Metalorgie Monthly : Juin 2024

par Metalorgie Team (02/07/2024)

Qu'est-ce que l'équipe a écouté ces derniers temps ? Du neuf et des vieilleries, du Metal, du Punk, ou tout autre chose. C'est à découvrir dans ce nouveau numéro de Metalorgie Monthly.


Le mois de juin de…

Pentacle

Crystal CastlesCrystal Castles (2008)
Cela faisait longtemps que je n’avais pas remis la main sur ce petit joyaux des musiques électroniques de la fin des années 2000. Si j’aime autant Crystal Castles, c’est pour son côté bande son de musique de jeux-vidéo, pour ses glitchs dans tous les sens, tout comme le duo est capable de pondre des mélodies imparables et de sacrés tubes comme Crimewave qui préfigure la Synthwave. Le très doux Magic Spells évoque une romance d’été et Courship Dating fait autant penser à un niveau des Tortues Ninjas dans les égouts qu’une piste de danse à 3h du mat’ paumé dans le fin fond des diners américains. Il y a du tube accrocheur en pagaille et Vanished en est un très bon exemple. Un disque fantastique qui précède l’ère Perturbator / Carpenter Brut et peut donc même plaire aux personnes qui écoutent du Metal.

Standards - Fruit Town (2022)
A la suite du Post In Paris, j’ai beaucoup réécouté Standards, un duo de Math Rock américain où ça tricote mais comme jamais. Tu penses savoir jouer de la guitare ou de la batterie : face à eux, c’est injouable. Mais au-delà du niveau technique fabuleux, c’est l’émotion et les sourires qui transparaissent de leurs compositions. D’ailleurs le premier morceau, giga tube, se nomme Smile. Coïncidence ? Ca groove tout le temps (Cloudberry, Snack), les trouvailles mélodiques sont folles, les plans de batteries monstrueux de fluidité et d’impact. Des morceaux comme Cherry donnent envient de faire la fête avec des mélodies à chialer et de petits samples électroniques bien sentis, tout comme Coconut qui déroule du stop&go et de l’arpège ultra bien senti. C’est beau, c’est soleil, ça donne envie de danser et de faire des câlins à tout.e.s tes potes.

Spite HouseSpite House (2022)
Spite House joue à l’Outbreak en ce moment à Manchester. C’est leur présence sur l’affiche qui me les a fait découvrir, aidé de la très chouette chronique de l’ami Tang sur le site. J’aime leur fougue, leur énergie super Emo dilluée dans des influences Post-Hardcore, Indie Rock et même Screamo, si bien que l’on pourrait autant écouter Sonic Youth chez eux, ou encore Soundgarden, Have Heart ou Touché Amoré. Spite House se situe, comme beaucoup de jeunes groupes à l’instar de Militarie Gun, d’un paquet de références tout en créant leur propre truc super propre, efficace, mélodique et mélancolique. Ne reste pas de marbre devant Gravity ou Dyning Leaves. Sinon tu n’as pas de cœur.

OonaInked

Je vous avais déjà parlé d’Eivør le mois précédent, voici maintenant, en vrac, mon florilège de révisions en prévision du Hellfest :

Simple Plan - Simple Plan (2008)
Ayant forgé ma culture Rock et Metal sur le tard, beaucoup de classiques de notre génération m’ont échappé. Ce n’est pas le cas de Simple Plan, et je remercie les compilations NRJ Music Awards d’avoir placé les québécois sur mon chemin auditif ! Baigné dans une codification Pop Punk à toute épreuve au même titre que Good CharlotteAll Time LowWe The KingThe All-American Rejects, caractéristiques des années 2000, leur album éponyme plusieurs anthems tels que When I’m Gone, Your Love Is Just A Lie, ou encore Time To Say Goodbye. Efficace, sans fioriture… Simple, quoi !

Royal BloodTyphoons (2021)
Plus abouti que ses prédécesseurs, Typhoons aura clairement contribué, aux côtés de groupes tels que Nothing But Thieves, au revival de la Power Pop, qui paradoxalement réunit des éléments aussi pop que Rock et Electro. Bon, c’est sûr qu’ils ne sont pas étouffés par l’originalité sur aucun de ces tableaux, mais c’est frais, c’est léger, ça respire le Spritz en after sur une terrasse de guinguette : parfait pour un début d’été ou une fin d’après midi de festival.

KarnivoolSound Awake (2009)
Que ce soit la nationalité, le genre, les influences reçues et données, les australiens de Karnivool sont une référence dans tout ce qu’ils entreprennent, et ce, en “seulement” trois albums depuis leur formation en 1997.
Cet album défend fièrement la bannière du Métal Progressif : coloré, morceaux “à tiroirs”, des rythmes et structures atypiques… Je ne pouvais décemment pas ne pas en parler alors qu’ils jouent leur premier Hellfest, sur la Mainstage de surcroît.

Wohoseni

The OceanHolocene (2023)
Sorti il y a un an, je ne me lasse pas du petit dernier des allemands de The Ocean. Dans la lignée de l’excellent Phanerozoic IIHolocene arrondit encore le son, assume une subtilité plus électronique, continue son travail de sculpture d’ambiances sans jamais perdre le mordant et la rage de ses riffs. Les lignes vocales envoûtent, emportent. Après Jonas Renkse (Katatonia) invité sur Phanerozoic II, on profite de Karin Park qui vient poser sa voix sur Unconformities. Holocene est un album très abouti, cohérent, qui après de multiples écoutes, tient décidément bien dans le temps.

Fleuves - #2 (2019)
Passé début mai à la Philharmonie de Paris, Fleuves est un trio qui a développé une recette redoutable fusionnant musique électronique, jazz/rock et musique traditionnelle bretonne. Que cela soit pour sautiller sur le plancher pendant une heure et demie en fest-noz ou simplement écouter, Fleuves fait partie de ces groupes avec qui on ne sent pas le temps passer. Maîtrisant l’art délicieux des montées en tension et des accalmies successives, Fleuves est à conseiller aux amateur·ices de post-rock instrumental qui trouveront probablement à y satisfaire leur soif de voyage musical.

AxamentA - Ever-arch-I-tech-ture (2006)
Quasiment dix-huit que je n’en avais plus entendu parler, les belges d’AxamentA ont récemment refait surface pour la sortie d’un EP début juin. L’occasion de me replonger dans leur dernier album en date, Ever-arch-I-tech-ture, une proposition death / black symphonique aux influences progressives. C’est avec plaisir que j’ai retrouvé ces atmosphères symphonico-cinématographiques, tantôt pleines de mystère, tantôt virevoltantes, tantôt épiques, soutenant un propos mélodique riche qui n’a pas perdu de sa pertinence. Et sans oublier bien sûr l’apparition de Daniel Gildenlöw (Pain of Salvation), invité au chant sur Threnody for an Endling. Bref, un album que j’avais bien poncé à l’époque et qu’il a fait bon de ressortir.

Skaldmax

Billie Eilish - Hit Me Hard And Soft (2024)
L'image d'ado-blasée qui m'était jusque-là parvenue de Billie Eilish agissait un peu comme un repoussoir sur moi jusqu'à présent. Ce fut peut-être une erreur, sans doute même. Car à force de tomber ici et là sur des extraits vraiment convaincants de Hit Me Hard And Soft, j'ai fini par m'enfiler l'album complet. La chanteuse américaine joue une Pop dépouillée qui révèle un vrai talent de composition. On croise de vrais tubes, comme le très dansant Lunch ou Birds Of A Feather et son instru aérienne pour n'en citer que deux. Mais au-delà des singles, ce disque sans faux pas et bien construit ne demande qu'à être rejoué encore et encore. Billie Eilish dans mon top 2024 ? Je l'avais pas vu venir.

Zbrlah

Pain Of SalvationPanther (2020)
En août 2020, cet album m’avait déçu. Alors que son prédécesseur, In The Passing Light Of Day, m’avait réconcilié avec ce groupe qui avait été incroyable jusqu’en 2005 environ, l’essai n’était pas transformé avec Panther. Plus conventionnel et pourtant moins accessible, l’album m’avait laissé une impression de “ni fait ni à faire”. Il m’aura fallu presque 4 ans pour enfin me décider à lui redonner sa chance. Alors, tous les titres ne sont pas au niveau, mais quelque chose a “cliqué” sur plusieurs d’entre eux et je crois que je comprends (un peu) mieux, aujourd’hui, ce qui a voulu être fait avec la direction de ce disque. J’ai cependant toujours une interrogation sur le morceau éponyme, basé sur une idée intéressante, moderne, un peu électro, qui n’aurait pas fait tâche chez Linkin Park par exemple (si si), mais qui semble ne pas aller au bout de ses possibilités.

MillencolinHome From Home (2002)
C’est l’été (j’écris ces lignes le 21 juin !), et comme chaque été, j’ai envie d’écouter du pop-punk. Mais du pop-punk de mon adolescence, que je ressasse depuis 20 ans, hein ; pas découvrir de nouvelles choses. Quand j’en viens à Millencolin, c’est très souvent l’intemporel Pennybridge Pioneers qui s’impose, mais là, allez savoir pourquoi, ce fut son successeur. Porté par toute une brouette de giga-tubes (Kemp, Man Or Mouse, Punk Rock Rebel, Happiness For Dogs, j’en passe et des meilleurs, tous les titres sont trop biens en fait), cet opus est très clairement au niveau du classique sorti avant lui. Note à moi-même : écouter plus souvent ce Home From Home.

Allt - The Seed Of Self-Destruction (2022)
Après un premier EP oscillant entre le deathcore et le thall (cette sorte de djent poisseux et encore plus déstructuré que les standards du djent), Allt propose un second effort un peu plus mélodique sans pour autant s’assagir. Le combo garde la même recette, mais rajoute quelques leads de guitare et un peu de chant, disons, un peu moins saturé. Ça fonctionne à fond, surtout sur Paralyzed et sur The Deep Blue Silent.
Pour info, Allt a sorti mi-juin un nouveau single complètement dans la même veine, Remnant. Si vous aviez aimé cet EP, ce nouveau titre devrait vous ravir.

Marine

Sleep TokenTake me back to Eden (2023)
Je n'avais jamais vraiment pris le temps de découvrir Sleep Token, et au vu des multiples "WORSHIP" au sein de la team louant les qualités de cet opus, il fallait bien que je me penche sur la question un jour. D'autant plus que cet album a été le plus streamé de 2023 sur Spotify. Forcément, ça attire ma curiosité. Je peux vous dire que ma curiosité a donc été fortement satisfaite ! Take me back to Eden est fluide, beau, émouvant, le tout en jouant avec les frontières de styles différents, allant du jazz à l'électro, en passant par le Black Metal. La voix de Vessel est absolument envoûtante, suave, chaude et m'a charmée dès les premières secondes, aussi bien sur les notes angéliques que sur les screams déchirants. Les thèmes abordés sont tout aussi impactants, tournant souvent autour de l'amour torturé, l'amour fou. Je me suis laissée plonger dans un univers à fleur de peau où le mélange des genres est réalisé dans un véritable tour de force.
WORSHIP

Children of BodomFollow the Reaper (2000)
Assurément un classique du Death Metal Mélodique, mais est-ce que tous les opus de Children of Bodom ne sont pas des classiques du genre au final ? Follow the Reaper appuie davantage le tournant mélodique qui avait été initié à peine un an plus tôt sur Hatebreeder, et le clavier garde une place prépondérante dans la production. Chaque morceau est emblématique, catchy, parcouru d'un clavier répondant aux riffs néoclassiques des guitares, dans une atmosphère sous-jacente toujours un peu sombre. En somme, un album technique réalisé par des prodiges seulement âgés de 21 ans, produit en un an.

Rillettes

Team Sleep - Team Sleep (2005)
C’est l’histoire du mec qui découvre un side project de Chino Moreno (le chanteur de Deftones) presque 20 ans plus tard, et il tombe amoureux du seul album que le groupe ait sorti. Merci à l’équipe de ne m’avoir jamais parlé de tout ça et de m’avoir laissé dans l’ignorance.
On se retrouve face à une bonne base Deftones-ienne, un peu math-isée grâce à une batterie presque schizophrène mais avec aussi des éléments folk, shoegaze… Les bonhommes ne s’interdisent rien, tracent des paysages musicaux et sonores magnifiques que je n’avais, personnellement, jamais eu l’occasion d’observer avant Team Sleep. Alors oui, je débarque 20 ans plus tard ou presque, avec cet album que les connaisseurs ont déjà probablement poncé en long et en large. Mais pour les autres qui sont passés à côté, prenez 50 minutes dans votre journée pour cette œuvre aux dix mille visages.

UlcerateCutting the throat of God (2024)
Affublé d’un nom certifié 100% Edgelord, ce nouveau Ulcerate est bien la dinguerie annoncée par les singles qui ont été distillés ces dernières semaines. Les Néo-zélandais n’ont rien changé ni dans la forme, ni dans le fond, mais ça marche. Ca marche plus que jamais avec des guitares toujours aussi dissonantes et fluides, une batterie en totale autonomie et une basse qui vomit de la distorsion sur ces guitares presque aériennes. On ne sait jamais où va le prochain riff, ni comment, qui va prendre les devants entre les instruments. On se fait mener par le bout du nez, on reste béat devant tant de maîtrise. Cutting the Throat of God demande pas mal d’écoutes pour être apprivoisé (comme beaucoup d’albums du genre) mais il est aidé par une production formidable, d’une douceur étonnante et qui tranche sévèrement avec les compositions, puissantes et alambiquées.

Saidan - Visual Kill : The Blossoming of psychotic depravity (2024)
Hop, p’tit duo d’USBM assez discret chez nous malgré un très très bon deuxième album (Onryo II : Her Spirit Eternal) qui faisait dans le BM assez classique mais avec des aspirations mélodiques à peine cachées. Sauf que depuis, les Finlandais de Moonlight Sorcery sont passés par là, et il est probable que Saidan en ait bouffé pas mal. Dans ce nouvel album, on pousse plus loin les claviers, les leads, l’épique… En gros, tout ce qu’on aime bien chez Moonlight Sorcery. Saidan est toujours un peu plus méchant avec des riffs punk/black n’roll plus directs et dansants, et moins de solos néo-classiques. On croirait entendre parfois des génériques d’anime black metal-isés (si tant est que ce que j’écris veuille dire quelque chose) et c’est tout sauf une mauvaise chose. Et personnellement, j’apprécie pas mal la prod’ un peu moins proprette que celle des Sorciers au clair de lune, qui gratte un peu les tympans dans les hauts médiums.

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