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Dossier de Metalorgie #27 Février 2020 : Metalorgie Monthly
Une fois de plus dans ce numéro de Metalorgie Monthly, on vous expose nos écoutes récentes en quelques lignes avec option grand écart stylistique comme à notre habitude. Cette fois on vous vante les bienfaits du Metal Symphonique comme du Jazz fusion sur vos corps de gymnastes alors échauffez-vous bien et n’oubliez pas de faire quelques étirements en sortant. Et pour la troisième mi-temps, n'hésitez pas à venir discuter avec nous sur Discord ou en commentaires.
Le mois de...
...Zbrlah (ses chroniques) :
Ossonor - Dreadful (2014) Dans ce premier EP, les Grenoblois présentent un Metal très mélodique mais aussi très sombre, aux orchestrations omniprésentes. Dreadful est à ranger juste à côté de vos albums d'Epica mais le qualifier de simple "Metal Sympho" serait réducteur. Tout est plus obscur, lugubre, la batterie est martyrisée sans pitié, les ambiances se font presque Black, les voix growlées sont omniprésentes en plus du chant clair de Francesca Gallo. Les arrangements sont très qualitatifs, faisant penser à des BO de film d'horreur, et s'intégrant bien dans la musique d'Ossonor. Les Hollandais cités plus haut sont un des groupes les plus rentre-dedans parmi les acteurs majeurs de la scène "Sympho à chanteuse lyrique", mais Ossonor est encore au-delà dans l'extreme, formant un véritable chaînon manquant entre Epica et Fleshgod Apocalypse. Et c'est bien. Ecoutez Dreadful (Bandcamp)
Mayhem - Daemon (2019) Je n'écoute que peu de Black, pas de depuis longtemps, et en l'appréciant sans encore être sûr d'en comprendre tous les codes. Pour moi, c'est par conséquent assez forcément compliqué d'en parler. Je peux juste vous dire que j'ai écouté le nouveau Mayhem et que je l'ai trouvé OK, pas transcendant, mais OK. Mais je ne sais pas vraiment dire pourquoi, donc.
Tales Of The Old - The Passageway From Hell To Earth (2013) Tales Of The Old, groupe de Metal symphonique et mélodique originaire de Grèce, ne semble avoir que cette démo à son actif, mais celle-ci est produite par Bob Katsionis (Firewind et mille autres projets), un type qui sait ce qu'il fait, donc. Prometteur, me direz-vous, mais non, c'est la déception. La production sonne un peu "carton", les guitares sont loin en dessous de la batterie dans le mix, les voix féminines sont trop pompeuses et clichées, les growls sont mal maîtrisés... De plus, chacun des trois titres propose un soudain solo de clavier qui se détache du fond orchestral avec un son très moderne, très électronique, tuant complètement le peu d'immersion qu'on peut avoir dans les titres des Grecs. Bon, il fallait tenter, quoi.
Evergrey - The Atlantic (2019) Difficile de parler de cet album, c'est d'ailleurs pour ça que je ne l'ai pas chroniqué. Difficile, car l'album n'est pas nul et pourtant n'apporte rien à la discographie d'Evergrey. The Atlantic contient moins de morceaux qu'on retiendra facilement, beaucoup de pistes se ressemblent entre elles. Les précédentes sorties du groupe me semblent mieux, sans que cet opus ne soit mauvais, et même sans que je trouve exactement quoi lui reprocher. Étrange. Comme si je n'avais pas envie qu'Evergrey (que j'adore) ne sorte un disque qui ne soit que "moyen", comme si je luttais pour refuser le fait que The Atlantic ne soit pas si dingue que ça. Je viens d'en trouver une version physique pour pas cher, donc de nouvelles écoutes se profilent à l'horizon, on verra si mon avis change avec le temps.
StarSystems - Lift (2019) Avec ce one-man-band de Prog instrumental à pochette poético-spatiale, je m'attendais à découvrir un énième Plini, Widek, Cloud Kicker, Paul Wardingham, la liste est longue. Or, ce n'est pas si simple. StarSystems ne se résume pas à ça : les titres sont bien plus smooth, les rebonds jazzy et les passages swinguants sont légion, transformant l'ensemble en Rock-Jazz-Lounge-Prog intelligent et à l'approche moderne. A l'inverse des compositions des artistes de la liste évoquée ci-dessus, ici la guitare n'est pas toujours centrale, laissant une place de choix à des arrangements de clavier, des solos de synthé, ou même des cuivres chaleureux. La structure de Lift permet une amorce en souplesse, une ascension par la face groovy (avec l'incroyable diptyque Flower / Party Time), pour atteindre progressivement des constructions plus Rock, voire Metal déjanté et proggy sur les deuxièmes moitiés de Slipstream et de Lift, les titres les plus marquants de cet excellent opus.
...V.N.A. (ses chroniques) :
Edguy - Rocket Ride (2006) En guise de réveil, je cherchais quelque chose qui ne démarre pas trop fort mais devient vite entraînant. C'est tombé sur Rocket Ride, et il faut croire que me tirer du sommeil ne lui a pas suffi, parce que je suis retombé dedans, à vouloir l'écouter à n'importe quelle heure. Nettement plus efficace qu'un cocktail vitaminé.
Menace - Impact Velocity (2014) On me promettait du Hard / Heavy Prog, le titre suggérait une musique énergique, la pochette donnait plutôt envie, je lui ai laissé sa chance. Perdu. Impact Velocity n'a ni impact ni vélocité, et pour le côté Prog il est surtout progressivement ennuyeux. À oublier.
Earthside - A Dream In Static (2015) Ce mois-ci, j'ai entrepris une grande réorganisation de mes étagères. L'inconvénient, c'est que je ne suis pas encore habitué au nouveau rangement et que j'ai tendance à chercher mes CDs. L'avantage, c'est que je suis retombé sur de bons albums que je n'avais pas écoutés depuis longtemps, ou pire, que je n'avais presque jamais écoutés ; A Dream In Static était dans ce dernier cas. Découvert il y a deux-trois ans grâce à sa chronique, j'ai été suffisamment convaincu pour m'en commander un exemplaire ; mais si je dois lui trouver un défaut, c'est qu'il manque un chouïa d'accroche, ne reste pas facilement en tête, et du coup, aussi bien fichu qu'il soit, il suffit qu'un ou deux autres disques aient davantage accaparé mon attention à la même période pour que je le néglige. Une erreur que je suis en train de réparer.
...Skaldmax (ses chroniques) :
Sunn O))) – Pyroclasts (2019) Après avoir fait les louanges de Life Metal et l'avoir placé dans mon top 2019, il fallait que je me penche sur la suite des aventures des sorciers soniques. Et c'est avec plaisir que je suis tombé sur un exemplaire de Pyroclasts chez le disquaire du coin (un soulagement au vu des prix de Southern Lord couplés aux frais de ports habituellement élevés). Moins dense que son prédécesseur, Pyroclasts est une sortie relativement classique du duo, proposant un Drone parfois assez doux et chargé en basses rondes comme on pouvait l'entendre sur Novæ. Sans doute pas la meilleure porte d’entrée pour les néophytes (tentez plutôt Monoliths&Dimensions), Pyroclasts permettra de poursuivre le voyage (plus accessible) initié par Life Metal pour les plus accros aux vibrations d’Anderson et O’Malley.
Miles Davis – In A Silent Way (1969) Depuis quelques temps j’accroche de plus en plus au Jazz. C’était pourtant un genre qui m’était complètement étranger il y a une poignée d’année, mais quelques artistes ont permis de rentrer peu à peu dans le bain : Dale Cooper Quartet And The Dictaphones, Kamasi Washington, Magma,...et Miles Davis, avec l’album de Jazz le mieux vendu au monde, Kind Of Blue. Et bien qu’il soit considéré comme l’un des musiciens les plus importants du style, je lui trouve quelque chose d’assez accessible. Particulièrement avec Bitches Brew et In A Silent Way qui font la part belle aux instruments électriques (guitare, synthétiseur) et flirtent avec des couleurs funky. In A Silent Way, paru un an avant le colossal Bitches Brew, propose deux pistes calmes et lisibles, laissant s’exprimer les musiciens sur des bases rythmiques répétitives. De quoi avoir des repères fixes pour mieux appréhender la créativité de Chick Corea, John McLaughlin ou encore Herbie Hancock. Et s’il fallait vous convaincre encore plus de vous passer cet album, allez écouter les bonnes paroles de Christophe Chassol (France Musique) pour en apprendre davantage sur ces deux titres tout bonnement géniaux.
...Neredude (ses chroniques)
Enslaved – RIITIIR (2012) Enslaved fait partie de ces rares formations à la longue carrière ayant une discographie sans ratés. Vous aurez beau vous gratter le cibouleau pendant des heures, il n'y a rien à jeter dans les quatorze (NDR : le quinzième arrive en 2020) albums qui forment leur discographie. Bien sûr, la musique d'Enslaved a évolué en même temps que le groupe et surtout son principal compositeur Ivar Bjornson. Il a démarré la carrière de son groupe sur les chapeaux de roue avec le mythique split Hordanes Land côte à côte avec les non moins légendaires Emperor en 1993, à peine âgé de quinze ans à l'époque. Un an plus tard, rebelotte avec Vikinglir Veldi, un des meilleurs disques de Black Metal de l'histoire, rien que ça. Enslaved a ensuite construit les bases du viking metal, sur les fondations posées par Bathory au début des années 90. Puis, le groupe a continué une longue métamorphose en complexifiant sa musique de plus en plus, un processus tout naturel compte tenu de l'amour que la formation porte pour le prog 70s de King Crimson à Rush en passant par Gentle Giant. De ce long processus, à tout juste 21 ans d'existence, tout porte à croire que le groupe s'est sublimé et a pondu ce qui est sans doute son plus beau chef d'oeuvre, RIITIIR. Cet album est remarquable parce qu'il synthétise tous les meilleurs éléments de la musique d'Enslaved, avec une intensité que le groupe a rarement atteint. RIITIIR, c'est 67 minutes de black prog réparties en huits morceaux, huit perles de compositions qui conjuguent un admirable sens de la mélodie, d'arrangement et de riffing. Chaque musicien semble y être au meilleur de sa forme, à commencer par le vocaliste/bassite Grutle Kjellson qui déploie une large palette de growl pour épouser les variations de dynamique de ces huits sommets, en plus de signer la composition de trois d'entre eux. C'est encore plus vrai pour le chanteur/claviériste Herbrand Larsen, qui délivre ici la plus belle performance de sa carrière avec des lignes de chant clair émouvantes et sublimes. Leur guitariste soliste Arve Isdal n'est pas en reste avec des soli épiques et parfaitement dosés. Enfin Cato Bekkevold soutient les compositions avec un groove irrésistible, dont les fills ne sont pas sans rappeler le regretté Neil Peart. Bref, que vous soyez familier ou non avec la musique d'Enslaved, on ne peut que vous recommander chaudement de vous y (re)plonger, il n'y a là dedans que de l'or et concernant cet album, on peut parler de Mithril.
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