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Crypto / NFT et Metavers dans le Metal NFT, Metavers... but Who's Buying?

En lisant le titre vous avez peut être pensé “Ca y est Metalorgie devient un Cryptobro qui veut nous refourguer des NFT” ou plus majoritairement vous vous êtes dit “NF quoi ? Mais de quoi ils parlent ? Encore un obscur genre de Drone ?”. Dans cet article on va s’intéresser aux Cryptomonnaies, aux NFT et aux Metavers, mais si ces mots ne vous disent rien, pas d’inquiétude, on va tenter de vous expliquer tout cela de la façon la plus simple possible. Bien évidemment on va s’intéresser à tout cela sous l’angle du monde Rock / Metal, car non, on ne s’est pas encore transformé en BFM Business.
Cryptomonnaies
Voici le principe des crypto-monnaies. Ce sont des monnaies numériques dont l’émission, les vérifications des transactions, etc. ne sont pas gérées par une banque centrale (comme l’Euro ou le Dollar) mais par un réseau pair à pair (P2P, grosso modo une monnaie qui se gère d’elle-même via des ordinateurs connectés à ce réseau). La plus connue c’est le Bitcoin, mais il en existe des milliers plus ou moins sérieuses comme Ethereum, Cardano, Ripple, Litecoin, Dogecoin, … Ces monnaies ont donc pour avantage de ne pas dépendre d’un état et d’avoir une forme de transparence car toutes les transactions sont publiques (n’importe qui peut voir les transactions) et validées par le réseau lui-même (toutes les transactions sont validées par un réseau de serveurs). N’étant pas lié à un pays, vous pouvez donc transmettre cette monnaie vers n’importe qui avec très peu de frais (voir sans, ou parfois avec des frais exorbitants : tout dépend de l'utilisation et ne pas avoir de frais à un tarif sûr peut être un problème), et ça en quelques minutes. Même si c’est transparent, cela reste anonyme car on ne voit que des “adresses”, une sorte d’adresse IP pour schématiser. Au niveau des soucis : - il est quasiment impossible de payer quelque chose en cryptomonnaie. Même l’achat de biens communs via Bitcoin est anecdotique. - le coût énergétique est très élevé car les ordinateurs validant les transactions consomment énormément d’électricité. Certains essayent de changer cela et ça devrait arriver pour certaines cryptos majeures dans les prochains mois (source) - on note une utilisation de l’anonymat des cryptos pour les échanges illégaux (drogues, armes…) et également utilisation pour le blanchiment d’argent.
Là vous vous dites : OK Metalorgie, tu m’as pris pour un lecteur des pages saumons du Figaro ou quoi ? On arrive enfin à la partie qui vous intéresse : le pendant musical. Il y a effectivement un lien entre ces deux mondes.
On va commencer par ceux qu’on attendait peut-être pas là : Napalm Death en 2018 ! Nos grindcoreux ultra engagés ont eu leur titre culte You Suffer (surtout connu pour son extrême courte durée de 1,316 secondes) encodé dans la blockchain du Bitcoin. La blockchain c’est le registre des échanges, et il est possible d’ajouter un commentaire (voir plus selon le type de blockchain) sur chaque échange. Retenez par ailleurs cette information pour la suite. "You Suffer" est évidemment un titre humoristique, mais sa brièveté a donné l’idée à Relapse d’encoder celui-ci pour l’inscrire dans le commentaire d’un échange Bitcoin. Pour l’anecdote, si vous avez regardé la série Silicon Valley, un des personnages utilise "You Suffer" comme alerte pour savoir s'il doit miner (= aider à créer des blocks dans la block chain et recevoir des cryptos en échange) ou pas du Bitcoin (vidéo). Ce n’est que de l’humour, mais vous verrez par la suite que Napalm Death, ou plutôt Relapse, a eu une idée assez innovante sans même s’en rendre compte.

$MEGA : c’est la première crypto-monnaie lancée par un groupe de musique. On aurait davantage pensé à Kiss pour ce genre d'initiative mais c'est Dave Mustaine de Megadeth qui a été le premier (est-ce si surprenant que ça ?) à se lancer. C'est donc la crypto-monnaie officielle de Megadeth. Celle-ci vous donne accès à du merch exclusif, des mises en vente en avant-première, des sessions de questions / réponses, etc. Lancée en septembre 2021 autour de 0.53$ le $MEGA, cette crypto a presque doublé sa valeur au lancement mais vaut désormais moins de 0.2$. Seulement 2500 comptes ont effectué des transactions avec cette monnaie. Cette crypto est surtout là pour surfer sur la vague des cryptos, elle utilise d'ailleurs un service (Rally) dont le but est de proposer des crypto-monnaies en marque blanche. En gros vous créer une crypto que vous appelez comme vous voulez. Cette monnaie de Megadeth est donc juste un habillage commercial et au final ce n'est qu'une façon de faire un site de fans comme Metallica avec son Met Club, le tampon "crypto" en plus et la possibilité de voir l'argent investi dedans augmenter ou bien, plus dommageable, diminuer.
S'inscrire : Site Officiel.

Chakra Coin : l'idée lancée en novembre 2021 par Randy Blythe de Lamb Of God et Dez Fafara de Devildriver est une crypto-monnaie caritative, avec la promesse de Dez de donner une partie des revenus à des œuvres caritatives. Dans cette vidéo de tutoriel de 5 minutes, on vous explique comment acheter des Chakra Coin, en 15 étapes (!), qui semblent être aussi agréables que remplir une déclaration d'impôt de revenus !. C’est là aussi une crypto créée via une sorte de marque blanche. Alors combien de millions sont reversés à des œuvres caritatives me demandez-vous ? Et bien certainement très très peu, le Chakra Coin n’a quasiment pas d’activité depuis son lancement. Dez et Randy n’ont d’ailleurs que très peu parlé de cette monnaie morte-née (tchi tcha).
Site officiel : chakracoin.io
Voilà pour les cryptos ! Au final, à part pour le cas Napalm Death fait pour la blague, le reste semble être des initiatives surtout marketing qui n’inventent rien mais ajoute une pincée du buzzword “crypto” à des choses possibles sans. Pour la suite par contre on va se rapprocher du monde artistique.
NFT
Ahh, le buzzword du moment ! Pour faire simple, le NFT est une preuve que vous avez acheté un contenu (un ticket de caisse en ligne grosso modo) et cette preuve peut être vendue, échangée... Tout cela est inscrit dans la Block Chain (le fameux registre dont on parlait plus tôt) permettant une traçabilité des échanges. C’est utile pour les contenus numériques : cartes à collectionner virtuelles par exemple, mp3, vidéos, oeuvres numériques… Et là vous allez me dire : mais pourquoi on en entend autant parler ? C’est simple : la spéculation ! Si on voit les NFT un peu partout c’est surtout à cause d’un mouvement de masse d’investisseurs qui voient ici une nouvelle façon de se faire de l’argent et de faire tourner le marché des cryptos : profiter de l’engouement pour une nouveauté technologique mêlant art et numérique pour se faire de l’argent rapidement. Car oui, des collections de NFT ont été vendues pour des prix sans commune mesure avec l'œuvre, exemple avec les Crypto Punks, 10 000 images de petits punks avec différents looks. Sur ces 10 000 : 9000 ont été donnés et 1000 vendues. A votre avis a combien a été acheté le NFT ci-dessous lors de son dernier échange ?

Si vous êtes en dessous du million de $ vous êtes loin du compte, en effet ce NFT a été vendu pour 23.3 millions de $ (environ 8000 Ethereum). Alors comme toute œuvre d’art il est difficile de juger d’un prix, mais cela semble quand même un brin excessif. Vous pouvez voir sur cette page la liste des échanges qu’il y a eu (et leur montant). Et voici comment en cinq ans ce petit punk est passé de 14$ à 23.3M$, avec un emballement net en 2021. L’ensemble des petits punk a enregistré pour deux milliards de dollars de transactions. Vous comprenez désormais mieux pourquoi on en parle tant.
Là vous allez me dire : Metalorgie a-t-il dépensé sans compter l’argent du utip pour pouvoir montrer cette image de punk dans cet article ? Évidemment non, le NFT est uniquement la preuve que vous possédez cette image, cela n’empêche personne de copier l’image sur son ordinateur, de l’utiliser… mais on ne peut prouver que c’est le nôtre. Ça, uniquement une seule personne le peut (ou plusieurs selon le type de NFT qui peut autoriser plusieurs exemplaires). Avec de telles sommes, cela a évidemment attiré beaucoup de monde et on compte beaucoup d’arnaques avec la vente d’images volées sur Internet. Même OpenSea déclare que 80% des contenus sur sa plateforme sont volés (source). On notera des “buzz” créés de toute pièce (via l’achat de ses propres NFT pour leur faire prendre de la valeur), du blanchiment d’argent (en créant et en s’achetant ses propres NFT, histoire de faire passer cette plus-value comme légitime) etc. Le concept même du NFT est d’ailleurs assez flou. Au final vous inscrivez dans une blockchain, une parmi des milliers, une information comme quoi vous possédez le contenu lié et c’est du code informatique qui le dit. Une bonne partie des NFT sont juste des contrats (en code, pas de vrais contrats) disant que vous possédez une URL (des adresses de site web du genre www.metalorgie.com/logo.jpg). Mais ces URL sont éphémères. Qui vous dit que dans cinq, dix ou quinze ans ces URL existeront toujours ? Un nom de domaine, s’il n'est plus payé, sera vendu à un autre ou ne pointera sur rien. Est-ce qu’un juge vous accordera bien la propriété du bien inscrit dans une blockchain ? Que se passe-t-il si, sur une autre chaîne, la même URL est revendiquée par quelqu’un ?
Pour les vrais artistes par contre, cela peut être une façon de gagner de l’argent. Le seul souci actuel est que les achats se font surtout en espérant une spéculation, le risque étant que cela ne soit qu’une bulle éphémère et que les derniers à avoir investi dedans soit les grands perdants (On peut d’ailleurs s’interroger sur le fait que nous soyons dans un système de Ponzi … ).
Venons en maintenant à la partie Metal ! Le fait de pouvoir vendre des biens numériques a forcément attiré les artistes et vu l’envolée des prix, c’est une façon de pouvoir gagner sa vie en étant artiste (enfin, idéalement). On ne va pas vous lister l'ensemble des artistes Metal s’étant lancés, avec plus ou moins de succès, dans les NFT, mais en voici quelques uns :
Slipknot : en mars 2021 Shawn Graham de Slipknot a proposé en NFT une petite vidéo de lui façon vidéo diffusée lors des concerts du groupe. Elle s’est vendue 18 000$ et c’est l’un des premiers NFT du monde Metal ou du moins des gros noms en tout cas. Il sera très vite suivi par d’autres.

Megadeth : Encore eux ! Après les cryptos, Dave Mustaine s’intéresse aux NFT et un NFT a été créé, la mascotte Vic Rattlehead en GIF qui tourne. Vendu 18 700$ à l’époque, pour un GIF donc. Là aussi : difficile de juger l’art et ses prix, mais tout de même, on peut se demander si c’est justifié.
Babymetal : Le groupe a sorti des cartes à collectionner en NFT, sold out très vite. Le groupe continue sur sa lancée en lançant une nouvelle série.

Atari Teenage Riot : Alec Empire, le leader du groupe, est à fond dans les NFT. Pour lui c’est l’avenir et tous ceux le critiquant sont des gens n’ayant rien compris. La fan base est plus que réticente (cf ce fil Facebook), on voit même des fans ne pas arriver à commander des NFT du groupe vu le nombre d’étapes qu’il faut pour avoir un Crypto Wallet, acheter des crypto, payer un NFT en crypto… En tout cas, les prochaines sorties du groupe ne se feront qu' en NFT.
Avenged Sevenfold : M Shadows a investi assez tôt dans les cryptos et avec la montée des NFT il a lancé le groupe dedans en vendant des crânes de chauve-souris (leur mascotte) déclinés dans des milliers de versions. Le groupe parle de club, le Deathbats Club et selon les NFT que vous possédez, Avenged Sevenfold assure que certains seront invités à des meet and great, jouer au golf avec M Shadows, gagner des places à vie, accès à des salons privés sur le Discord du groupe, gagner du merch.... Ces NFT avec des “bonus” particuliers sont distribués de façon aléatoire (source). En gros vous achetez une loot box (une pochette surprise virtuelle). Mais ça reste une des formes de NFT qu’on a listé ici les plus intéressantes pour les fans, vu qu’il y a de possibles vraies contreparties en dehors d’un jpg pas folichon. Le groupe touchera ainsi une partie des ventes lors de la revente des NFT entre fan.

Candlemass : Toujours dans les bons coups dès qu’il faut faire du merch, le groupe a vendu des NFT (pardon chez eux ce sont des DIGITAL MULTIMEDIA EXPERIENCE) de leur logo culte en plusieurs versions, toutes limitées à 666 exemplaires. Cinq designs à 666 exemplaires vendus 18€, ça ferait autour de 60 000€ tout de même, si tout se vend. Les réactions sur Facebook ont été plus que mitigées de la part des fans.

Betraying The Martyrs : le groupe propose son dernier titre en NFT, comprenez par là qu'il est dispo sur Spotify, Youtube... et vous pouvez quand même l'acheter pour 1.49€ (ici) mais il n’y a qu'une seule personne qui "possède" ce format numérique (payé 93€). D'ailleurs la transaction pour cet achat est visible, et si vous cliquez sur "Link" à coté de l'ID du contrat vous pourrez télécharger le fichier en flac, mais il ne vous appartient pas. Qu'en est-il du fait que vous ayez ce titre sur votre disque dur sans l'avoir acheté, mais qu'il est au final disponible pour tous ? Les juristes sont sûrement aux anges.
On ne liste pas tout le monde, mais Iron Maiden, Kiss, Ozzy Osbourne, Gwar… ont déjà lancé des NFT basés sur leur nom. Pour le coup, la plupart de ces groupes sont déjà des “marques” bankables et on voit mal un petit groupe vendre des NFT. Au final les NFT de groupes sont une façon pour les grosses machines de récolter plus d’argent sans trop d'efforts, en profitant de leur fan base. Comme pour le merch diront certains, sauf qu’à la différence d’un t-shirt ou d’une figurine le seul intérêt d’un NFT c’est la perspective que cela prenne de la valeur. Votre figurine Funko Pop de Ghost prendra peut être de la valeur, mais ce n’est pas le but premier de son achat. Reste le côté “soutien” à un groupe, mais pas sûr que Kiss ou Ozzy Osbourne soient dans le besoin.

Évidemment beaucoup aimerait acheter un NFT 10$ et le revendre un million six mois plus tard. C’est d'ailleurs le moteur de l’engouement, mais seuls quelques élus y arriveront et les gros gagnants seront ceux qui vendent ces NFT ou gèrent l’écosystème autour (les wallets, les plateformes d’achats, la publicité…). Ce ne sont plus des banques classiques mais d’autres intermédiaires. Même au niveau investissement, il existe des placements plus sûrs et bien plus réel dans la musique avec par exemple le site royaltyexchange qui permet la vente / achat de droits.
Les droits du producteur de All Hope Is Gone de Slipknot et de l’album éponyme de Simple Plan ont été vendus pour 898 000$, en sachant que les revenus de l'année passée étaient de 105 180$ (vente physique, streaming, droit de diffusion...). Évidemment, comme tout investissement, cela comporte un risque. Slipknot peut soudainement devenir blacklisté (si une histoire sordide venait ternir l’ensemble du groupe) ou le groupe peut perdre de son attrait, mais les risques sont relativement limités. Pour le prix de ce catalogue de droits, vous n’auriez pu acheter que quelques pixels d'un Crypto Punk, pourtant l'un semble être un investissement plus "sûr". D’ailleurs, on pourrait imaginer que l’achat d’un catalogue de droits soit mutualisé par la fan base (en NFT) et que ces droits rapportent chaque année aux fans, qui pourraient aussi éviter que ces droits soient revendus pour être utilisés dans des projets discutables. Bizarrement nous n’avons vu aucun projet dans ce sens, dans la musique en tout cas. Et point amusant : Royalty Exchange a apposé le mot NFT sur ses ventes de droits : en résulte une explosion des prix (faisant passer le rendement de ces investissements dans le négatif), merci le buzzword.
Voilà quelques cas possibles pour l’utilisation de NFT dans le monde Metal : La revente de places (sans spéculation car interdite en France), même si au final la revente de NFT pose plein de problèmes légaux car quand vous achetez un bien à une personne vous n’êtes pas lié par un contrat au premier vendeur. La revente de vos albums MP3. Si une plateforme le propose, cela pourrait également être la possibilité d’avoir des éditions limitées numériques. - Permettre à des gens de devenir producteur d'un album, et d’avoir un retour sur investissement. Cela existe déjà dans le cinéma : le film Mad Heidi a été en partie financé comme cela. Le fait d’acheter un ticket à vie, des meet and great… et de les revendre, avec la possibilité pour le groupe de toucher une partie de la revente.
Là vous me direz : mais quelle plateforme de vente de MP3 ferait ça ? Quel serait leur intérêt ? Cela aurait-il du sens que Bandcamp propose de revendre les MP3 achetés dessus à quelqu’un d’autre (pour moins cher) ? Même si le groupe touche une partie de la revente : quel intérêt pour bandcamp ou le groupe de proposer au final la même chose qu’en payant le prix fort ? Revendre des places via la blockchain, savoir combien il y en a, qui les possède… cela semble une bonne façon de contrer le marché noir ! Mais quel intérêt pour les plateformes de vente ? On a vu Live Nation accusé aux Etats-Unis de jouer sur la pénurie de places de façon illégale (source) en vendant directement des places sur les plateformes de revente. Aux Etats-Unis il est légal de spéculer sur les places, mais pas de simuler une pénurie. donc vouloir rendre ça transparent et en open source ? Pas sûr que les premiers concernés y soient favorables. En définitive, les applications concrète du NFT sont déjà possibles, le NFT promet une surcouche “ouverte”, mais si cela n’existe pas déjà, il y a peu de chance que magiquement le NFT le permette. Avoir des atouts indéniables théoriques ne permet pas à une technologie de s’imposer pour autant. Les logiciels open source ont clairement plein d’avantages; mais en dehors d’utilisation pro ou un peu cachée (Android, Chrome…) le monde du logiciel n’a pas été renversé par l’open source : est ce que le NFT / Block Chain arrivera à s'imposer ? Difficile de se prononcer sur le succès ou l'échec dès maintenant : il est à peu près sûr que des formes de NFT arrivent à perdurer et trouveront leur utilité, peut être en devenant plus facile d’accès, et peut-être un peu caché (comme le fait Sorare avec des cartes à collectionner dans le Foot; mais où l’aspect NFT / Crypto Monnaie est quasi caché).
Metavers
Vous avez peut-être entendu parler du “metavers”. On vous l’a sûrement vendu comme un monde virtuel où vous pouvez vivre votre vie virtuellement. Beaucoup d’articles sont assez flous sur le sujet, parlant souvent du metavers au singulier, pourtant quand on parle de métavers on parle surtout d’une multitude de projets très différents. Le buzz sur le mot “metavers” a été renforcé lors du changement de nom de la société mère de Facebook en Meta. Un metavers c’est une sorte de jeu vidéo (classique ou parfois utilisable avec un casque de réalité virtuelle) qui se veut “l’avenir” en proposant un monde virtuel, où pour le moment le principal attrait est de pouvoir acheter plein de choses virtuelles, via des cryptomonnaies et… c’est à peu près tout pour le moment. Donc oui, si vous pensez à Second Life 2.0, vous n’en êtes pas loin, sauf qu’ici le fait de pouvoir acheter des biens en NFT est central dans les projets un peu avancés : The Sandbox, Decentraland, Axieinfinity… qui demandent tous d’avoir un portefeuille de crypto-monnaie pour s’inscrire.

J’ai testé The Sandbox qui vient de lancer son Alpha il y a peu de temps : ça lague beaucoup dès qu’il y a un peu de monde au même endroit, c’est mignon sans être fou (c’est un jeu créé sous unity) et surtout : les jeux proposés sont à crever d’ennui. Il y a des NFT partout avec des liens pour acheter une bonne partie des objets présentés ou pour exposer vos achats en NFT. Vous pouvez par exemple débourser 15$ pour acheter un oignon rouge (virtuel).

Pourquoi The Sandbox ? Car ce metavers créé en France a le vent en poupe et a signé un deal avec Warner, ce qui lui permet de proposer ou tout du moins d’annoncer des contenus venant de Warner. Côté Metal on retrouve déjà des annonces de Avenged Sevenfold et Slipknot.

On est censé pouvoir jouer pour gagner de la monnaie du jeu, mais ne rêvez pas, ne rien débourser dans ce “jeu” sera difficile. En Alpha, la partie la plus développée est l’achat de NFT, mais pour le côté ludique par contre il faudra les croire sur parole.
Avenged Sevenfold a été le premier à avoir annoncé sa présence dans ce Metavers, malheureusement nous n’avons pas pu voir leur “espace”. Slipknot a en avril 2022 annoncé sa présence également, le groupe y promet des concerts virtuels, des tas de NFT… mais à part l’effet d’annonce encore rien de concret. Si vous pensez pouvoir vivre un concert de Slipknot en VR, vu le look de The Sandbox vous risquez d’être déçu.

En réalité, le seul vrai événement notable de concert virtuel reste le concert événement de Travis Scott dans Fornite. Le jeu a une base de joueurs impressionnante et a organisé un événement que douze millions de joueurs ont pu suivre en simultané, mais sans avoir 12 millions d’avatars au même endroit, chaque serveur (d’une centaine de personne) déclenchait l’événement à une heure précise. Le show était plutôt bien foutu, mais cela n’avait rien à voir avec un concert en direct. Donc le Hellfest en VR depuis votre salon entouré de 30 000 avatars ? Ce n’est pas pour tout de suite ! (ouf ?) Mais notons que Epic Games a acheté Bandcamp et on ne sait pas encore ce qui motive cet achat. (alors oui on pourrait vous parler des concerts comme celui de Nightwish vendu dans un monde virtuel, mais par respect nous éclipserons cette prouesse technique)

Voilà vous en savez, on l'espère, un peu plus sur ces buzzwords et sur leur utilisation dans l’univers Metal et il y aura sans nul doute plein de nouveautés à venir sur le sujet. On est effectivement très critiques sur le réel intérêt de ces technos même si certains aspects sont très séduisants. La transparence est l’un des intérêts les plus mis en avant, imaginez pour un groupe : pouvoir voir toutes les ventes ou stream de sa musique et ainsi éviter des sommes perdues. Pourtant il suffit de ne juste pas enregistrer une vente dans la blockchain pour passer outre; il y a toujours un maillon faible si tout n’est pas géré directement dans la blockchain. Si ces beaux principes n’arrivent pas à trouver intérêt aux yeux du grand public (ou des acteurs de l’économie) ils vont difficilement arriver à percer; sinon nous serions sur des réseaux sociaux décentralisés (Mastodon, diaspora*…), des logiciels open source, on regarderait les cartes sur Open Street Map et tous nos mails seraient chiffrés. Mais face à cela Facebook, Twitter, Google Maps, Gmail, … sont pratiques, simples et faciles d’accès et malgré tous leurs défauts et dangers ont un succès sans commune mesure avec leurs concurrents “libres”.
Malgré tout, d'ici deux ou trois ans peut-être que des choses intéressantes émergeront de cette block chain / NFT ou metavers, mais pour le moment, il semble que les initiatives soient là pour racler encore un peu plus les poches des fans, que l’on sait généreux dans le Metal.
Si vous voulez aller plus loin : Pix : une monnaie numérique lancée par une banque centrale qui facilite les échanges (pas de frais), mais non basée sur la blockchain, utilisée par 67% des brésiliens. Une forme d'innovation "public" sans forcément avoir besoin de la blockchain. Line Goes Up – The Problem With NFTs (en anglais) Un compte Twitter qui liste des “vols” d'artistes qui voient leurs œuvres vendues en NFT. NFTs Are Legally Problematic (en Anglais) : sur l'aspect légal des NFT Numerama a testé différents metavers (dans un casque de VR) : Les NFT par The Doom Dad.(donc sur le même sujet que nous : les NFT dans le monde metal / rock)
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