Les Dossiers de Metalorgie #20 Juin 2019 - Metalorgie Monthly

Le Hellfest est désormais derrière nous, l'été pointe le bout de son nez annonçant la saison des festivals, mais aussi des soirées sur la plage, des trajets en bagnole sous le soleil et des soirées jusqu'au petit matin. Et pour tout ça, eh bien il faut de la musique ma bonne dame ! On vous parle des skeuds qui ont tourné ces derniers mois dans nos esgourdes, du Heavy/Doom au Hardcore sans oublier quelques incartades RnB/Funk/Soul ou Shoegaze. 


Le mois de juin de...


... Zbrlah (ses chroniques) :

Children Of Bodom – Hexed (2019)
Le Children Of Bodom nouveau est arrivé ! Après un I Worship Chaos en demi-teinte (pour rester poli), même si on salue le courage du groupe pour tenter des choses, on apprécie vraiment le retour d’un peu de mélodie dans la musique du Hate Crew. Alors certes, ça ne vaut pas Follow The Reaper ou Hatebreeder, la dimension Power / Speed Metal n’est plus vraiment autant présente alors qu’elle était aussi importante que l’aspect Death Mélodique lors des débuts. Mais ne crachons pas dans la soupe, Hexed est un album qui continue dans les prises de risque (l’étrange mid-tempo Hecate’s Nightmare, le riff presque « joyeux » du single Under Grass And Clover...), et qui le fait avec bien plus de réussite que son prédécesseur.

Steel Prophet – God Machine (2019)
Les 18 ans de Metalorgie ont été l’occasion pour une bonne partie de l’équipe de se retrouver. Et de s’échanger certains albums que les uns et les autres avaient reçu dans le cadre de nos chroniques. Pendant que de nombreux autres discutaient des mérites relatifs d’obscures formations de Post-Shoegaze ou de Sludge-HxC, la modeste (et mainstream) étiquette Power / Heavy me suffit, et me fait recevoir le dernier Steel Prophet et quelques moqueries. Bon, ok, je dois l’admettre, les railleries sont justifiées : le nom du groupe, du disque, du label (« Rock Of Angels »), la pochette, le style, tout est kitsch et pourtant ça me parle, j’ai envie d’essayer. J’assume. Oui mais pour combien de temps ? Vous aviez remarqué que je joue la montre sans parler de musique ? Bah au final, c’est moyen-moyen. Du Heavy basique, pas nul, mais pas ouf. Ça s’est laissé écouter deux fois mais je n’y reviendrai probablement pas, sauf peut-être pour me moquer de l'évident plagiat de Pantera sur Lucifer / The Devil Inside.

Step In Fluid – Back In Business (2019)
Rien à rajouter par rapport à la dithyrambique chronique de Tang. Les mecs font un Prog tellement groovy, un Jazz tellement Rock, un Metal tellement funky, des morceaux faciles à écouter et sur lesquels se dandiner (Booty Shake porte si bien son nom !) tellement techniques sans qu’on s’en rende compte… Un grand oui sur toute la ligne, qui finira plus que probablement sur mon podium annuel.

Khemmis – Desolation (2018)
SkaldMax a dû en avoir marre de me filer des billes côté Black Metal sans que je n’en fasse vraiment grand-chose, parce qu’il s’est finalement mis à me conseiller du Doom. Il a tellement bien vendu Khemmis que je m’y suis attelé, et que – surprise ! – j’ai pas détesté. Enfin, c’est pas devenu mon groupe préféré non plus hein, mais ça va, c’était cool, j’ai écouté ça plusieurs fois d’affilé, j’y suis revenu après avoir écouté autre chose entre temps, et j’y reviendrai sûrement encore tôt ou tard. Pour du Heavy-Doom, c'est plus mélodique et moins pesant que l'étiquette ne le laisse suggérer, et c'est sûrement, effectivement, une chouette porte d'entrée vers ce style, considérant d'où je pars. En revanche, le disque ne me semble vraiment pas fait pour s’enjailler, mais si un jour j’ai envie de sombrer dans la déprime en étant accompagné par un album qualitatif, je sais vers quoi me tourner. Bonne découverte.


... Euka (ses chroniques) :

This Gift Is A CurseA Throne of Ash (2019)
Alors que le disque semble avoir laissé un avis plus mitigé à certains, ce nouvel opus de This Gift Is A Curse prend une direction que j’apprécie fortement. Plus noir, sombre, chaotique, le combo nous sort une masse repoussante qui les hisse au niveau d’un Celeste en termes d’ambiance, en plus Black. Peut être ce disque n’était-il pas forcement l’attendu, mais j’y décèle quelque chose d’insistant, qui colle à la peau. 

Violent SohoTinderbox / Neighbour Neighbour (2012)
Pas de chances de se planter, le single ne contient que deux titres qui ne seront pas intégré sur l’album suivant, et pourtant cela représente tout ce que j’apprécie chez Violent Soho. Un Rock / Grunge ultra ensoleillé (Neighbour Neighbour donnera envie d’un barbecue estival entre amis), mais aussi quelques passages ultra catchys sur le premier titre en sus le chant presque idéal du frontman (avec ce refrain parfait !). Idéal pour l’été !


... Rillettes (ses chroniques) :

NumenoreanAdore (2019)
Sorti au mois d'avril sans que votre webzine préféré en ait parlé, ce nouvel album des Canadiens m'a pourtant bouleversé. Découvert suite à un random clic sur la chaîne YouTube de Season Of Mist, j'ai été soufflé par l'émotion que dégage Adore. Mais... Ça n'a pas été immédiat. La première écoute m'a laissé assez dubitatif. Je l'ai suivi d'une oreille distraite, en fond sonore. Il n'a même pas rejoint ma playlist. Et pourtant, quelques jours après, j'y suis revenu, en lui apportant plus d'attention. Et j'ai multiplié les écoutes, au point de le faire tourner plusieurs fois par jour. C'est un album brillant à la croisée du Black Metal atmosphérique, du DSBM, du Post Rock dans lequel les musiciens ont véritablement mis leur âme. En un mot : c'est magnifique, et vous devriez tenter le coup !

SinistroSangue Cassia (2018)
Concrètement, le Doom, ça me fait chier. Tant que ça flirte pas avec le Black (genre Naga) ou avec le Death, je passe à autre chose. Sauf qu'avec Sinistro, ça a immédiatement été une grande histoire d'amour, la faute à la voix de Patricia Andrade qui m'a immédiatement envoûté. Et à ce son de guitare magnifique. Et aux compositions délicates, aériennes, torturées. Et puis c'est un détail, mais le chant en Portugais a énormément de charme !

Cambion - Unfold Chaos Supreme (2015)
Je suis récemment retombé sur cette démo d'une formation texane plutôt anonyme. En gros, c'est comme si Slayer et Krisiun avaient fait des bébés : un Death ultra véloce et franchement méchant qui n'hésite pas à thrashiser quand ça bourre pas assez. Cinq titres très vilains qui foncent à 240 BPM, soutenus par un batteur complètement malade qui frappe à un vitesse rarement entendue. Pas ce qu'il y a de plus original, mais je vous assure que c'est suffisamment bien fait pour mériter 3 minutes de votre temps.

Onryô - Mûto (2017)
On reste dans les trucs débiles et brutaux qui cassent la nuque avec un groupe Italien, side project d'un des mecs de Hideous DivinityOnryô fait dans le Brutal Death / Grind qui groove, avec une dimension Mathcore qui ramène des mesures bien débiles en 15/16 et autres joyeusetés techniques du même acabit. Ça riffe bien et ça privilégie malgré tout l'efficacité à la débauche de savoir-faire, le seul problème c'est que comme pour Cambion c'est un EP, et 13 minutes ça passe très vite quand on s'amuse. Soit disant que ça bosse sur un album mais je ne crois que ce que je vois.

Beaten To Death - Agronomicon (2018)
Si vous trouvez UN SEUL autre groupe qui sonne pareil que Beaten To Death, je vous offre ce que vous voulez. Pour essayer de mettre des mots sur l'idée et faire rentrer le groupe dans des cases, c'est du Grindcore / Crust / Post-Rock mélodique. Avec un choix de son de guitare très très curieux : très très peu de gain mais une attaque monstrueuse. Dans une seule compo, attendez-vous à tomber sur du tapis de double et du riff en tremolo, avant d'avoir un pont qui déboule sur une partie avec des arpèges à la Elder déroulés sur une batterie Jazz. C'est timbré, c'est osé et le pire dans l'histoire c'est que ça fonctionne : on s'écoute l'album (qui ne dure certes que 22 minutes) sans même s'en apercevoir.


... Vianney (ses chroniques) :

RhapsodySymphony Of Enchanted Lands (1998)
Est-ce utile de présenter Rhapsody ? On va dire que non. D'autant que cet album est suffisamment ancien pour qu'on n'ait pas besoin de rajouter un "Of Fire", ni de préciser de quelle version il s'agit (on en est à trois, qui dit mieux ?). D'un point de vue personnel, c'est avec cet album que j'ai découvert le groupe, il y a... bah, je ne sais plus combien d'années exactement, mais ça ne devait pas être plus de quatre ou cinq ans après sa sortie. J'avais détesté, d'ailleurs (faut dire qu'à l'époque, j'écoutais essentiellement du Death, du Thrash, et accessoirement du Néo si ça gueulait suffisamment). Mais les goûts évoluent (certains diront que j'ai mal tourné), aujourd'hui il m'arrive assez régulièrement d'avoir envie d'écouter les Italiens, et peut-être plus souvent qu'à son tour c'est sur Symphony Of Enchanted Lands que ça tombe. Mais voilà, ça faisait tout de même un moment que je ne l'avais plus sorti de sa boîte, plus de six mois, le plaisir de le retrouver était donc à son comble... et puis sans même accorder trop d'attention aux paroles, subitement j'ai entendu "Yes, I am a Barbie" au lieu de "Yes, I am that warrior"... Je crois que j'ai trop écouté Nanowar Of Steel.

XenoblightProcreation (2018)
Je suis tombé là-dessus grâce à la réédition de l'album parue un peu plus tôt cette année, et avant même de savoir de quoi il retournait exactement, le nom m'a intrigué (bon, vu la pochette, je ne m'attendais clairement pas à un concentré de douceur). Bonne pioche. Xenoblight, c'est du Thrash Progressif, ça nous vient du Danemark, et ça fleure bon l'influence de Vektor tout en s'en démarquant par une approche plus directe. Procreation est un premier album et la formation a encore une belle marge de progression devant elle, mais ça vaut déjà le détour. À découvrir

Havamal - Call Of The North (2017)
Ils sont suédois, ils font du Death Metal Mélodique, leurs paroles se concentrent sur la mythologie nordique, je veux bien évidemment parler de... Havamal ! Le nom du groupe ne vous dit rien ? C'est plutôt normal, Call Of The North est leur premier EP (on aurait presque envie de dire qu'ils ont vingt ans de retard), et d'ici la parution du dossier, le premier album aura vu le jour, mais tout juste. Ça pourrait être un clone insipide, mais ce n'est pas le cas. C'est puissant, c'est épique, et si le cœur vous en dit ça se découvre juste là.


...Skaldmax (ses chroniques) :

Childish Gambino - Awaken, My Love ! (2018)
J'avais bien sûr entendu ce nom maintes fois, entendu vaguement parler d'un clip (This Is America), mais je n'avais jamais écouté de Childish Gambino jusqu'au coup de cœur Feels Like Summer. Pour les yeux, un clip en animation mettant en scène pléthore d’acteurs de la scène Rap US sous un soleil couchant. Pour les oreilles, un tube aussi ensoleillé que mélancolique, tellement addictif que mon cerveau n’a pas pu s’empêcher de le jouer en boucle sans même demander mon autorisation des jours durant. Je suis alors allé étancher ma soif avec Awaken, My Love !, concentré de Soul, Electro, RnB, Rap, Funk et autres influences diverses de Donald Glover, l’homme derrière le projet. Premièrement, le gars maîtrise, et deuxièmement, il verserait presque dans l’ironie et le comique en surjouant vocalement sans être irritant. Une bien belle découverte dans des genres que je ne connais malheureusement pas assez pour juger de la qualité intrinsèque, mais je reconnais avoir été happé par ce disque. 

Cocteau Twins – Heaven Or Las Vegas (1990)
Il n’est jamais trop tard, même pour découvrir de grands classiques. J’ai eu la chance de croiser la route des Cocteau Twins par l’intermédiaire de Liz Fraser, chanteuse sur la récente tournée de Massive Attack et accessoirement leader de ce monument Dream Pop/Shoegaze. Quelle claque, quelle claque mes aïeux lorsque j’ai entendu ces vocalises de Liz ramper langoureusement sur l’instrumentation sucrée et chaude de ses coreligionnaires. Cet album tourne obligatoirement dans la playlist du Paradis, aux côtés du Sunbather de Deafheaven et des disques d’Alcest. Tout y est magnifique, clair, transcendant, à tel point que la chanteuse ne démontre même pas ses talents dans une langue existante mais s’exprime via des mots inventés et des conjugaisons de syllabes qui ne trouvent de sens qu’au plus profond des cœurs. Heaven Or Las Vegas est beau à en pleurer. De bonheur bien sûr. 

Syndrome 81 – Démo 2013 (2013)
Depuis quelques temps j’essaye (avec succès) de me frotter de plus en plus à la musique Punk de tout poil : j’aimais déjà l’Emo/Screamo (c’est une étape obligée quand on écrit sur ce site grâce aux très bonnes chros qu’on y trouve dans le genre), j’aime beaucoup le Post-Punk, j’ai testé un peu plus le Crust de Discharge, le Fastcore de Spazz et Charles Bronson…Que de bonnes expériences, alors pourquoi ne pas ENFIN aller voir sur scène Syndrome 81, groupe Punk/Oi de Brest, born and raised sous la grisaille comme moi ? Si la voix me bloquait à première vue, l’excellente expérience live a complètement éclipsé ce problème par la suite. J’ai donc pu ré-écouter avec plaisir A Coups De Gégène, Brest La Grise et Recouvrance (deux titres forcément hyper parlants sur le plan perso), que des titres simples comme tout mais fonçant tête baissée, avec des paroles qui ne demandent qu’à être reprises en chœur la prochaine fois que j’irai les voir jouer.

... Pentacle (ses chroniques) :

Russian CirclesBlood Year (2019)


Retour aux affaires pour le trio de Chicago qui visiblement a bouffé un lion depuis Guidance en 2016. Clairement le truc qui frappe (et le mot est bon je trouve) c'est l'aspect massif et dense des nouvelles compositions. La faute encore une fois à un duo basse / batterie qui dégomme tout sur son passage et nettement mis en avant du coté de la production. Arluk qui ouvre l'album en est un excellent exemple. Même Sinaia sous ses allures de titre plus Post-Rock aérien dégage ce truc épais et dur comme de la roche. Kohokia avec sa mélodie étrange est aussi une belle réjouissance de ce nouveau cru. Russian Circles a donc encore des choses à dire, même s'il ne se réinvente pas. Mais ils ont au moins le mérite d'avoir sorti un meilleur album que le dernier Pelican...

Hair Puller - Old Friend (2018)

Pour résumer simplement cet album il suffit d'utiliser deux noms : Unsane et Kylesa. Tu prends un mixer, tu mélanges le tout et tu obtiens Hair Puller, trio de Portland entre le Noise Rock les riffs de routier Sludgy et le Hardcore. Cet album c'est une rythmique carnassière, une voix de meuf super vener, et de la baston à chaque coin de riff. C'est ultra efficace, accrocheur et c'est à écouter avec des lunettes de soleil, les vitres ouvertes et le volume de l'autoradio à 11.

Lingua IgnotaCaligula (2019)

Troisième album pour Kristin Hayter qui fait suite à l'incroyable All Bitches Die qui l'avait révélée en 2017. Plus de titres, moins de pièces qui s'étirent, mais cette sensation finale qui forme un tout, partagé encore une fois dans un mélange Néo-Classique / Darkwave / Noise et Indus. Il y a toujours ce truc qui nous emporte dans la musique de Lingua Ignota, cette ambiance sombre, pesante et déprimante. Logique quand on sait que la musicienne parle de violences conjugales dont elle a été victime. Certains titres comme Butcher Of The World ou I Am The Beast, portés par les hurlements de Kristin font clairement froid dans le dos. If The Poison Won't Take You My Dog Will (on mesure toute l'ampleur d'un tel titre) est part exemple paré d'une ambiance froide et étrangement belle. Caligula est peut-être plus difficile d'accès que All Bitchies Die, mais encore une fois une expérience douloureuse, mais salvatrice.

Metalorgie Team (Juin 2019)

Partager :
Kindle
A voir sur Metalorgie

Laisser un commentaire

Pour déposer un commentaire vous devez être connecté. Vous pouvez vous connecter ou créer un compte.

Commentaires

SkaldMaxLe Dimanche 30 juin 2019 à 16H35

@Euka sur tes recommandations <3
@Zbrlah si tu veux du Khemmis un peu plus enjoué (et un peu moins Doom) fonce sur le 2e album qui est lui aussi excellent
@BIRTHMARK78 il faut que j'écoute le Brutus merci du rappel !

BIRTHMARK78Le Dimanche 30 juin 2019 à 08H34

En ce qui me concerne, le disque de l'été sera Nest de Brutus. Je les ai "découvert" récemment sur une review du Hellfest et je ne peux plus m'en passer (vous avez chroniqué leur 1er album mais pas le dernier).

Allez voir la vidéo de leur titre war sur youtube...

SugarbreadLe Dimanche 30 juin 2019 à 05H18

Le dernier CoB est vraiment excellent. Step in Fluid! Putain j’ai laché ce groupe il y a des années je vais aller éxouter ça!
Sinon découverte du moment Otoboke Beaver! Punk hardcore/Noise Rock, déjanté, japonais et féminin!

http://www.youtube.com/watch?v=1I7bfA73qYs&list=OLAK5uy_lDoWDo84pIUn9E_TTvgca5PT5DL8W2B_Q

EukaLe Samedi 29 juin 2019 à 20H01

Spazz <3
Charles Bronson <3