Aaaah, ces Etalons... On a beau leur trouver tous les défauts du monde, quand ils mettent leur excentricité et leurs conneries au service de la musique, on a juste envie de les suivre en souriant. Comme quand 1000 Degrees entonnent "My Ex-girlfriend is so Hot" sur un 'This time for Africa' d'une voix suave. La référence n'aura échappé à personne.
Dans le registre, les compatriotes d'ActionMen avaient ouvert la voie en égayant le skatecore de leur bouffonnerie foutraque. Suivant leurs mentors, les quatre Génois se permettent à peu près tout. Trois chants variés et des gang vocals à foison, tapping à profusion, morceaux destructurés, reprise de leur propre "No Brain, No Pain" au ukulele (piste cachée)... Globalement, les fantasqueries resteront néanmoins confinées au domaine large du skatecore, contrairement à ce que les ActionMen avaient entrepris sur une partie de leur Game. Autre influence assumée, celle de This Is A Standoff (évidente sur "Shelter" ou "Orso Grigen", nul besoin de s'étaler dessus).
Car au-delà, ce qui fait l'attrait du combo, c'est son caractère entier. Loin du détachement "pro" et glacé de certains pontes du mélo, les latins n'hésitent pas à se livrer, à chaud ("My Last Chance", "Beatbox"). Au micro on geint gentiment, on hurle tout seul ou à 15, on se laisse emporter par ses gimmicks, on yahourte, et on garde tout ça au montage. Ces hommes ne récitent pas, ils dérivent au bout d'une corde. Les transports ont libre court, et au final on revient toujours au bercail skatecore.
Même les plans parfois pas tout à fait raccord ("Orango Dance", "Jack Elmackson") leur siéent. On se surprend à reconnaître que l'imperfection fait leur charme, que l'imprévisibilité est un de leurs atouts majeurs alors même que la précision technique est chirurgicale.
Pour son premier full length, 1000 Degrees rejoint (et dépasse?) donc les ActionMen, Jet Market et autres FanKàz en signant une galette solide, personnelle et pétrie de bonnes idées... mais un peu courte (barre des 30 minutes non franchie). Mine de rien, on verrait presque se dessiner une scène italienne un peu à part...
A écouter : "My Last Chance"