Metalorgie Monthly #07 - avril 2016

Ce mois-ci, Metalorgie a été sage sur les poissons d'avril (à part un petit gag sur notre Facebook), mais certaines habitudes ne changent tout de même pas. Nous voilà donc, comme tous les derniers dimanches de chaque mois, à vous dévoiler nos playlists toujours aussi éclectiques et bariolées.

Le mois d'avril de...

... Zbrlah (ses chroniques) :

Symphony XIconoclast (2011)
Dans la même veine que Underworld chroniqué en nos pages, Symphony X avait déjà fait fort avec Iconoclast quelques années avant. L'approche mélodique et catchy est vraiment similaire, pour un résultat tout aussi impressionnant. Rarement un groupe n'aura su conjuguer l'efficacité groovy des riffs à la Pantera avec une technicité incroyable de maîtrise progressive. Seule ovni de l'opus, la piste When All Is Lost délaisse le côté headbang pour un aspect plutôt émotionnel et teinté de regrets, faisant de ce titre l'un des plus beaux du groupe.

EpicaThe Quantum Enigma (2014)
Je crois qu'Epica est le groupe que j'ai le plus vu en concert, avec 7 ou 8 prestations en pas loin de dix ans. J'y reviens toujours, un peu comme on se ressert des frites même quand on a plus faim, juste parce que c'est bon et qu'il en reste un peu. La formule fonctionne pour moi : un chant féminin ultra maîtrisé avec une musique largement plus bourrine que chez la concurrence (Nightwish et autres Within Temptation), tout en faisant la part belle aux growls, aux chœurs, et aux orchestrations. The Quantum Enigma ne déroge pas à la règle, et The Second Stone est indéniablement une grosse réussite de l'album. Vous reprendrez bien un peu de frites, on va pas laisser ça...

Savant - Cassette (2016)
J'ai déjà parlé de Savant dans un Metalorgie Monthly, et bien ce type est toujours aussi siphonné. Sa première sortie de 2016 (puisqu'on peut s'attendre à plusieurs albums par an) est un EP contenant sept fois le même titre, Cassette, en sept versions différentes : EDM, techno, country, rock, hip-hop, 70s, et 80s. Chaque version est livrée avec un clip kitschissime qui charrie les standards du genre concerné. Encore une fois, Savant ne fait pas honte à son nom de scène puisque les mélodies sont réussies et restent en tête, mais surtout le travail d'arrangement est phénoménal, et le Norvégien réalise toutes les prises de tous les instruments. Une performance.

XandriaFire And Ashes (2015)
Grâce au (ou "à cause du" ?) line-up assez instable de Xandria, j'ai souvent l'impression de découvrir un nouveau groupe, ou au moins une autre facette des Allemands. Cet EP a la bonne idée de marier différentes époques du groupe, en proposant trois nouveaux titres mais aussi deux anciens morceaux réenregistrés avec le line-up actuel : Ravenheart, issu de l'album du même nom en 2004 ; et Now And Forever, provenant de India en 2005. Comme il restait de la place, Xandria ajoute à ça une reprise de Meat Loaf et une autre de Sonata Arctica. Tous les titres sont homogènes, les pistes réactualisées s'intègrent bien, et les reprises sont bien pensées. Ces dernières offrent une interprétation sympa comparées aux originales, sans non plus se rendre indispensables. Un EP plutôt correct, somme toute. Dans le registre du Metal "à chanteuse", Delain aurait bien fait de s'en inspirer pour son récent Lunar Prelude.

AlcestLes Voyages De l'Âme (2012)
Alors, ne me frappez pas, mais je n'ai découvert Alcest que la semaine dernière et je n'en connais pour l'instant que cet album. Depuis, je tourne entre trois et cinq écoutes par jour et Shelter est en route vers ma boite aux lettres. What else ?


... Phil (ses chroniques) :

TindersticksThe Waiting Room (2016)
Même après plus de 20 ans d’existence, les Anglais ne se répètent pas et ne se contentent pas de reproduire une recette. Les compositions sont riches d’arrangements et d’orchestrations intelligents (glockenspiels, piano Wurlitzer, instruments à cordes) et se font économes pour mieux en assurer les effets. Le trio invite les chanteuses Lhasa de Sela et Jehnny Beth (Savages) pour imprégner de leur personnalité des chansons aux humeurs différentes. Il se risque également à explorer d’autres horizons, l’Afrobeat de Help Yourself par exemple. Dans la continuité de leurs précédentes sorties, on ne sait pas trop si Tindersticks nous pousse à l’introspection ou nous trouve au bon moment. Reste que leur Pop indépendante, personnelle et élégante est toujours la parfaite compagne des mélancoliques journées pluvieuses. Un album intimiste plein de charme qui se découvre un peu plus à chaque écoute.

GoGo PenguinMan Made Object (2016)
Logiquement signé il y a un an sur le label Blue Note, le trio anglais propose un Electro-jazz toute en finesse. Derrière son apparente simplicité, ce troisième album se révèle complet et complexe. Le piano à la tessiture limpide expose et exploite avec facilité des motifs tantôt sérieux ou joueurs. Pendant que la batterie dynamise les morceaux par ses rythmiques et ses breaks qui évoqueront Aphex Twin ou au contraire se fait discrète pour s’approcher du Trip-hop, de manière toujours naturelle. La basse chaude et profonde, plus en retrait, accompagne mais surprend par ses ingénieuses et sobres lignes mélodiques que l’on prend plaisir à suivre. Les instruments font preuve d’une exemplaire complémentarité. Un album sans prétention mais qu’on peut vite écouter en boucle.

Francky Goes to Pointe-à-Pitre - Francky Goes to Pointe-à-Pitre (2015)
Ou la rencontre de la Musique des îles et du Math noise. Quel est le plus étonnant, l’idée de mélanger ces deux genres ou bien le résultat obtenu ? On oublie très vite la question à l’écoute de ce chaleureux disque où les oiseaux bruissent en arrière-plan. L’agressivité électrique des guitares se fait sucrée et la batterie chaloupée, cadencée lypso, entraine tout le monde. Ça zouk, plus ou moins furieusement, sans s’essouffler pendant ces 34 minutes revigorantes de soleil. (bandcamp)


... Euka (ses chroniques) :

Pg. 99 - Document #8 (2001)
La folie. Ce disque est une pure représentation de cette sensation d’emportement qui se décide à faire face à toute épreuve. Rien à redire, rien à jeter, Pg. 99 atteint ici le summum de sa trop courte, et pourtant riche, existence. « Punk Rock In The Wrong Hands » clamait le combo, alliant Hardcore et Screamo pour un résultat détonnant, cocktail que l'on a pu retrouver sur le principe dans Circle Takes the Square. Un incontournable, rarement égalé, et un disque toujours aussi frais, même 15 ans après. 

Elände - Patience (2014)
Faisant partie des héritiers de cette vague Post Rock / Screamo, Elände livre avecl'EP Patience l’alliance déjà vendue depuis plusieurs années par Errata, Le Pré Ou Je Suis Mort, … ou même Gantz avant eux. Pourtant, Part II restera le dernier titre de leur discographie, synthèse maîtrisée de l’essence captée par les Lillois. Un morceau qui se suffit à lui-même, pour montrer qu’en à peine trois minutes, on peut faire beaucoup. Leur Bandcamp.


... Chris (ses chroniques) :

Chelsea WolfeAbyss (2015)
Après avoir pris ma claque lors du concert « Blood Moon » de Converge à Reims, où Chelsea Wolfe faisait partie des renforts des légendes du Hardcore, je me suis replongé avec un immense plaisir dans Abyss, son dernier album sorti l’an passé. Un disque hypnotique et passionnant d’un bout à l’autre où elle croise Folk, Metal, Indus, New Wave et invoque à la fois les ténèbres et la lumière. Fascinant.

John Coltrane - The Complete 1961 Village Vanguard Recordings (1997)
L’intégralité de la mythique série de concerts donnée par le saxophoniste au Village Vanguard de New York en novembre 1961. Accompagné d’Eric Dolphy, Roy Haynes, Reggie Workman et Ahmed Abdul Malik, le quartet de Coltrane écrit en direct, morceau après morceau, une nouvelle page de l’histoire du Jazz, offrant une musique incandescente nous emmenant de l’Asie à l’Afrique et jusqu’aux bas-fonds d’une Amérique en pleine mutation sociale.

Disasterpeace - It Follows OST (2015)
Le film fut l’une des très belles surprises de l’année 2015. Sa musique, composée par Disasterpeace et directement inspirée des plus belles BO « Carpenteriennes », est une grande réussite et parvient à évoquer de façon troublante l’adolescence américaine représentée par ce film d’horreur très intelligent, entre désir d’aventure, angoisse du lendemain et crises de mélancolie.


... Pentacle (ses chroniques) :

MantarOde To The Flame (2015)
Les Allemands reviennent deux ans après nous avoir administrée une branlée intergalactique avec leur Sludge blackisé. Dommage que sur cet album ça ne soit pas tout à fait le cas. Les compositions sont en dessous de Death By Burning, certains plans riffs / batterie y font même penser plusieurs fois. Mantar version Nuclear Blast c'est un peu la même qu'en 2014, la surprise en moins et l'inspiration légèrement à défaut. Dommage.

BosskAudio Noir (2015)
Finalement, c'est le premier album de Bossk en plus de dix ans d'existence. On a bien fait d'attendre. Que se soit dans ses parties les plus aériennes (The Reverie, Kobe), ou les parties Postcore stonerisées (Atom Smasher) Bossk se montre d'une beauté et d'une efficacité à toute épreuve. La grande classe.

Cult Of Luna&Julie ChristmasMariner (2015)
Une collaboration parfaitement réussie avec l'alliance parfaite entre le Postcore très inspiré des suédois et de la sublime voix de l'américaine. Aussi excellent que pouvait l'être Battle Of Mice à l'époque.



... Skalmax (ses chroniques) :

Arctic Monkeys - Favourite Worst Nightmare (2007)
Je suis de cette génération tardive qui a plus grandi avec la Britpop des Arctic Monkeys que celle d'Oasis ou Blur, mais pas de déception bien au contraire. Favourite Worst Nightmare est plein de vraies pépites Rock super accrocheuses dès qu'on met les doigts dans la prise. Étrangement, les titres mis en avant pour la promo de l'album à l'époque (Fluorescent Adolescent, Teddy Picker) n'étaient pas les plus fous comparés à des D Is For Dangerous, Balaclava, Old Yellow Bricks fichtrement addictifs et la géniale conclusion qu'est 505. Un opus qui cavale un bon coup l'air de rien comparé aux suivants où le groupe se radoucira un peu malheureusement.

The Smiths - The Queen Is Dead (1986)
Loué par le camarade Raikage il y a quelques temps, The Queen Is Dead a piqué ma curiosité ce mois-ci. Ce ne fut pas une découverte totale car This Charming Man m'avait déjà fait goûter à la voix fébrile mais si unique de Morrissey. Et cet opus dévoile davantage les talents du groupe, oscillant entre ballades belles et morbides(I Know It's Over, There Is A Light That Never Goes Out) et rythmes sautillants (l'excellent Frankly Mr Shankly, tant musicalement que textuellement), tout en conservant ce spleen généralisé. Une galette comme seuls des British savent nous pondre. Et bien que l'album ne varie pas drastiquement d'une piste à l'autre,la composition est suffisamment efficace pour filer un petit grain de génie à chaque piste.

The Hotelier - Home, Like Noplace Is There (2014)
Un disque d'Emo aux mélodies faciles, aux compos légères et qui se digère assez vite. The Hotelier te met dans la tête assez rapidement ses airs parfois pas loin du Punk Rock easy listening tout en maîtrisant une dose nécessaire de blues adolescent, de désillusion dans le texte et de voix touchante. On retiendra particulièrement An Introduction To The Album qui fait la part belle à un chant plein de fragilité et de hargne à la fois, ou bien Your Deep Rest pour ses paroles endeuillées et sacrément poignantes.

Metalorgie Team (Avril 2016)

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Commentaires

SkaldMaxLe Dimanche 24 avril 2016 à 14H13

Génial le concept de Savant ! Merci Z