En 2011, j’ai vu beaucoup de visages ecchymosés à la suite de l’écoute du Fragments d'eux-mêmes de Bâton Rouge. Il a fallu donc laisser passer du temps pour parler de 12XU car 12XU n’est pas non plus du genre à retenir ses coups. Ici, les pavés pleuvent.
Indubitablement dans le lot des meilleures sorties hexagonales des dernières années, Les Grandes Marées est un incroyable disque de 11 titres habité par un animus punk dont chacun des membres paraît une incarnation. Punk oui, car même si les racines de 12XU sont – entre autres – emo et screamo, la sève est pleinement punk, composée de cellules rouges sang et de vaisseaux impétueux.
C’est que, chez les lyonnais, le fond entraîne la forme. 12XU joue pour "Ceux qui comptent", ceux qui sont "Transparents" auprès des mass-médias et des politiques de rentabilité, que le "Figaro magazine" traite d’assistés les "Jour de grève" tandis que les "Grandes Marées" les entraînent, harassés et lessivés le long "Rues mouillées" comme dans Le Cheval de Troie de Paul Nizan. Le propos est sombre, sans compromis, engagé, servi par un song-writting issu de la plus belle tradition punk contestataire et littéraire.
Dans le même sillage que le Y Daïtro ou que les efforts de Bâton Rouge, les Grandes Marées bousculent les codes et charrient le flot des comportements modernes pour en faire apparaître l'écume.
Un véritable manifeste qui perdure l’héritage de la spécificité de l’emo-punk à la française ;
un manifeste, en souvenirs des conflits sociaux dont Lyon, au cours des XVIIIe et XIXe siècle, fut souvent à l’avant-garde. Il ne s’agit pas que de musique.
A écouter : quitte à se noyer