Metalorgie Monthly #17 Février 2017

Comme tous les derniers dimanches du mois, on se retrouve pour notre compil' de playlists mensuelles. Encore une fois, l'ensemble est hétéroclite as fuck, c'est à se demander comment on est venu à bosser ensemble pour Metalorgie. Mais on croit dur comme fer que c'est ce qui fait notre force ! Et vous, qu'avez-vous écouté ce mois-ci ? N'hésitez pas à laisser un commentaire pour nous en parler, et peut-être nous donner envie d'écouter vos découvertes le mois prochain !


Le mois de février de...
... Zbrlah (ses chroniques) :

Rage Against The MachineThe Battle Of Los Angeles (1999)
C'est con, mais je me suis réveillé un matin avec le riff de Sleep Now In The Fire dans la tête. Ça m'a travaillé pendant toute ma routine matinale, et j'ai cédé en écoutant l'album entier sur mon trajet pour aller au boulot. Réécouter RATM quinze ans plus tard m'a fait un peu comme quand je revois un film de mon enfance (vous savez, Les Goonies, Ghostbusters, L'Histoire Sans Fin, Jumanji...) : ça reste cool, je me rappelle combien j'adorais ça, et pourtant la magie ne fonctionne plus de la même façon. Ça reste agréable, mais plus pour la dimension "nostalgie" que pour l'aspect efficace, novateur, défouloir, ou quoi que ce soit qu'on pouvait imaginer à l'époque. Le genre de film/disque qui nous font dire "ouais, ça a bien vieilli, mais bon quand même...". Sauf L'Histoire Sans Fin, qui a très mal vieilli. Pour le coup, mieux vaut réécouter du RATM, franchement.

Prophets Of Rage - The Party's Over (2016)
Forcément, en écoutant du Rage Against The Machine, Spotify m'a proposé d'enchainer sur Prophets Of Rage. Evidemment, je n'étais pas passé à côté de ce supergroupe qui s'est affiché partout sur le net il y a six mois, mais je n'avais pas écouté ce qu'ils proposent. Au final, malgré le buzz médiatique provoqué par la situation politique contre laquelle le groupe s'oppose, l'EP en lui même n'est clairement pas si folichon que ça. L'inédit Prophets Of Rage a néanmoins de l'intérêt : son instrumentation nous rappelle justement la période The Battle Of Los Angeles de RATM, super efficace bien que convenu, à base d'un riff groovy XXL sous une grosse couche de polish. Par contre, Chuck D et B Real ne valent pas un demi Zack De La Rocha, même à eux deux. Peut-être qu'en ne connaissant pas Rage Against The MachineProphets Of Rage pourrait convaincre, mais pour les vieux de la vieille, le flow hargneux et la voix aigue du chanteur original de Rage semble définitivement indispensable à la musique de Tom Morello&co. La preuve avec la reprise molle de Killing In The Name. Tant pis, bien essayé.

Moonloop - Deeply From The Earth (2012)
Ce n'est probablement pas une coïncidence que les Espagnols aient le même nom qu'un EP de Porcupine Tree. En effet, Moonloop propose un Death progressif et mélodique à la Opeth, teinté de quelques influences Rock que ne renierait pas Steven Wilson (sur Strombus par exemple). Découvert par hasard lors d'un covoiturage, le disque m'a suffisamment plu pour que je le réécoute dans de bonnes conditions. D'abord dérouté par une voix Death ultra caverneuse, à la limite du malsain, qui semble ne pas coller avec les arrangements techniques et mélodiques des instrumentations, j'ai fini par m'habituer à ce growl-rocailleux. Les interventions en chant clair (le début de Fading Faces, la middle-section de A Life Divided) semblent un peu fragiles sur la justesse mais apportent une bouffée d'air frais appréciée. Musicalement, la première moitié de l'album est plus qu'aboutie : Moonloop digère bien l'influence Opeth pour en proposer un équivalent, et non pas une copie. La seconde partie du disque, plus expérimentale et moins "Metal extrême", est un peu moins captivante tout en restant de bonne facture. A noter qu'un nouvel album est très prochainement prévu.

M&T@L - IK (2016)
Notre récente chronique et l'interview qui l'accompagne m'ont vraiment bien vendu le projet M&T@L, et j'y ai jeté une oreille convaincue d'avance et très attentive. Et... Quelle déception ! Enfin, qu'on se comprenne bien : le disque est génial et les musiciens sont tous les trois des machines de brutasserie technique et groovy. En fait, j'aurais adoré cet album en tombant dessus par hasard. Mais voilà, j'ai lu qu'il s'agissait de "réutiliser les codes et l'énergie du style Metal", par deux jazzmen et un metalhead, qui jouent du Metallica. On part donc d'un style de jeu annoncé Metal, de bons zicos dont un qui connaît réellement le milieu concerné, et de chansons typiquement Metal. Et l'album n'est PAS. DU. TOUT. du Metal, tooooouuuut ceci n'est qu'un prétexte, une couverture pour faire du Jazz. Du Jazz d'excellente facture, comme annoncé. Mais je ne retrouve pas la même énergie ou une approche des mélodies qui soit commune a du Metal, ou même à du Metal-Jazz (j'avoue, je m'attendais un peu à un Cynic avec du saxo...). Je vais ranger ça à côté de mes albums de Jazz-Jazz (pas de Jazz-Metal), avec Erik Truffaz, Kamasi WashingtonJaco Pastorius et consorts, et le ressortir quand j'aurais assimilé que c'est ce à quoi je dois en fait m'attendre. 



... Raikage (ses chroniques) :

Alkpote et Dj Weedim - Sadisme et Perversion (2016)
Amis de la subtilité, au revoir. Le programme de l'album tient en son titre : sexe, drogue, violence et punchlines comme l'avoue lui même le principal intéressé "nouveau morceau, tout plein de gros mots". Bon, mais une fois passé le choc de la première rencontre, reste t-il encore quelque chose d'intéressant ? Et bien oui, les instrus sont bien travaillées, collant à l'ambiance de chaque titre (Renifle et le morceau éponyme) et le flot de Atef Kahlaoui n'est pas désagréable loin de là. Ajoutez à tout cela des références très appréciables que tous les enfants des années 80 et 90 sauront goûter à leur juste saveur et vous obtenez un très bon disque de Hip Hop français.

Léo Ferré - Il n'y a plus rien (1973)
Comme une bonne partie de la population française, j'ai longtemps boudé ce qu'on appelle la variété française. Élitisme mal placé ? Musique perçue comme vieille et ringarde ? Peut être, mais depuis maintenant plusieurs mois je me rattrape. Et c'est bien Ferré qui m'a lancé sur cette voie. Au-delà de la musique, de très bonne qualité une fois de plus et que je vous laisse découvrir, ce sont bien les mots de ce poète qui m'impressionnent. Anarchiste convaincu, ce grand monsieur considère que la poésie (et la musique, les deux vont de pair chez lui) ne doit pas se cacher derrière des expressions alambiquées comme il se plaît à le clamer haut et fort dès la superbe Préface qui ouvre cet album. Si jamais, après avoir écouté cette tirade, vous n'êtes pas convaincu, laissez tomber. Ce n'est peut être pas pour vous après tout, et il n'y aucun mal à cela. 

Diapsiquir - 180° (2016)
Dieu. Banlieue parisienne. Drogue. Repentir. Saignement. Hip Hop. Questionnement. Piétiner. Poésie. Sexe. Chanson française. Lumière. Lacoste. Suicide artistique. Dégoût. Survêtement. Rébellion. Booba. Folklore. Violence. Musique. Premier degré. Ex-toxicomane. Javel. Monastère. Défi. Renaud. Vitriol. Serpent. 8.6. Véronique Sanson. Hardos. Rer. Victime. Génuflexion. Poison. Cave. Adversaire. Baffe. Demi tour. Amis. Vérité. Reconstruction. Mort.



... Chris (ses chroniques) :

Miles Davis - In A Silent Way (1969)
Si Miles avait déjà commencé à incorporer des instruments électriques sur Miles In The Sky et Filles de KilimanjaroIn A Silent Way marque le tournant définitif emprunté par sa musique. Le regard constamment tourné vers un avenir que lui seul semble en mesure de concevoir, il pose les bases du Jazz Rock et, comme à son habitude, en profite pour révéler de nouveaux talents, le guitariste britannique John McLaughlin en tête. Les deux pièces qui composent ce disque nous emmènent loin, entre groove imparable et psychédélisme, vers un monde où la trompette d’un génie semble dotée de pouvoirs défiant tout raisonnement, guidant autant qu’elle les accompagne le reste des instruments. L’année suivante, Bitches Brew viendra enfoncer le (dernier) clou du cercueil de la période acoustique de Miles.

TestamentBrotherhood of the Snake (2016)
Pour être honnête, je ne suis pas un grand connaisseur de la discographie de Testament. Ce que je peux affirmer sans aucun doute, en revanche, c’est que cet album m’a immédiatement attrapé pour ne pas me lâcher pendant plusieurs semaines. D’une efficacité redoutable, il montre que le Thrash a encore de beaux jours devant lui. A l’instar du dernier MegadethDystopia, il fait partie des bonnes décharges de l’année 2016. Nettement plus jouissif que le dernier MetallicaBrotherhood of the Snake parvient à respecter l’héritage d’un groupe majeur, sans pour autant sonner daté ou ringard. Bel exploit.

Blut Aus NordMemoria Vetusta III (Saturnian Poetry) (2014)
Un très beau voyage en des contrées sombres et inquiétantes, mais qui laissent entrevoir quelques paysages éclairés d’une lumière que l’on pourrait penser divine, mais qui émane simplement de la foi que l’Homme peut tirer de son rapport à la nature. Avoir un vrai batteur donne définitivement au Black Metal de Blut Aus Nord un aspect plus organique, particulièrement pertinent pour mettre en valeur ces riffs que l’on croirait extraits d’une terre qui n’aurait été foulée que par quelques peuples primitifs, trop occupés à simplement essayer d’y survivre pour tenter de la pervertir. Très mélodique, ce disque fait preuve d’une cohérence à toute épreuve et propose des moments particulièrement épiques, comme l’enchaînement Forhist / Henosis, d’une force impressionnante.

Alain Bashung - Fantaisie militaire (1998)
Classe (nom féminin) : qualité exceptionnelle, distinction de quelque chose ou de quelqu’un.
Exemple : Bashung, il avait la putain de classe.



... SkaldMax (ses chroniques) :

The Saddest LandscapeYou Will Not Survive (2010)
26 minutes, pas une seconde d'ennui. You Will Not Survive est une mise à nu des sentiments, un brûlot Screamo où la rage et le désespoir se fondent dans une tristesse incroyablement touchante. Le chanteur semble en permanence au bord des larmes, que l'on pense aux sanglots de Eternity Is Lost On The Dying, à cette voix féminine qui débarque en pleine montée sur Imperfect But Ours, ou à l'intro explosive de So Lightly Thrown. The Saddest Landscape maîtrise parfaitement son numéro de funambule entre la violence et la sensibilité, rien à redire là-dessus.

Tiny Moving PartsCelebrate (2015)
Sur les conseils de l'ami Euka, le dernier opus des Américains a tourné une bonne dizaine de fois ce mois-ci, et ce sans forcer. Celebrate n'est qu'amour, jeunesse et soleil éclatant, rayonnant de ses mélodies Emo/Indie/Pop-Punk. Happy Birthday est typiquement le genre de titre écrit pour exulter, chanter à pleins poumons et rester en tête un bon moment. Moins Math-Rock que son prédécesseur, Celebrate s'enfile d'une traite pour son accessibilité et sa joie naïve à toute épreuve. 

MidnightNo Mercy For Mayhem (2014)
Rock n' Roll as fuck. Midnight c'est tout simplement le croisement du Black Metal 1ere vague, du Rock bien gras à la Motorhead avec quelques touches Heavy et Punk. Un cocktail plus qu'efficace qui t'emporte à pleine vitesse pour aller faire de la moto avec Satan, une bouteille de Jacks à la main. Evil Like A Knife, No Mercy For Mayhem, The Final Rape Of The Night, de toute façon il n'y a que des tubes alors foncez. Comme dirait Slayer, l'enfer vous attend.



... Pentacle (ses chroniques) :

The Sweet Release Of Death - The Sweet Release Of Death (2016)
Originaire des Pays-Bas, les TSROD ont une passion pour la Noise, celle qui va de My Bloody Valentine à Sonic Youth en passant pourquoi pas par The Cure / Joy Division. On retrouve tout ça dans ce second album, mais aussi une propension à faire hurler les ampli et tout recouvrir de cendre brûlante. L'album est nourri d'un Rock noir, violent et déviant, portée par une voix sulfureuse d'Alicia Breton Ferrer, pas si éloignée de Queen Adreena.

Violent Magic OrchestraCatastrophic Anonymous (2016)
Ce qui nous pousse vers le précipice chez VMO, c'est cette voix maladive qui donne envie de se taillader les veines. Les mélodies d'une tristesse absolue ne sont pas là pour égayer d'avantage le paysage et le riffing Black Metal fait l'effet d'un poison. Quant aux bidouilles Drone / Noise / Indus elles ne renforcent que le côté malsain et douloureux de l'oeuvre, comme un tourbillon qui nous emporte dans une schizophrénie et une déprime sans fin.


... Euka (ses chroniques) :

The Death Of Anna KarinaThe Death Of Anna Karina (2002)
Alors que Lacrima Pantera commence à se faire vieux, il est toujours bon de ressortir les deux premiers albums du combo italien. Rock’in Screamo, ou comment mélanger deux styles pour en donner un cocktail typiquement latin (on retrouvera la même vibe dans Raein ou La Quiete), mais avec une folie maladive dans l’essence même du son (You Are My Cannibal) qui s’atténue dans New Liberalistic Pleasures. La fièvre messieurs-dames, a dorénavant un son.

UnderoathDefine the Great Line (2006)
Il fallait bien la tournée de reformation d’Underoath pour ressortir ce album qui, même s’il reste attaché à une époque, n’a pas pris une seule ride. Certes, les schémas auront été depuis érodés, mais la production tient encore le choc, le double-chant reste dynamique, les parties rythmiques endiablées. Même s’il n’a pas la fraîcheur de They’re Only Chasing Safety (A Boy Brushed Red Living In Black And White), certaines compos sont largement plus matures / réfléchies (A Moment Suspended In Time ou You’re Ever So Inviting). A écouter si vous êtes passés à côté il y a 10 ans.

His Hero Is GoneThe Plot Sickens : Enslavement Redefined (2001)
Est-ce qu’on peut écouter autre chose de His Hero Is Gone que Monument Of Thieves ? Je serais tenté de dire oui, mais ce dernier opus reprend peut être un peu trop les schémas présentés en amont pour arriver à la hauteur de l’opus précédent. Et pourtant, What Goes Up, Enslavements Redefined ou Sound the Alarm ont le même impact, la même hargne / haine. Si vous avez envie d’approfondir un peu la disco du combo, prenez le temps d’écouter The Plot Sickens : Enslavement Redefined, sinon tentez Union Of Uranus, vous devriez trouver votre bonheur.

Metalorgie Team (Février 2017)

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Commentaires

Eagle_JohnLe Lundi 27 février 2017 à 09H59

Intéressant, en ce qui concerne mon mois de fevrier:

Leprous - Coal: Quel chanteur incroyable!

Kreator - Gods Of Violence: le meilleur album depuis Coma Of Souls.

Sepultura - Machine Messiah: le meilleur album avec Derrick Green.

Moonspell - Wolfheart: sûrement le meilleur album

Allegaeon - Propenent For Sentience: un des meilleurs album de 2016 sans aucun doute

Deux derniers pour la route: The Rolling Stones - Beggars Banquet: il n'y a jamais trop de guitares slide et The Offspring - Ixnay Of The Hombre (le meilleur album du monde qui a fêté ses 20 ans).

@iam_trying_to_belive: Black Clouds est vraiment un album exceptionnel et sous-estimé! The Count Of Tuscany est l'une des meilleures compo du groupe tout simplement!

iam_trying_to_beliveLe Dimanche 26 février 2017 à 09H29

Moonloop me semble être un groupe très intéressant, il me tarde d'écouter! Sinon Tiny Moving Parts à l'air plutôt sympa, tout comme Midnight...

Perso, ce mois ci ça à été:

Bounty Killer- Ghetto Gramma' 1997- Le Warlord jamaïcain dans toute sa splendeur, pas forcément son oeuvre que je préfère, mais ça reste du lourd!

Black Sabbath- Black Sabbath 1970... Y a t'il besoin d'en dire plus?

Dream Theater- Black Clouds and Silver Linnings 2009- Mon album favoris de Dream Theater

Sublime- 40 oz To Freedom 1992- Un de mes groupe favoris, tout ce qu'ils ont fait est parfait!

PS: Quand j'ai vu Léo Ferré je me suis dit "mythique!" Mais en fait, je sais pas pourquoi, je confonds toujours Léo Ferrer et Nino Ferrer... Les cornichons, le ptis oignons, de la moutarde.... Intemporel!!!!