Dossier de Metalorgie #23 Octobre 2019 : Metalorgie Monthly

Octobre. Le froid est là, la nuit aussi. On peine contre la grisaille alors que l'on s'enfonce inexorablement vers un hiver morne. Mais c'est aussi la saison des tops et flops de fin d'année qui approche, celle des disques sous le sapin. Alors pour faire le bon choix sur votre liste au Père Noël et braver les derniers mois de 2019, voici les écoutes du moment des enfants (pas) sages de Metalorgie. 

Le mois d'octobre de...

...Euka (ses chroniques) : 

Kishote - Takotsubo (2019)
Bon, kishote revient avec 3 titres. Juste avec ça, vous devriez aller écouter. Sinon, si vous avez encore un doute, Kishote lorgne entre Hardcore et Screamo, mais dont le chant est on ne peut plus caractéristique du combo : moitié à bout de souffle, sur la corde raide tout au long, rappelant celui de Commuovere sur Du Besoin de Disparaitre. Si ma préférence va sur « Betrug », le titre le plus frontal et Hardcore de Takotsubo, il y a au final peut de surprises en 5 minutes si l’on connait un peu la discographie de Kishote.
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Bombardement - S/T (2019)
Oh cool, Destrucuture qui sort le premier LP de Bombardement.
Sans surprise, ça tape dans du D-Beat ultra direct, moins sale qu’un Gasmask Terror mais dont les 8 titres ne laissent aucun répit. En fait, en écoutant les 20 premières secondes de chaque titre, on a compris la suite, mais le propos final n’est pas là. Globalement, le disque enchaîne les morceaux avec une régularité parfaite, et il va sans dire que si vous n’accrochez pas sur « Wheel Of Destruction », pas la peine d’aller plus loin. Le seul défaut ? Que le son soit presque trop propre.


...Rillettes (ses chroniques)

Car bomb - Mordial (2019)
Une fois n'est pas coutume, Car bomb sortent un album et c'est la branlée intergalactique. Du mathcore super bien gaulé qui part vraiment dans tous les sens. Les yankees ont décidé de laisser leur créativité d'exprimer jusqu'au bout avec ces riffs sans queue ni tête, des guitares écrasantes aux rythmiques schizophéniques. Tout y est ultra-lourd : la production, les compos, la basse. La déconstruction est encore plus poussée que sur Meta et je vous assure que ce nouveau cru vous retournera la tronche en 2-2 avec ses structures avant-gardistes, ses excursions post-rock et ses grincements typiques de la bande. Le tout sublimé par une superbe production made in Silver Chord studio. Délicieux.

Samurai Champloo et sa BO (2004)
Voyez-vous, j'ai beaucoup de mal avec les animes. Je trouve les trames narratives éculées, les personnages archétypaux et au bout de 3 épisodes, j'abandonne. Samurai Champloo est une exception. Alors, je sais que je débarque puisque c'est sorti il y a une bonne quinzaine d'années maintenant ; mais le périple de Jin, Mugen et Fuu me captive. L'écriture est fluide, les protagonistes particulièrement attachants et surtout, les épisodes sont sublimés par une BO aux antipodes de ce que l'on s'attendrait pour ce genre d'ambiance puisqu'on retrouve de grands noms du hip-hop et de la trip hop : NujabesForce of nature et Tsutchie entre autres. Le contraste fonctionne à merveille et je ne passe jamais le générique.

Fleshmeadow - Daymares (2019)
Groupe cruellement méconnu, Fleshmeadow inclut habilement des éléments Black dans des compositions majoritairement tournées vers un Death moderne assez sombre et technique. Avec Umbra en 2017, le groupe posait ses influences et les pousse plus loin encore avec cet EP décidément bien trop court, où rien n'est laissé au hasard. Accordez-lui 5 minutes de votre temps, vous me remercierez plus tard !

Merda Mundi - Hatred (2019)
Parce que des fois, la vie c'est de la merde qu'on n'a pas toujours les mots. Heureusement, Merda Mundi a sorti ce mois-ci un opus sobrement et judicieusement intitulé Hatred. C'est du Raw black tout ce qu'il y a de plus stupide et grisant, qui tabasse comme rarement. La production est assez naturelle mais pas volontairement cradingue, et laisse respirer les instruments de l'unique musicien du projet, Déhà, qui a déjà à son actif une bonne vingtaine de groupes. Un album qui suinte la haine aveugle et immodérée envers toute l'humanité mais qui fait passer un moment exceptionnel.


...Pentacle (ses chroniques) : 

Oranssi Pazuzu - Live At Roadburn 2017 (2019)
Roadburn 2017, nous sommes devant la scène principale en attendant l'arrivée des finlandais sans se douter de la claque aller-retour qu'on va se prendre durant leur concert. Ou plutôt devrait-on parler de voyage cosmique, tant la musique d'Oranssi Pazuzu prend une dimension encore plus mystique en live. Le son est parfait, rendant avec honneur les compositions des musiciens, on sent d'ailleurs un léger aspect jam, comme si ces morceaux - la plupart sont issu de Värähtelijä sorti un an avant - prenait une autre ampleur joués sur scène. Bref, un très bon album live à écouter en attendant le cinquième album d'Oranssi Pazuzu normalement prévu pour l'an prochain.

Dälek - Respect To The Authors (2019)
Respect To The Authors est le nouvel ep de Dälek principalement distribué sur les dernières tournées cette année. Six titres dans ce que le groupe de Hip-Hop / Noise sait faire de mieux à savoir des pistes denses et néanmoins atmosphériques (With These Mics), des dissonances et cette façon de t'emporte à travers un flow à la colère difficilement contenue. Molten particulièrement efficace en morceau abrasif rappelant la période d'Absence alors que Defiant évoque plutôt les cieux sombres d'un Abandoned Language alors que Seek Harbor dévoile surtout les aspects les plus bruitistes et expérimentaux du groupe. Un très bon ep à écouter si l'on est fan de Dälek, surtout les trois premières tracks.


...Neredude (ses chroniques/interviews) : 

Bent Knee - You Know What They Mean (2019)
J'avais vu passer ce nom ici et là dans une paire de tournées mais je n'avais jamais pris le temps d'écouter... Et ça aurait été une belle erreur de passer à côté, tant ce disque risque de finir dans mon top de l'année. Décrire la musique de Bent Knee est une gageure, mais disons que pour cet album en particulier, ils ont augmenté la dose de violence dans leurs compositions, toujours des éléments de math rock, de rock indus, d'expérimental, de noise... Tout simplement parce que l'écriture de l'album a été provoquée par l'écoute de You Won't Get What You Want de Daughters, un album dérangé au possible et qui a rendu beaucoup de gens fous. En la personne de Courtney Swain, ils peuvent se targuer d'avoir une des meilleures chanteuses de la scène rock/metal et consorts et à l'écoute de sa voix, je peux vous parier que vous tomberez sous le charme. Ecoutez le titre Bone Rage pour vous faire une idée, mais en réalité, ce disque vaut LARGEMENT 52 minutes de votre temps.

Car Bomb - Mordial (2019)
Oula, celui-là, il est méchant, il tape fort et il va vous retourner le cerveau. Car Bomb avait déjà frappé très fort avec Meta, leur album précédent, mais Mordial repousse les limites que son prédécesseur avait posées, avec des riffs et des expérimentations à la guitare tellement innovantes qu'elles feraient passer Tom Morello pour un vieux tocard dépassé (ce qui est déjà plus ou moins le cas d'ailleurs). Imaginez si on mettait Meshuggah dans un octogone face à Deftones et à Aphex Twin et qu'on programmait une IA pour composer de la musique en réagissant à ça : à peu de chose près, on peut imaginer que le résultat serait Mordial. Ce disque contient probablement les riffs les plus lourds que vous aurez entendu cette année, et potentiellement l'année prochaine aussi.


...Zbrlah (ses chroniques) : 

Spellblast - Nineteen (2014)
Le Power / Heavy des Italiens de Spellblast sur Nineteen pourrait être anecdotique, voire passable. Mais il traite de La Tour Sombre, cette saga épique de Stephen King qui me fascine, et rien que les paroles ont déjà de l'intérêt pour moi. De plus, on trouve quelques interludes dans le plus pur style Western disséminés au long de l'album (tout le titre Highway To Lud, les ponts dans The Reaping, Blind Rage, The Calling, les intros de Until The End et de The Calling), qui aèrent le tout et donnent une couleur fraîche, en plus de coller au thème lyrique. D'ailleurs, ces arrangements sont souvent habiles, ingénieux, bien intégrés ; et on souhaiterait parfois que la "partie Metal" soit traitée avec autant d'application. Des bons points, mais pas indispensable, surtout si vous ne connaissez pas La Tour Sombre.
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The Great Old Ones - Cosmicism (2019)
Autre écoute du mois, basée sur un autre pilier de mes références littéraires de prédilection : Lovecraft. Pas grand chose de plus à rajouter à la très bonne chronique de Rillettes avec laquelle je suis assez d'accord. Cosmicism est plus mélodique, plus progressif que ces prédécesseurs, et en ça il me parle encore plus que les autres albums de The Great Old Ones. Une excellente sortie.

Carura - Sunyata (2017)
Cet album est une curiosité, en tout cas à mon goût. Le genre de truc que je ne réécouterai sûrement jamais, mais que je suis content d'avoir testé. Ces Polonais livrent un Death Prog assez chiadé, mélodique et technique, avec quelques éléments inattendus comme quelques phrasés en hindi (Se7en), des bols tibétains (Sunyata), de la trompette (Se7en), ou des parties presque machineheadèsques (Of A Wolf And A Monster). Sur le papier, pourquoi pas. Oui, mais c'est sans compter le chant d'Anna Maria Beata Pawlus-Szczypior (à tes souhaits). Personnellement, ça a été une purge. Les cris comme la voix claire, rien ne va avec la musique à mon sens, comme si la chanteuse était dans un autre groupe que les instrumentistes. Ses vocalises seraient plutôt à ranger du côté du Psyché ou du Math Rock noisy. Cela donne un rendu beaucoup trop décalé pour moi, même si musicalement je trouve le boulot de Caruca au niveau. Je ne cracherai pas sur une version instrumentale de Crush, par exemple.
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...Skaldmax (ses chroniques) : 

Throbbing Gristle - Greatest Hits (1981)
Si on parle aujourd'hui de musique industrielle, c'est en grande partie grâce à des entités comme Throbbing Gristle, quatuor Anglais responsable d'atrocités sonores depuis la fin des années 70. Prônant la destruction, le sexe et l’art sous des couches de décibels volontairement laids et froids, le groupe de chez Industrial Records (d’où le genre musical) a encore de quoi vous flanquer les foies avec le glauquissime (pourquoi ?) Hamburger Lady ou un United qui pue l’amertume. Influente sur bien des saloperies à venir (le Power Electronics, la Noise, l’Indus,…), la bande de l’après Punk a aussi eu ses projets parallèles et peut-être plus accessibles (Cosey Fanny TuttiChris&Cosey) mais tout aussi intéressants.

Cocteau Twins – Milk And Kisses (1996)
C’est vraiment une sensation incroyable de réaliser que les lignes peuvent encore bouger, que notre top of the pops personnel que l’on croyait établi et immuable peut encore être chamboulé. La formation Dream Pop/Shoegaze a trouvé sa place parmi mes groupes de cœur, pas à pas, album après album, et celui-ci ne fait pas exception, sublimé comme ses prédécesseurs par la voix de Liz Fraser (si si, vous connaissez si vous avez écouté Mezzanine de Massive Attack). Ce huitième album renferme certains des plus beaux morceaux du groupe (Tishbite, Treasure Hiding) et se conclut par un Seekers Who Are Lovers que l’on pourrait croire hanté, aussi majestueux que funeste. Cocteau Twins est un poison sucré qui vous capture pour toujours, ne vous privez pas d’un tel plaisir.


Metalorgie Team (Novembre 2019)

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Commentaires

iam_trying_to_beliveLe Jeudi 31 octobre 2019 à 15H36

Perso pour moi ce mois à été celui des nouvelles sorties. Necrophaze de Wednesday 13 (grosse déception), The Infernal Pathway de 1349 (pas trop mal du tout), Daemon de Mayhem (excellent!), A Dawn to Fear de Cult of Luna (excellent!)
A côté, Machine Messiah de Sepultura à fond depuis 2 mois ainsi que le Day of the Gusano de Slipknot qui est très fort aussi! ...