Après un split album dantesque avec Black Castle, A Day In Black And White a vu les choses en grand pour ce premier sur Level-Plane. Les gaziers ont fait appel à Kurt Ballou (Converge) pour la mise en boite. Son énorme. Initiative gagnante. Le hardcore foudroyant souffle sur les braises post-rock. My Heroes Have Always Killed Cowboys est la retranscription explosive de 5 morceaux long-formats, intenses et hauts en couleurs.
A Day in Black & White, c'est avant toute chose l'Art et la Manière de maintenir en vie la mélodie au sein d'une rudesse et d'une tension permanentes. Le point de rupture atteint, la mèche totalement consumée, A Day In Black And White se jette de la falaise avec pertes et fracas. Se déverse alors un flot continu d'émotions vives colorées en filigrane par une mélancolie et un désespoir latents. Un désespoir tressé par une manière bien particulière de balancer les vocaux et les notes en patûre dans un bouillon rythmique bruitiste et désabusé.
Au delà de cet aspect obscur et dépressif, A Day in Black & White montre des allures conquérantes et littéralement épiques, la faute à ces passages mélodiques imparables à la rythmique cinglante et au tempo allant crescendo ("Forward / Backward", "Storming the Bastille"). On pense alors inexorablement aux longues tirades émotionnelles de City of Caterpillar et dans une moindre mesure aux injections d'adrenaline inoculées par Envy. Les ambiances et les atmosphères se suivent et ne ressemblent pas. Sinueuses, les compositions s'immergent dans l'obscurité, jaillissent toujours plus puissantes, puis reprennent du souffle en jouant sur les silences.
A Day in Black & White possède ce grain de folie qui leur permet d'intégrer sans complexe des passages instrumentaux à un free-core à la fois mélodique et noisy. Cette tendance audacieuse fait toute la personnalité du combo, et ce, même si des morceaux comme "The Gaze" ou "The Illusion of the End" viennent de temps à autre jouxter abusivement les frasques progressives de Godpspeed You ! Black Emperor. My Heroes Have Always Killed Cowboy galope à tout vitesse sur d'abruptes montagnes russes tant musicales qu'émotionnelles, autant vous dire qu'on descend du wagon l'estomac en vrac. A n'en pas douter, une des meilleures surprises hardcore de cette année.
A écouter : Les jours brumeux