Sélection Post Black Metal
par Pentacle (28/10/2022)
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La définition du Post Black Metal a toujours été compliquée. Certains y mélangent et confondent des influences de Black Metal Atmosphérique tels que des groupes comme Wolves In The Throne Room, Ash Borer, Falls Of Rauros ou Gris. A travers cette sélection nous y voyions plus des groupes qui lorgnent davantage vers des sonorités Shoegaze, Post, Noise, Hardcore etc, qui expérimentent et/ou qui s’éloignent de manière plus ou moins générale du qualificatif Black Metal, quitte à être conspués pour certains, mais ça, on s’en tamponne pas mal à vrai dire. C’est justement de ces groupes là un peu à part dont on va parler aujourd’hui à travers cette petite sélection, histoire aussi de s’éloigner des traditionnels et fondateurs et des biens connus et non moins excellents Deafheaven, Alcest et compagnie. On espère que vous ferez de belles découvertes dans cette sélection et on vous met une traditionnelle playlist à la fin du dossier afin de découvrir un peu tout cela. Allez, on enfile son plus beau t-shirt de Regarde Les Hommes Tomber et c'est parti.
Cet article est rendu possible grâce à vos dons sur Utip. Sans financement, ce genre d'article n'existerait pas. Merci à toutes celles et ceux qui donnent pour que l'on continue à écrire ce type de contenu.Gaerea - Unsettling Whispers (2018)
Lorsque les portugais de Gaerea sont apparus sur la scène internationale en 2018 avec leur premier effort, ils avaient ce truc de mélanger influences Black Metal et Sludge à la manière d’un Regarde Les Hommes Tomber et ils n’auraient pas fait tâche aux côtés de groupes comme Déluge ou Au Dessus chez Les Acteurs De l’Ombre lorsque c’est sorti. Mais ici, à l’inverse d’autres formations Post Black Metal, on garde vraiment le côté agressif et frontales des compositions, avec ce qu’il faut d’éléments hiératiques (le morceau Whispers par exemple), de titres à rallonge et ce chant à la frontière du Hardcore sans totalement y adhérer non plus. Unsettling Whispers est noir, Black Metal jusqu’aux racines, avec ces quelques pincettes ici et là d’autres influences ou tonalités qui le permet de sortir du rang et de le rendre d’autant plus passionnant.
Violet Cold - Anomie (2017)
La base musicale de Violet Cold est le Black Metal Atmosphérique certes, mais il est nourrit d’influences Shoegaze et Post-Rock si bien que par instant on pourrait se croire sur un disque de My Bloody Valentine ou de Mogwai comme sur le titre Lovegaze où la femme scande plusieurs fois « je vous aime » en turc. Violet Cold est le projet d'un seul homme, Emin Guliyev, originaire d'Azerbaijan et que se soit sur Anomie ou à travers d'autres de ses albums, sa discographie transpire la beauté, la délicatesse avec beaucoup de mélodies poignantes, tout comme il est capable d'aller chercher dans des choses beaucoup plus sombres et revendicatives notamment à travers des thématiques d'antiracisme ou sociales de manière générale. Des choses bien éloignées des courants traditionnels du Black Metal hélas.
Heretoir - Heretoir (2011)
Lorsque l’album éponyme d’Heretoir est sorti en 2011 il témoignait des premiers efforts de s’affranchir d’un Black Metal traditionnel en allant vers des sonorités Post : Post-Rock, Post-Punk aussi et Shoegaze, car très calé dans la lignée de ce pouvait faire Amesoeurs ou Alcest à cette période avec des titres tels que Retreat To Hibernate très Folk ou Weltschmerz plus Black Metal Atmosphérique. Ce qui lui donne le petit truc en plus des autres présents dans ce dossiers, mais également marqueur d’une époque, c’est ses influences Black Metal Dépressif à la Silencer ou Shining où bon nombre de projets de l’époque commençaient à s’aventurer vers des sonorités Post-Rock avec par exemple Lantlos, Thränenkind ou Thy Light par exemple. Un très bel album pour autant, sombre, déprimant et mélancolique.
White Ward - Love Exchange Failure (2019)
Le Black Metal des Ukrainiens est atypique, amenant le style vers d’autres contrées plus modernes, avec cette ambiance urbaine, rare pour le genre qui se concentre habituellement autour de la nature de manière générale. Leur musique incorpore avec brio piano et saxophone pour des tonalités jazzy, avec des compositions à rallonge, complexes, mais captivantes avec de belles envolées fières et triomphantes. White Ward est un groupe différent, confirmant la chose avec False Light cette année, proposant à leur façon, une vision du Black Metal peu orthodoxe et donc cent fois plus intéressante que d’autres groupes qui copient la même musique depuis trente ans.
Hope Drone - Void Lustre (2019)
Second disque des australiens, Void Lustre convoque les éléments on se faisant grondant et tellurique (le mot Drone dans le nom peut-être ?) à la manière d’un Mammal d’Altar Of Plagues. Les mélodiques tragiques côtoient des riffs colériques et le chant continuellement hargneux, bileux même, trace une ligne entre Black Metal et Hardcore viscéral. Difficile également de ne pas évoquer le cascadian Black Metal symbolisé par les maîtres en la matière Wolves In The Throne Room. Un disque gris, déprimant, qui ne laisse filtrer aucune part de lumière.
Møl - Diorama (2021)
Avec Diorama, le second album des danois de Møl montre sa filiation avec Deafheaven de manière assez claire et dans leur façon de délier un Black Metal très mélodique, empreint d’influences Shoegaze. Il se dégage de Diorama, ce quelque chose à la fois d’épique et de ravissant presque élégant car le groupe arrive à alterner entre passages cotonneux et aérien avec des choses plus dures et agressives sans jamais toute se montrer véritablement colériques. C’est dans cet entre deux, que Møl convainc notamment parce que le travail sur les cordes est assez formidable avec ce côté "optimiste" qui se dégage souvent du Blackgaze.
Wildernessking - Mystical Future (2016)
Formation d’Afrique du Sud et portée en 2016 par le label Les Acteurs de l’Ombre Productions, Mystical Failure est un album qu’on peut qualifier dans la lignée de combos comme Wolves In The Throne Room ou Bosse-De-Nage et l’on trouve justement Jack Shirley (Deafheaven, Bosse-De-Nage, Botanist, Oathbreaker…) à la production. Des longues pistes construites sur des riffs sensibles, un côté organique dans le son et dans la construction générale qui évoque de longues promenades en montagne ou en forêt et cet émerveillement malgré et ce sentiment d’accalmie malgré la rudesse parfois de certains passages. Encore un bel exemple de dualité du genre.
Sylvaine - Atoms Aligned, Coming Undone (2018)
C’est le troisième album de la norvégienne Kathrine Shepard qui s’est entouré de Neige d’Alcest, producteur, bassiste et batteur sur celui-ci. Forcément, la musique de Sylvaine se retrouve facilement assimilée à celle du groupe français avec des tonalités Shoegaze, Post-Rock et Dream-Pop, mais à l’inverse d’Alcest elle utilise de vrais passages Black Metal Atmosphériques comme sur Mørklagt ou Severance. La musicienne alterne d’ailleurs en voix hurlée et passages chanté en clair vraiment beaux et touchants. Il se dégage du disque une ambiance glaciale et aérienne, toujours avec ces contours brumeux propre au Blackgaze.
Show Me A Dinosaur - Plantgazer (2020)
A travers cette sélection, s’il y a bien un disque qui fait référence au mieux au Sunbather de Deafheaven c’est bien celui-ci. C’est avec ce quatrième album que les russes de Show Me A Dinosaur déploient avec talent et subtilité leurs plus belles lignes mélodiques et chaleureuses. Plantgazer évoque la nature, la lumière, mais avec toujours ce chant hurlé typé Black Metal en retrait et noyé derrière beaucoup de réverb. Les deux guitaristes font danser les cordes qui se répondent avec beauté et mélancolie. Un superbe album qui porte en lui la définition du Blackgaze et ces notions d’espoir teintés de mélancolie qu’on associe souvent au genre.
Cobalt - Gin (2009)
Gin de Cobalt n’est a priori pas vraiment un album de Post Black Metal dans le sens où on l’entend aujourd’hui avec ces apports Post-Rock, Shoegaze, Screamo, Sludge etc, en fonction des groupes. Disons que Cobalt est à part des groupes de ce dossiers, comme il l’était aussi il y a treize ans en sortant Gin. Mais si derrière la dénomination Post, on entend son sens premier à savoir "ce qui vient après" alors le groupe américain est en plein dedans. Parce qu’ils mélangent à leur Black Metal des choses plus modernes et d’autres influences qu’elle soient Rock, Folk, Blues même, beaucoup plus chaudes que ses origines stylistiques, ainsi que des parties tribales et progressives comme Nachtmystium à l’époque. En cela, Cobalt se démarque des groupes de ce dossier, reste toujours extrêmement intéressant aujourd’hui et c’est pour cela qu’on jugeait nécessaire de les mentionner ici.
Liturgy - H.A.Q.Q. (2019)
A vrai dire, difficile de considérer Liturgy comme un groupe de Post Black Metal, puisqu’il est bien trop insaisissable et expérimental pour appartenir à cette catégorie. Mais il en possède malgré tout certains contours dans les riffs tournoyants et dans sa vision générale tout en étant cristallin et en développant une multitude d’atours allant du glitch aux côtés avant-gardistes. Impossible de définir ce H.A.Q.Q. en quelques lignes, ni même sans poser une oreille dessus car il se révèle insaisissable, tant par sa luminosité sans pareille (on pourrait dire de musique sacrée), tout comme il peut être cacophonique, chaotique et dissonant. Une œuvre à part, tout comme la discographie de Liturgy. Sans doute trop arty pour certain.e.s, mais palpitant pour d’autres qui veulent se confronter à d’autres frontières musicales.
So Hideous - None But A Pure Heart Can Sing (2021)
So Hideous est ambitieux, sans doute pas autant qu’un Liturgy qui explose les barrières, mais tout de même, puisqu’il mélange Black Metal, Screamo, Post-Metal et musique symphonique. Oui, tout cela, ce qui donne quelque chose d’audacieux et tout à fait personnel, loin de l’aspect Blackgaze de groupes présents ici. Vous y trouverez par exemple du piano, un break Jazz par ci, du violon, une voix arrachée proche d’avantage proche d’un Envy que d’un chant typé Black Metal, avec des morceaux tragiques et puissamment habités. Bien plus qu’un groupe de Post Black Metal classique, So Hideous propose une musique singulière et profondément romantique.
Clouds Collide - Until The Wind Stops Blowing... (2013)
Christopher Pandolfo se trouve derrière Clouds Collide et le musicien y distille une musique éthérée et cotonneuse, bien plus proche du Shoegaze que du Black Metal véritablement. Les guitares sont du cristal, la voix fantomatique, la batterie un tapis de neige. Le tout fera penser à la première production d’Alcest, Le Secret, par ce côté brut et froid. Pour l’anecdote, Until The Wind Stops Blowing... est un hommage à Rose, la mère de Chris Pandolfo que l’on voit sur la pochette et qui est décédée avant l’enregistrement du disque. Cela renforce le côté émotionnel du disque, tout comme il change drastiquement des pochettes de trve Black Metal et de ses thématiques à base de diableries et autres enfantillages.
Bosse-De-Nage - All Fours (2015)
Autre approche du style avec Bosse-De-Nage et son All Fours bien différent d’autres œuvres du style car plus âpre, plus dur avec une production qui ressemble d’avantage à celle d’un disque de Hardcore américain, que celles léchées et aériennes dont on parlait plus tôt. D’ailleurs, le groupe y mélange des influences allant du Post-Rock à la Slint au Post-Hardcore à la Fugazi ou au Noise-Rock de Sonic Youth. Des références bien différentes des autres formations avec un chant vraiment typé Hardcore par ailleurs et les compositions de ce All Fours ont chacune leur identité et leur patte propre. Bosse-De-Nage s’est éloigné du Blackgaze avec ce disque et ce n’est pas plus mal quand ont voit la qualité de celui-ci.
Harakiri For The Sky - Aokigara (2014)
Le cas de Harakiri For The Sky est particulier puisqu’on pourrait davantage le relier au Black Metal Atmosphérique ou au Black Metal Mélodique à première vue, mais ses éléments Post-Rock et son chant typé Hardcore mi-parlé mi-crié est tout à fait personnel et assez atypique. C’est dans ces mélodies qu’on croiraient issues d’un disque d’Agalloch et cette voix particulière qui prend aux tripes que se cache là toute la saveur d’Harakiri For The Sky. Le travail sur les mélodies à la fois épiques et mélancoliques des guitares est impressionnant comme en témoigne le magnifique morceau Jhator, l’un des titres emblématique du groupe. Aokigara est disque triste, assez désespérant quelque part, mais avec cette force et cette violence qui redonne espoir. Bouleversant !
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