Metalorgie Monthly : Février 2025

par Metalorgie Team (01/03/2025)

Qu'est-ce que l'équipe a écouté ces derniers temps ? Du neuf et des vieilleries, du Metal, du Punk, ou tout autre chose. C'est à découvrir dans ce nouveau numéro de Metalorgie Monthly. 



Le mois de février de…


Neredude


Dodheimsgard - Black Medium Current (2023)

DHG a pris tout le monde de court avec cet album, montrant une nouvelle mue particulièrement intéressante avec des sonorités prog seventies et sa propre interprétation du post black metal. Un grand disque qui est d’ores et déjà un classique, autant pour les fans que pour les festivals pointus et de qualité qui programment le groupe (Roadburn, Avantgarde records, Inferno, Dark Bombastic Event…) Pour les personnes qui auraient envie d’aller plus loin après l’écoute de ce disque, jetez-vous sur Doedsmaghird, side-project de Vicotnik et Camille Giraudeau qui explore les sonorités de Dodheimsgard période Satanic Art / 666 International.


Steven Wilson - The Harmony Codex (2023) 

Un album qui réhabilite la carrière solo de Steven Wilson après quelques disques de moins bonne qualité depuis Hand.Cannot.Erase (2015). On y voit le britannique toucher à une multitude de styles avec succès (ambient, trip hop, indie rock, prog…) et la créativité qu’on lui connaît. Une incursion intéressante avant son nouvel album à venir mi-mars, The Overview, qui marquera un retour vers le prog rock conceptuel qu’on lui connaît.


Coil - Horse Rotorvator (1986)

Un monument de musique industrielle, tout simplement, qui a autant influencé Ulver que Nine Inch Nails. La palette de sons utilisés est très intéressante, autant dans les claviers que les boîtes à rythme. Le tout est d’accrocher à la voix de John Balance, qui peut rebuter au premier abord.



Kendrick Lamar - GNX (2024)

Après un Mister Morale & The Big Steppers assez expérimental et posé, mister Lamar revient avec un disque immédiat et ultra-efficace, un enchaînement de tubes qui accrochent l’oreille. On retiendra en particulier “Luther”, avec la belle voix de SZA, qui ouvrira pour Kendrick sur sa prochaine tournée.



Kendrick Lamar - good kid, m.A.A.d city (2012)

L’association Kendrick Lamar / Dr Dre est incroyablement dévastatrice. Le MC originaire de Compton faisait déjà preuve d’une maturité et d’une créativité impressionnantes à tout juste 25 ans. Les gros tubes comme “Bitch, Don’t Kill My Vibe”, “The Art of Peer Pressure”, ou “Money Trees” côtoient des titres aux arrangements plus riches et complexes. Depuis cette époque où on pouvait encore le voir jouer dans des petites salles (NDR : celles et ceux qui l’ont vu au Bataclan, je vous déteste cordialement), Kendrick continue de jouer régulièrement des titres de cet album, témoin de sa popularité et de son importance dans sa discographie.


JPEGMAFIA - I Lay Down My Life For You (Director’s Cut) (2025)

Une version partiellement révisée et étendue d’un des meilleurs albums de 2024, après un disque incroyable sorti en collaboration avec Danny Brown en 2023, Scaring The Hoes. On y perd la puissance de l’enchaînement compact de tubes de la version originale du disque mais l’écoute reste intéressante de la part d’un des meilleurs rappeurs/beatmakers de sa génération. On attend déjà la suite avec impatience.


Nevermore - This Godless Endeavor (2005)

L’annonce de la reformation de Nevermore fin 2024 a assurément fait beaucoup parler d’elle. Jeff Loomis (guitare) et Van Williams (batterie) sont actuellement en plein processus d’audition pour trouver des remplaçants à Warrel Dane (voix, RIP) et Jim Sheppard (basse). Même s’il est difficile de concevoir Nevermore sans le timbre et la personnalité uniques de Warrel, on peut avoir confiance en eux pour trouver des musiciens talentueux pour reprendre le flambeau. Cette nouvelle a fatalement donné envie de se replonger dans leur catalogue et, force est de constater qu’il est toujours aussi pertinent, quinze ans après la sortie de The Obsidian Conspiracy. Si la plupart de leurs albums sont bons voire excellents, This Godless Endeavor reste leur magnum opus en termes d’ambition créative et de composition. On pense notamment à la chanson-titre, qui est un monument du metal et montre le groupe au sommet de sa puissance, à la fois dans les lignes vocales et les paroles de Warrel Dane, sans oublier les riffs destructeurs de Jeff Loomis associés à une section rythmique implacable. 


Fragone


Frail Body - Artificial Bouquet (2024)

En bonne tête de mule, j’ai toujours un peu de mal avec les groupes qui font le buzz. Le fait qu’il y ait beaucoup de bruit autour de certains m’incite à passer mon chemin. Frail Body en fait évidemment partie, eux qui nous tartinent de leur emo hardcore tout propre quasiment tous les ans depuis 2017. Et faut reconnaître que Artificial Bouquet fonctionne assez bien. Si niveau prod on reste sur les standards, FB est à gratifier de pas mal d’inspiration notamment au niveau du chant, faisant de ce skeud quelque chose de bien frais. Mea culpa est, donc.


State Faults - Children of the Moon (2024)

Même constat que ci-dessus avec Children of the Moon des garnements de State Faults. Franchement je ne saurais pas trop quoi en dire si je devais en faire la chronique mais l’album provoque un bel émoi à son écoute et résiste même à plusieurs. Le quintet s’aventure sur de l’épique avec deux titres au delà des 5 mn, fonctionnant assez bien.


Brozerz - Des mots…pour des Maux (2025)

Première démo pour les frères Gautier, duo dyonisien qui se lance dans le Power Violence en ce début d’année 2025. 5 titres aussi frais que rustiques allant de la thématique environnementale (“Migrants de demain”) au rejet total de la société patriarcale (“La Peur Change de Camp”). Brozerz n’est pas là pour faire carrière mais on apprécie cette volonté de ne pas trop soigner les contours pour se consacrer à l’essentiel, revenir aux basiques pour retrouver une certaine authenticité. 


Letnie Vojny - Soot (2021)

Découvert par hasard, Letnie Vojny (Summerwars en anglais) est un groupe originaire de Moscou dont le dernier opus remonte à 2021. Rien de neuf depuis et c’est dommage car Soot (désolé, je ne maîtrise pas le cyrillique) démontre des qualités de composition incroyables. Musicalement on est dans le registre screamo italien. Raein ou La Quiete ne sont jamais très loin, notamment au niveau du chant en russe super bien maîtrisé (“We Came to Terms”). 


Rillettes


Miscarriage - Imminent Horror (2019)

Voilà un groupe que vous ne trouverez pas sur Metal Archives, la cause est qu’il est blacklisté du site pour la raison suivante : “It was blacklisted [...] for being "chaotic non-metallic grind/dissonance.” et c’est, je pense, vraiment éclaté comme justification. Alors oui, Miscarriage c’est un peu chaotique et avec une énergie très grind-esque sur certains albums, mais Imminent Horror est à part. Avant d’être de la musique, il s’agit pour moi d’une très belle représentation de ce qu’est une terreur nocturne : une lente et étouffante spirale sonore, aux multiples échos terrifiants et infernaux. C’est honnêtement le truc le plus flippant que j’aie jamais écouté, et rien que pour ça, ça vaut la peine de s’y pencher. 


Pissgrave - Malignant Worthlessness (2025)

En 2014 avec la sortie de Suicide Euphoria, Pissgrave avait buzzé principalement grâce à l’artwork tout simplement ignoble qui ornait l’album. Du reste, il s’agissait d’un bon disque de Death metal assez old school, bien cracra et régressif. Malignant Worthlessness, s’il est aussi paré d’une photo atroce, a surtout bien travaillé ses riffs et ses ambiances pour déballer trente minutes de Death toujours très influencé par la scène US des années 90 (Deicide et Amon en tête). Dopé par une vibe thrashy qui pousse les tempos à la hausse, Pissgrave emprunte aussi à la scène war BM pour sa prod’ loin d’être nickel et sa sauvagerie ultra cathartique. Attention à la perte de neurones.


Zbrlah


Retromorphosis - Psalmus Mortis (2025)

Comme l’évoque mon voisin du dessus dans sa chronique de Relentless Mutation (de Archspire, en 2017), dans le game du Tech Death, il y a un avant et un après l’album en question, mais le précédent jalon du même acabit, c’était en 2012 avec Incurso de Spawn Of Possession. Toujours comme souligné dans la même chronique, Incurso avait établi un nouveau standard, élargi le champ des possibles et élevé les attentes pour le reste de la scène.

Oui mais Zbrlah, ici on devrait pas causer de Retromorphosis ? Si, mais justement. Ce nouveau groupe, c’est en quelques sortes Respawn Of Possession : quatre membres sur cinq se retrouvent avec la volonté de refaire du Death technique. Donc…

Je m’étais peut-être monté le bourrichon tout seul, mais au final, après trois écoutes de ce Psalmus Mortis, je n’ai pas encore vraiment accroché. La faute à pas encore trop de repères dessus ? Peut-être. Je lui redonnerai sa chance avant de juger trop sévèrement.


Ne Obliviscaris - Citadel (2014)

L’actualité chez NeO (le fondateur Xenoyr quitte l’aventure officiellement, après un an et demi de retrait, et c’est le remplaçant James Dorton (chanteur chez Black Crown Initiate entre autres) qui est titularisé au poste de hurleur) m’aura fait replonger dans la discographie du groupe. Le premier album est déjà qualitatif, mais le second, Citadel, se démarque vraiment comme la pierre angulaire de la discographie du sextet. Les lignes de basses, créatives et bien en avant dans le mix, sont un vrai régal tout au long des 48 minutes (mais surtout sur “Devour Me Colossus part 1”). Citadel est aussi, à mon sens, l’album de Ne Obliviscaris qui exploite le mieux le fait d’avoir deux vocalistes, avec de nombreux passages où Tim Charles et Xenoyr se répondent, voire chantent en même temps. Quant au final épique et tendu de “Pyrrhic”, les frissons sont toujours les mêmes plus de dix ans après.


Arnono


Anxious - Bambi (2025)

L’album précédent “Little Green House”, premier long projet d’Anxious, dévoilait déjà un gros potentiel. Avec Bambi, les 5 potes originaires du Connecticut arrivent à relever un défi très difficile, celui de proposer un deuxième album au moins aussi bien que celui d’avant. De mon côté, je trouve que celui-ci est encore mieux “construit” et davantage abouti. 

L’idendité d’Anxious est désormais bel et bien définie, et personnelle. Anxious c’est de l’Emo assez classe, et ils proposent là une sacrée sortie sur le catalogue Run For Cover Records. Je refuse d’en dire plus pour le moment, car l’album mérite clairement un article plus long. 


Heart To Gold - Free Help (2024)

Je reste bloqué sur cet album depuis sa sortie. Les fans de Title Fight, c’est par ici que ça se passe ! Punk Rock, Emo, Hardcore.. Heart To Gold sont généreux, le tout sublimé par un chant que je trouve assez exceptionnel. C’est catchy as fuck, et enregistré par Monsieur WILL YIP ! Les morceaux proposés ici sont tous ultra efficaces. 


Your Arms Are My Cocoon - Death Of A Rabbit (2024)

Bon, pour être clair, parfois je choisis d’écouter et de cliquer sur un album en particulier plutôt qu’un autre grâce à l’artwork et la pochette du disque. C’est comme ça que je me suis mis à écouter Your Arms Are My Cocoon. Je n’ai pas été déçu du voyage, cet album m’a transporté bien loin comme il faut. Les routes empruntées ici sont hypnotisantes. Les paroles et la musique qui illustrent ces propos tenus sont remplis d’émotions fortes, et démontrent une sensibilité exacerbée. C’est bien la musique de Your Arms Are My Cocoon qui est un réel cocon, chaleureux. Côté sonorités il y a un mélange assez étonnant de screamo et de bedroom pop, et ça fonctionne à merveille. Sur bandcamp, il est précisé : “ Recorded in bedrooms and kitchens and cars all across Chicago”.


Pentacle


Wren - Black Rain Falls (2025)

C’est déjà le troisième album des londoniens de Wren que je découvre via cette méchanceté Sludge / Noise / Post Metal. Dans les faits, ce n'est pas le truc le plus original du monde, tellement ça évoque beaucoup de choses que l’on connaît déjà : Neurosis en tête surtout pour la voix colérique du chanteur ou pour certains gros riffs épais qui pourront également évoquer Sumac ou bien Big Brave dans ses déclinaisons Noise larsenées. Mais mine de rien, la lourdeur, la puissance, ces ambiances moroses de ce Black Rain Falls grâce à certains riffs ou mélodies nauséeuses (“Betrayal Of The Self”) font qu’on a envie d’y retourner histoire que ce truc noirâtre, colérique, nous colle encore plus à la peau. Et puis c’est signé sur cet excellent label qu’est Church Road Records (Svalbard, Narrow Head, Respire, Heriot… la liste est longue).


Julia Shapiro - Zorked (2021)

J’ai beaucoup aimé découvrir me plonger dans ce second disque de Julia Shapiro qui a accompagné plusieurs de mes nuits récemment. Il faut dire que l’ambiance Shoegaze / Dream Pop / Slowcore colle particulièrement bien à ce type d’ambiance. Ce qui est chouette chez la musicienne américaine c’est cette faculté à sonner à la fois à l’ancienne mais aussi de manière moderne. C’est à dire que vous pouvez penser à My Bloody Valentine tout comme à Slow Crush, c’est à la fois très mélodieux, très chanson (comme le tube "Come With Me") mais aussi plus distordu ("Pure Bliss", sans doute mon titre préféré pour son atmosphère hantée), lorsque ça lorgne pas du côté de Folk / Pop avec "Hellscape" ou de choses entêtantes comme sur "Someone". C’est somptueusement composé, avec beaucoup de finesse et de titres qui se révèlent de petites pépites au fur et à mesure des écoutes. Possibilité de devenir rapidement accro à sa musique !


Skaldmax


Youth Of Today - Break Down The Walls (1986)

Chaque fois que je suis pris d'une envie de Minor Threat, j'avale leur (courte) discographie en un rien de temps. Alors pour me rassasier, je file bien souvent sur Youth Of Today juste après. J'y trouve une énergie Hardcore toute aussi sauvage, menée par un chanteur qui est la définition même de la hargne. Pas besoin d'une prod colossale, les compos énervées font tout le boulot. Vous n'y trouverez pas de fioritures, aucun titre ne franchit les 2 minutes 10, et c'est très bien comme ça. 


Cock Sparrer - Hand On Heart (2024)

Dès son début de carrière avec Shock Troops, Cock Sparrer avait un talent pour accoucher d'hymnes Punk à chanter à tue-tête dans un pub. Bien qu'il soit un peu moins rugueux, l'excellent Hand On Heart sorti l'an dernier par les anglais recèle des tubes du même niveau. Il plane sur l'album une mélancolie, particulièrement sur "I Belong To You" ou "Nowhere To Be Found", qui rend les morceaux particulièrement attachants. Secondé par des lignes de guitare mélodiques et deux-trois "Ooh-ooh-ooh", Colin McFaull chante avec brio l'amitié, la solidarité, la nostalgie. Un disque à ranger à côté du dernier (et très bon) The Vaccines, sorti lui aussi en 2024 de l'autre côté de la Manche. 

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