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Biographie

6:33

Formé à Paris en 2010, 6-33 ne tarde pas à sortir un premier album en 2011, intitulé Orphan Of Good Manners. Au programme, metal barré saupoudré de quelques pincées de mathcore et de bien d’autres choses. En 2012, alors que son chanteur vient de partir, le groupe fait appel à Arno Strobl (ancien chanteur de Carnival In Coal), qui avait déjà fait un featuring sur leur premier album, et ils ne tardent pas à collaborer ensemble. Le résultat sera l’EP Giggles, Garlands and Gallows, 3 titres pour 30 minutes, inspiré de l’univers du cirque et des fêtes foraines (mais pas que). S’enchaînent des tournées en première partie de Devin Townsend et Shaka Ponk, puis le groupe, toujours accompagné d’Arno Strobl, ainsi que de son nouveau chanteur Rorschach, remet le couvert avec un deuxième album, The Stench From The Swelling, qui sort en avril 2013 en France, et en octobre 2013 dans toute l'Europe.

Chronique

16.5 / 20
16 commentaires (16.13/20).
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Deadly Scenes ( 2015 )

Si vous n'avez toujours pas compris que la nanophobie est une maladie contagieuse, si vous pensez toujours qu'aller au cirque est une activité saine, et si vous êtes complètement passé à côté d'un des meilleurs albums de fusion / métal d'allégeance pattonienne (le chanteur hein, pas le général), voici, servie sur un plateau d'argent signé Kaotoxin (le label lillois qui monte), votre seconde chance.
Exit les clowns, les femmes à barbe et les nains à la libido outrageuse, on se concentre ici sur un tout autre cirque, pas forcément plus reluisant, pas évident non plus à mettre en scène - car avec 6:33 on parle bien de mise en scène, mais on y reviendra plus tard - mais foutrement puissant : les sept péchés capitaux.

On synchronise nos montres, on règle la petite aiguille sur 6, l'autre sur 33... c'est bon ? A la bonne heure...

Que peut on attendre d'un nouvel album de 6:33, eux qui avaient tellement frappé fort avec The Stench From The Swelling (A True Story), marqué les esprits et démontré avec talent leur capacité à plonger l'auditeur au coeur de titres tous incroyablement charismatiques. Que peut on attendre de Deadly Scenes (ça y est vous avez saisi le jeu de mot ?), sans Arno Strobl (Carnival In Coal) qui plus est, parce que ce serait se voiler la face que de minimiser la participation du bonhomme sur l'opus précédent : de temps en temps y a un homme [...], un homme qui est exactement à sa place, qui colle parfaitement dans le tableau...

Les premières écoutes ne sont pas évidentes, si vous pensiez vous approprier l'objet à la première écoute, comme c'était plus ou moins le cas de leur album précédent, et bien c'est raté. Comme si le mini succès et la très bonne réception de The Stench... avait eu pour conséquence de faire pousser des ailes chez les parisiens (c'est toujours mieux que de se réveiller avec des mains en kebab), ce nouvel album met la barre très très haute. Plus ambitieux qu'un discours à l'assemblée nationale, plus dense qu'une mimolette 20 ans d'age et plus déroutante qu'une réunion tupperware de Femens, Deadly Scenes a du potentiel, du caractère et sort des sentiers battus, sort des sentiers tout court à vrai dire, même si pour parler d'un album de fusion ça n'est pas forcément pertinent.
Il vous faudra du temps pour comprendre où vous emmènent ces grands malades du bizarroïde. Si leur deuxième album s'était contenté de mises en scènes dans la lignée d'un Mr Bungle première époque, ce nouvel opus flirte cette fois ci avec de nouvelles influences, qui enrichissent et ajoutent de la profondeur à cet objet outrageusement dense. On pensera tout de suite aux aspirations Prog' chères à Devin Townsend (I'm a Nerd, Lazy Boy), cette manière d'accoller riffs pesants et choeurs lumineux, on retrouvera bien entendu du Mr bungle, et du Carnival In Coal en large et en travers de ce long métrage définitivement très bavard.

Incongru, névrosé, drôle, mais bourré de clins d'oeil, symbolique et rafraichissant par bien des aspects, le résultat, le tableau final en somme, est incroyablement riche, incroyablement fin et subtil pour un groupe si jeune. L'équilibre entre les différentes influences, entre les différentes textures de son qui se superposent, qui se renvoient la balle ou se juxtaposent est en quelque sorte le fer de lance de ce nouvel album. Et cet équilibre, il faut bien l'avouer, est une petite merveille. Difficile de faire cohabiter autant de bordel, autant d'émotions et d'atmosphères, mais c'est un art dans lequel les 6:33 sont passés maîtres. Rien ne semble faire peur aux parisiens, et c'est tout naturellement qu'ils nous proposent, au sein d'un même album, du métal, du rock, du gospel, du groove, de l'acoustique, d'hallucinantes orchestrations qui feraient sourir un Morricone (Last bullet for a golden rattle) ou un Danny Elfman (Modus Operandi), des mélodies imparables (Black Widow), des twists ou breaks intelligents par dizaines, etc. 
Et quand je parle de mise en scène, c'est clairement ce qui force le plus le respect sur Deadly Scenes : il ne manque que l'image à cette comédie musicale pour non voyants. Chaque titre, souvent divisé en plusieurs actes, est une scène bien précise, un sentiment ou une histoire calquée sur un des sept péchés capitaux, possédant sa propre identité, un acte bourré de détails participant au déroulement global de l'intrigue. L'album est tellement bien fait, bien mixé et bien produit, qu'on a toujours l'impression, à chaque écoute, de découvrir un nouveau passage, un détail subtil, un plan de voix qui nous avait échappé la première fois, un sample enfoui au beau milieu d'arpèges hypnotisants, une blague, etc.

Pas besoin de détail au niveau du tracklisting, c'est bien trop compliqué à expliquer, vous allez juste en prendre plein les esgourdes, serez bien souvent déroutés par le scénario diablement prenant, surpris à chaque minute qui passe, et en retiendrez un sentiment de félicité et de satiété une fois ce copieux album digéré. Musicalement, rien à redire, c'est bien interprété, bien écrit, très bien écrit même, et on a la nette impression que la dernière partie de Dongeons et Dragons de 6:33 s'est bien terminée, les protagonistes ont tous pris un niveau et cela se sent à tous les étages : guitares en verve, basse moins timide, synthés du chaos en chaleur, et un Rorschach plus qu'en forme, enfin complètement à l'aise au beau milieu de ce bordel, en chef d'orchestre inspiré... ou moniteur de centre aéré pour grands gamins hauts perchés.

Difficile de faire des repoches à cet album, la seule difficulté étant sa grande complexité, qui rebuttera certains d'entre vous. Mais quoiqu'il arrive je suis à peu près sûr que Deadly Scenes saura vous atteindre, vous prendre par les sentiments (ou la folie), que ce soit le côté catchy de certains passages, les escalades prog surprenantes, le groove contagieux ou les orchestrations de toute beauté, 6:33 a mis le paquet, et il serait dommage de passer à côté, surtout quand, comme moi, vous trouvez qu'il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent niveau déglingo en ce moment. Coup de coeur créatif et musical ! Foncez !

A écouter : En long, en large, et surtout en travers...
6:33

Style : Metal expérimental et barré
Tags : - -
Origine : France
Site Officiel : 633theband.com
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