Le meilleur album du groupe. Je m'en lasse pas
A écouté .
« A Snow Capped Romance » fait partie de ces albums dont on attend plus que vivement la sortie : non seulement parce que le précédent album était une véritable petite perle de créativité (malheureusement noyée dans une outrancière déferlante neometal) qui n’attendait qu’un digne successeur, mais aussi parce que depuis ses débuts 36 Crazyfists explore différents styles et qu’il semble proprement impossible de prévoir ce que ces 4 gaillards venus du froid nous réservent. Et que dire du résultat ! « A Snow Capped Romance » remplit toutes nos attentes et apporte ce petit plus qui caractérise les grands groupes.
Alors quid de 36 Crazyfists cuvée 2004 ? Un peu à la manière de Deftones avec « White Pony », l’album s’articule en deux parties distinctes autour de l’interlude « Song For The Fisherman », procédé qui donne de l’air et de la consistance lors d’une écoute complète. La première partie s’amorce de fort belle manière avec trois des meilleurs morceaux de l’album : « At The End Of August », « The Heart And The Shape » et « Bloodwork ». Le changement parait minime depuis « Bitterness The Star », mais après plusieurs écoutes l’on se rend compte que le gros du travail vient du frontman Brock Lindow, qui, presque à lui seul, a construit l’identité du groupe. En effet, déjà à l’époque de « Bitterness The Star », ce chanteur si particulier à la voix chevrotante nous frappait par sa sensibilité à fleur de peau et sa capacité à allier chant hurlé et aérien. Ici la voix a gagné en assurance et en agressivité. Peut-être faut-il relier cela à l’état d’esprit beaucoup plus positif dont a fait preuve Brock pendant l’écriture de l’album, et qui se ressent nettement dans ses paroles. Toujours est-il que les progrès sont énormes, et la production a été judicieusement pensée de telle manière à mettre cet atout en exergue. Quant au reste du groupe, il assure ce qu’il faisait déjà sur le précédent album, à savoir un jeu simple, bien inspiré toujours en parfaite cohésion avec le chant de Brock Lindow.
Ceci dit, 36 Crazyfists n’a pas tout abandonné derrière lui lors de la confection de « A Snow Capped Romance ». Surtout, le groupe n’a pas renié ses influences neo qu’il maîtrisait déjà à la perfection en 2002, mais s’est enrichi d’un post-hardcore particulièrement à la mode en ce moment, dont les figures de proue sont Poison The Well, Unfold ou encore Snapcase. Ainsi on retrouve sur des morceaux comme « Waterhaul » ou « The Heart And The Shape » ce même chant hurlé poussé à la limite de l’extinction de voix, et ces guitares lourdes et assommantes. Alors, opportunistes les 36 Crazyfists ? Probablement, néanmoins on ne pourra pas leur reprocher de ne savoir vivre avec leur temps. Et quoi qu’il en soit, le groupe s’approprie les styles dont il s’inspire de manière si personnelle, et surtout si efficace, que rien ne parait forcé, artificiel.
Après il ne reste qu’à se faire guider par le groupe tout au long de ces 11 morceaux dispatchés sur 38 trop courtes minutes, et goûter aux fruits de la créativité de ce quatuor atypique. La dernière partie de l’album regorge elle aussi d’excellents morceaux : « Destroy The Map » a tous les ingrédients du single potentiel : un refrain accrocheur, des couplets faciles, servis par une guitare virevoltante et très neo dans l’esprit, enchaînés par des pré-refrains criards et puissants. « Installing The Catheter » reste dans la même veine tandis que « Cure Ellipse » verse plus dans l’emo, avec un somptueux refrain.
36 Crazyfists signe ici un album d’excellente facture, mais en ne faisant toujours pas le pari de l’originalité, le groupe risque probablement de rester condamné au statut de groupe de seconde zone. A écouter d’urgence malgré tout !!
Aussi bon que le précédent, donc même note.