Metalorgie Monthly : Novembre 2024

par Metalorgie Team

Qu'est-ce que l'équipe a écouté ces derniers temps ? Du neuf et des vieilleries, du Metal, du Punk, ou tout autre chose. C'est à découvrir dans ce nouveau numéro de Metalorgie Monthly.


Le mois de novembre de…


Wohosheni


Five The Hierophant - Apeiron (2024)

Ce nouvel album du groupe britannique sorti mi-octobre a trusté mes écoutes tout au long du mois de novembre. Du post-doom/post-black instrumental à la production très léchée, avec du saxophone à l’âme jazz torturée qui se fond très bien dans les ambiances sombres du groupe. Apeiron a un petit côté hypnotique qui en fait un album que l’on pourrait presque qualifier de reposant. Et c’est sans doute pourquoi je l’ai autant écouté depuis sa sortie : on le lance, la musique déploie ses ambiances un peu mystérieuses, et on se pose. À écouter pour celleux qui ont encore besoin de se consoler de la “perte” de Shining (Nor).


Ottone Pesante - Scrolls of War (2024)

Un peu dans la même continuité d’ambiances sombres et mystérieuses, mais cette fois-ci dans la catégorie curiosité musicale, ce sont les italiens d’Ottone Pesante qui m’ont happée avec leur dernier album. Également sorti à la mi-octobre, Scrolls of War est du post/doom instrumental, franchement expérimental sur les bords et très cinématographique, qui a la particularité d’avoir un line-up composé d’une batterie, d’une trompette et d’un trombone sur lesquels sont appliqués des effets. Le résultat, qui peut sembler un peu déroutant au début, vaut franchement le coup qu’on prenne le temps d’y habituer son oreille.


Soonago - Fathom (2022)

Et pour compléter ce qui semble être le trio gagnant du mois en post instrumental, ma découverte du groupe allemand Soonago et de son dernier album en date, Fathom. Le groupe propose des compositions énergiques, pleines de suspense et de tension, avec un répertoire de mélodies particulièrement efficaces jouées aux guitares. C’est bien fait, bien joué, bien ficelé et sait rester dynamique tout du long des quatre titres qui composent l’album (et qui dépassent allègrement les dix minutes en moyenne). Petit bonus dramatique au violoncelle sur le titre "Besa". L’ensemble est tout simplement une claque.


Zbrlah


Charlotte Wessels - The Obsession (2024)

Même si ça commence à faire quelques années que Charlotte Wessels s’est émancipée de Delain, la Néerlandaise a continué d’entretenir de bonnes relations avec les anciens copaings. La preuve : le line-up de ce troisième album “solo”, c’est évidemment l’ex-chanteuse, mais aussi l’ex-guitariste, l’ex-batteur, et l’ex-bassiste de Delain. Néanmoins, musicalement, The Obsession s’éloigne des poncifs du Metal Sympho, tout en gardant certains de ses codes. Oui, il y a du chant lyrique et soprano ; oui, il y a des nappes de claviers ; oui, les structures restent simples et catchy… Cela dit, l’opus incorpore aussi des guitares syncopées et accordées très bas (dès les intros de "Chasing Sunsets" ou de "The Exorcism" par exemple), des influences gospel ("Praise") ou tribales ("The Exorcism")... En somme, un disque de “Metal Moderne”, croisant les genres et rempli de clins d’oeil, facile d’accès sans être monotone pour autant. Le genre d’album à conseiller aux personnes qui ont jadis aimé le Sympho, mais qui trouvent que la recette s'essouffle depuis quelques années.


Rendezvous Point - Dream Chaser (2024)

Déjà dans le game depuis quatorze ans, Rendezvous Point ne livre à peine que sa troisième copie, probablement retardé par l’autre groupe de son batteur Baard Kolstad (Leprous, rien que ça). Mais je fais partie de celles et ceux qui préfèrent attendre pour un résultat à la hauteur, plutôt que de satisfaire un manque immédiat avec un sursaut peu inspiré. Et à ce petit jeu-là, le quintet Norvégien sait y faire. Pépite de Prog moderne aux inspirations Power-Pop et truffé de sons de clavier rétro, ce Dream Chaser est indéniablement un boulot accompli, autosuffisant, qualitatif, et surtout logique et cohérent. A la croisée des styles, parlant à la fois aux fans de musicalité complexe, aux aficionados de musiques de jeux vidéo, ou aux amateur.ice.s de tubes radio-friendly et easy-listening, cet album est une réussite à ne pas laisser de côté si vous êtes client chez VOLA, Hemina, Temic ou Haken.


Kyros - Fear & Love (2024)

Mini-EP ? Double single ? On ne sait pas trop comment appeler ça, mais Kyros vient de sortir deux morceaux et une pochette moche. Et comme le format est trop court pour en faire une vraie chronique, et que ce serait triste de ne pas en causer du tout (parce que ça défonce) bah autant en parler ici.

Kyros, en général (et plus précisément sur ces deux titres), c’est du Rock Prog trop bien. Juste ce qu’il faut d’influences “Metal moderne”, une généreuse louche de kitsch via des sons de synthé super rétro, et surtout, suuuuurtout, une écriture et un sens de la compo vraiment très Pop, avec des refrains qui se retiennent et des titres bâtis comme des hymnes de stade. Si on faisait un diagramme de Venn (vous savez, avec les cercles qui s’entrecroisent) avec d’un côté Haken et Between The Buried And Me, et de l’autre Duran Duran et Tears For Fears, bah l’intersection ce serait Kyros. Si vous aimez votre Prog uniquement quand il est bien déguisé et qu’il s’écoute intuitivement, sans avoir besoin de se concentrer, alors ruez vous sur Fear & Love.


... Marine


Delain - Dark Waters (2023)

Étonnamment, je n’ai jamais trop écouté Delain malgré mon penchant pour le Sympho. Puis il y a eu un changement de line-up avec l’arrivée de Diana Leah au chant, remplaçant alors Charlotte Wessels qui se consacre maintenant à une carrière solo (d'ailleurs je rejoins tout ce que Zbrlah vous a dit plus haut sur The Obsession). Dark Waters me semble plus imprégné de nappes de claviers que ses prédécesseurs, avec même un côté eighties sur quelques morceaux qui lui donne un aspect presque hors du temps. Sans oublier la nouvelle voix qui représente ce groupe; certes une sonorité moins rock qu’on pouvait retrouver chez Charlotte Wessels au dépend d’un chant qui se veut plus léger désormais, accompagnant mieux l’orchestration qui figure en toile de fond. Sans m’en rendre compte, je me suis vue relancer plusieurs fois des titres comme "Moth to a Flame" ou "Queen of Shadow" parce que j’avais pas assez kiffé le refrain deux minutes avant. 


Avantasia - Ghostlights (2016)

Avec un ami, on a découvert qu’on adorait tous les deux Avantasia. Me voilà donc à réécouter la discographie complète avec une bonne préférence pour Ghostlights, même si Moonglow et A Paranormal Evening with the Moonflower Society restent très bons aussi. Mais il y a tellement plus de sons catchy dans Ghostlights que même les singles de cet album sont ceux qui vont revenir le plus souvent dans ma playlist. Comment ne pas vouloir se retrouver à ouvrir le premier acte d’une comédie musicale sur "Mystery of a Blood Red Rose" ou se laisser porter sur une intrigue plus spooky avec "The Haunting" qui nous donnerait presque envie d’aller danser dans une maison hantée ?


Motionless in White - Scoring the End of the World (2022)

Cet album il est bien. Il est très bien. Il est énervé. "Slaughterhouse" est gore. "Werewolf" est électrisant. Le breakdown de "Cyberhex" donne envie de se taper la tête contre les meubles (dans le bon sens du terme). Et je vais tomber à court de métaphores très vite si je dois passer sur tous les titres. Scoring the End of the World est LA pépite de Motionless in White et encore plus quand on sait que Mick Gordon a participé à la composition du titre éponyme. 


Mention spéciale pour The Sunday Sadness (TSS) groupe de Metal Moderne bordelais qui a sorti récemment deux nouveaux singles, "Killing Me" et "Dead! (feat. CVLTE)". Avec ces titres, le groupe assume de plus en plus l’esthétique Metalcore dérivant presque sur le goth, proche des premiers albums de Motionless in White, tout en mélangeant des éléments trap et rap à leurs compositions, avec parfois des textes en français. "Dead!" surprend énormément avec son mélange des genres, sans oublier le breakdown qui fait fondre le cerveau. Ce groupe revient très très très souvent (tous les jours en fait) dans mes oreilles, aussi bien leurs dernières sorties que leurs premières, bien loin de ce style. TSS a surtout débuté en 2016 par de la synthwave mélancolique et a radicalement changé de direction artistique que depuis récemment. Un sacré virage qui a été très très bien pris et qui donne envie de vite entendre les prochaines sorties. (Puis vu qu’on vient de la même ville, point bonus. C’est gratuit).


Maxwell


U2War (1993)

Je me suis passé quelques fois durant ce mois la version remasterisée de 2008 de l’album War de U2. Les deux titres les plus connus sont bien évidemment "Sunday Bloody Sunday" et "New Year‘s Day", mais ils ne sont pas les seuls morceaux dignes d’intérêt présents sur l’opus, loin de là. "Like a Song…" ou "Two Hearts Beat as One" ont bien passé l’épreuve du temps et font partie des chansons qui ont ce petit quelque chose comme savent les concevoir les Irlandais de U2. Des rythmes rock suffisamment punchy pour ne pas être niais, suffisamment mélodiques pour qu’ils puissent rester en tête. 


DownNOLA (1995)

Jamais de la vie je n’aurais pensé que cet album que j’ai écouté maintes et maintes fois tout au fil de ma vie datait de 1995. Je l’aurai volontiers placé post Pantera entre 2002 et 2008 mais force est de constater que je m’étais fourvoyé. Ça n’enlève toutefois en rien la saveur de Louisiane humide et crasseuse qui se dégage ici comme sur les bons Goatwhore, Eyehategod ou autres Crowbar. Des riffs coulant de sueur de "Pillars of Eternity", à la chaleur moite des paroles de "Rehab", tout transpire une atmosphère de bayou. On trouve également sur NOLA ce qui est sûrement le titre le plus iconique de Down avec "Lifer".


OonaInked


VOLA - Friend of A Phantom (2024)

Évidemment, je me devais de réviser pour la tournée européenne des danois. Leur tant attendu quatrième album studio enchaîne pépite sur pépite et s’écoute avec une facilité déconcertante. Dans le sens mélioratif ! Même le featuring d’Anders Friden (In Flames) sur "Cannibal" rappelle l’agréable "Smartfriend", il sonne presque comme une évidence dont le titre n’aurait pas pu se passer. Friend of A Phantom s’impose sans difficulté dans mon top de l’année, et j’espère vous en parler plus en détail prochainement.


Bilmuri - Eggy Pocket (2020)

Vous trouvez Sleep Token clivant ? Eh bah je vais vous parler rapidement du projet qui les accompagne sur leur tournée européenne. Derrière Bilmuri se cache Johnny Franck (ex-Attack Attack). Oui oui, le crabcore d’il y a 15 ans.

L’artiste partageait sa position sur le caractère de plus en plus générique, insipide de la frange hardcore/scene, et Eggy Pocket a très sûrement cette volonté de se démarquer par la diversité de ses influences. Passez outre la pochette deep-fried, et appréciez ce mélange énergique entre un Dance Gavin Dance plus lent (d‘ailleurs en featuring sur "FLUORIDEINTHEHARDSELTZERWATER") et les nappes électroniques + saxophone façon synthpop. Excellent album doublé d’une excellente découverte live.

À écouter : "E G G" et "POSTALMONDCLARITY" (déjà parce qu’elle est super, puis j’apprécie le jeu de mot)


Pentacle


Envy - A Dead Sinking Story (2006)

C'est l'annonce du Roadburn qui m'a refait plonger dans ce A Dead Sinking Story. On y retrouve l'amorce Post-Rock / Screamo des japonais d'Envy en 2003. Il y a tout : ces mélodies fantastiques, du spoken-word, des phases super agressives comme au milieu de "Distress Of Ignorance" ou les dissonances de "Color Of Fetters", ces passages épiques typiquement japonais comme sur "Go Mad And Mark" ou ce vrai final complètement Screamo vibe. Ca va être fou l'an prochain et je vous invite à (re)découvrir ce disque d'un monument du Post-Rock / Screamo.


The Cure - Songs Of A Lost World (2024)

Bien sûr que ce disque est beau. Il convoque Gothic Rock, Dream Pop, Post-Rock, Post-Punk avec le meilleur des goûts. La voix de Robert Smith semble inchangée depuis les années 80. Et quelle voix ! Et quel disque, quels morceaux, "Alone" est magnifique, "Warsong" te plombe la gueule comme il faut et la mélodie de "I Can Never Say Goodbye" est imparable. On conclura sur "Endsong" qui est sans doute le meilleur morceau de The Cure de ces vingt dernières années, tellement sa mélancolie, son rythme, bouclent dans ma tête.


... Skaldmax


Motörhead - Bomber (1979)

J'ai fait récemment une belle ventrée de Motörhead. Aux côtés de mes chouchous (Overkill, Ace Of Spades, Motörhead), je me suis attardé sur Bomber que je néglige habituellement à cause de ce son un peu daté et faiblard. Pour ne rien arranger, je trouve le début de la tracklist plutôt poussif, mais une fois "Sharpshooter" enclenché, il n'y a plus rien à jeter. Gros coup de cœur pour "Poison" et "All The Aces" qui alignent des riffs et des refrains aussi simples qu'efficaces. Et puis il y a la cassure "Step Down", morceau assez lent et très coloré blues où Lemmy cède le chant à un Fast Eddie qui relève sacrément bien le défi. Un titre à part, mais une de mes meilleures (re)découvertes de ce mois sous le signe du Snaggletooth. 


Motörhead - Another Perfect Day (1983)

Lemmy à la piscine. Voilà, comme ça, vous avez l'image. Je trouve cet album estival, allez savoir pourquoi. Enfin moi je sais : Another Perfect Day marque l'arrivée de l'ex-Thin Lizzy Brian Robertson à la guitare en lieu et place de Fast Eddie. La saveur est donc toute autre, très mélodique, brillante, lumineuse. Fermez les yeux, écoutez l'intro de "Dancing On Your Grave", et vous voilà en décapotable sous les palmiers, les cheveux au vent sous un soleil rougeoyant (j'exagère à peine). Outre l'ambiance inhabituelle pour le groupe, deux tubes : "Rock It", et surtout l'imparable "Shine". Un morceau qui ne varie presque pas, fait monter une tension électrisante jusqu'à la délivrance ("I'm gonna make you shine") lâchée par Lemmy au moment du refrain. Irrésistible.  

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