Metalorgie Monthly : Octobre 2024
par Metalorgie Team (01/11/2024)
Qu'est-ce que l'équipe a écouté ces derniers temps ? Du neuf et des vieilleries, du Metal, du Punk, ou tout autre chose. C'est à découvrir dans ce nouveau numéro de Metalorgie Monthly.
Le mois d'octobre de...
… Pentacle
Fugazi - 13 Songs (1989)
Je n’ai jamais été fan de la période Hardcore / Punk, des Minor Threat et Black Flag, tout comme Fugazi était un manque dans ma culture Emo / Hardcore. Pourtant Fugazi est un pilier dans le style tout en embrassant d’autres genres allant de l'Indie Rock au Post-Punk en passant par le Noise Rock. Et ce 13 Songs en est un super témoin, avec ce chant sur la brèche (à moitié faux diront certain.e.s), une basse vrombissante et ces guitares délavées et pourtant saturées typiques du son Noise / Emo. On pense à June Of 44, Slint, Joy Division, The Smiths… Bref du beau monde et un super album émotionnel, colérique par instant, groovy et même un peu dansant.
Mobb Deep - The Infamous (1995)
The Infamous est un album culte de Gangsta Rap et c’est totalement mérité, tant tout est fantastique dans ce disque. Son groove, le flow typique de l’époque, un peu lent, ou chaque syllabe est énoncée clairement où tu as vraiment l’impression de suivre l’histoire racontée et son ambiance unique. Ça transpire les rues sales de New York des 90’s, la pauvreté, le deal, les rixes entres gangs… Et au delà de son côté Gangsta, Mobb Deep s’aventure aussi du côté du Boom Bap et du Jazz Rap (l’énorme classe de l’instru de Survival Of The Fittest par exemple) et ils alignent un nombre de tubes assez fantastiques : Give Up The Goods (Just Steps), Shook Ones, Pt.II, The Start Of Your Endings (41st Side)... The Infamous est un album incroyablement sombre, mélancolique, déprimant même parfois et il se conseille aux fans de Dälek, Eminem, Nas ou Wu-Tang Clan.
… OonaInked
Bonjour, c’est votre dose de rappel d’albums "pas Metal".
Ed Sheeran - = (2021)
Ed Sheeran revient tutoyer mes oreilles de manière cyclique, espacée. Et pour une fois, je suis mitigée par la familiarité. Dans ce septième album, pas de collaboration aguicheuse comme Pharrell Williams ou Elton John, non. Le Britannique se conforte dans les carcans codifiés du Pop Rock qu’on lui connaît et tout seul… Plus ou moins, car pour trouver l’inspi chez les autres, on répond présent. Entre Shivers clairement pompé sur Despacito, Bad Habits sur l’instru de Friendship, ou encore Overpass Graffiti donnant un méchant air de The Boys Of Summer si elle était revue par les Backsteet Boys, peu d’originalité se dégage de l’opus. Malgré tout, 2step, Stop The Rain et leur influence R'n'B-esque sont suffisamment catchy pour les garder dans ma playlist.
The Weeknd - Trilogy (2012)
Avant que les moldus ne s’enflamment autour de Earned It dans la bande originale de 50 Nuances de Grey, Abel Tesfaye, à seulement 22 ans, cumulait les bangers depuis plusieurs années. Trilogy, comme l’annonce subtilement le nom, regroupe les trois premiers chapitres de l’artiste qui auront clairement marqué au fer rouge la définition de la Dark Pop.
L’humeur est posée : un protagoniste torturé, enchaînant les conquêtes, la tête dans le coton due à une redescente trop sévère… Ce triptyque est pour moi, sans hésitation, un incontournable de la décennie.
A écouter :
Disc 1 - High For This, Wicked Games
Disc 2 - Lonely Star, The Birds pt. 2
Disc 3 - D.D. (cover Dirty Diana de Michael Jackson), Montreal
Taemin - Never Gonna Dance Again : Act 2 (2020)
Si vous n’êtes pas réfractaire aux deux artistes cités précédemment, je vous propose (et si ne voulez pas, c'est déjà écrit donc tant pis) de continuer l’exploration avec… de la K-Pop. Un autre prodige, un autre diptyque. Auteur, compositeur, interprète, danseur hors pair, celui qu’on surnomme "l’idol des idols" débute en 2008 à seulement quatorze ans au sein du groupe Shinee, figure de proue de la deuxième génération, pour enfin se lancer en solo en 2014. Lee Taemin décrit son acte deux comme une part "plus sincère, plus humaine, plus vulnérable” de son identité et était dans l’optique “d’écrire une lettre plus personnelle à ses fans plutôt que d’essayer de créer le hit parfait”. Pari réussi : moins de fioritures, économie d’ad-libs, les top ligns suaves et feutrées sont contrebalancées par les basses lourdes et brûlantes, et l’instrumentation relativement lente (58 et 80bpm) leur donne clairement plus d’assise. Identity clôture le build up de l’opus avec brio avec une ambiance épique, presque théâtrale. A écouter : Heaven, Think Of You, Exclusive (Korean Version), Identity (Pour les plus curieux / curisieuses, voyez également Guilty et Move tirés d’autres albums.)
… Euka
Zainichi! - Demo (2009)
Au fil des ans, on voit les groupes naître et mourir, un peu la tragédie du Screamo au final, rapporter son existence à des moments intenses tout aussi courts que captivants. Avec cette Demo de trois titres, Zainichi! se redécouvre au détour d’une playlist et redonne envie de lui donner une chance. Le truc fragile, parfois bancal, mais qui reste l’essence même de ce qu’on attend. Quelques mélodies larmoyantes, des pleurs criés qui me rappelleront Suis La Lune (Requited). Jetez-y une oreille si vous voulez encore creuser dans les groupes obscurs.
Phasma Phasmatis - Demo (2003)
On continue dans les groupes obscurs qui n’auront existé que le temps de quelques concerts et une Demo. Cette fois, c’est Phasma Phasmatis, qui reprend la même recette que Zainichi!, mais cette fois avec un côté plus épuré qui pourra rappeler 1905. L’ensemble est plus déconstruit (The Prostitute Brought Me Flowers) avec un cri presque douloureux en ligne vocale. C’est ce qui m’a séduit ici, cette sensation d’aller encore plus loin, frôler l’implosion à chaque minute tant rien n’a de sens. Entre Emo et Screamo, avec cette alternance de tempo, Phasma Phasmatis m’a définitivement séduit sur son Untitled.
… Rillettes
Cosmic Putrefaction - Emerald Fires Atop The Farewell Mountains (2024)
Alerte banger ! Sortie bien teasée par deux excellents morceaux (Hallways Engraved In Aether puis Swirling Madness, Supernal Ordeal), cette merveille de Death Metal Progressif (et parfois assez technique) nous est offerte par un seul homme, un Italien qui compose également pour Turris Eburnea et Vertebra Atlantis (dont je ne saurais que trop vous conseiller l’album sorti en 2023, A Dialogue With The Eeriest Sublime qui porte bien son nom). Du death metal progressif donc, assez alambiqué et bien plus direct que celui de Blood Incantation qui fait couler tant d’encre dernièrement. On y retrouve de belles influences Morbid Angel pour les bases Death Metal, avec pourquoi pas un peu de Demilich pour le chant très guttural et les riffs plus alambiqués. L’aspect progressif va lui être développé sur la longueur des titres et leur complexité globale, qui va au-delà de ce qu’on peut attendre du genre. On se régale.
Racer X - Superheroes (2001)
Hop, on ressort une vieillerie du placard. Belle ode au shred menée par le légendaire Paul Gilbert qui balance sa meilleure performance et soutenue par des musiciens extrêmement solides, ce Superheroes joue la carte du kitsch à fond, à commencer par cet artwork déjà moche à l’époque, et aujourd’hui carrément infect. Mais la musique fonctionne toujours ! Bien sûr, faut aimer le shred un peu débile qui va à 200km à l’heure (oubliez les plans un peu Jazz Fusion à Guthrie Govan), puisque Gilbert s’en donne à cœur joie et déglingue sa six cordes pendant plus de cinquante minutes à une vitesse dingue. Mentions spéciales à Viking Kong et son main riff génial, ainsi qu’à l’excellente reprise de Godzilla, initialement écrite par Blue Oyster Cult. Rarement un groupe se sera aussi bien réapproprié une chanson.
Silly Goose - Bad Behaviour (2024)
Vous voulez écouter un nouvel album de Limp Bizkit sans écouter Limp Bizkit ? Bah voilà. De rien.
… Zbrlah
Déjà que je ne chronique que trop peu ces temps-ci, en plus il y a trop de sorties qui m’intéressent en ce moment... Donc je mets ici tout ce que je voudrais évoquer plus longuement sur le site, si j’y arrive, tant mieux et sinon eh bien il restera au moins ce dossier.
Frost* - Life In The Wires (2024)
Officiant dans un Rock Progressif moderne à rapprocher de Spock’s Beard, de Haken ou encore de Kyros, les britanniques de Frost* avaient annoncé avec ce double album "un hommage" à leur premier effort Milliontown, vu par une majorité comme la meilleure référence de leur discographie. Pari réussi pour Life In The Wires qui est tout aussi excellent qu’annoncé. Certes, il faut avoir 1h25 devant soi, et peut-être que dix ou quinze minutes pourraient être retranchées sans trop de conséquences sur l’équilibre de l’ensemble. Mais pour les fans du genre, force est de reconnaître que ça se laisse écouter sans trop de temps mort. Mieux que ça : on arrive facilement à se repérer, grâce aux articulations "moment puissant" / "temps de respiration". Les références aux précédents opus sont discrètes mais présentes, forgeant toujours plus la réalité du Frost* verse. Bref, un album ultra solide qu’on retrouvera probablement dans mon top 2025.
Devin Townsend - PowerNerd (2024)
Nouvel opus pour le Canadien, et c’est toujours aussi débile et second-degré / touchant et vulnérable / épique et puissant. Comment ça, “rayez les mentions inutiles” ? Nan nan, rien n’est rayé, Devin Townsend, c’est tout ça à la fois. Les longues structures à tiroir, qui commençaient à s’estomper sur Lightwork, ont maintenant complètement disparu. Il reste évidemment une production irréprochable, de l’humour potache mais bon-enfant (regardez le clip de Powernerd ou écoutez Ruby Quaker), une approche technique, du feeling… Powernerd, c’est un peu toutes les qualités du prog sans les défauts habituellement pointés du doigt (“trop froid”, “trop sérieux”...).
Dance With The Dead - Dark Matter (2024)
Dance With The Dead en studio c’est une sorte d’Electro-Synthrock 80s, et en live c’est transposé avec beaucoup de samples, certes, mais surtout avec deux guitares et une batterie, ce qui amène une approche encore plus rock et pêchue. Avec cet ep, la formation embrasse cet aspect "Rock"” en ajoutant à leur musique un élément clé : du chant. Seul le sixième et dernier titre de Dark Matter sera aussi instrumental que d’ordinaire, mais les cinq autres sont chantés par des guests, pour un rendu dans le plus pur style Beware The Beast de Carpenter Brut. Il semble évident que le titre qui sort du lot soit l’ouverture Cold As Hell, autant par l’incroyable chant de Shaun Phillips (Lebrock, House Of Serpents) que par son saisissant côté dansant et rétro. La bande-son parfaite pour Halloween.
Iotunn - Kinship (2024)
Moins immédiat que son prédécesseur Access All Worlds, ce Kinship a tout de même de très belles qualités qui se dévoilent au fil des écoutes. Si vous n’êtes pas convaincu.e.s au premier tour de platine (ou d’outil de streaming), n’hésitez donc pas à lui donner à nouveau sa chance. Peut-être devrez-vous d’abord vous concentrer sur la fin de l’opus, avec le tubèsque Earth To Sky et le riff massif et lancinant qui ponctue The Anguished Ethereal jusqu’au final. Mais tout l’album fini par se révéler plein de subtilités et d’intérêts, et même les singles "meh" se trouvent être bien meilleurs lorsqu’ils sont écoutés en contexte, au sein de l’album. Si vous êtes tenté.e.s par le Prog Psyché spatial (par exemple si vous avez aimé le récent Blood Incantation), essayez Iotunn. Et si Kinship ne vous stimule pas assez, jetez une oreille au premier opus, puis revenez à celui-ci. Vous nous en direz des nouvelles.
… Skaldmax
Black Sabbath - Technical Ecstasy (1976)
Coincé entre un début de carrière qui a littéralement posé les bases du Metal et un second souffle apporté par Heaven And Hell, Technical Ecstasy peut facilement passer à la trappe. Moins cohérent en tant qu'album qu'un Sabbath Bloody Sabbath ou qu'un Master Of Reality, on a malgré tout un disque qui vaut le détour. Les claviers 70's et les virages progressifs font clairement partie des atouts, sur l'excellent You Won't Change Me notamment, titre assez traînant avec un Ozzy prêt à vous tirer les larmes. On pleure aussi sur She's Gone, l'espoir renaît sur It's Alright, et on exulte sur Dirty Women. Un final explosif de sept minutes qui passent en un éclair, montée multicolore où s'entrecroisent les claviers et les solis de guitare, puis un sommet de groove assuré par la paire Ozzy/Iommi. Rien que pour ce titre, Technical Ecstasy mérite qu'on lui donne sa chance. Et bien entendu, je ne peux que vous recommander l'excellent podcast Children Of The Sabbath qui raconte avec passion toute la carrière des anglais, album après album.
Terrorizer - World Downfall (1989)
Alors que je reviens de temps à autres sur les premiers Carcass ou Napalm Death, j'ai encore de sérieux trous dans la raquette sur les débuts du Grindcore. J'en veux pour preuve ce World Downfall de Terrorizer, que j'ai bien dû écouter à un moment ou un autre mais sans m'y attarder. Pete Sandoval (que j'aime d'amour chez Morbid Angel) est venu me rappeler à l'ordre. Car c'est bien le batteur qui prend la lumière sur ce disque : sa manière de caler les blast-beats dans le temps les rend ultra frondeurs, Punk, méchants. La production très nature, signée David Vincent, permet de distinguer pleinement à quel point Sandoval maltraite son instrument. Les guitares de Jesse Pintado (Napalm Death) et la voix de Oscar Garcia sont aussi bien mises en valeur, une belle couche de gras à superposer sur les patterns de l'autre énervé qui semble avoir huit bras et huit jambes. S’il ne vous reste que 36 minutes avant la fin du monde, vous savez quoi faire.
… Maxwell
Behemoth – Opvs Contra Natvram (2022)
Alors, je ne suis pas particulièrement fan de Black Metal, mais je sais apprécier certains titres, voire certains groupes comme Emperor, Belphegor ou Behemoth. Et j’ai fait le grand saut de Demigod à Opvs Contra Natvram. Ben on peut dire que le changement est saisissant mais après tout c’est bien normal que le groupé évolue en dix huit ans. Je n’ai pas eu l’impression d’écouter du black, en revanche les écoutes étaient tout sauf inintéressantes, je dirais même que c’était plutôt sympa. Je n’avais jamais entendu ce style auparavant qui a mon sens n’est certes, pas du black mais s’en inspire et qui développe quand même pas mal de mélodie tout en gardant une certaine agressivité. Ça m’a donné envie en tout cas d’écouter les albums qui les ont conduit à arriver là où ils en sont.
Rage Against The Machine – The Battle Of Los Angeles (1999)
Pas le plus populaire des albums des Californiens et on se demande bien pourquoi. Peut-être a-t-il été trop dans la lumière au moment de sa sortie et le public, pas habitué à ce statut qu’on obtenu les RATM l’ont boudé ? Après tout quand il est sorti c’était un petit événement et l’album a reçu une grosse promo. Des clips de Michael Moore, on a retrouvé des chansons dans les grands films du moment (Matrix 2 de mémoire, peut être le 3) et dans des jeux vidéo (bien évidemment Tony Hawk, mais pas que). Pour des mecs qui dénoncent les puissants et qui sont considérés comme des activistes, les retrouver en fer de lance de l’industrie du disque est déjà un comble en soi. Ceci dit, c’est toujours un grand plaisir de se remettre Guerilla Radio, Calm Like A Bomb ou Sleep Now in the Fire dans les oreilles. Ce manque d’estime et de respect pour le successeur d’Evil Empire parait quelques … vingt cinq années après sa sortie encore plus injuste et infondé car tout comme ses opus précédents, il vieillit très bien. Certains diraient même qu’il n’a pas pris une ride et est toujours tristement d’actualité.
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