (My Bloody Valentine) pour un résultat qui s'annonce haut en couleurs malgré son artwork teinté de gris. A Place to Bury Strangers a gagné en assurance, emplit le moindre espace libre de la pièce, ce que tentaient de faire avec quelques difficultés des compos comme She Dies ou Breathe sur A Place to Bury Strangers. Même si l'influence de Ian Curtis et ses sbires semble toujours distillée dans des dimensions plus psychés (Deadbeat, Everything Always Goes Wrong), la touche PostPunk garde la mainmise sur la base rythmique, tout en octroyant aux cordes une part plus importante dans les mélodies. En ressortent des morceaux plus entrainants (I Live my Live in The Shadow of Your Heart) sans quitter la volonté de Mur Du Son (Ego Death). A place to Bury Strangers se la joue grandiloquent, rouleau compresseur musical qui n'a rien à envier à ses collègues, oscillant entre intensité et folie, bourdonnement et escapade sonore, tsunami plus dévastateur qu'A Place to Bury Strangers.
Exploding Head recèle de pépites, alternant parties rythmiques et riffs saturés sans jamais s'engouffrer dans une quelconque compo peu inspirée. Pas de grosses difficultés lors de l'écoute du disque, si ce n'est le fait de s'adapter à ce son saturé : tout est calculé au millimètre prêt, même lorsque les effets se succèdent avec audace. De Everything Always Goes Wrong à Deadbeat, A Place to Bury Strangers s'offre le luxe de poser mélodies et basse ronflante avec une fragile sincérité (Lost Feeling, Deadbeat) sans lâcher ce grésillement sourd et continu qui fait le charme et la puissance de cet album.
Plus abrasif, massif, cet opus se hisse en haut du panier des récentes sorties et se révèle prêt à y rester pour un bail. Loin de n'être qu'un coup d'éclat, le premier disque n'aura été finalement qu'annonceur d'Exploding Head. A en retenir quelque chose, ce serait cet effet de papier de verre qui écorche les tympans. A en oublier quelque chose, ce serait de chercher le moindre souffle d'air frais. Ma tête explose.
A écouter : Avec une bonne paire d'enceintes...