35 Albums qui ont marqué 2022

par Pentacle (03/03/2023)

L’année 2022 est désormais dernière nous et les nouvelles sorties commencent à affluer de manière significative. Nous avons également publié notre top 2022 qui est à lire ici, mais au-delà des tops propres à chacun, on s’est dit qu’on pouvait revenir sur l’année passée et vous préparer une belle sélection de disques dans des styles qu’on espère assez variés, histoire de découvrir de très bons disques de 2022. 35 disques tout de même et avec des formations déjà bien établies et connues et d'autres choses un peu pointues sur lesquelles vous êtes peut-être passés cette année. Comme d’habitude, la sélection n’est et ne peux pas être exhaustive sur toute une année, mais on vous a résumé nos coups de cœurs et découvertes dans une playlist aux petits oignons pour les 35 formations proposées ici.



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Cult Of LunaThe Long Road North
A Dawn To Fear de 2019 était déjà fabuleux et se classait probablement parmi les meilleurs albums de Cult Of Luna dans leur discographie. Ce qui est pénible avec les suédois, c'est qu'à chaque fois qu'ils sortent un nouvel album, on se dit que la nouvelle fournée surpasse les précédentes. Et franchement, The Long Road North est pas loin de nous donner raison, tant la recette de Cult Of Luna est maitrisée et à chaque fois peaufinée, à savoir un Post Metal orageux, triste, accompagné de riffs de fin du monde comme de magnifique montées à se déchirer le cœur. Leur savoir faire est intact, l'émotion est toujours présente et Cult Of Luna en dégouterai presque d'être si parfait. On vous dit, ce sont les patrons, ni plus ni moins.
     

Final Light - Final Light
La rencontre entre James Kent de Perturbator et Johannes Persson de Cult Of Luna. Bien évidemment que l’on signe et plutôt deux fois qu’une. Le projet était destiné à un concert exclusif au Roadburn, mais on sait bien que dans ces cas-là, il y a une forte chance pour que ça sorte également sur disque (Waste Of Space Orchestra par exemple) et heureusement ils ont eu la bonne idée de le faire puisque la rencontre des deux musiciens s’avère vraiment fructueuse et pas juste deux noms pour faire jolis comme beaucoup de projets dit de « supergroupes ». On a vraiment l’impression d’entre la rencontre entre les synthés de Perturbator et le Post Metal de Cult Of Luna (qui a également ses côtés electro), mais de manière à fusionner comme un disque de Synthwave très sombre et lourde chaque aspect de la musique des deux musiciens se nourrissant mutuellement. Là où la rencontre Alcest / Perturbator pour le Major Arcana n’avait pas trop marché, ici le mariage et l’intention des deux univers fonctionne pleinement.
      

Blut Aus NordDisharmonium - Undreamable Abysses
Il y a ce truc, pour chaque nouvelle sortie de Blut Aus Nord, d'être autant captivé par leur musique et ce, dès que l'on pose le premier pas dans l'œuvre et Disharmonium - Undreamable Abysses en fait bien entendu parti. Il faut dire qu'en ouvrant les pages du Necronomicon, Blut Aus Nord s'introduit dans des abysses étranges, où tout dégouline, rampe. On retrouve cette sorte de Psychédélisme bizarre de l'album Hallucinogen de 2019, mais ici de manière plus gluante, poisseuse. Un voyage cosmique, brumeux, assez indéfinissable quelque part, mais qui prouve encore une fois que Blut Aus Nord fait parti des plus grands groupes de Black Metal de l'histoire.
     

CelesteAssassine(s)
On a déjà dit pas mal de bien de ce nouvel album de Celeste dans nos lignes et pour cause, il marque une sorte de petit tournant fort bienvenue dans la carrière du groupe. En effet, cela fait quelques années qu’on a un peu l’impression que Celeste nous sort plus ou moins la même formule à quelques détails près à chaque nouvelle sortie, mais Assassine(s) dévoile de nouvelles choses, (en dehors de cette signature chez Nuclear Blast Records) avec des rythmiques nouvelles, plus de mid-tempo, davantage d’aération et de mélodies dans la composition. C’est pourtant toujours très sombre et anxiogène et l’on reconnait immédiatement la patte et le son propre à Celeste, mais d’une manière un peu différente à laquelle on était (trop) habitué. C’était le disque qu’il fallait sortir pour donner un nouveau souffle au groupe.
     

Fontaines D.C. - Skinty Fia
IdlesShameDry Cleaning... le Post-Punk version Indie Rock à l’anglaise est de retour en force depuis quelques années avec un nombre de groupes aussi impressionnants qu’ils sont qualitatifs. On pourrait aussi parler de Black Country New Road ou encore Squid, mais cette année le troisième album des irlandais Fontaine DC a aussi pas mal retenu notre attention. Skinty Fia n’est pas seulement un disque de Post-Punk, car il se pare de contours Gothic Rock, Indie Rock et même Shoegaze ce qui lui apporte une dimension plus sombre et mélancolique que certains de ses homologues outre-manche. Et puis l’on déniche pas mal de mélodies accrocheuses et de titres marquants qui vont très vite envie de retourner écouter Fontaines D.C., c’est aussi simple que ça.
     

ImmolationActs Of God
Plus de vingt ans après une le chef d’œuvre qu’est Close To A World Below, Immolation reste le patron de ce Death Metal biscornu, serpentesque et vicieux, tout comme lorsque sortait Gateways To Annihilation de Morbid Angel la même année. Sauf que la carrière d’Immolation est bien moins en dent de scie et qu’ils restent fidèle à se Death Metal ultra véloce, technique, mais toujours au service d’une ambiance bizarre et malsaine, comme enfermée dans une toile de Hans Ruedi Giger. Acts Of God est peut-être l’album le plus fort qu’ils aient sorti cette dernière décennie, malgré sa longueur, alliant une production nickel, des dissonances bien placées, des riffs impressionnants et une précision chirurgicale dans leurs compositions et leur manière d’amener avec autant de talent leur formule pourtant déjà bien connue. On a dit, ce sont les patrons dans le style et vous pourrez noter quelques excellents morceaux pour vous en rendre compte tels que An Act Of God, The Age Of No Light ou bien Apostle.
     

AmorphisHalo
Depuis une bonne décennie désormais, les finlandais d’Amorphis se sont engouffré dans une voie hyper mélodique avec un Metal aux contours progressifs, symphonique avec une pointe d’éléments folkloriques et ce Halo qui conclue la trilogie amorcée par Under The Red Cloud (2015) et Queen Of Time (2018) le fait d’une bien belle manière. Ce qui impressionne chez Amorphis c’est toujours cette capacité à rester sur le fils entre l’agressivité du Metal et ces élans mélodiques et glorieux, sans jamais se casser la gueule. On ressent pleinement ce feeling épique finlandais comme peuvent le faire des groupes très différents comme Sonata Arctica ou bien Children Of Bodom. Si vous voulez votre dose d’échappées grandioses et combattre Odin en levant fièrement le poing, Halo est là pour ça !


Foxtails - Fawn
A n’être jamais comme les autres, l’éclipse. On s’en veut d’être passé à côté d’un groupe aussi inventif dans un style Screamo / Art Punk / Indie / Folk. C’est leur quatrième album, Fawn, qui sort chez Skeletal Lightning et il témoigne d’un génie de mélange et de cohérence des genres bien plus qu’un Gospel qui a fait l’unanimité cette année. Chez Foxtails on trouve ce truc bien plus anxieux, mélancolique et poétique parce que de leur fausse simplicité tout en mélangeant des cordes et notamment un violon (merci Jared Schmidt) qui apporte une saveur tout particulière à l’ensemble. Foxtails livre là l’un des albums de Screamo / Post-Hardcore de l’année, osé, inventif, bizarre, certes, mais qu’est-ce que ça fait du bien d’entendre ce genre de chose !
     

Zguba - Znój
Histoire de s’éloigner complètement des univers électriques et rythmiques passons sur l’Ambient de Zguba, projet Bulgare qui sort cette année son troisième album. Difficile de décrire en détails ce qu'est cet album, sais sachez qu'il a été enregistré dans un état de fatigue mentale et physique totale et qu'il s'en dégage une sorte d'accès à une dimension qu'on pourrait décrire entre le rêve et une réalité brouillée. Chez Zguba on trouve cette manière d’approcher l’Ambient de façon éthérée, céleste même, comme chez Hammock avec cette élévation liturgique. Ainsi, Znój est un album à la fois ombragé, mélancolique et paradoxalement incroyablement méditatif.
     

Tómarúm - Ash In Realms Of Stone Icons
C’est un premier album pour les américains de Tómarúm et une signature chez Prosthetic Records. Un groupe qui arrive un peu de nulle part, mais qui allie à la perfection Black Metal Mélodique et Death Metal Progressif. C’est impressionnant d’assister à un tel niveau de maturité et de composition pour un si jeune groupe. Ash In Realms Of Stone Icons est d’une fluidité sans pareil et impressionne pour sa vélocité et sa technicité. Ajoutons que l’album de dégueule pas de notes dans tous les sens, mais qu’il possède un vrai sens du dosage et de la mélodie qui rend le tout absolument jouissif ! Et par instant on a parfois l’impression d’entendre Enslaved (As Black Forms From Grey).
     

Static DressRouge Carpet Dress
Encore un premier disque dans un genre totalement autre davantage proche de l’Emocore / Metalcore et un album qui transpire du moindre pore les années 90/20. Pensez à Underoath, GlassjawSaosin ou même Seeyouspacecowboy. Il y a un réel vent de fraicheur chez Static Dress pour amener leur Post-Hardcore avec des mélodies rêveuses et un chant émotionnel qu’il soit en clair ou hurlé, rappelant Chino Moreno de Deftones par instants. Leur manière d'aligner un paquet de tubes potentiels est assez dingues également que se soit Di-Sinter, Sweet. ou encore Unexplainabletitlesleavingyouwonderingwhy (Welcome In) avec ce petit truc de Fall Out Boy. De toute façon, Static Dress est la sensation Emocore de l’année, point final.
     

Véhémence - Ordalies
C’est un troisième album pour Véhémence qui signe avec Ordalies une excellente maitrise de Black Metal mélodique et épique en agrémentant cela d’élément folklorique. Comme en témoigne sa pochette, Véhémence est, avec Darkenhöld, l’un des meilleurs représentants du Black Metal Médieval en France. L’ensemble est super cohérant, travaillé, les mélodies sont imparables et vous resteront dans le coin du crâne telle une marque au fer rouge. Au Blason Brûlé en est un bon exemple de titre enchanteur et le premier morceau De Feu Et d’Acier est absolument fantastique et pourrait même faire office de tube tellement le refrain restera gravé en toi. Lorsque l’on vous dit que le Black Metal français peut rivaliser avec celui-ci scandinave et américain, en terme de spécificité et originalité, on ne triche pas.
      

Ode And Elegy - Ode And Elegy
Quel plaisir de retrouver l’un des membres de The Pax Cecilia (Kent Fairman) porter l’héritage de ce groupe qui avait créé une chose unique dans le paysage Post - Rock/Metal/Hardcore / Screamo des années 2000 tout en unissant cette intensité à des cordes et autres instruments de type musique de chambre. Cet album éponyme, animé d’une seule composition, est d’une classe monumentale et très largement éloigné des standards musicaux actuels. Vous pourrez y voir des bouts de Kayo Dot ou de Godspeed You! Black Emperor dans cette manière d’amener des montées grandioses et des choses inattendues. On vous promet un voyage étrange, passionnant, émotionnellement fort qui vous fera revenir dessus pour en déceler ses moindres recoins et ses trésors d’imagination. Fabuleux, tout simplement.
     

40 Watt Sun - Perfect Life
Si l’on pouvait encore trouver des éléments Doom Metal chez 40 Watt Sun, sur ce nouvel et troisième album, les racines de Warning semblent bien éloignées, même si l’on ressent toujours cette énorme tristesse latente qui s’est muée dans un Rock lent et mélancolique. Une autre manière de jouer du Doom sur le bord de la brèche finalement. La voix de Paul Walker est toujours aussi magnifique, chevrotante, comme si elle allait se briser au moindre choc et elle est soutenue par des arpèges somptueux d’une clarté à toute épreuve et quelle très beaux arrangements, tout en restant dans un dépouillement d’une grande pudeur en témoigne des titres comme Behind My Eyes ou The Spaces In Between. On sent néanmoins cette petite percée de lumière comme on a pu le constater chez Anathema avec We're Here Because We're Here, mais ne vous y trompez pas, vous allez quand même pleurer toutes les larmes de votre corps.
     

Bank MynaVolaverunt
En un premier album, Bank Myna a su se placer très haut dans les disques de Post-Rock français à suivre de très près d’autant plus qu’ils lorgnent également du côté du Doom et du Drone, mais disons qu’ils ne déméritent clairement pas aux côtés de L’Effondras et Oiseaux-Tempête dans leur manière d’expérimenter réellement et de brouiller les frontières des genres. Vous penserez à Godspeed You! Black Emperor à l’écoute et sans doute aussi à un peu d’Anna Von Hausswolff (la voix de Maud Harribey notamment) et d’autant plus Big Brave dans cette approche singulière de ces genres-là. Volaverunt doit se prendre comme un seul morceau, noir, ritualiste et envoutant. Le temps n’a pas d’emprise lorsque tu tombes dans Volaverunt.
     

DälekPrecipice 
Huitième album pour l’un des piliers de l’Abstract Hip-Hop / Indus et on sait que l’on a déjà dit énormément de bien de Dälek dans nos pages, mais il fait bien affirmer que Precipice est un petit bijou dans le genre, avec une orientation plus old school que ses dernières productions notamment dans le titre Good qui pourrait figurer dans la BO de Ghost Dog par RZA. Et ce n’est pas le seul, Holistic est du même tonneau et A Heretic’s Inheritance pourait également suivre avec une version Drone / Folk hypnotique qui prouve encore une fois que Dälek est bel et bien un artiste Hip-Hop qui ne fait rien comme les autres. Ce que l’ont retrouve également dans les incursions Shoegaze de morceaux comme Boycott ou bien Precipice qui conjuguent à la fois My Bloody Valentine et Sunn O))). S’il ne devait rester qu’un seul artiste Hip-Hop sur lequel les amateurs et amatrices de Metal devraient se pencher, c’est bien Dälek.
     

Blood IncantationTimewave Zero
Timewave Zero est un contre-pied dans la discographie de Blood Incantation puisqu’il s’éloigne complètement du Death Metal pour aller visiter des planètes fortes éloignées tels que l’Ambient et les musiques électronique. Il est composé à partir d’instruments analogiques (claviers Korg, orgues Moog / Hammond…), mais garde pourtant ce côté Science-Fiction extraterrestre propre au groupe, sauf qu’ici il y a beaucoup moins de notes. L’album est pourtant une réelle réussite, même s’il ne plaira pas à un public Metal bas du front, parce qu’en conjuguant leur passion pour ces musiques-là, et leurs influences que sont Tangerine DreamVangelis (le créateur de la BO de Blade Runner), KraftwerkMike Oldfield ils arrivent à créer une œuvre hypnotique et contemplative avec une impression de flotter dans l’espace. Quoi que puissent en dire certains avis trop engoncés dans leurs carcans musicaux, avec Timewave Zero, Blood Incantation prend un sacré risque et montre un respect, une réelle connaissance des musiques ambient et électroniques répétitives donc énorme respect à eux.
     

Inanna - Void Of Unending Depths
Inanna vient du Chili et sortent cette année leur troisième album qui voit se confronter leur Death Metal avec des forces Lovecraftienne. On s’imagine alors bien que leur Death Metal est sinueux, un peu caverneux tout en restant très mélodique étonnant et avec des couches de dissonances un peu à la Immolation ou, à sans doute ce qui s’en rapproche le plus, surtout étant donné l’univers et le propos du groupe : les excellents Sulphur AeonVoid Of Unending Depths est comme son nom l’indique, une plongée dans des profondeurs inquiétantes et mystérieuses prêt à tomber sur l’innommable !


Sonhos Tomam Conta - Maladaptive Daydreaming
Dans les découvertes improbables de cette année, on trouve ce récent projet Brésil au nom qui signifie "les rêves prennent le dessus" ce qui est tout à fait approprié pour ce projet Shoegaze, Dreampop / Blackgaze. Les mélodies ne sont pas forcément marquantes à première vue chez Sonhos Tomam Conta, mais il y a ce truc brumeux, rêveur, qui semble nous envelopper comme dans du coton, ce qui fait qu’on s’y sent bien. Pensez au Sunbather de Deafheaven par exemple, mais en élevant le plus possible tout ce qui est agressif et violent, pour n’en laisser qu’une caresse, mais avec cette impression, en se réveillant, d’avoir fait un mauvais rêve.
     

WiegedoodThere's Always Blood At The End Of The Road
Les belges de Wiegedood mettent fin à leur trilogie précédente et s’ouvrent à d’autres horizons musicaux en délaissant quelque peu le Post Black Metal qui les as fait connaitre. Mais le groupe est toujours profondément Black Metal, parfois proche de Watain dans sa manière de sonner biscornu et c’est surtout qu’ils livrent là un disque extrêmement méchant et corrosif, se jouant des répétitions et des riffs à l’envie comme en témoigne Fn Scar 16 ou encore Carousel deux titres en ouverture et conclusion complètement obnubilant. Ils arrivent aussi à amener des passages dissonants, des chants diphoniques (Now Will Always Be) et se montrent extrêmement créatif dans ce disque qui est, pour le moment, probablement le meilleur de leur carrière.
 

Vein.Fm - This World Is Going To Ruin You
2021 avait Knocked Loose, 2022 aura Vein.Fm en tant que parpaing Hardcore / Metal abrasif et chaotique. Il faut dire que les bougres ont cette manière de jouer de manière hyper tendue, les dents serrées, en incluant des plans hyper groovy façon Néo Metal, tout en diluant le tout de cassures, de breaks, de plans Mathcore et Metalcore super bien trouvés. Un espèce de chaos sonore qui sait rester accrocheur comme ce que savent faire Code Orange par exemple ou Seeyouspacecowboy dans ce truc effronté et branleur parfaitement jouissif. Le disque de cette année pour tout envoyer voler dans ton appart avec quand même une pointe de mélodies et plan Emocore par instants.
     

Pure Wrath - Hymn To The Woeful Hearts
Pure Wrath est le one-man band de Januaryo Hardy et son troisième album, Hymn To The Woeful Hearts, recèle d’un trésor d’ingéniosité dans les mélodies de son Black Metal Atmosphérique. On y décèle de vraies mélodies porteuses et poignantes comme sur les morceaux Years Of Silence à la façon de Saor ou d’Ethereal Shroud. Qu’il est bon de trouver en cette année un disque de Black Metal qui marrie si bien les mélodies et les quelques pointes de symphonies et on devine qu’il y a un véritable travail et talent d’écriture là-dessous. C’est fort, c’est poignant, c’est extrêmement respectable et c’est tout simplement ce que l’on veut dans la direction du genre. Pourvu que Pure Wrath continue ainsi.
     

EarthlessNight Parade Of One Hundred Demons
Après un Black Heaven de 2018 qui proposait un format plus court et condensé dans ses compositions, Earthless revient à ses premier amours avec trois titres au format long s’étendant sur une heure et surtout, cette manière si particulière et jouissive de proposer un Heavy Rock / Psyché qui jams en permanence. Donc oui l’album est construit sur de l’improvisation, tu auras sans doute un peu l’impression d’entendre un morceau qui ne finit jamais, mais le guitariste est un tueur avec un jeu proche de Jimi Hendrix parfois (et même un peu de Black Sabbath par-ci par là) et honnêtement, dans le style, Earthless fait partis des meilleurs.


ElderInnate Passage
Innate Passage marque le retour en grâce d’Elder après un Omens de 2020 un peu en dessous de l’excellence à laquelle ils nous avaient habitués. Il y a d’une part chez eux cette manière si particulière de sonner, avec un son chaleureux, réconfortant, plutôt propre et clair loin des clichés Stoner (bravo à la limpidité de la production) et une manière de jouer et sonner que l’on reconnait immédiatement. Elder prend une tournure un peu plus progressive dans la forme avec encore une fois des envolées de guitare magnifique et délaisse quelque peu le côté brumeux de ses anciennes productions. Groove et mélodies imparable sont légions et Elder donne vraiment un sentiment de légèreté, de bonheur et même de liberté tant ils semblent vouloir aller où ils le souhaitent et ça fonctionne à chaque fois.
     

PersefoneMetanoia
Le groupe d’Andore impressionne une nouvelle fois en se réinventant dans une formule Death Metal Mélodique / Prog qui peut être parfois un peu trop balisée. Katabasis en ouverture démontre le niveau technique hallucinant de ses musiciens, mais aussi leur capacité à foncer à 200km/h sans que ça soit de la bouille informe. C’est puissant, épique, très mélodique avec ce qu’il faut d’éléments symphonique pour parfaire le tout, mais sans jamais tomber dans l’overdose. On sent aussi que Persefone délaisse petit à petit les éléments extrêmes du début pour glisser de plus en plus vers le Metal Progressif et ce n’est pas forcément un mal puisque ça leur réussit bien. On y décèle des choses un peu à la Leprous aussi (quelle maitrise de voix) et un peu de Cynic également dans la technicité et le côté futuriste de certaines compositions.
     

Cave InHeavy Pendulum
C’est simple, Cave In en 2022 est en très grande forme et revient plus fort que jamais après le décès de son bassiste Caleb Scofield et l’excellent Final Transmission de 2019. Heavy Pendulum est un témoignage de tout ce que sait faire Cave In et des différents styles par lesquels le groupe est passé pendant toutes ces années. Ce travail de synthèse n’est pas du tout une redite ou du réchauffé du mélange de Space Rock, Grunge, Post-Hardcore, Hardcore ou Metal dont est capable la formation car ils savent livrer des morceaux hyper efficaces avec une écriture qui frôle la perfection. En plus de ça, la pochette est absolument sublime. Un des disques de l’année !
     

Darkher - The Buried Storm
C'est un second album pour Jayn Hanna Wissenberg après Realms en 2016 qui nous avait déjà fortement convaincu dans ce que l'on pourrait considérer comme de la musique sombre. La musicienne y convoque avec sobriété une sorte de Folk crépusculaire teintés d'éléments Darkwave et Doom (la batterie et certains riffs). The Buried Storm est un disque de Folk lourde et dans lequel on pensera irrévocablement à Chelsea Wolfe, ce qui est loin d'être une mauvaise comparaison. L'opus n'est pas vraiment constitué de morceaux avec des hauteurs différentes ou certaines arpèges réellement marquants, mais est davantage conçu comme un disque d'ambiance mélancolique et rêveuse. Des rêves en noir et blanc, poétique, mais noués de racines tortueuses et d'une lumière blafarde.
     

Kikagaku Moyo - Kumoyo Island
C’est hélas le dernier album pour les japonais de Kikagaku Moyo qui tirent leur révérence après dix ans d’existence et cinq disques dont une petite de Rock Psychédélique / Krautrock en 2018 nommée Masana Temples. Paradoxalement, cette tristesse de les voir s’arrêter ne colle pas du tout avec la musique enjouée et réconfortante de Kumoyo Island. Les japonais jouent juste un Rock Psyché chaleureux, généreux et doux avec beaucoup de chouettes mélodies à la guitare et sur ce nouvel opus ils ont pris une tournure Folk Psyché qui leur sied également très bien en ajoutant des instruments traditionnels. La musique de Kikagaku Moyo est un soleil d’automne qui te réchauffe et je te mets au défi de ne pas avoir le sourire en les écoutants.
     

Petrol GirlsBaby
Petrol Girls c’est un peu la sensation Riot Grrrls de 2002, mais si ce terme plutôt extra-musical, mais dont on comprend évidemment bien les motivations et revendications derrière le projet, est loin d’expliquer ce que l’on trouve dans ce troisième album nommé Baby. Post-Hardcore, Noise Rock, Math Rock… peu importe la dénomination, ce qui est important ici c’est la rage revendicatrice des musicien.ne.s que l’on trouve dans cet album avec la chanteuse / guitariste Ren Aldridge possédant une hargne sans pareil. En fait, on retrouve un peu de Refused chez Petrol Girls parfois et les dix titres donnent envie aussitôt de se relancer l’album aussitôt. On notera également un petit titre tubesque façon Dance Punk dans son refrain avec l’ironique et titre évocateur : Baby, I Had An Abortion (coucou Death From Above 1979).
     

Soul GloDiaspora Problems
Parmi les albums enthousiasmant de 2022 qui ont fait pas mal de bruit, on trouve ce quatrième effort de Soul Glo qui les révèle réellement à la face du monde. Et pour cause on trouve chez eux ce truc résolument Punk, mais néanmoins novateur et frondeur. Diaspora Problems est plus précisément un mélange de Punk, de Hardcore, de Hip-Hop et de Noise, oui, tout ça, comme si Death Grips rencontrait Black Flag. On notera un duo basse / batterie hyper efficace notamment pour son groove généreux tout comme Pierce Jordan au chant capable de hurler comme un beau diable comme d’avoir un flow impressionnant dont les paroles abordent notamment le racisme et les violences policières. Un disque qui est autant le bordel qu’il donne envie de la foutre. Par contre il faudra être bien accroché.
     

The Smile -  A Light For Attracting Attention
Dans The Smile, l’on retrouve Thom Yorke et Jonny Greenwood de Radiohead et il faut bien le concéder que les deux musiciens ont rarement été aussi créatifs ici que ces dernières années, même à travers Radiohead. Ce nouveau projet possède un souffle de renouveau dans la carrière que l’on connait bien. Ainsi, l’on retrouve un mélange d’Art Punk, de Rock Psyché, de Jazz Rock et de Post-Punk, mais à la manière de Radiohead donc avec un gros coup de Pop Rock très personnel et même indéfinissable. En sort un album unique, peu définissable mais vraiment génial : A Light For Attracting Attention. Thom Yorke, génie encore d’activité, est là pour niquer le système Pop et tant qu’il sera là, on prendra encore plaisir à être surpris et ravis. Surtout que SquidShame, Idles sont une relève plus que sérieuse.
      

KonventCall Down The Sun
C’est déjà le second album des danoises de Konvent qui fait suite à la très bonne surprise de Puritan Masochism, paru en 2020 et apportait un « vent frais » dans la scène Doom / Death. Visiblement, les musiciens ont bien décidé à s’enfoncer six pieds sous terre avec un Doom / Death Metal tellurique qui flirte allègrement avec la poisse du Sludge un peu comme si Asphyx et Eyehategod s’étaient rencontré. Call Down The Sun est un gros bloc charbonneux, terreux et négatif par lequel ne filtre aucune lumière et pourtant il possède un groove et un truc un peu inexplicable qui donne envie d’y revenir régulièrement.
     

Deathhammer - Electric Warfare
Déjà impressionnant sur Chained To Hell, ce nouvel essai nommé Electric Warfare confirme tout le bien que l’on peut penser du duo Deathhammer. Leur Speed / Thrash Metal est sur-vitaminé et ne ralenti jamais. C’est simple, c’est la branlée du début à la fin méthode Destruction / Kreator à l’ancienne avec ce relent de Black Metal méchant et vicieux. Evidemment ça riff comme à l'époque, saupoudré de cris de sorcières bien Heavy et de soli diabolique. Tu as vraiment l’impression de te faire rouler dessus pendant quarante minutes. C’est impressionnant de les voir sortir un album aussi rapide, riffé et méchant à seulement deux musiciens. Si tu aimes Hexecutor c’est bien évidemment fait pour toi.
     

Misery IndexComplete Control
Il n'y a pas de nouvel album de Napalm Death cette année pour figurer dans les incontournable du genre, mais heureusement, Misery Index fait figure d’excellent remplacement dans le style Deathgrind et Complete Control est la preuve de la bonne santé du groupe. Misery Index sait particulièrement bien doser passages rapides et autres moments plus mid-tempo (certains plans font même plutôt Hardcore) avec cette ligne fine entre Death Metal et Grindcore et avec une voix hargneuse à souhait. En fait, le disque n’est pas simplement une décharge pure de violence, il sait aussi se montrer étonnamment groovy comme pourrait le faire un Obituary par exemple. En somme, neuf titres qui passent comme une lettre à la poste en attendant le prochain brulot de Napalm Death.


MorrowThe Quiet Earth
Morrow est l’un des "trop" nombreux projet d’Alex CF (Fall Of EfrafaLightbearer…) qu’il devient impossible de tout citer et sur cet opus, de nombreux et nombreuses invité.e.s sont présent.e.s (Drei Affen, His Hero Is Gone…) et pareil, c’est impossible de faire le tour en quelques lignes. The Quiet Earth est dans la continuité de son prédécesseur à savoir un Emo / Crust épique et fantastique, mais ici tout est poussé à son niveau maximum, comme si Morrow avait complètement lâché les vannes et laissé libre court à son imagination. L’album se révèle puissant, épique, profondément touchant aussi et morose, mais ce qui est sûr c’est qu’il est difficile de rester insensible à une œuvre pareille.     

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