Metalorgie Monthly (Novembre 2020)

Fin novembre. Toujours pas de concerts à l'horizon, le climat social est des plus tendus et les fêtes de fin d'année seront forcément inédites. Mais dans tout ce bourbier, les festivals ont bon espoir : parmi les 119 signataires de la tribune "Festivals 2021, on y croit", le Hellfest, le Motocultor ou encore l'Xtreme Fest ont annoncé leur intention de monter une édition l'année prochaine, en composant avec le défi sanitaire à venir. Et puis, quoi qu'il arrive, il reste les disques. Alors on vous partage nos quelques écoutes du moment, et on attend aussi les vôtres en commentaires.

Le mois de novembre de...

...Skaldmax (ses chroniques)

The Strokes - Is This It (2001)
Ca m’a pris comme ça. Alors que j’avais acheté ce disque pour 1£ dans un supermarché britannique il y a quelques mois en me disant que je ne risquais pas grand-chose, je ne l’avais pas tant fait tourner que ça. Mais le hasard et la curiosité entremêlés m’ont poussé à le remettre sur la platine. Pari gagnant : derrière un minimalisme de prime abord, ce premier album des Strokes cache des lignes de basse remuantes, des refrains aussi nonchalants et poliment débraillés qu’accrocheurs. Aussi branchouille que le Velvet qui l’inspire, le groupe New-Yorkais brille sur Is This It, Someday ou Last Nite

Masked Intruder - Masked Intruder (2012)
Quatre cambrioleurs désespérément amoureux s’introduisent chez leur bien aimée pour la regarder dormir ou lui chanter des ballades depuis son jardin au beau milieu de la nuit. Voilà qui en dit un peu plus sur Masked Intruder, groupe de Pop Punk cagoulé au cœur d’artichaut. Avec ce premier album, le groupe enchaîne des tubes hautement addictifs, réhaussés par des chœurs et de la mélodie en pagaille. Avec une idée de départ pourtant sans prétention, ces Américains signés chez Fat Wreck font sourire, chanter et remuer sans discontinuer. Merci et coucou à M.REM d’Inoxydable pour cette recommandation.

Saint Vitus - Die Healing (1995)
Après avoir bien écouté Born Too Late un bon paquet de fois, suis allé fureter autour. Plus tôt, Saint Vitus est dans un entre-deux Doom/Hard Rock bluesy qui ne démérite pas (rien que pour le titre Saint Vitus, tout bêtement). Plus tard, le chant de Scott Reagers a muté, avec un Die Healing qui côtoie la démence sur fond de lourdeur. Let The End Begin permet de constater l’ampleur des dégâts : les déclamations sont théâtrales, elles supplient la faucheuse de faire son œuvre avec une sincérité à glacer le sang. D’autres titres comme Dark World ou In The Asylum incarnent le mal-être, la folie, un désespoir terre à terre qui fout plus les jetons que des histoires de sorcières dans un cimetière. Doom over the world. 


...Euka (ses chroniques)

Syndrome 81 - Loubards Sensibles (2020) - lien
Bim, un nouvel EP pour Syndrome 81, avec deux reprises au menu. Et pas n’importe lesquelles : Bernard Lavilliers et Stephan Eicher. Sur les deux titres, une vrai vibe Post-Punk se détache, notamment par le jeu de cordes, mais on retrouve quand même ce qui avait séduit sur les sorties précédentes : Notamment les parties un peu plus enragées du chant qui sont ici moins présentes, sans doute du fait de l’aspect  « reprise », mais qui révèlent une vraie appropriation des morceaux.
Loubards Sensibles, c’est cool, même si cela ne vaut pas le précédent split avec Urban Savage. Et une bonne occasion d’écouter aussi les deux compos originales sans rougir.

Eskimo Callboy - MMXX (2020)
J’ai hésité à faire une chronique sur cet EP. Et puis d’autres webzines se sont penchés sur le sujet, avec des mots illustrant parfaitement ma pensée. Pour ceux du fond de la salle, le groupe profite d’un changement de chanteur pour annoncer un nouvel EP très second (troisième ?) degré, avec en tête de liste le clip de « Hypa Hypa ». Une fois la petite hype passée, il reste sur MMXX quelques bons titres (les trois premiers) et d’autres plus oubliables (les trois derniers). En gros, c’est du bon Metal catchy, second degré, avec des refrains aguicheurs. Et des clips dont le mauvais goût oscille entre génie et imbécilité sans nom. Ca passera parfaitement sur plusieurs écoutes, mais pas sûr qu’on reparle du disque d’ici quelques mois.

One Dying Wish - Origami (2020) - lien
Du Screamo dans son plus simple appareil. Ce disque fait partie du top des sorties du genre à mon sens pour cette année : impétueux, fougueux. Le groupe frôle La Quiete par moment, mais surtout part à toute berzingue dans une musique tumultueuse. Dans la même période, le nouveau Maremarcio pourrait s’y comparer, mais il y a dans « Il Male Minore » toute l’essence de la scène Italienne.


...Maxwell (ses chroniques)

Beaucoup trop de choses de qualités sont sorties récemment, et beaucoup trop peu de temps pour se pencher sur toutes, des chroniques arriveront sur certaines de ces écoutes, d'autres ont déjà été faites par les collègues chroniqueurs, notamment la superbe chronique de Tang sur Mr Bungle qui illustre parfaitement ma pensée.

Mr Bungle - The Raging Wrath Of The Eastern Bunny (2020)
Sûrement l'album qui leur ressemble le moins, mais le meilleur album thrash sorti depuis au moins vingt ans. Le groupe se recentre sur sa fondamentale avec l’ajout de Scott Ian à la guitare, et un Dave Lombardo libre de toute obligation qui prend plaisir à faire ce qu’il affectionne le plus, du bon thrash à l’ancienne. 



Greg Puciato - Child Soldier  (2020)
Un disque extrêmement surprenant; avec des influences très diverses et une énorme palette d’émotions. On va dans beaucoup de styles, parfois aux limites du R’n’B, ce qui pourrait en décourager certains, mais ça vaut honnêtement le coup d’oreille. Je l’ai peut être écouté 4/5 fois et j’ai découvert de nouvelles choses avec des degrés de lecture différents à chaque fois.

Et aussi...
A part ça, dans les écoutes du mois, en plus d'avoir réécouté et redécouvert certains albums en vue d'établir le top 2020, notamment le dernier Azusa qui a eu le droit à sa chronique (à paraitre prochainement), le magistrat Into the Unforgiving Arms of God de End, ou l'expérience oppressante et incroyablement satisfaisante qu'est Alphaville, dernier opus en date des new yorkais d'Imperial Triumphant. On parlait de Greg Puciato un peu plus haut, il a sorti un autre album cette fois avec son groupe Killer Be Killed, Reluctant Hero, qui est exactement ce à quoi on pouvait s'attendre d'eux, un disque très bien réalisé, bien fini, avec un style plutôt mainstream et dont le gros point fort est la ligne de batterie de Ben Koller. Dans les albums toujours, Hjelvik et Welcome to Hel, Hatebreed et Weight of the False Self, Refused et The Malignant Fire, Code Orange et Underneath, Deluge et Ego TempleTom Morello et Commandante, Brutus avec Live in Ghent, Venom Prison et PrimevalTallah avec MatriphagyGhostemane avec Anti-Icon et enfin Loudblast et Manifesto. Tous ces albums mériteraient clairement qu'on s'attarde sur eux, et je les ai tous appréciés à divers degrés et attendrai de pouvoir me pencher un peu plus en détail sur certains pour de futures chroniques. 

Dans les clips et singles qui m'ont marqués récemment et que j'ai écoutés en novembre, on trouve Skynd et le clip de Columbine, Killing Season de Thy Art is Murder, Excelsior d'Imperial Triumphant et Abusados de Nuclear. Mais sinon ma plus belle écoute du mois est une surprise qui sera dévoilée le 7 décembre prochain sur Metalorgie. (Comment ça tease !)


...Fat (notre nouveau Community Manager, bienvenue à lui)

Gojira - The Way of All Flesh (2008)
J’ai redécouvert cet album grâce à l’épisode spécial « Titres longs » du podcast made in Metalorgie, YCKM, qui diffusait notamment The Art of Dying (9min53). Depuis l’écoute, le morceau m’obsède : j’entends le rythme de la batterie partout et j’essaie de le reproduire avec mes doigts sur mon lavabo… Le reste de l’album est tout aussi incroyable : Oroborus qui débute les hostilités (ainsi que le concert 2019 du Hellfest disponible depuis peu en ligne), Esoteric Surgery, Adoration for None avec Randy Blythe en invité et Vacuity, avec Calogero en invité (non). Une bonne claque de 75 minutes !

AC/DCPower Up (2020)
Le groupe préféré de mon fils de 3 ans, autant dire que l’album tourne en boucle à la maison ! Alors OK, rien de nouveau et la troublante impression d’avoir déjà entendu chaque morceau avant même de l’avoir écouté, mais quelle bonne nouvelle de retrouver le groupe, remis de la mort de Malcolm Young et des soucis de santé de Brian Johnson. Et puis, quel plaisir de voir mon fils courir partout avec sa guitare en carton sur Shot in the Dark… Rien que pour ça, l’achat du vinyle s’est révélé indispensable !

Black SabbathBlack Sabbath (1970)
Après une nouveauté, retour aux sources avec les pionniers et cet album qui fête ses 50 ans. Écouter Black Sabbath aujourd’hui, c’est retrouver toutes les influences de l’époque : la période hippie est révolue mais on retrouve des bribes de Rock psychédélique typique de la fin des 60’s. Les chansons pop au refrain accrocheur continuent de pulluler à la radio mais Black Sabbath contrebalance avec ses paroles noires et pessimistes, le blues est aussi encore bien présent avec les reprises de classiques du genre : The Warning et Evil Woman. Et puis, écouter l’album aujourd’hui, c’est surtout se rendre compte à quel point il a influencé les décennies suivantes et tous les sous-genres qui en découlent : le Heavy, le Doom, le Black, le Stoner… Parfois, c’est vraiment dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures potions !

... Zbrlah (ses chroniques)

Dark TranquillityMoment (2020)
Pour être franc, j'attendais d'avoir écouté Moment (qui est sorti il y a quelques jours) pour finaliser mon top annuel. En un mot comme en cent, je ne vais pas le changer pour y intégrer ce nouveau DT. L'opus est bien moins intéressant que son prédécesseur (le très bon Atoma), plus mou, avec trop de voix claires et pas assez de moments efficaces. Il y a quand même des choses à sauver dans Moment, mais pas assez. Dommage.


Uneven StructureParagon (2019)
En voilà un que j'ai pas mal poncé à sa sortie, et que j'ai même essayé de chroniquer. J'avais abandonné l'idée, dépassé par le disque, persuadé que je n'arrivais pas encore à le cerner. Il aura fallu une dizaine de mois avant que je m'y repenche, et même si je reste incertain quant à un papier en bonne et due forme, l'album vaut largement qu'on rédige quelques lignes sur lui. La performance vocale est encore un cran au dessus de La Partition. US réussit à être à la fois plus aérien et plus monolithique qu'auparavant. Bâti comme un crescendo complet, s'étalant sur 50 minutes, Paragon ne cesse de gagner en puissance pour se terminer sur un Everyman à peine croyable. A écouter d'une traite, donc, mais ne vous laissez pas intimider par cette exigence, le disque en vaut la peine.


Empathy Test - Monsters (2020)
En vrai, j'avais juste envie d'écouter Empath de Devin Townsend. J'ai rippé et ajouté un "y" (il est à coté du "h" final, pas ma faute), et ma recherche Spotify s'est soldé par l'apparition de la pochette de Monsters, de... Empathy Test. Inconnu au bataillon (et puis surtout, c'est pas ce que je cherchais à la base) mais allez savoir, je lui ai donné sa chance, en ayant aucune idée de ce à quoi m'attendre. Verdict : un style Pop éthéré et mélancolique, sombre et beau, nimbé d'influences Electro. Un album déniché par hasard, mais apprécié pour de vrai. J'y suis revenu plusieurs fois depuis, et je ne peux que vous inciter à faire de même, au moins pour les excellentes Empty Handed et Holy Rivers.

... Pentacle (ses chroniques)

SØS Gunver Ryberg - Entangled (2019)
Derrière ce nom étrange, on trouve une musicienne danoise qui a notamment réalisé la bande son de ce jeu angoissant qui est Inside (suite spirituelle de Limbo). Pas étonnant dès lors d'y trouver un univers très sombre et claustrophobe à base de rotatives Techno et de glitch Indus. Le tout est noyé de nappes Dark Ambient et Drone pour renforcer d'avantage ce sentiment d'oppression. Mais l'ensemble est plein de nuances, de petites variations et de détails qui rendent le tout très hypnotique. A écouter en déambulant seul la nuit en ville.

Dahlia's Tear - Descendants Of The Moon (2020)
Cryo Chamber est un label plutôt prolifique en ce qui concerne la scène Dark Ambient, mais heureusement ses productions sont souvent de qualité. Sur ce Descendants Of The Moon, le suédois de Dahlia's Tear aère son Dark Ambient avec des nappes beaucoup plus célestes et moins étouffantes. En résulte un album très beau, mystérieux, planant. La manière dont Dahlia's Tear sculpte ses paysages sonores invite au voyage, un voyage intérieur, comme une sorte de méditation parfois inquiétante, mais ramenant régulièrement à un sentiment de plénitude.

Voices From The Lake - Voices From The Lake (2012)
Duo composé par le prolifique italien Donato Dozzy, Voices From The Lake s'est rapidement imposé comme un pilier du genre Dub / Techno dans les milieux autorisés et pour cause, cet unique album du duo propose plus d'une heure d'émerveillement et de plongée dans des ambiances tropicales. Voices From The Lake prend son temps, évolue tout doucement, rajoute des détails ici et là, mais c'est pour mieux nous plonger dans une sorte de semi-torpeur, comme une sorte de transe qui monte lentement. L'œuvre est profonde, mais on s'y enfonce comme dans du coton, toujours recouvert d'une sorte de chaleur humide, d'un petit groove toujours présent pour éviter de s'ennuyer. Un très beau disque qui prouve que la Techno a de multiples visages.

Metalorgie Team (Novembre 2020)

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