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Biographie

A Perfect Circle

Tout commence quand Billy Howerdel (ingénieur son ayant travaillé avec Tool, NIN, David Bowie …) commence à composer avec Paz Lenchantin (Zwan) des instrumentaux dans l’optique de poser une voix féminine sur ces mélodies. James Maynard Keenan (Tool), co-locataire de Billy pose ses oreilles sur ces embryons de chanson et, séduit, propose d’assurer les parties vocales. A Perfect Circle est né. Entouré de musiciens prestigieux le groupes accouche d’un premier magnifique album : Mer de noms (dont le nom complet est en fait « une cascade de prénoms pour une mer de noms », titre en français plus qu’énigmatique). Cet album brille par son artwork plus que travaillé (le groupes s’est même permis la fantaisie de recourir un alphabet étrange, l'enochian : le langage des anges ...) mais surtout par une musique emprunte de mélodie, de beauté et de sincérité. A Perfect Circle est plus qu’un simple projet parallèle, mais bel et bien une formation à part entière en témoigne leur second album Thirteenth Step (en l’absence de Paz remplacé par Jeordie White plus connu sous le nom de Twiggy Ramirez, ex- bassiste de Marilyn Manson) sorti fin 2003. En 2004 sort eMOTIVe, un véritable hymne à la paix, en effet, il ne ne contient que des reprises de chansons pour la paix (John LennonJoni MitchellMarvin Gaye, …). Son enregistrement a impliqué la plupart des ex et actuels membres de A Perfect Circle. La reprise du titre Imagine de John Lennon est sujet à de vifs débats: certains estiment que la dénaturation de cette œuvre utopique (au profit d'une ballade mélancolique et déprimée) ne devrait être. D'autres voient justement en ce changement de nature, tout le génie de APC, qui exprime par là même le désenchantement de leur génération, la perte de l'espérance en un monde meilleur, que d'autres pouvaient encore nourrir quelques années auparavant. Parallèlement à eMOTIVe, le groupe a produit un coffret CD/DVD intitulé aMOTION, contenant des clips, des vidéos inédites ainsi que des faces-B et des remixs. Entre 2004 et 2008, A Perfect Circle est en suspens, principalement à cause de l'implication de Keenan avec Tool. La plupart des membres travaillent sur des projets parallèles ou des albums solo. Aucune reformation annoncée, tant en studio que sur scène, bien que le groupe ne soit pas officiellement séparé. Cependant, en décembre 2008, dans une interview accordée au site blabbermouth.net, et à nouveau plus tard lors d'une interview radio4, Keenan annonce que lui et Howerdel sont en train d'écrire de nouveaux morceaux pour un nouvel album et peut être même des tournées. De plus, la chanson The Outsider de l'album Thirteen Step se retrouve dans le film Resident Evil: Afterlife. Le 13 septembre 2010, le groupe annonce sa reformation via son site officiel. Seule une petite tournée est prévue avec 3 dates dans 5 villes différentes des États-Unis, où le groupe jouera la totalité d'un de ses albums à chacune de ces représentations.

15 / 20
30 commentaires (15.5/20).
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Eat The Elephant ( 2018 )

Certaines choses prennent du temps. Le processus créatif nécessite parfois de nombreuses années pour arriver à son terme ; mais 14 ans, il faut admettre que c’est particulièrement long. Eat The Elephant est l’aboutissement d’une éternité d’un travail minutieux autour de ce qui n’est plus un projet annexe de Maynard James Keenan (Tool, Puscifer). Et comme tout successeur qui s’est fait attendre longtemps, il suscite un torrent de réactions et d’attentes auquel il ne peut échapper. Alors, sauras-tu nous satisfaire, héritier prodigue ?

D’abord un peu de symbolique. Le nom d’A Perfect Circle n’est pas anodin : la géométrie est chargée de significations, surtout quand elle est dite parfaite. Le cercle parfait est supposé représenter le tout fini et infini, l'unité et le multiple, le plein et la perfection. Autant de thématiques généralistes qui n’ont pas de rapport direct avec Eat The Elephant. Pourtant si l’on s’y attarde un peu plus, on s’aperçoit que le logo du groupe est formé de deux demi-cercles asymétriques qui ne forment donc pas un cercle parfait. La signification du demi-cercle est la matrice, le ciel et la présence de l'esprit divin dans sa projection sur la terre, le visible et l'invisible. Ces thématiques ci trouvent leur écho dans la critique menée par Keenan sur la société moderne : religion, politique, connexion entre les Hommes etc. 

Comme d’habitude, l’écriture de Keenan est pleine de références et de sous texte, les interprétations possibles sont volontairement multiples et leur signification véritable demeure cachée. Pourtant, elles prennent pied dans une réalité froide et objective (So Long And Thanks For All The FishHourglass) et dans les enjeux qui  régissent notre quotidien en tant qu’individu mais aussi en tant que citoyen. The Doomed est une critique plus ou moins ouverte lancée au visage de Trump et de sa politique, mais le faire en détournant des citations des Béatitudes de la Bible, il fallait oser. La religion sans être une thématique centrale revient comme un outil d’interprétation et de compréhension (TalkTalk, The Contrarian), une grille de lecture supplémentaire qui vient encore étoffer le travail effectué sur les compositions.

On ne le répétera jamais assez : il n’y a rien de plus compliqué que de faire des choses simples. Tout le génie d’Howerdel et de Keenan est d’avoir su polir leur œuvre pour la rendre brillante sans la dénaturer. Beaucoup d’éléments surprenants viennent se glisser discrètement dans l’oreille et il faudra parfois plusieurs écoutes pour saisir la profondeur de l’océan sonore sur lequel on navigue. Une orchestration (So Long And Thanks For All The Fish), un soupçon de Pop (Delicious), beaucoup moins de guitares saturées, un poil d’électro (Hourglass) … tous ces petits éléments qui apportent de la fraîcheur sans toucher à l’identité si prégnante d’A Perfect Circle.

Pourtant la vraie claque se situe au niveau du talent déployé dans les progressions. La gestion de l’auditeur est menée d’une main de maître : jamais on ne décroche, aucun passage n’est trop long ou trop court, tout a été étudié pour faire naître et grandir des images dans les oreilles. Le fait qu’Howerdel puisse déléguer la partie de la production à Dave Sardy (Barkmarket, Marilyn Manson, Oasis et de nombreux films) lui aura permis de déployer son talent créatif et ainsi de faire naître des chef d’œuvres comme TalkTalk, The Contrarian, Feathers ou By And Down The River

Dire qu’Eat The Elephant était attendu est un euphémisme ridiculement peu représentatif du retentissement qu’a eu l’annonce de sa sortie. L’histoire de cette album est une véritable aventure tant les rebondissements qui l’ont marquée sont nombreux. C’a été long et difficile, on y croyait presque plus … rarement un groupe n’aura réussi un comeback avec autant de talent. 

Nous avons eu la chance d'interviewer Billy Howerdel ici 

A écouter : Pour comprendre
14.5 / 20
28 commentaires (12.38/20).
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eMOTIVe ( 2004 )

Les questions concernant la politique impérialiste et agressive (voire carrément guerrière) des Etats-Unis ont beaucoup remué les esprits ces derniers mois et quand des musiciens tels que ceux d’A Perfect Circle décident eux aussi de faire enttendre leur voix par le vecteur sonore on ne peut que saluer la démarche et se pencher avec une attention et un enthousiasme non dissimulé sur ce eMOTIVe, dernier effort en date du groupe. Premier constat : l’album est en quasi-totalité constitué de reprise d’horizons divers. Second constat : le chant n’est dorénavant plus le privilège de James Maynard Keenan mais se partage avec le guitariste, Billy Howerdel. Dernier constat : le groupe s’est entouré de musicien aussi prestigieux que Danny Lohner, Trent Reznor ou encore Pas Lenchantin. Tout semble réunis pour enfanter d’un petit prodige.
Annihilation (reprise de Crucifix) nous entraîne dans la danse. Le chant uniquement chuchoté accompagné d’une instrumentation discrète donne à ce morceau des allures de berceuse et sonne bien plus comme une introduction que comme une véritable chanson. Pris par la main on nous amène délicatement vers ce qui est pour moi le titre d’eMOTIVe. Imagine est re-travaillé d’une main de maître. La version originale n’est pas cachée bien loin mais ce réarrangement lui offre une peau neuve aux allures grandioses. John Lenon n’est en rien travesti, la mélodie sonne comme une invitation à rêver et on ne peut que succomber au génie déployé lors de ces quelques minutes. Ma jubilation débordante sera pourtant vite canalisée … Peace Love And Understanding (d’Elvis Costello) ampute quelque peu mon plaisir. Billy Howerdel a beau posséder une voix égalant en intensité celle de Maynard, la composition ne me séduit qu’à moitié, j’espère des reliefs capable de me sortir de ma dubitation mais ils n’arrivent pas. What’s Going On (de Marvin Gaye) ne me surprend pas davantage. Le talent d’APC m’apparaît comme tapi, le groupe restant peut-être trop proche du style original des morceau et ne se les appropriant pas suffisamment. Je ne reconnais pas vraiment les auteurs du fabuleux Thirteenth Step … j’attendais peut-être beaucoup trop de ce nouvel opus. People Are People (reprise de Depeche Mode) et When The Leeve Breaks (reprise de Memphis Minnie) me laisse également ce léger goût amer au creux des tympans sans pour autant être désagréables à l’écoute.
C’est plus avec des titres tels que Freedom Of Choice (de Devo) ou Let’s Have A War (reprise de Fear) que mes neurones retrouvent leur enthousiasme.  Pourtant il faudra attendre un destructuré Gimmie Gimmie Gimmie (de Black Flag) rappelant fortement un Tool rageur ou un Fiddle And The Drum (de Joni Mitchell) à capella pour que je m’enchante à nouveau. Passive m’arrachera même un sourire gratuit :  l’énergie déployée n’empiète en rien sur la finesse des arrangements, ne reste qu’un refrain accrocheur pour abattre mes dernières réticences. Counting Bodies Like Sheep To The Rhythm Of The War Drums (remix de Pet) me séduira avec la même facilité me rappelant par certains aspect Die Eier Von Satan de Tool. Difficile de porter un regard sur l’ensemble de l’album tant il me paraît inégal et décousu. Discerner une homogénéité  parmis ce collage de reprises toutes relativement fidèles aux versions originales et donc diverses dans leur style me paraît un exercice difficile.
Tiraillé, je ressens une légère déception envahir mes orteils : eMOTIVe me paraît bien loin de ce que le groupe peut produire et n’égale pas l’intensité atteinte avec Thirteenth Step. Il constitue pourtant un très bon album que je n’imagine pas dispensable mais il gagnera sûrement bien moins souvent ma platine que ses prédécesseurs …

A écouter : Imagine, Passive, Annhilation, Freedom Of Choice ...
12 / 20
28 commentaires (12.38/20).
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eMOTIVe ( 2004 )

  Un nouveau disque de la bande à Maynard Keenan et Billy Howerdel est toujours un évènement. Cette fois-ci le groupe nous prend par surprise, car le temps est généralement espacé entre la parution de deux albums. Toutefois, l'idée consiste ici à réunir des reprises variées s'articulant autour de thèmes tels que la paix, la non-violence ou encore la tolérance. Pour parachever son concept, A Perfect Circle envisage de sortir cet album le jour même de l'élection présidentielle américaine, à savoir le 2 novembre 2004.
  Une mélodie enfantine fait office d'introduction à cet album, avec en prime la voix de Maynard Keenan qui se veut autant rassurante que chuchotée, dans l'intention d'exacerber une certaine fragilité en dépit du titre "Annihilation". Le pari s'avère néanmoins plus délicat sur le titre suivant. Véritable ode au pacifisme, "Imagine" du regretté John Lennon fait partie du patrimoine musical mondial. Toutefois le groupe réussit avec brio une adaptation personnelle du titre, quoique plus sombre et pesante, à l'image du chant de Keenan et du rythme sévère de Josh Freese. Parti sur une telle base, A Perfect Circle a tout pour mettre l'auditeur dans sa poche. Il n'en est rien. Malgré l'agréable passage au chant de Billy Howerdel sur "Peace, Love And Understanding", le titre s'avère excessivement linéaire dans sa structure. Malheureusement c'est loin d'être le seul.
  En effet, c'est Marvin Gaye qui passe au crible avec l'adaptation de son titre phare "What's Going On?". Mais ici encore, A Perfect Circle ne fait pas preuve d'une grande originalité. Une seule boucle rythmique est utilisée, le tout accompagné d'un chant monocorde et de sonorités brouillonnes en toile de fond. "Passive" renoue avec un registre plus traditionnel pour le groupe, bien qu'il ne soit pas pour autant du niveau de titres issus de Thirteenth Step ou encore de Mer De Noms. Se plaçant visiblement dans l'optique de prendre l'auditeur à contre pied, "Gimme Gimme Gimme" risque d'en dérouter plus d'un. Maynard Keenan, habituellement associé à un chant mélodique maîtrisé et puissant, opte ici pour une superposition de voix proche du borborygme. Il est d'autant plus déstabilisant que la musique ne se prête pas forcément à cette figure de style. "People Are People" se veut quant à lui un titre proche de l'électro, sûrement en raison de son affiliation au groupe Depeche Mode. N'étant pas déplaisant, il ne déroge pas pour autant au caractère répétitif dont semble être frappé la plupart des titres de cet album. C'est le cas également pour le très drum'n'bass "Let's Have A War", sur la parodie trip-hop "When The Levee Breaks", ou encore sur "Counting Bodies.." qui est un remix du titre "Pet" issu de Thirteenth Step. "Fiddle And The Drum" clôt de manière minimaliste cet album, au rythme des seules voix de Maynard Keenan et de Billy Howerdel.

 

  Inutile de cacher la déception que procure eMotive. Malgré un démarrage sous les meilleurs auspices, l'album sombre vite dans une excessive linéarité. Il ne s'agit que d'un album de reprises certes, mais on est bien loin de l'excellent Renegades de Rage Against The Machine. La déception est d'autant plus grande que tout ce qu'entreprend Maynard Keenan est bien souvent une réussite. De plus, il est indispensable de prendre en compte l'aspect politique que revêt cet album, au sein duquel  le fond a visiblement primé sur la forme. eMotive n'est pas un album, c'est un manifeste.

A écouter : Imagine, Passive, Let's Have A War
13 / 20
5 commentaires (14.2/20).
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aMOTION ( 2004 )

Quelques semaines après avoir édité eMOTIVe, constitué de reprises,  le collectif mené par Billy Howerdel et Maynard James Keenan sort aMOTION, DVD augmenté d’un CD bonus de 9 remixes.

On sait la haute exigence artistique de A Perfect Circle : compositions raffinées, chant juste et admirable de lyrisme contenu, des textes réellement dignes d’être qualifiés de poèmes, une production précise, des pochettes superbes et énigmatiques. Les clips, ci-réunis sur DVD, constituent une preuve supplémentaire de la portée réellement artistique de l’œuvre du groupe.

Alors que tant de clips sont réalisées avec désinvolture et montrent simplement le groupe en train de jouer en playback (un genre dont les Deftones sont champions : Deftones dans le désert, dans un garage, dans un entrepôt désaffecté, sur un radeau…), certains de A Perfect Circle apportent un complément réel à la musique et donnent sens aux paroles.

C’est David Fincher (Seven, Fight Club), l’un des tout meilleurs réalisateurs américains de ces quinze dernières années , qui a réalisé leur premier clip, Judith. On reconnaît bien la patte Fincher dans le montage, la lumière, l’aspect dérangeant et cru de l'image. La mise en scène ne frappe pas par son originalité (playback dans un hangar, où l’on devine furtivement des décors de cinéma) ; ce premier clip fait presque office de présentation du groupe.

Sobre au début, puis stylisé et élégant, 3 Libras met en scène M.J. Keenan, livré à ses démons. Weak and Powerless est sans doute le plus beau et le plus élaboré, qui rappelle, sur le déroulement des images, la technique déjà employée dans le clip There There de Radiohead. Une femme (celle que l’on retrouve sur la pochette du second album) cherche en vain à combler un trou en y jetant serpents, lézards et arachnides. Métaphore de la faiblesse et de l’impuissance face à la dépendance (alcoolique, narcotique, amoureuse), ce clip vient donner tout son sens aux paroles.

Les clips de The Outsider et Thinking of You mettent en scène les Bikini Bandits, gang de nanas héroïnes de plusieurs films underground, mélange de « Tarantino et Russ Meyer ». On appréciera la drôlerie de ces pin-up en bikini vandalisant les Américains moyens, narguant les obèses, les boutonneux et les employés de supérette et de station-essence — ou on déplorera le sexisme. Le premier a été réalisé par défaut, le groupe n’ayant pas trouvé satisfaction dans les propositions de scenarii. Au final, aucun rapport entre la chanson et le clip. La première, inspirée par une expérience personnelle du chanteur, traite de l’addiction ; la seconde est une évocation de la masturbation en fantasmant à la sodomie.

Blue est une chanson sur l’aveuglement de qui refuse de voir que celui/celle qu’il/elle aime s’enfonce dans l’addiction et se mortifie (« I didn’t want to know », chante Keenan). De façon assez prosaïque, la vidéo reprend l’idée, montrant une femme pleurant aux funérailles de son mari, puis le déterrant, puis dînant et conversant avec lui. Si le sujet est morbide et dérangera les plus coincés (l’étreinte entre la vivante et son défunt, à la fin), ce clip, qui illustre et éclaire les paroles, est aussi beau que la chanson elle-même.

Signalons la vidéo d'un des meilleurs morceaux du groupe joué en live : The Noose. Vidéo réussie et qui retransmet assez bien l’ambiance tamisée et capiteuse d’A Perfect Circle sur scène.

Il y a enfin les deux vidéos issues de eMOTIVe, album très orwellien. Couting Bodies Like Sheep To The Rythm Of The War Drums, cocasse animation sur un sujet tragique : la prise de possession des esprits. On y voit des hommes se transformer en moutons et les contestataires être assassinés. Omniprésence de Bush et de la télévision. Le clip et la chanson (une des rares merveilles du dernier album) évoquent l’intoxication propagandiste. Superbe réussite.

Celui de Imagine vient souligner la génialité de cette reprise de John Lennon. Les images qui accompagnent la musique confirment les impressions et les buts du groupe, qui ne s’est pas trompé en osant s’attaquer à ce classique du rock, dont le sens a été totalement perverti. Le piano, avec ses airs de marche funèbre, et les images de la troisième guerre du Golfe viennent souligner le tragique de la question qui ouvre le morceau : « Imagine there’s no heaven », qui semble signifier : « Imaginez qu’il n’y ait même pas de paradis, pas d’espoir et voyez où nous en sommes. » C’est fatalement beau et désarmant. En bas de l’écran défilent des informations, façon CNN, annonçant des résultats sportifs et autres banalités, alors que l’écran vomit le spectacle impudent de la guerre et de l’horreur. Dénonciation de la destruction faite spectacle. Le clip joue aussi sur des effets que les mauvaises langues qualifieront de « faciles » : contraste entre pauvreté et opulence, entre victimes et criminels de guerre, dictateurs et terroristes d’Etat (Bush Jr., Mussolini, Mao, Castro, Lénine, Hitler, Saddam Hussein, Staline), concours de « je mangerai plus que toi » et enfants faméliques, etc. Pourtant, loin de livrer une vision parfaitement pessimiste, la chanson n’est pas dénuée d’espoir. Et des images apaisées viennent souligner un refrain et un pont moins sombres, notamment celles de foules en liesse (concert, sport, manif) : « Imagine all the people, sharing all the world »… Une vraie réussite. Contrairement à eMOTIVe là, le fond et la forme s’égalent et se complètent.

Signalons à présent les incontournables bonus. Les clips et chansons sont commentés par Maynard James Keenan et Billy Howerdel, qui apportent un éclairage sur leurs ambitions artistiques, les raisons du clip, les paroles et la musique. On y trouve aussi une version plus longue de The Outsider et les trois versions alternatives de Blue en lice pour devenir le clip officiel. Et puis trois bandes annonce de films avec les Bikini Bandits, dont une assez cocasse. Maynard et une des bimbos, sirotent un alcool dans une piscine avec vue sur la colline de Hollywood et se livrent à une (fausse) provocation francophobe, la nana allant jusqu’à dire : « Je baiserais bien Joey Starr s’il n’était pas un pédé. »

Décision de la maison de disque motivée par le lucre à l’approche de Noël ou volonté du groupe de ravir les fans ? Quoi qu’il en soit, les fans hardcore du collectif y trouveront leur compte. Les simples amateurs du groupe devraient plutôt passer leur chemin.

NB : Pour ce qui concerne le CD de remixes, il est si mauvais qu

A écouter : (A voir, surtout) Weak & Powerless, Counting Bodies..., Imagine
19 / 20
73 commentaires (18.1/20).
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Thirteenth step ( 2003 )

Thirteenth Step est de ces disques dont il difficile de parler tant, par le génie et le talent réuni, il est inconcevable de les classer, de les comparer … même de les décrire. Un pas est franchi par rapport à la Mer de Noms, c’est indéniable. Peut-être moins agressif au premiers abords mais tellement plus intense. Les titres s’effacent tant ils forment un tout, un unique empruntant, puisant en chaque musiciens une parcelle, une influence, réunies au sein du cercle. On retrouve ainsi, se côtoyant, Tool dans l’aspect brutal et sombre ou encore Pink Floyd pour un côté rock expérimental qui marque chaque morceaux. Les douze pas du cercles sembles indissociables malgré leur diversité, à tout les niveaux : forme, silhouette, rage …

Ces derniers temps j’avais quelque peu perdu de vue que la musique pouvait, et se devait avant tout, d’émouvoir. Ils mon apporté le remède à cette amnésie émotionnelle … la gorge se serre, on frémit, on se retrouve noyé par les sons, le temps de ces quelques minutes l’extérieur et son ordinaire perdent leur emprise sur notre sensibilité. On est happé, en quelque sorte démuni, et nos pas ne sont plus rythmés que par la mélodie, notre esprit errant entre beauté, douceur, mélancolie et même violence. Retranscrire la qualité de la musique, de la production, des musiciens se révèle chose impossible … On ne peut que tenter de traduire en quelques mots l’émotion que constitue ces quelques minutes qui s’égrènent en dehors du temps, furtives telle l’empreinte de chaque chanson dans nos neurones, légère mais omniprésente, comme un souvenir.
A perfect circle offre ce qu’il y a de plus profond dans la musique : une émotion pure et touchante telles que seuls de rares groupes peuvent produire … Nihil et Sigur Ros font partie de ceux là. Il ne faut pas entendre par là que les morceaux sont de sombres guimauves sans non mais simplement que chaque note sonne juste et émets un écho que d’autre chanson n’émette pas, un écho qui frappe là ou on ne s’y attends pas … Les artifices ou autres effets ne sont pas accumulés à outrance, une certaine sincérité prime sur l’excès, l’étalage inutile de tape-à-l’oreille ce qui n’empêche par les musiciens d’impressionner.
Comme à son habitude, le groupe s’est aussi concentré, au delà de l’aspect musical de l’album qui aurait déjà bien suffisant, sur l’aspect visuel. Moins agréable à l’œil que celui du premier album, le visuel n’en ai pas moins très énigmatique, à l’image de la vidéo du single Weak and powerless ou les membres se sont même permis de ne pas apparaître (à la manière de Tool dont chaque clip est un vrai régal).

Les discours ne suffisent pas pour rendre compte du chef d’œuvre que représente cet album … seule une écoute peut en dévoiler les contours … de nombreuses seront nécessaires pour en distinguer les formes. Douze pas se succèdent, le treizième est anonyme et reste donc à franchir … peut-être par nous même. Une chose semble acquise : si le bonheur avait une représentation, ce serait à coup sûr un cercle parfait …

A écouter : Toutes et en boucle ...